A rebrousse-poil
--> Le PS aux bains de mer
A contrario de tant d’esprits chagrins qui se désolent d’autant plus de l’inertie du PS qu’ils n’ont manifestement pas lu la moindre de ces contributions dont courants et sous-courants furent prolixes durant la répétition d’été à La Rochelle, nous n’hésiterons pas à affirmer que le grand parti de gauche n’est pas à court d’idées comme l’aurait laissé supposer sa fixette d’un an sur le seul projet européen, mais qu’il en fourmille.
Ainsi, pour s’en tenir à la production du flux majoritaire –ou hollandiste- et du torrent NPS (comme on n’est pas une bête à concours, on n’a étudié que ces deux-là), force est de reconnaître qu’ils n’ont à peu près rien oublié -surtout le NPS, plus ambitieux et plus précis- et que du champ social au champ économique en passant par la digue sociétale et le sentier écolo, le socialo nouveau à des bons plans pour tout.
Et encore n’est-ce là qu’une ébauche, car pendant la vraie représentation au Mans, au congrès de novembre, les sketchs trotskistes, pécéistes et bovistes risquent bien d’être intégrés à leur tour dans le vaste opéra PS.
On ne reprochera alors plus aux apparatchiks du parti d’hésiter entre l’UDF et la LCR, puisqu’ils auront à ce moment récupéré et l’une et l’autre. Qui fait plus œcuménique ? Benoît 16, peut-être ?
Déjà, le livret hollandiste et la partition montebourgeoise se répondent, collent au plus près l’un à l’autre, au point qu’on se demande pourquoi tant d’anathèmes, tant de vociférations hier, pour tant de convergences aujourd’hui ?
Certes, Arnaud et ses boys nous redisent pourquoi l’Europe va mal, mais François ne contredit pas l’analyse : à y bien regarder, il n’y avait au fond entre le partisan du oui et le défenseur du non que l’épaisseur d’un cheveu coupé en quatre et les imbéciles qui, dans cette affaire, se sont excités pour les gibelins ou les guelfes en seront bientôt quittes pour le ridicule. D’ailleurs, ici, on tire déjà à vue sur Nikonoff, le très provisoire président d’Attac, outrancièrement noniste, et, là, sur le fantôme de Rocard, aussi caricaturalement ouiste qu’imbu de lui-même jusqu’à la lie. En voilà qui prêcheront bientôt au désert, et ce sera justice.
Demain, c’est promis, les caciques du PS seront rabibochés comme de vieux amis revenus dégrisés d’une mauvaise querelle d’après boire, on prendra le blé dans la poche des riches pour le déposer délicatement dans celle des pauvres, on renflouera le tiers-monde, on réaffirmera les 35H, on chérira les chômeurs, on nettoiera tous les conseils de ceci et de cela de la vampiratura chiraquienne, on bâtira du logement social sur la promenade des Anglais à Nice, on organisera des Paris-plage toute l’année en banlieue, on pénalisera le président de la Rép’, on élira à la propor’ partout où le ratichon lepéniste ne risquera pas trop de faire souche, on mettra plus de participation que de représentation dans la démocratie, on mariera les gays et les gayses, qui pourront adopter enfançons en tout genre, on sera écolo-responsables à mort en misant à fond sur la croissance raisonnée, en développant les énergies renouvelables, en favorisant le rail et même le char à bœuf si José y tient, on prendra les communautés par le côté folklo, celui qui ne colle pas aux doigts comme le côté facho, bref, après avoir si souvent rasé gratis, on fera pour le même prix l’épilation et le massage.
Si en dépit de toute cette bonne volonté, vous persistez à réclamer des actes maintenant plutôt que des déclarations de principes pour dans deux ans, c’est que vous avez vraiment mauvais esprit.
Mathias Delfe