Je sors du cinéma, où j'ai eu une grosse surprise ! J'étais allé voir ce film qui vient de sortir, "Aaltra", un peu au pif. Parce que ça avait l'air singulier (noir et blanc, budget de misère, et le thème : un road-movie en fauteuil roulant...). Ce qui me faisait un peu hésiter, c'est que c'était réalisé par des mecs connus de la télé (que moi je ne connais pas, ne regardant jamais la télé), et même si je lisais que c'était très différent de ce qu'ils faisaient dans comment ça s'appelle leur émission : Groland ?, quand même j'hésitais... Et puis dimanche au Masque et la Plume ils/elles m'ont convaincu, parlant notamment d'un humour "méchant". Et en plus les séances étaient à 4 euros cette semaine à Paname !
Donc, j'y vais, et là, super-bonne surprise ! Certes, faut pas n'aimer que les films d'action pleins d'effets spéciaux (c'est pas mon cas), là c'est pas ça du tout. Y'a des plans un peu longs, exprès, tous les personnages sont un peu moches et falots, exprès, et peu à peu on réalise ce que ce film impose : une résistance sans concession au "politiquement correct". Ce film prend le parti de présenter 2 personnages un peu cons, qui ont un accident totalement stupide, qui les handicape à vie. En fauteuil roulant ils partent en voyage pour des raisons que je ne révèlerai pas ici, ils rencontrent des gens qui soit les abusent en profitant de leur handicap, soit sont très gentils avec eux, et alors c'est eux deux qui les abusent ! Ce n'est pas un putain de film sur la tolérance ("Y'a des maisons pour ça", disait je ne sais plus qui à une époque où effectivement il y en avait), ce n'est pas un film sur le respect de la différence, ni sur la solidarité, ni rien de cet ordre. C'est un film bête et méchant avec 2 handicapés, et c'est fait pour se marrer ! Et ce que personne ne dit, parmi tout ce que j'ai lu et entendu sur ce film, même quand ce qui est dit est positif, c'est que cette méchanceté, cet irrespect ("L'irrespect se perd", disait Francis Blanche), ne sont pas gratuits de la part des auteurs. Leur refus du politiquement correct est clairement politique, et ils l'inscrivent dans une filiation revendiquée haut et fort : nous avons d'abord la stupéfaction d'entendre Noël Godin l'Entartreur conter la vie et les hauts faits d'Albert Libertad avec ses 2 béquilles (ce qui quand même il me semble fait de ce film une oeuvre à haute portée pédagogique pour les jeunes téléphages qui viendraient voir ce film de leurs animateurs préférés, et pour les autres aussi qui n'ont jamais entendu parler de Libertad - ça fait du monde !). Puis à la fin (restez jusqu'à la toute fin du générique), une photo d'un barbu tenant le journal L'Anarchie, et cette phrase : Ce film est dédié à Albert Libertad, "le béquillard".
C'est-y pas bon, ça !
Salutations individualistes !
L'Unique
à 11:54