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L'En Dehors


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Abolitionnistes du monde entier : mêmes tactiques, mêmes accointances.
Des partisanes et partisans de l’abolitionnisme en matière de prostitution, tels que Donna Hughes aux États-Unis, Indrani Sinha en Inde, Micheline Carrier et Élaine Audet au Québec, ainsi que les groupes de la droite religieuse et conservatrice, dénoncent tous le financement accordé aux groupes de défense des droits des travailleuses du sexe, généralement financés dans le cadre de la lutte au VIH-Sida. Tous affirment que ces groupes font la promotion de la prostitution et s’indignent du fait que financer ces groupes équivaut à financer la promotion de la prostitution. Il en était exactement de même dans les années 80 concernant le financement des groupes de soutien et de défense des droits des homosexuels en matière de VIH-Sida. Les gens dénonçaient haut et fort le fait que les gouvernements financent ces groupes et participent donc à faire la promotion de l’homosexualité.



Si les tactiques de Micheline Carrier et d’Élaine Audet en matière de lutte à la prostitution au Québec sont connues (voir le site Sisyphe), celles de Donna Hughes aux États-Unis et d’Indrani Sinha en Inde le sont moins. Le cheminement de ces dernières et leurs accointances montrent une étrange parenté de tactiques entre abolitionnistes d’ici et d’ailleurs. En voici quelques exemples.

La campagne de Donna Hugues aux USA

Donna Hughes, qui enseigne au département des études féministes de l’University of Rhode Island, est la plus féroce des abolitionnistes en matière de prostitution. Elle écrit fréquemment pour le National Review . Elle a co-rédigé un article dans Washington Post avec Phyllis Chesler où elles affirmaient que le “libéralisme sexuel” est un obstacle à la réponse féministe au trafic des femmes.

The Family Research Council, Concerned Women for America, The National Association of Evangelicals et The Southern Baptist Convention sont toutes des organisations alliées à Donna Hughes. Elles sont aux premières loges aux États-Unis en matière de lutte contre le trafic des femmes et pour l’abolition de la prostitution. Ces organisations s’opposent également à la contraception, l’avortement, le mariage des personnes de même sexe, la sexualité hors mariage, etc. etc.

En juin 2002, Donna Hughes a recommandé au House International Relations Committee (l’organisation américaine responsable de la sécurité intérieure et de la lutte au terrorisme, et qui offre assistance sociale et économique aux nations «vulnérables») de ne financer aucun groupe ou programme qui ne partage pas la vision abolitionniste en matière de prostitution, dont Médecins sans Frontières (Doctors Without Borders). Cette campagne, menée par Donna Hughes et ses alliés abolitionnistes, a fonctionné en partie, les groupes de prévention du VIH-Sida qui n’adhèrent pas à la vision abolitionniste et/ou prônent plutôt la décriminalisation du travail du sexe se sont fait retirer et refuser tout financement de USAID (United States Agency for International Development).

Dans la semaine du premier mai 2005, le ministère brésilien de la Santé a refusé 40 millions de USAID, qui exige maintenant d’une part que les prostituées soient totalement exclues du programme de prévention, et d’autre part que ce type de programmes prône désormais l'abstinence et la fidélité. Pedro Chequer, le coordonnateur du programme brésilien de lutte contre le sida a qualifié les principes de USAID de, "manichéens, théologiques et intégristes" et a affirmé qu’ils ne serviront pas à contrôler l'épidémie du sida. Les organisations non-gouvernementales brésiliennes de lutte contre le sida ont soutenu qu'il n'y avait aucune raison de changer l'orientation du programme gouvernemental qui s’adresse aux homosexuels, aux prostituées et aux drogués, sans discrimination.

Notons au passage qu’une lettre-pétition, initiée il y a peu au Québec par Micheline Carrier et Élaine Audet, et signée par «une trentaine de personnalités», a lancé un «Appel au gouvernement du Canada» visant à empêcher la décriminalisation de la prostitution, et demandant instamment au gouvernement de ne verser du financement qu’aux groupes qui prendront «l’engagement formel de lutter contre la prostitution» (Le Devoir, 3 décembre 2003, p. A9)

La campagne des abolitionnistes en Inde

Only rights stop the wrongs était le slogan de la première International Sex Workers Millenium, une grande conférence de travailleuses du sexe qui s’est tenue en mars 2001 à Kolkota (Calcutta) en Inde. Cet événement a été organisé par le Dubar Mahila Samanwaya Committee, un groupe de soutien et défense de droits des travailleuses du sexe composé de plus de 50 000 travailleuses du sexe, qui œuvre notamment à la prévention du VIH-Sida. L’événement devait accueillir des travailleuses et travailleurs du sexe ainsi que des groupes alliés provenant de l’Inde, du Bangladesh, du Cambodge, de l’Indonésie, de la Malaisie, des Pays-Bas, de la Norvège et de l’Australie.

Les participantes ont discuté des stratégies à mettre de l’avant pour renforcer les droits des travailleuses du sexe, lutter contre l’abus et l’exploitation sexuelle, rendre possible l’accès à l’éducation pour leurs enfants et à des conditions de vie et de travail sécuritaires pour leurs elles-mêmes ainsi que pour leur famille. Elles ont également discuté des enjeux de la lutte contre le stigma lié au travail du sexe et la possibilité d’envisager le travail du sexe comme un travail et non pas seulement sous l’angle de la violence, l’exploitation et le harcèlement. Les participantes à la conférence du Dubar Mahila Samanwaya Committee ont affirmé ‘Nous voulons du pain, Nous voulons aussi des roses’. Lors de la cérémonie d’ouverture, elles ont déclaré le 3 mars «Journée internationale des travailleuses et travailleurs du sexe».

Des féministes militant pour l’abolition de la prostitution ont tenté de bannir l’événement. Rammi Chhabra, Indrani Sinha de Sanlaap et Mira Shiva, du Voluntary Health ont rencontré Viren Shah, le gouverneur de Calcutta, Manish Gupta, le Secrétaire-en-Chef et autres politiciens et journalistes. Elles ont demandé aux autorités de condamner l’événement et promouvoir et mettre en place une législation plus stricte pour l’abolition de la prostitution et l’ensemble du travail du sexe. La permission accordée au Dubar Mahila Samanwaya Committee de tenir la conférence a donc été retirée une journée avant la fin de l’événement. Les organisatrices de la conférence se sont mobilisées et ont rencontré les autorités afin de contester l’obligation de mettre fin à l’événement. Elles ont finalement obtenu la révocation de l’annulation de la conférence.

Il faut aussi souligner que le Voluntary Health Association et Sanlaap sont deux organismes partenaires de Christian Aid, une organisation religieuse qui œuvre dans différentes causes sociales à travers le monde en offrant du financement . Mme Indrani Sinha, fondatrice de Women’s Rights Center est la directrice de Sanlaap. Sanlaap œuvre notamment auprès des travailleuses du sexe et des enfants victimes d’exploitation sexuelle et met en évidence l’importance d’entretenir des liens significatifs avec les autorités policières. Mme Sinha est aussi signataire d’une lettre contre la légalisation de la prostitution qui a été adressée à M. Klaus, Président de la République tchèque par Richard D. Land, D.Phil., Président du Ethics & Religious Liberty Commission, Southern Baptist Convention : Letter to President Klaus of the Czech Republic over the prospect that the Czech Republic may be planning to legalize prostitution. Il est à noter que le Southern Baptist Convention a aussi une résolution importante contre l’avortement. Cette lettre, signée par Donna Hugues et plusieurs groupes religieux, a été publiée et diffusée par The Institute on Religion and Public Policy, une organisation dédiée à la recherche et la promotion de la coopération entre la religion, l’éthique, la morale et les politiques gouvernementales.

Coïncidence étrange : Madame Indrani Sinha, de l’organisation Sanlaap, est justement de passage à Montréal pour une conférence sur l’exploitation sexuelle des femmes et des fillettes. Sa conférence a lieu le 10 mai, soit une semaine avant la tenue, à Montréal même, du Forum XXX sur le travail du sexe, qui réunira 250 travailleuses du monde pour discuter du bilan des stratégies de prévention, d’éducation et d’intervention en matière de VIH/sida des dix dernières années, ainsi que des perspectives d’avenir en la matière.

La stratégie abolitionniste : criminaliser toujours plus

L’incarcération et la censure sont les outils par excellence proposés par les abolitionnistes pour bannir la prostitution. Au nom de la lutte contre le trafic des êtres humains, les partisans de la vision abolitionniste féministe revendiquent l’abolition de la prostitution sous toutes ses formes et dans toutes ses conditions d’exercice. Ils demandent le renforcement des lois criminalisant la prostitution, celle-ci étant pourtant déjà fortement criminalisée. En d’autres mots, les victimes de la prostitution seront sauvées et réhabilitées, alors que les clients, patrons et patronnes de bordels, de salons de massage, de clubs de danseuses et d’agences d’escortes, respectueux-ses ou non des conditions de travail des travailleuses du sexe, seront poursuivis par un État policier. On aura alors une escouade de la moralité aux effectifs plus que quintuplés (escouade dont les pratiques sont actuellement largement critiquables sur le plan éthique.)

Le mouvement pour l’abolition de la prostitution au Canada, comme partout ailleurs, trouvera son plus grand soutien auprès des groupes de la droite religieuse et du Parti conservateur qui se fera une joie d’en faire son enjeu électoral, comme l’a fait le gouvernement municipal de la Ville de Montréal à la suite de l’échec du projet pilote dans le quartier Centre-Sud en 2002, qualifié de Projet Plote par plusieurs opposants au projet.

Le droit de vivre, le droit d’exister

Pendant que tout ce beau monde s’indigne du ‘trafic des femmes et des fillettes’ et de la prostitution, encore trop peu de gens traitent du fait qu’on assiste à un incroyable mouvement migratoire des femmes et que les frontières, maintenant largement ouvertes à toute circulation de marchandises, sont fermées plus que jamais aux êtres humains, et particulièrement aux femmes. Effectivement, le travail dans l’industrie du sexe est très souvent le moyen de franchir une frontière. Tous s’indignent de la prostitution. Il faut plutôt s’indigner des conditions dans lesquelles les femmes doivent exercer le travail du sexe, les conditions socio-économiques et juridiques des femmes, la pauvreté incroyable et les frontières sexistes, racistes et allergiques aux réfugiés et aux personnes qui n’ont pas 15000$ et plus dans leur compte de banque.

Pourquoi la majorité des groupes qui emploient des travailleuses du sexe, qu’elles soient migrantes ou non, revendiquent-ils la décriminalisation de la prostitution et des droits comme travailleuses ? Parce que ces groupes ont compris qu’un État policier et une escouade de la moralité ne leur seront d’aucun secours pour améliorer leurs conditions de vie et de santé. Ces travailleuses du sexe ont compris, tout comme le Dubar Mahila Samanwaya Committee, que : Only rights stop the wrongs. Maintenant, elles revendiquent le respect de leurs droits humains fondamentaux, car elles veulent vivre en santé, en sécurité et avec dignité.

Le défi est de taille avec la montée de la droite religieuse et conservatrice et le néolibéralisme dont les pires ennemis sont : le syndicalisme, l’amélioration des conditions de vie et de travail des hommes et des femmes et l’ouverture des frontières aux personnes. L’autodétermination, la justice sociale, la dignité et les droits humains ne sont pas un luxe et ne sont surtout pas réservés à des groupes particuliers; les travailleuses du sexe y ont droit aussi.

Enfin, bien que les partisans de la vision abolitionniste ne sont pas encore tous directement liés à des organisations de droite religieuses et conservatrices, ils partagent néanmoins les mêmes convictions en matière de prostitution. Ils ont les mêmes revendications, proposent les mêmes solutions (la répression et un sauvetage humanitaire à organiser) et utilisent les mêmes stratégies pour discréditer les groupes de travailleuses du sexe qui luttent pour l’obtention de droits comme travailleuses. Certains partisans de la vision abolitionnistes disent se situer davantage à ‘gauche’ et tentent ainsi de se distinguer de la droite religieuse et conservatrice. Les événements démontrent pourtant qu’ils finissent par co-signer avec cette droite conservatrice des lettres contre la décriminalisation de la prostitution.

Ces féministes abolitionnistes se rappelleront peut-être un jour ces concepts fondamentaux du féminisme : autodétermination personnelle, sexuelle, économique et professionnelle des femmes; droit de disposer librement de son corps, que ce soit en matière de contraception ou d’avortement; droit d’avoir une relation sexuelle hors mariage et droit d’avoir une relation sexuelle consentante gratuitement ou en échange d’argent. Qu’elles relisent leurs slogans qui sont hurlés dans les manifestations pour le droit à l’avortement : ils sont aussi valables lorsqu’il s’agit de travail du sexe.

Marie-Neige St-Jean

Une femme diplômée au baccalauréat en travail social à l’UQAM, employée de l’organisme Stella depuis six ans et aussi une travailleuse du sexe qui a travaillé comme danseuse érotique et prostituée pendant une dizaine d'années.

Liens d’où sont tirées les informations contenues dans ce texte:

http://www.durbar.org/

http://www.chezstella.org/forumxxx/

http://www.empowerfoundation.org/

http://www.hrsolidarity.net/mainfile.php/2001vol11no4/52/

 The Dubar Millenium Milan Mela: A Brief Summary

http://www.actionaidusa.org/brazil.php

http://www.essentialdrugs.org/edrug/archive/200505/msg00007.php 

http://www.ezilon.com/information/article_3714.shtml 

http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1777

http://www.religionandpolicy.org/show.php?p=1.1.1155 

http://www.johnstonsarchive.net/baptist/sbcabres.html 

http://www.uri.edu/artsci/wms/hughes/ 

http://www.house.gov/chrissmith/ 

http://www.frc.org/ 

http://www.catholicsforchoice.org/conscience/archived/SexTrafficking.htm 

http://www.cwfa.org/main.asp 

http://www.nae.net/ 

http://www.christianaid.org.uk/

http://www.bc.edu/schools/law/lawreviews/meta-elements/journals/bctwj/21_2/01_TXT.htm

http://wwwc.house.gov/international_relations/
Ecrit par libertad, à 21:35 dans la rubrique "Le privé est politique".



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