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Tandis que sur les plages italiennes on écoutait les paroles légères de tengo la camisa negra, les mois d'été ont vu aussi les danses, beaucoup moins innocentes, d'autres esthètes nostalgiques de la chemise noire.
Danses qui, en plus d'une occasion, allait se muer en rituels de mort.
A la lumière de ce qui s'est passé à Rome, Turin, Vérone, etc. il semble en effet évident que ceux qui ont récemment commis des incendies criminels, des attaques à l'arme blanche, des passages à tabac et autres gestes "héroïques" dans le style typique des milices fascistes n’ont pas seulement alourdi le bilan comptable, mais aussi délibérément chercher de nouveau à tuer.
Depuis toujours la violence est, pour les fascistes et nazis, un élément central de leur action politique et un moyen d'affirmation idéologique, jusqu'à théoriser l'assujettissement des individus retenus inférieurs, déviants ou improductifs, suivant la tristement célèbre logique de l'extermination.
Pourtant, à cette logique "normale" d'agression et de discrimination, s'est ajoutée depuis deux ans une accélération des attaques contre les personnes, les lieux et les choses qui incarnent ou représentent l'"ennemi" ne serait-ce que par le simple fait d'exister, éventuellement avec la circonstance aggravante de s'opposer au pouvoir constitué, de vivre sans bénédictions , ou de défendre les libertés. Une accélération qui semble planifiée et favorisée par des secteurs du pouvoir politique et économique disposés à utiliser tous les moyens, y compris la main d'oeuvre plus ou moins volontaire de l'extreme-droite, à leur propres fins de domination, de contrôle et d'exploitation de la société.
D'ailleurs s'il n'en était pas ainsi les diverses composantes de l'extrême droite auraient été depuis longtemps mises au banc; clairement, les services de ces séditieux « antagonistes » sont loin de déplaire aux classes dominantes.
La gauche institutionnelle de son coté est plus attentive aux calculs électoraux qu'à ses propres sièges barbouillés de croix celtiques et sous estime gravement ce qui désormais n'est plus un "phénomène" isolable avec les paroles des communiqués habituels ou , pire encore, les coups de téléphone au commissariat. Une telle sous-estimation est arrivée au point de soutenir, pour une indécente poignée de bulletins de vote, les listes mussoliniennes d'Alternativa Sociale lors des dernières élections régionales.
Par ailleurs les néonazis et les néofascistes ne sont pas des requins fous menaçants les rivages d'une improbable démocratie balnéaire, mais plutôt des replicants élevés dans les eaux polluées d'un régime qui a associé son histoire à une série tragique de massacres, complots et assassinats encore couverts du secret d'état. De même qu'il est indéniable que la violence nazi-fasciste nage dans un contexte "culturel" ou la guerre de conquête est légitimée sans vergogne comme une défense de la civilisation occidentale, le racisme est désormais une habitude, et les libertés les plus élémentaires sont systématiquement niées par les gouvernements démocratiques et l'arrogance de qui dirige est désormais une valeur morale.
L'extreme-droite jouit donc de ce qui jusqu'à hier était encore un impensable droit de citoyenneté et, après plus d'une décennie de dénigrement continu de l'antifascisme , de destruction de la mémoire prolétaire et d'anticommunisme primaire, l'idée s'est répandue que même les nazis, les pires racistes et les propagateurs de haine en chemise verte, ont le droit de "faire de la politique".
Pour les antifascistes au contraire, en cette occasion du 60ème anniversaire de la Libération, l'heure est encore à la résistance, pas seulement pour se défendre des nostalgiques de Mussolini et de la croix gammée, mais également contre un appareil juridique répressif pour lequel lutter contre le fascisme est toujours un crime, comme le prouvent les coups de matraque, les arrestations et les plaintes contre 10 antifascistes de Turin, parmi lesquels plusieurs anarchistes, les punitions disproportionnées infligées à trois militants milanais de l'O.R.So, l'incarcération sans preuves d'un anarchiste de Tarente accusé d'avoir blessé un cogneur ou la lourde peine de prison distribuée à deux anarchistes de Rovereto pour avoir donné deux coups de poing à un membre d'Alleanza Nazionale.
En tant que libertaires nous sommes directement concernés et il ne saurait en être autrement étant donné que le fascisme, comme l'écrivit en son temps Luigi Fabbri, reste pour nous "l'arrogance la plus autoritaire que l'on puisse imaginer, l’exaltation maximum dans la théorie et dans la pratique du principe d'autorité".
C'est pour ces raisons que maintenant, un antifascisme actif, mené en parallèle avec l’antiracisme et l’antisexisme, se confirme être un élément essentiel du combat anarchiste, à la base de la lutte humaine à laquelle nous continuons de croire.
Anti
Traduction rokakpuos
Version originale en italien parue dans l'hebdomadaire anarchiste Umanità Nova du 4 septembre 2005