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L'En Dehors


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Une belle saloperie

Lu sur le monolecte et libération : [...] Il se trouve que dans le Libé du jour[1],un certain écrivain reproduit l'essentiel du texte dans une analogie assez mal venue avec la réalité sociale en lutte contre le CPE.

[...]
La fourmi travaille dur tout l'été dans la canicule : elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l'hiver. La cigale pense que la fourmi est stupide ; elle rit et joue tout l'été. L'hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie. La cigale grelotte et finit par convoquer une conférence de presse, où elle demande pourquoi la fourmi a le droit d'être au chaud et bien nourrie alors que les autres, moins chanceux, comme elle, ont froid et faim. La télévision organise des émissions en direct montrant la cigale grelottante et elle passe des extraits vidéo de la fourmi bien au chaud dans sa maison avec une table bien garnie. Les Français sont frappés de ce que, dans un pays si riche, on laisse souffrir la cigale tandis que d'autres ont tout ce qu'il faut. Les associations manifestent devant la maison de la fourmi. Des journalistes multiplient les interviews demandant pourquoi la fourmi est devenue riche sur le dos de la cigale, et interpellent le gouvernement pour qu'il augmente les impôts de la fourmi afin qu'elle paye «sa juste part».

[...]
Ce paragraphe éclaire l'ensemble de l'oeuvre qu'il faut bien comprendre comme un pamphlet balancé à la gueule de ceux qui rament à longueur de temps pour décrocher le Saint Graal : un job pourri et mal payé, plutôt que rien du tout. Il faut bien comprendre que la fourmi est une petite bête méritante et la cigale, une grosse branleuse qui ne tire pas une rame mais sait y faire quand il s'agit de tirer des larmes et de dépouiller les honnêtes travailleurs des fruits mérités de leur labeur.

[...]
Voici donc ma réponse, ma version de la fable, telle que je l'ai écrite en commentaire, en réponse à l'incidieux. A vous de penser la vôtre!

Version réaliste :
La cigale et la fourmi bossaient sur la même chaîne de montage à l'usine. Le scorpion, leur patron, décida qu'il pouvait encore augmenter les marges bénéficiaires de l'entreprise à servir aux tiques, ses actionnaires. Il vida la cigale et augmenta d'autant la charge de travail de la fourmi, tout en lui diminuant son salaire sous prétexte que c'était ça ou la délocalisation vers des termites asiatiques que l'on dit TRÈS bon marché.
La cigale chanta tout l'été son CV sur la place du marché, avec toutes ses trop nombreuses copines lourdées. Seulement, les scorpions n'embauchent pas, ils vident toujours plus de cigales, les tiques deviennent énormes et on explique aux fourmies rescapées que c'est sur leur salaire qu'on va prélever juste de quoi éviter que ces putains de cigales ne se révoltent. Evidemment, la fourmi, abrutie de travail et qui carbure aux hypnotiques pour tenir le choc, elle a méchamment les boules, elle se dit que les foutues cigales, même si elles n'ont pas grand chose à bouffer et qu'elles se gèlent le cul tout l'hiver, finalement, elles ne sont pas si mal loties que cela, comparé à sa souffrance devenue permanente au travail.
Pendant ce temps, on met en service des armées de morbaks, dont la plupart sont des cigales en CDD, pour fliquer les cigales et leur faire comprendre qu'il va falloir que quelques unes d'entres elles (les plus moins pires, les plus souples de l'échine) reprennent du service dans leur job très dégradé, pour la moitié du salaire d'avant, parce qu'on a beau faire, les fourmis sont en train de crever d'épuisement.
De leur côté, les tiques sont devenues tellement énormes et gonflées de sang, qu'elles ne peuvent même plus se bouger ou se gratter leurs couilles de tiques, et que du coup, elles sont bien emmerdées. Heureusement, le morbak en chef a une idée de génie : on va forcer quelques cigales soigneusement triées sur le volet à venir s'occuper de torcher le cul des tiques! Mais pas trop tout le même. Il ne faudrait pas que les cigales en rade deviennent suffisamment peu nombreuses pour qu'elles et les fourmis se rendent compte qu'elles se sont faites baisées dans les grandes largeurs et que plutôt que de lutter les unes contre les autres, elles auraient plutôt intérêt à aller claquer la gueule des morbaks et des scorpions et purger le bide des tiques!


Lire d'abord l'article de libération puis son commentaire sur le monolecte.

Ecrit par gyhelle, à 15:12 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  provisoire
22-03-06
à 23:46

une version déjà un peu ancienne....

La vérité rejette comme invention insensée ce que nous dit la fabuliste. Qu'il y ait parfois des relations entre la Cigale et la Fourmi, rien de plus certain ; seulement ces relations sont l'inverse de ce qu'on nous raconte. Elles ne viennent pas de l'initiative de la première, qui n'a jamais besoin du secours d'autrui pour vivre ; elles viennent de la seconde, rapace exploiteuse, accaparant dans ses greniers toute chose comestible. En aucun temps, la Cigale ne va crier famine aux portés des fourmilières, promettant loyalement de rendre intérêt et principal ; tout au contraire, c'est la Fourmi qui, pressée par la disette, implore la chanteuse. Que dis-je, implore ! Emprunter et rendre n'entrent pas dans les moeurs de la pillarde. Elle exploite la Cigale, effrontément la dévalise. Expliquons ce rapt, curieux point d'histoire non encore connu.

En juillet, aux heures étouffantes de l'après-midi, lorsque la plèbe insecte, exténuée de soif, erre cherchant en vain à se désaltérer sur les fleurs fanées, taries, la Cigale se rit de la disette générale. Avec son rostre, fine vrille, elle met en perce une pièce de sa cave inépuisable. Etablie, toujours chantant, sur un rameau d'arbuste, elle fore l'écorce ferme et lisse que gonfle une sève mûrie par le soleil. Le suçoir avant plongé par le trou de bonde, délicieusement elle s'abreuve, immobile, recueillie, tout entière aux charmes du sirop et de la chanson.

Surveillons-la quelque temps. Nous assisterons peut-être à des misères inattendues. De nombreux assoiffés rôdent, en effet ; ils découvrent le puits que trahit un suintement sur la margelle. Ils accourent, d'abord avec quelque réserve, se bornant à lécher la liqueur extravasée. Je vois s'empresser autour de la piqûre melliflue des Guêpes, des Mouches, des Forficules, des Sphex, des Pompiles, des Cétoines, des Fourmis surtout.

Les plus petits, pour se rapprocher de la source, se glissent sous le ventre de la Cigale, qui, débonnaire, se hausse sur les pattes et laisse passage libre aux importuns ; les plus grands, trépignant d'impatience, cueillent vite une lippée, se retirent, vont faire un tour sur les rameaux voisins, puis reviennent, plus entreprenants. Les convoitises s'exacerbent ; les réservés de tantôt deviennent turbulents agresseurs, disposés à chasser de la source le puisatier qui l'a fait jaillir.

En ce coup de bandits, les plus opiniâtres sont les Fourmis. J'en ai vu mordiller la Cigale au bout des pattes ; j'en ai surpris lui tirant le bout de l'aile, lui grimpant sur le dos, lui chatouillant l'antenne. Une audacieuse s'est permis, sous mes yeux, de lui saisit le suçoir, s'efforçant de l'extraire.

Ainsi tracassé par ces nains et à bout de patience, le géant finit par abandonner le puits. Il fuit en lançant aux détrousseurs un jet de son urine. Qu'importe à la Fourmi cette expression de souverain mépris ! Son but est atteint. La voilà maîtresse de la source, trop tôt tarie quand ne fonctionne plus la pompe qui la faisait sourdre. C'est peu, mais c'est exquis. Autant de gagné pour attendre nouvelle lampée, acquise de la même manière dès que l'occasion s'en présentera.

On le voit : la réalité intervertit à fond les rôles imaginés par la fable. Le quémandeur sans délicatesse, ne reculant pas devant le rapt, c'est la Fourmi ; l'artisan industrieux, partageant volontiers avec qui souffre, c'est la Cigale. Encore un détail, et l'inversion des rôles s'accusera davantage. Après cinq à six semaines de liesse, long espace de temps, la chanteuse tombe du haut de l'arbre, épuisé par la vie. Le soleil dessèche, les pieds des passants écrasent le cadavre. Forban toujours en quête de butin, la Fourmi le rencontre. Elle dépèce la riche pièce, la dissèque, la cisaille, la réduit en miettes, qui vont grossir son amas de provisions. Il n'est pas rare de voir la Cigale agonisante, dont l'aile frémit encore dans la poussière, tiraillée, écartelée par une escouade d'équarrisseurs. Elle en est toute noire. Après ce trait de cannibalisme, la preuve est faite des vraies relations entre les deux insectes.

Jean-Henri FABRE, Souvenirs entomologiques, 1897
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  provisoire
23-03-06
à 00:03

suivi d'un poème...

LA CIGALO E LA FOURNIGO


I

Jour de Dièu, queto caud ! Bèu tèms pèr la cigalo,
Que, trefoulido, se regalo
D'une raisso do fio ; bèu tèms pèr la meissoun.
Dins lis erso d'or, lou segaire,
Ren plega, pitre au vent, rustico e canto gaire :
Dins soun gousiè, la set estranglo la cansoun.

Tèms benesi pèr tu. Dounc, ardit ! cigaleto,
Fai-lei brusi, ti chimbaleto,
E brandusso lou ventre à creba ti mirau.
L'Ome enterin mando la daio,
Que vai balin-balan de longo e que dardaio
L'uiau de soun acié sus li tous espigau.

Plèn d'aigo pèr la péiro e tampouna d'erbiho
Lou coufié sus l'anco pendiho.
Se la péiro es au frès dins soun estui de bos
E se de longo es abèurado,
L'Ome barbelo au fio d'aqueli souleiado
Que fan bouli de fes la mesoulo dis os.

Tu, Cigalo, as un biais pèr la set : dins la rusco
Tendro e jutouso d'uno busco,
L'aguio de toun bè cabusso e cavo un pous.
Lou siro monto pèr la draio,
T'amourres à la fon melicouso que raio,
E dou sourgènt sucra bèves lou teta-dous.

Mai pas toujour en pas, oh ! que nàni : de laire,
Vesin, vesino o barrulaire,
T'an vist cava lou pous. An set ; vènon, doulènt,
Te prène un degout pèr si tasso.
Mesfiso-te, ma bello : aqueli curo-biasso,
Umble d'abord, soun lèu de gusas insoulènt.

Quiston un chicouloun de rèn ; pièi de ti resto
Soun plus countènt, ausson la testo
E volon tout. L'auran. Sis arpioun en rastèu
Te gatihoun lou bout de l'alo.
Sus ta larjo esquinasso es un mounto-davalo ;
T'aganton pèr lou bè, li bano, lis artèu ;

Tiron d'eici, d'eilà. L'impaciènci te gagno.
Pst ! pst ! d'un giscle de pissagno
Aspèrges l'assemblado e quites lou ramèu.
T'en vas bèn liuen de la racaio,
Que t'a rauba lou pous, e ris, e se gougaïo,
E se lipo li brego enviscado de mèu.

Or d'aqueli boumian abèura sens fatigo,
Lou mai tihous es la fournigo.
Mousco, cabrian, guespo e tavan embana,
Espeloufi de touto meno,
Costo-en-long qu'à toun pous lou souleias ameno,
N'an pas soun testardige à te faire enana.

Pèr t'esquicha l'artèu, te coutiga lou mourre,
Te pessuga lou nas, pèr courre
A l'oumbro de toun ventre, osco ! degun la vau.
Lou marrit-pèu prend pèr escalo
Uno patto e te monto, ardido, sus lis alo,
E s'espasso, insoulènto, e vai d'amont, d'avau.

II

Aro veici qu'es pas de crèire.
Ancian tèms, nous dison li rèire,
Un jour d'ivèr, la fam te prenguè. Lou front bas
E d'escoundoun anères vèire,
Dins si grand magasin, la fournigo, eilàbas.

L'endrudido au soulèu secavo,
Avans de lis escoundre en cavo,
Si blad qu'aviè mousi l'eigagno de la niue.
Quand èron lest lis ensacavo.
Tu survènes alor, emé de plour is iue.

Ié disés : « Fai bèn fre ; l'aurasso
D'un caire à l'autre me tirasso
Avanido de fam. A toun riche mouloun
Leisso-me prène pèr ma biasso.
Te lou rendrai segur au bèu tèms di meloun.

« Presto-me un pau de gran. » Mai, bouto,
Se cresès que l'autro t'escouto,
T'enganes. Di gros sa, rèn de rèn sara tièu.
« Vai-t'en plus liuen rascla de bouto
Crebo de fain l'ivèr, tu que cantes l'estièu. »

Ansin charro la fablo antico
Pèr nous counséia la pratico
Di sarro-piastro, urous de nousa li courdoun
De si bourso. — Que la coulico
Rousiguè la tripaio en aqueli coundoun !

Me fai susa, lou fabulisto,
Quand dis que l'ivèr vas en quisto
De mousco, verme, gran, tu que manges jamai.
De blad ! Que n'en fariès, ma fisto !
As ta fon melicouso e demandes rèn mai.

Que t'enchau l'ivèr !Ta famiho
A la sousto en terro soumiho,
E tu dormes la som que n'a ges de revèi ;
Toun cadabre toumbo en douliho.
Un jour, en tafurant, la fournigo lou vèi.

De ta magro péu dessecado
La marriasso fait becado ;
Te curo lou perus, te chapouto à moucèu,
T'encafourno pèr car-salado,
Requisto prouvisioun, l'ivèr, en tèms de nèu.

III

Vaqui l'istori veritablo
Bèn liuen dou conte de la fablo.
Que n'en pensas, canèu de sort !
— O ramaissaire de dardeno,
Det croucu, boumbudo bedeno
Que gouvernas lou mounde emé lou coffre-fort,

Fasès courre lou bru, canaio,
Que l'artisto jamai travaio
E dèu pati, lou bedigas
Teisas-vous dounc : quand di lambrusco
La Cigalo a cava la rusco,
Raubas soun bèure, e pièi, morto, la rousigas.

un pote poète prouvençaou du premier
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  provisoire
23-03-06
à 00:12

Re: et comme le prouvençaou ne se lit plus...

Traduction :
LA CIGALE ET LA FOURMI

I

Jour de Dieu, quelle chaleur ! Beau temps pour la cigale — qui, folle de joie, se régale — d'une averse de feu ; beau temps pour la moisson. — Dans les vagues d'or, le moissonneur, — reins ployés, poitrine au vent, travaille dur et ne chante guère : — dans son gosier, la soif étrangle la chanson.

Temps béni pour toi. Donc, hardi, Cigale mignonne, — fais-les bruire, tes petites cymbales, — et trémousse le ventre à crever tes miroirs. — L'homme cependant lance la faux, — qui va continuellement oscillante, fait rayonner l'éclair de son acier sur les roux épis.

Pleine d'eau pour la pierre et tamponnée d'herbages, — la cuvette pendille sur la hanche. — Si la pierre est au frais dans son étui de bois, — sans cesse abreuvée, — l'homme halette au feu de ces coups de soleil — qui font bouillir parfois la moelle des os.

Toi, cigale, tu as une ressource pour la soif : dans l'écorce — tendre et juteuse d'un rameau, — l'aiguille de ton bec plonge et fore un puits. — Le sirop monte par l'étroite voie. — Tu t'abouches à la fontaine mielleuse qui coule, — et du suintement sucré tu bois l'exquise lampée.

Mais pas toujours en paix, oh ! que non : des larrons, — voisins, voisines ou vagabonds, — t'ont vue creuser le puits. Ils ont soif, ils viennent, dolents, — te prendre une goutte pour leurs tasses. — Méfie-toi, ma belle, ces vide-besace, humbles d'abord, sont bientôt des gredins insolents.

Ils quêtent une gorgée de rien ; puis de tes restes — ils ne sont plus satisfaits, ils relèvent la tête — et veulent le tout. Ils l'auront. Leurs griffes en râteau — te chatouillent le bout de l'aile. — Sur ta large échine, c'est un monte-descend — ils te saisissent par le bec, les cornes, les orteils ;

Ils tirent d'ici, de là. L'impatience te gagne. — Pst ! pst ! d'un jet d'urine — tu asperges — l'assemblée et tu quittes le rameau. — Tu t'en vas bien loin de la racaille — qui t'a dérobé le puits, et rit, et se gaudit, — et se lèche les lèvres engluées de miel.

Or de ces bohémiens abreuvés sans fatigue, — le plus tenace est la fourmi. Mouches, frelons, guêpes, scarabées cornus, — aigrefins de toute espèce, fainéants qu'à ton puits le gros soleil amène, — n'ont pas son entêtement à te faire partir.

Pour te presser l'orteil, te chatouiller la face, — te pincer le nez, pour courir — à l'ombre de ton ventre, vraiment nul ne la vaut. — La coquine prend pour échelle une patte et te monte, audacieuse, sur les ailes ; elle s'y promène, insolente, et va d'en haut, d'en bas.

II

Maintenant — voici qui n'est pas à croire. — Autrefois, nous disent les anciens, — un jour d'hiver, la faim te prit. Le front bas — et en cachette, tu allas voir, — dans ses grands magasins, la fourmi, sous terre.

L'enrichie au soleil séchait, — avant de les cacher en cave, — ses blés qu'avait moisis la rosée de la nuit. — Quand ils étaient prêts, elle les mettait en sac. — Tu surviens alors, avec des pleurs aux yeux.

Tu lui dis : « Il fait bien froid ; la bise — d'un coin à l'autre me traîne, mourante de faim. A ton riche monceau — laisse-moi prendre pour ma besace. — Je te le rendrai, bien sûr, au beau temps des melons. »

« Prête-moi un peu de grain. » Mais va, — si tu crois que l'autre t'écoute, — tu te trompes. Des gros sacs, tu n'auras rien de rien. — « File plus loin, va racler des tonneaux ; — crève de faim l'hiver, toi qui chantes l'été ! »

Ainsi parle la fable antique — pour nous conseiller la pratique — des grippe-sous, heureux de nouer les cordons — de leurs bourses... Que la colique — ronge les entrailles de ces sots !

Il m'indigne, le fabuliste, — quand il dit que l'hiver tu vas en quête — de mouches, vermisseaux, grains, toi qui ne manges jamais. Du blé ! Qu'en ferais-tu, ma foi ! — Tu as ta fontaine mielleuse, et tu ne demandes rien de plus.

Que t'importe l'hiver ! Ta famille — à l'abri sous terre sommeille, — et tu dors le somme qui n'a pas de réveil. — Ton cadavre tombe en loques. — Un jour, en furetant, la fourmi le voit.

De ta maigre peau desséchée — la méchante fait curée ; — elle te vide la poitrine, elle te découpé en morceaux, — elle t'emmagasine pour salaison, — provision de choix, l'hiver, en temps de neige.

III

Voilà l'histoire véritable — bien loin du dire de la fable. — Qu'en pensez-vous, sacrebleu ! — O ramasseurs de liards, — doigts crochus, bombées bedaines — qui gouvernez le monde avec le coffre-fort,

Vous faites courir le bruit, canaille, — que l'artiste jamais ne travaille — et qu'il doit pâtir, l'imbécile. — Taisez-vous donc : quand des lambrusques — la Cigale a foré l'écorce, — vous lui dérobez son boire, et puis, morte, vous la rongez.

traduction du second par le premier

source : Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1897, Vème Série, Chapitre 13.
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