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Yves Rocher contre les femmes au Burkina Faso
Lu sur Hacktivist news service : "Leader mondial de la cosmétologie d'origine végétale, présent dans 88 pays, le groupe Yves Rocher totalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros. « Un groupe et des marques unies par une même passion : rendre le quotidien de la femme plus agréable » clame le slogan publicitaire... Une réclame que les 133 ouvrières de La Gacilienne filiale d'Yves Rocher au Burkina Faso, apprécient modérément. Car après neuf ans de travail, dans des conditions difficiles, elles ont été brutalement licenciées, le 1er août 2005. Depuis cette date, elles luttent pour obtenir le respect de leurs droits. En France, un collectif d'organisations relaie cette mobilisation : conférences de presse, pétitions, lettres ouvertes, protestations se succèdent depuis trois mois. Une campagne de lettres est maintenant lancée pour que la société Yves Rocher assume enfin ses responsabilités.

La Gacilly, ville chef-lieu de canton dans le Morbihan, est le site emblématique du groupe Yves Rocher. A tel point que la commune, son maire et la société qu'il a fondée semblent ne faire qu'un. Le PDG, fondateur de l'entreprise qui porte son nom, l'a installée dans la commune dont il est le maire depuis 1962.

En 1996, le premier magistrat-entrepreneur de la ville lance un projet de développement au Burkina Faso. Son but, selon lui, est "d'aider à l'essor économique d'un des pays les plus pauvres du monde en promouvant des initiatives économiques locales". Détenue à 97 % par le groupe Yves Rocher, La Gacilienne est créée près de Ouagadougou, la capitale, et embauche 133 ouvrières pour fabriquer des sachets de plastique et des rouleaux de tombola qu'Yves Rocher distribue à ses clientes.
De l'autre côté du miroir

Mais les conditions de travail imposées aux ouvrières sont à l'opposé des slogans publicitaires de la marque de produits de beauté. Dans un entrepôt mal éclairé, mal ventilé, les femmes sont serrées sur des bancs. Les "bavardages" sont interdits sous peine de suppression d'une demi-journée de salaire. Un retard de quelques minutes occasionne une mise à pied allant de sept à dix jours. A ces pratiques d'un autre temps s'ajoutent l'absence de congés maternité, la non-prise en compte des heures d'allaitement dans le paiement des salaires, l'absence de visite médicale, les horaires à rallonge et des cadences intenables. Les périodes de production intenses sont suivies de longs moments de chômage technique, impayés. Du coup, la rémunération moyenne des femmes n'excède pas 15 € par mois, soit un tiers du salaire minimum légal au Burkina Faso.

En juin 2004, la Coordination des groupes de Femmes "Égalité" organise un voyage de 11 femmes au Burkina Faso. Par l'intermédiaire de l'association Kebayina [1] et du syndicat CGT-B [2], présent dans l'entreprise depuis 2001, cette délégation rencontre les ouvrières de La Gacilienne. Ces dernières, venues nombreuses, exposent leurs conditions de vie et demandent un soutien pour interpeller Yves Rocher.

En septembre 2004, dans une lettre adressée au PDG du groupe, la présidente d'Egalité lui demande de se "renseigner et d'intervenir rapidement pour mettre fin à la surexploitation et à la répression dont les ouvrières de la Gacilienne font l'objet". Fin octobre, un représentant d'Yves Rocher rencontre l'association. La discussion est ouverte et positive, celui-ci s'engageant à considérer les demandes des ouvrières burkinabè. Mais au lieu d'agir dans ce sens, le groupe fait réaliser en décembre une "inspection" au sein de La Gacilienne par un cabinet privé. D'après le rapport de ce dernier, les critiques de l'entreprise relèvent d'une "opération de dénigrement" pouvant même conduire à des "poursuites judiciaires" si elles devaient se poursuivre ! Indigné, le secrétaire Général de la CGT-B fait remarquer à Yves Rocher que le cabinet s'est contenté d'une seule source d'information, "à savoir la direction de La Gacilienne", et a catégoriquement refusé les informations du Comité syndical. Pourtant le syndicat est prêt à fournir les nombreux éléments - y compris écrits [3] - qui existent sur ce dossier, mais ne reçoit aucune réponse.
Sans rémunération ni moyen de subsistance

Dès lors, les choses s'accélèrent. Le 16 avril 2005, l'avocat du groupe au Burkina annonce qu'Yves Rocher a décidé de quitter le pays et propose aux ouvrières de racheter l'entreprise. Celles-ci refusent car le projet, de toute évidence, n'est pas viable. Puis, le 1er août, La Gacilienne ferme purement et simplement. Sans explication ni préavis, 133 ouvrières se retrouvent sans rémunération ni moyen de subsistance.

Depuis cet été, les ex-employées mènent la bataille. Le 13 octobre dernier, elles ont organisé une manifestation dans les rues de Ouagadougou pour revendiquer le versement d'indemnités décentes de licenciement, mais aussi des dommages et intérêts à hauteur de 2 830 € par ouvrière pour non-respect du Code du travail et réparation des préjudices subis pendant neuf ans.

En France aussi, la mobilisation prend de l'ampleur. La pétition de soutien aux ouvrières a déjà recueilli plus de 5 000 signatures, et plusieurs médias ont relayé l'information.

Mais le groupe Yves Rocher refuse toujours d'ouvrir une vraie négociation. Il préfère maintenir des propositions bien en deçà des demandes des ouvrières : 76 € d'indemnité de fin de contrat, 283 € de dommage et intérêt en échange d'une lettre d'engagement à cesser toute poursuite ! Un marchandage qui laisse pantois lorsqu'on pense aux moyens dont dispose une telle société. La direction parie peut-être sur l'essoufflement du mouvement en France et au Burkina. Ou sur le fait que certaines femmes, pressées par le besoin, soient contraintes d'accepter un accord inéquitable.

Le géant du cosmétique s'honorerait pourtant plus en entendant ce nouvel appel, lancé le 26 novembre dernier par l'une des ouvrières licenciées : "Dites à Yves Rocher de se presser, nous sommes des femmes mais aussi des mères, nous avons des enfants à nourrir, nous n'avons pas pu payer les frais de rentrée scolaire... la situation est très dure" [4].

Appel n°289 du 1er décembre 2005 au 30 janvier 2006
Peuples-Solidaires

[1] En novembre 2004, des membres du Réseau-Solidarité, eux aussi en voyage au Burkina Faso "à la rencontre des organisations de défense de droits", ont également rencontré cette association de femmes burkinabè.

[2] La Confédération Générale du Travail du Burkina est la confédération syndicale la plus importante du pays. Peuples Solidaires collabore avec elle (cf. notamment l'Appel n°259 - Encore un mauvais PAS, 2003)

[3] Comme l'accord partiel signé par l'entreprise et le syndicat en 2002 à la Direction Régionale de l'Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale, dont les termes ne seront pas appliqués par la direction.

[4] Lucienne KABORE Secrétaire Générale Adjointe de la CGT-B La Gacilienne. Témoignage par téléphone le 26 novembre lors d'une réunion publique de soutien aux ouvrières de La Gacilienne organisée à Rennes.

Ecrit par libertad, à 19:00 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  alex
01-02-06
à 13:29

photoreportage

Bonjour,

Photographe indépendant vivant à Bruxelles, je me rend au Burkina ce printemps afin d'y réaliser un reportage sur les diverses oppositions aux pouvoirs et leurs rôles pour la cohésion sociale.
Je suis fortement interpellé par l'histoire des femmes de la Gacilienne.
Je vous serait très reconnaissant si vous pouviez m'envoyer d'autres informations ou liens intéressants sur le sujet et sur les résistances au Burkina en général. Toute aide sera la bienvenue.

Par avance je vous remercie, que vous puissiez ou non me répondre, pour la pertinance de vos informations.

Alexandre
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