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L'En Dehors


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« Le monde n'est pas une marchandise ». Un joli slogan. Mais, comme c'est souvent le cas, un slogan ne représente qu'une réflexion de façade, une pensée non-vécu. Ainsi il apparut à peu de monde le décalage entre cette jolie phrase et les corps qui la formulèrent : des éleveu-se-r-s, c'est-à-dire des personnes dont la profession consiste à traiter des animaux, des individus sensibles, en marchandises. Avec tout ce que cela implique de mépris. Il ne s'agit pas ici d'opérer une attaque contre cette catégorie. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'agressivité à l'égard de qui que ce soit. Ce texte se veut constructif. Nous avons trop conscience de l'ampleur du mépris pour l'animalité dans nos cultures, de sa présence dans quasiment la totalité des sphères sociales, et par conséquent, en nous-mêmes, individus construit par cette culture, pour nous laisser aller à la haine. S'il ne s'agit pas d'agressivité, nous désirons par contre amener un point de vue critique. Par « point de vue » nous entendons « position d'où l'on perçoit » ; point de vue qui détermine donc nos dispositions à ouvrir les yeux ou à nous aveugler. Ce texte invite à modifier le point de vue d'où l'on se place le plus souvent pour juger nos rapports avec les non-humains. Le propos développé ici est ultra-minoritaire et les personnes qui en sont les détentrices sont souvent invisibilisées, quand elles ne s'invisibilisent pas elles-mêmes du fait d'une pression sociale toujours là - diffuse, masquée mais réelle.



Nous regrettons de ne pas pouvoir nous retrouver dans ce meilleur des mondes imaginé par nos alternatifs, où chacun-e, dans l'autogestion, égorgerait son cochon « en le regardant dans les yeux », c'est-à-dire pour eux-elles, avec respect. Nous déplorons que même dans leur imaginaire nos alternatifs n'arrivent pas à s'écarter totalement des logiques dominantes, c'est-à-dire des logiques de mépris et d'inégalité. Nous n'arrivons pas à comprendre l'aveuglement sélectif qui pousse certain-e-s à ressentir du dégoût pour l'enfermement d'humain-e-s dans des prisons tout en restant émotionnellement inerte devant le spectacle pourtant tout aussi affligeant d'un chien en cage. Quelle est la réelle motivation quand ces personnes luttent ? Un combat pour défendre des Idées ? La « dignité humaine » bafouée, les Droits de l'Homme, l'Humanité… tous ces fantômes-fantasmes dont l'Idéologie nous à nourrie. Ou alors, une répulsion à l'idée d'un enfermement subi par un individu sensible, affecté par ce qui l'entoure ? Un sentiment de communauté avec cet individu par lequel nous perçevons notre commune animalité, notre commune sensibilité ? Cette deuxième motivation est celle vers laquelle notre cœur penche clairement.

Le monde que nous désirons, nous ne pouvons l'imaginer autrement que débarrassé de la pesante et sanglante dichotomie Humanité/animalité. Celle qui fait que l'on enferme et assassine des dizaines de millions d'animaux non-humains chaque jour dans le monde et ce dans l'indifférence la plus totale. Indifférence en effet, car aborder le sujet pendant cinq minutes à table en mangeant son steak ne peut être considéré comme une prise en compte réelle du problème mais plutôt comme un rituel de déculpabilisation. C'est toujours cette même dichotomie qui fait que, siècle après siècle, des membres de l'humanité sont « rabaissés au rang d'animaux », c'est-à-dire dans la logique humaniste, infériorisés et à partir de là entièrement disponibles pour les désirs de ceux et celles qui se considèrent comme les représentants de la véritable humanité, celle qui s'est hissé le plus haut au dessus de la bestialité. Les « sous-hommes », l'enfant, humain inachevé donc privé de droits, la femme, auquel manque la raison - « le propre de l'Homme » - , l'handicapé qu'on ne veut pas voir et qu'on enferme, etc… toutes ces catégories sont là pour témoigner. Témoigner du fait que la solidarité d'une groupe basé sur l'opposition à un autre groupe est une solidarité de dominants et qu 'elle ne peut aboutir qu'à son contraire : l'exclusion. Comme le dit le slogan pacifiste : « on ne bâtît pas une bonne société sur des monceaux de cadavres. » Nous pensons que la compassion ne doit pas être discriminante mais qu'elle doit s'ouvrir à l'ensemble des êtres concernés par l'éthique : les êtres sensibles ; nous tous les animaux.

Le déclencheur qui a mené à l'écriture de ce texte fut la nausée que nous donnèrent les immondes propos entendus un peu partout à propos de la grippe aviaire ou encore sur les dégâts provoqués en Aveyron par les chutes de neige qui ont entraîné la mort de centaines de brebis. Nous avons put là encore constaté l'horrible cécité des humain-e-s quant il s'agit de vie animale. Parler de ces catastrophes en termes de problème économique en évacuant totalement la moindre pensée pour le sort des premiers concernés, voilà qui illustre bien les difficultés pour une éthique humaniste de développer réellement de la compassion à l'égard d'autrui. Le traumatisme d'une brebis à la suite de l'écroulement du hangar où elle était enfermée doit être considéré en soi et non en fonction de l'impact sur la productivité en lait. Ce n'est pas que nous soyons étonnés par ce genre de considération : à partir du moment où il est quasi unanimement accepté que l'animal est un objet offert à nos désirs, il est normal que soit bloquée toute possibilité de sollicitude à son égard.

Nous connaissons trop bien les mécanismes d'auto-défense psychologiques qui se mettent à l'œuvre chez la plupart des personnes lorsque le doute les envahit sur la légitimité de leurs représentations et de leurs pratiques vis-à-vis des non-humains. Du rire gras et forcé de ceux qui n'arrivent pas à réprimer autrement le malaise au discours conciliateur de ceux qui se contentent de vaguement approuver sans pour autant mettre en oeuvre le nécessaire travail de conscience (aussi lent soit-il) et la pratique qui en découle tôt ou tard. Trop fréquemment les crimes sont perpétués afin de ne pas avoir à se remettre en question ; soi, son entourage, ce que l'on nous a appris depuis tout gamin. Des Hutus continuent à massacrer des Tutsis, des personnes qui ont été violentés dans leur enfance reproduisent ce schéma dans leur propre famille, des descendants de la France colonialiste conservent encore aujourd'hui dans leur discours les mêmes schémas de pensée… On perpétue le crime, voire même très souvent on l'accentue, afin de ne pas avoir à se dire : « On a fait une énorme connerie… », « On nous a racontés des mensonges et nous on y a cru… ».. Nous avons conscience de toutes ces techniques d'auto-manipulation qui font obstacle aux changements dans les mentalités et les pratiques. Ainsi nous avons relativement peu d'espoir quant à l'impact de ce texte sur ceux et celles qui le liront. Toutefois nous savons que le silence encourage toujours le bourreau, que la « neutralité » face à l'horreur n'est pas différente de la complicité. D'où ce texte.

Certain-e-s se plairont sûrement à penser que nous nous complaisons dans l'élitisme. Elles se trompent : il n'y a aucun plaisir à se sentir et à se savoir seul. Aucun plaisir à être conscient d'une Horreur qui passe inaperçue à la quasi-totalité, masquée par l'Idéologie Légitime. Ceux et celles qui luttent pour des causes minoritaires connaissent bien ce malaise. Nous sommes dans la désagréable position de celles et ceux qui doivent accuser, culpabiliser afin de provoquer la prise de conscience. Nous devons nous poser en face ; en conflit. Si nous désirons réellement un changement radical - à tout les niveaux - nous devons accepter le conflit. Accepter la remise en question et par conséquent la critique. Nous sommes nés dans ce système. Nous nous y sommes forcément corrompus. Parler de faire table rase du passé et continuer malgré tout à tenir les même discours que Papa ne mène à rien. Pas de vision en noir et blanc possible où l'axe du mal serait parfaitement bien délimités avec par exemple les multinationales en unique responsable, opposés aux forcément-gentils « citoyens du monde ». Nous devons mettre à nu tout les conflits qu'il y a entre nous - basé sur le sexe, l'âge, la culture,etc… -, qu'il y a forcément entre nous, et cesser de les camoufler au nom d'une unité factice ; au nom du « respect » et de la « tolérance ».

Nous espérons que les éventuelles personnes qui, en lisant ce texte, sentiraient s'ouvrir une brèche dans leurs convictions auront le courage d'aller y voir de plus prés.

La tribu des Haut-perchés
Ecrit par caserio, à 16:51 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Anonyme
26-02-06
à 21:00

"mettre en oeuvre le nécessaire travail de conscience (aussi lent soit-il) et la pratique qui en
découle tôt ou tard"

Et quelle serait, concrètement, la pratique qui devrait en découler tôt ou tard ? Pour ne
plus avoir cette mauvaise conscience (encore une de plus) que faut-il faire exactement ?

"Nous connaissons trop bien les mécanismes d'auto-défense psychologiques qui se
mettent à l'œuvre chez la plupart des personnes lorsque le doute les envahit sur la lé
gitimité de leurs représentations et de leurs pratiques vis-à-vis des non-humains."

Il est certain que lorsque l'on passe son temps a essayer de culpabiliser les gens, ces
derniers peuvent finir par mettre en place des mécanismes d'auto-défense. Dans certains cas ces mécanismes peuvent aussi prendre la forme du ras le bol.

"Ce texte invite à modifier le point de vue d'où l'on se place le plus souvent pour juger nos
rapports avec les non-humains. Le propos développé ici est ultra-minoritaire et les
personnes qui en sont les détentrices sont souvent invisibilisées, quand elles ne
s'invisibilisent pas elles-mêmes du fait d'une pression sociale toujours là - diffuse, masquée
mais réelle."

Les auteurs sont du coté des victimes (ici les animaux) et sont eux-meme victimes de "la
pression sociale" ? Décidemment c'est devenu la règle de se poser en victimes. Les animaux on peut en discuter, mais les défénseurs des animaux qui seraient victimes de "la pression sociale" .... c'est ptet pousser un peu loin , non ?

"Nous espérons que les éventuelles personnes qui, en lisant ce texte, sentiraient s'ouvrir
une brèche dans leurs convictions auront le courage d'aller y voir de plus prés"

Que ces gens qui ont déjà été, d'après ce qu'ils disent, "y voir de plus près" nous expliquent clairement quelles sont les relations humains-animaux qu'ils proposent. Détails bienvenus.

Quand au "mépris pour l'animalité dans nos cultures", il n'est pas pire que le mépris pour l'humanité qui est au moins aussi grand.

Léo Ferré, les femmes, les chiens et les chimpanzés :

http://archives.cbc.ca/IDC-0-72-544-2739-11/souvenirs/arts_culture/leo_ferre
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