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ALLIANCE VEGETARIENNE : "La condamnation de la cruauté envers les animaux est une partie et parcelle de notre moralité quotidienne, notre soi-disante moralité du sens commun.
Cela est considéré comme une évidence morale, la cruauté envers les animaux est considérée comme déshonorante, cruelle, et l'expression d'un caractère moral primitif ou malfaisant. Cette condamnation générale de la souffrance infligée inutile peut facilement s'étendre à tous les être capables de souffrir. Pourquoi la souffrance des créatures qui sont d'une espèce différente de la notre aurait elle moins de valeur simplement parce que ces créatures n'appartiennent pas à notre espèce?
Après tout, les animaux ont-ils aussi un droit inhérent de vivre? Malheureusement, le bon sens nous manque à l'égard de la tuerie des animaux. Pourvu que l'on tue les animaux d'une manière "rapide et sans douleur", beaucoup de gens ne considèrent pas cette pratique comme une action moralement discutable. Il est argumenté dispute que la plupart des animaux ne peuvent pas désirer consciemment leur propre survie, puisqu'ils n'ont pas conscience d'eux-mêmes en opposition aux autres êtres vivants ni qu'ils sont des êtres avec un avenir et un passé. Bien qu'ils aient vraiment l'instinct de survie, on ne peut pas le voir comme le désir conscient de survivre comme un individu distinct.
Les animaux ont aussi l'impulsion de s'enfuir et préfèrent généralement la vie hors de la captivité bien que cela soit aussi un instinct qu'il n'est pas impératif de respecter moralement - pour deux raisons :
- Le besoin de liberté de mouvement peut être satisfait en captivité, dans une étable et un champ adapté aux cochons (1), par exemple. On ne doit pas confondre ce désir avec le désir humain d'autodétermination, c'est à dire une forme de vie qui soit compatible avec ses propres valeurs et sans humiliation ni détermination systématiques des autres. Les animaux non-humains ne sont pas capables de ce désir de liberté de niveau plus profond.
- Il y a une seconde raison de rejeter moralement le désir de liberté des animaux : La satisfaction de ce désir n'est pas vraiment dans les intérêts objectifs d'un animal qui peut mourrir de froid ou de faim ou serait chassé et mutilé librement alors qu'en captivité on le nourrit, le chauffe et - jusqu'au moment où il est tué - il est protégé du mal. (S'il était possible de tuer un animal tout en lui épargnant la souffrance, ce serait aussi le cas pendant l'abattage actuel.)
La plupart des humains développent des nouveaux niveau plus grands de sensibilité, particulièrement à l'égard d'un manque de liberté, manipulation et détermination d'autrui. Ceci ne doit pas nous aveugler au fait que la plupart des animaux ont des sensibilités plus simples qui peuvent certainement se comparer avec celles d'un enfant humain.
Il y a une seconde objection à l'interdiction totale de tuer les animaux. Imaginez une situation dans laquelle l'élevage industriel serait - pour la plus part - aboli et les humains ne penseraient plus à tuer les animaux pour se nourrir. Pourrait-on, dans ce cas-là, justifier moralement l'expérimentation animale douloureuse et mortelle pour le progrès de la médecine ?
Pourquoi l'expérimentation animale est elle si violemment attaquée , même quand elle sert les buts de l'avancement de la médecine ? Ne pourrait-on pas imaginer que dans certains cas l'expérimentation animale avec la mort éventuelle de l'animal, par exemple, soit un acte légitime d'autodéfense : ou que l'on continue à permettre aux humains de mourrir du SIDA ou que l'on sacrifie des animaux de laboratoire pour développer un traitement efficace pour cette maladie-là?
Une réponse affirmative à cette question, bien sûr, est d'une pertinence particulière lorsqu'elle a lieu dans le contexte d'une culture dans laquelle on pratique la tuerie en masse des animaux dans un but alimentaire. Dans cette culture, l'assassinat de quelques animaux de laboratoire n'est guère significatif, et il semble actuellement se cacher sous la des intentions honorables par rapport à la simple satisfaction du désir de viande.
Ce recours à un cas de légitime défense semble être une tentative extrêmement claire de pur raisonnement. Néanmoins, après un examen plus poussé, le raisonnement derrière le concept de légitime défense subséquent de la mort est imprévisiblement complexe chez les humains, car ce n'est pas évident aujourd'hui de ce qui constitue la vraie "émergence". Parlant des émergences, on retrouve le même problème concernant la nécessité ou l'inutilité d'infliger de la souffrance et d'autres privations (violations de la qualité de vie). Quand est-ce que tuer est nécessaire ?
Le terme de nécessité est quelquefois si dilué que presque tous les intérêts humains, bien qu'il puisse paraître non pertinent , constituent un cas d'urgence. La tendance vers une forte spécisme (2) qui considère les intérêts humains de tous types toujours supérieurs à ceux des animaux, sape les termes "nécessité" et "autodéfense". Quand bien même peu de personnes admettent , expressement et publiquement, adhérer à ce principe de dur spécisme, beaucoup de pratiques actuelles requièrent l'acceptation silencieuse de ce principe.
Une version plus faible, dite "spécisme faible", qui donne seulement la priorité absolue aux besoins les plus importants et vitaux de l'homme par rapport aux intérêts de l'animal, est une version avec laquelle plus gens seraient d'accord. De cette perspective, les intérêts humains vitaux (de vie ou de santé, par exemple) ne seraient jamais considérés par rapports aux intérêts des animaux.
Cette sorte d'humanisme "faible", selon lequel les humains reçoivent un traitement préférentiel lorsque leur vie ou leur santé est en jeu, est aussi un dénigrement des termes moraux tel que "l'autodéfense" et mérite la critique. Considérez, par exemple, l'expérimentation animale faite pour découvrir un remède contre le SIDA ou le cancer. Ces maladies sont dues partiellement au comportement humain, à la négligence consciente des actions ou aux dites mauvaises habitudes. Maintenant, par exemple, les conséquences connues des risques de tabagisme important vont être guéries aux dépens de la vie et de la qualité de vie d'animaux innocents. C'est si évidemment injuste que seul des humanistes profondément enracinés ne l'admettraient pas. L'humanisme s'arrête où les autres espèces commencent !
Le végétarisme a émis un signal clair dans une société qui tend à considérer la moralité comme le résultat simple des accords et des règlements entre humains. Il y a néanmoins des raisons simples de prudence des discours en faveur du végétarisme limités à l'intérêt pour la santé humaine ou la pureté spirituelle. En fin de compte, cela peut être à l'avantage des animaux, mais il ne promeut pas tellement la considération directe pour les animaux. L'unilatéralité de ces raisons prudentes est basée sur le raisonnement égoïste des humains en faveur du végétarisme, on donne la considération directe exclusivement au bien-être humains ou à son salut. Malgré tout, c'est une chance que les recommandations des experts en nutrition soient aussi en faveur du végétarisme. Ainsi, les raisons morales sont complétées par des considérations égoïstes de santé et bonheur humains.
Une des raisons morales la plus significative est le respect général du bien-être de toutes les créatures qui peuvent ressentir. Raccourcir l'expectative de vie est une violation du bien-être. En plus, manger toutes ces créatures par rapport auxquelles nous serions intellectuellement supérieurs est une idée atavique de la moralité. L'exploitation des êtres plus faibles et plus vulnérables est aussi contraire au désir légitime du respect de soi, par exemple, le désir de ne pas vivre au dépens d'autres êtres sensibles sans beaucoup de privation.
Publications:
Wolf, Jean-Claude (1992): Tierethik. Neue Perspektiven für Menschen und Tiere, Paulusverlag Freiburg Schweiz [ISBN 3-72228-0290-3].
Wolf, Jean-Claude (1997): Zur moralischen Bedeutung von Selbstachtung, in: Freiburger Zeitschrift für Theologie und Philosophie 44, 3, 368-395.
Wolf, Jean-Claude (1998) (gemeinsam mit Peter Schaber): Analytische Moralphilosophie, Alber, München und Freiburg i. Br.
Prof. Dr. Jean-Claude Wolf, Chair of Ethics and political Philosophy, University Miséricorde, CH-1700 Freiburg/ Switzerland,
Tel. +41 (0)26 – 300 75 21/ 20/ 19; Fax 026 – 300 97 86; E-mail: Jean-Claude.Wolf@unifr.ch
(1) Probablement, plus de 90% des cochons ne vivent pas dans un environnement naturel, principalement pour des raisons économiques.
(2) "Le spécisme" est la préférence des membres de sa propre espèce sans aucune raison valable. L'expression décrit un déficit de raisonnement ou un traitement arbitraire et préférentiel des membres de sa propre espèce. Dans le texte suivant, j'utiliserai les expressions "spécisme" et "humanisme" comme des synonymes, bien que généralement, le terme "humanisme" s'utilise dans un sens positif.
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Traduction française de Doug J Duea (USA) ".
à 23:09