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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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De la religiosité en milieu anar : 2.Le désir (besoin ?) de radicalité

Aller, devant tous, doctement, haut et fort, je balance une connerie : « C’est la mauvaise conscience qui ronge le milieu militant aujourd’hui ».

Mauvaise conscience de travailler et de collaborer avec le système. Mauvaise conscience de ne pas travailler et de vivre en parasite. Mauvaise conscience d’acheter des biens de consommation bons marchés, produits de l’exploitation de plus pauvres encore. Mauvaise conscience d’être cultivé. Mauvaise conscience de ne pas être allé à l’école. Mauvaise conscience de se payer le luxe de jouer à l’artiste. Mauvaise conscience d’être allé à l’école. Mauvaise conscience de vivre en couple. Mauvaise conscience d’avoir des enfants. Mauvaise conscience d’être un homme dominant. Mauvaise conscience d’être une femme qui se laisse dominer. Mauvaise conscience de ne pas militer chaque jour deux heures après le boulot. Mauvaise conscience de n’aller que de liaison en liaison. Mauvaise conscience de payer un loyer. Mauvaise conscience de ne faire « que » des manifs. Mauvaise conscience d’avoir la télé « mais y a les gamins tu comprends ». Mauvaise conscience d’élever ses gamins « différemment ». Mauvaise conscience de partir en vacance. Mauvaise conscience d’avoir une voiture. Mauvaise conscience d’avoir chaud l’hiver. Mauvaise conscience de forcer ses proches à avoir froid « parce qu’il faut rompre avec le confort ». Mauvaise conscience de ne pas avoir de copains/copines noirEs ou arabes. Mauvaise conscience de réduire ses copains/copines noirEs, arabes ou sans-papiers au rôle de faire-valoir. Mauvaise conscience de vivre tranquille à la campagne. Mauvaise conscience de vivre dans une ville polluée. Mauvaise conscience de n’être que cinq dépressifs à se réunir pour changer les choses, alors que dans cinq minutes c’est sûr, y aura plus rien à faire, le monde sera réduit à néant.

Que ce soit clair, je ne cherche pas à montrer qu’il y a des soucis, des doutes, qui ne vaillent pas la peine, ou des dérives qui ne puissent être réelles. Mais jamais on ne se pose de question sur le ressenti individuel (motivation, désir, recherche… mais aussi malaise, inquiétude, colère…) lorsque l’on rentre en militance, ou alors on y calque de facto un discours politique. D’autant qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous prouver par a + b que vous avez raison de vous en vouloir pour ceci ou pour cela, que la vraie radicalité est plutôt là, à côté de ce que vous faîtes. Le raisonnement par a + b est redoutable. Sa forme analytique, logique, est garante de sa validité. Validité d’autant plus appréciable que ladite démonstration a été éprouvée au feu de la polémique. Le raisonnement par a + b n’est il pas celui de la démarche scientifique qui se donne pour but de découvrir la vérité une et indivisible ? D’exprimer l’essence des choses ? Il vous faut donc vous nettoyer, vous purifier, c’est prouvé. C’est par la méditation de ces formules lustrales que vous deviendrez un « éveilleur de conscience », cet être qui pourra inciter son prochain à se libérer de ses chaînes, à enfin reconnaître sa misérable situation, et peut-être, s’il a du courage, à vous rejoindre dans la lutte. D’ailleurs, par le passé, d’autres grands n’ont-ils pas eu avant vous leurs propres obstacles à affronter avant de devenir des « éveilleurs de consciences » ? Bouddha n’a-t-il pas dû affronter Mâra et ses artifices au seuil de l’éveil ? Jésus n’a-t-il pas été tenté pendant son jeûne dans le désert ?

Mais qui n’aurait pas mauvaise conscience dans un monde pareil ? Qui a dit que vous disposiez du pouvoir d’organiser votre monde de manière politiquement irréprochable, au point d’en être responsable ? Non, ma portée sur le monde est ridicule. C’est notre portée, qui est grande. Mais là un problème redoutable surgit. Comment faire adopter aux autres un bon comportement, c'est-à-dire un comportement qui aille dans le sens d’une société harmonieuse et égalitaire ?  Surtout si l’on s’interdit (1) de les forcer (2) de jouer avec leur insécurité, leur mauvaise conscience [2]. Car il ne faut pas oublier que l’idée de lutte, d’ennemi à abattre, se nourrit volontiers des sentiments négatifs, du ressentiment. Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Plus on sera radical, et plus on sera confronté à cette mauvaise conscience (vu que l’on s’autorisera de moins en moins d’écarts), et à celle des autres (que l’on ne manquera pas de sermonner). L’ennemi est partout, tout le temps, innombrable. De quoi exalter notre combativité !

La tentation est forte, n’est-ce pas ?


[2] Je n’ai jamais dit que ces méthodes étaient inefficaces. Nombre de régimes totalitaires ou pseudo démocratique ont au contraire montré leur redoutable efficacité… Mais l’anarchiste est un original, n’est-il-pas ? [Retour au texte]




    De la religiosité en milieu anar :
  1. Je suis le mâle blanc - le sain (t), - le cultivé...
  2. Le désir (besoin ?) de radicalité
  3. Quand le déshérité croisa ceux que l’on appelait anarchistes, il partagea avec eux et il vit que cela était bon pour lui. Et c’est parmi eux qu’il est désormais.
Ecrit par Cercamon, à 08:07 dans la rubrique "Pour comprendre".



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