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Bosch : le combat des « discriminés »
Lu sur l'Humanité : "Vénissieux . Chez Bosch, des militants syndicaux veulent faire reconnaître les pratiques qui ont cantonné les ouvriers noirs et maghrébins à rester en bas de l’échelle.

« Quand je suis entré chez Bosch, j’ai travaillé sur la Huller, à qui on donnait à "manger" des pièces pendant huit heures. On était quelques-uns à tourner dessus, surtout des Noirs et des Maghrébins. Il y avait aussi la Blanchard, sur laquelle il fallait pousser un plateau avec des

injecteurs. Ou encore les rôdeuses à pâtes. Des machines sales, pénibles, où personne ne souhaitait travailler. Dans l’entreprise, on les surnommait "le continent africain". » Mohamed Brahmi, délégué CGT dans l’usine Bosch de Vénissieux, s’est lancé dans un combat contre la discrimination dans l’entreprise. Avec lui, une vingtaine de salariés de l’équipementier automobile qui s’estiment victimes de discrimination dite « raciale » - et sexiste, pour trois ouvrières - ont saisi les prud’hommes. D’autres, encouragés par la CFDT, ont choisi d’accepter les arrangements à l’amiable proposés par la direction.

« J’étais P1, je suis encore P1 »

Les deux syndicats avaient d’abord interpellé ensemble leur hiérarchie sur les retards de carrière subis par des salariés issus du Maghreb ou des DOM-TOM, mais aussi par des femmes. La direction a réagi en proposant de négocier une forme de rattrapage pour les salariés victimes, ce qui constitue un « aveu » de sa part. Aujourd’hui, Marc

Soubitez, délégué CFDT, parle d’une trentaine de transactions, « entre 3 000 et 12 000 euros », incluant les cas de discrimination syndicale. La CGT en recense une vingtaine, allant de 1 500 à 6 000 euros et reconnaît que « les choses ont bougé pour les salariés immigrés depuis 2000 ». Mais elle considère que ces sommes « ne couvrent pas le préjudice » et poursuit donc l’action en justice. Les relations entre les deux syndicats ont viré à l’aigre.

« La CGT ne dit pas que Bosch est une entreprise qui pratique une politique discriminatoire organisée. Mais, comme dans un grand nombre d’entreprises, ces pratiques ont eu lieu sur notre site et se sont inscrites dans le temps », témoigne Mohamed Brahmi, qui constate le cantonnement d’une catégorie de salariés aux postes pénibles et aux chaînes de montage, sans possibilités d’évolution. « On nous expliquait qu’il n’y avait pas d’autres postes de travail disponibles », raconte Benfoudil Rezkallah, un OS3 de cinquante ans.

« Quand je suis entré en 1984, c’est mon nom et ma couleur de peau qui ont déterminé le poste que j’allais occuper, sur la Huller, raconte Mohamed Brahmi. J’étais P1, je suis encore P1... Les copains noirs ou maghrébins étaient sur les machines, mais pas dans les bureaux, ni dans la hiérarchie. Il n’y avait pas de femmes non plus. On nous mettait de temps en temps des lettres (l’évolution au sein d’une qualification - NDLR), pour nous faire plaisir. » Pendant longtemps, avoue-t-il, « on a intégré l’idée qu’il était normal pour nous de ne pas évoluer, ou que la hiérarchie soit blanche. Mon père a travaillé quarante ans à la Société mécanique d’Irigny. C’était travaille et tais-toi, ne fais pas de bruit... »

Georges Alexis, trente et un ans d’ancienneté, relate une histoire similaire : « Je suis entré OS1, et ils m’ont fait passer P1 après 25 ans. Tu travailles vingt ans, tu apprends à des gens à travailler, cinq ou six ans après ils sont chefs, et toi, toujours pareil... », lâche-t-il en mimant le geste de visser des boulons. Florentino Angole, vingt-cinq ans d’ancienneté, entré OS, promu P1 il y a trois ans, confirme. « J’étais jeune, je ne me suis pas rendu compte de ce qui arrivait. Puis les jeunes à qui on apprend le boulot passent P2, régleurs, et nous on est toujours dans notre coin... Sur une machine, j’étais OS, et le gars de l’autre équipe, sur le même poste, était P1. »

Retrouver la dignité perdue

Pour Georges Alexis, « c’est le système qui était comme ça ». Cuistot à Pointe-à-Pitre, il est arrivé en métropole aux bons soins du Bumidom (Bureau pour les migrations des départements d’outre-mer) « avec une valise bourrée d’illusions sur la France ». « J’ai tout de suite été confronté à la réalité du racisme, les Lyonnais qui ne voulaient pas s’asseoir à côté de nous dans le bus pour aller au travail, les graffitis racistes dans les toilettes. Quand on demandait une augmentation, notre chef nous disait : "J’ai tout essayé, et ils ne veulent pas, et on voyait à côté des ivrognes qui ne fichaient rien et qui étaient P1. » Bourré « de colère et de résignation », il a fini par accepter une transaction, « parce que j’ai cinquante ans, je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Mais cette somme ne répare absolument rien ». Florentino Angole, lui, attend des prud’hommes « justice et considération ». Tout comme Mohamed Brahmi : « Les transactions n’avaient rien à voir avec le préjudice. Nous voulons une vraie règle de calcul, pas des miettes », estime-t-il. « Je ne veux pas prendre la place de Pierre, Paul ou Jacques, mais être traité comme eux. J’ai fait des nuits, on m’a envoyé en Allemagne chercher des fabrications, j’ai donné beaucoup, mais on ne m’a jamais rien rendu. Les jeunes qui entrent aujourd’hui vont beaucoup plus vite que moi. C’est une question de respect de la personne. »

Lucy Bateman
Ecrit par libertad, à 23:38 dans la rubrique "Social".



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