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Europe : l'héritage chrétien
L'église et la constitution européenne. Les églises légitiment leur intervention dans le champ de la politique européenne par le fait qu'elles sont des « acteurs sociaux » dans les services de l'éducation, de la santé, de l'aide aux «migrants » et aux démunis: elles ont donc, selon elles,le droit de donner leur opinion et de faire pression sur leurs ouailles pour faire valoir leurs points de vue.

Le titre VI du projet de Constitution stipule en son article 44 que « dans toutes ses activités, l'Union respecte le principe de l'égalité de ses citoyens ». Cependant, l'article 51 octroie aux Églises et à certaines associations une représentation particulière et distincte des associations de la société civile. En outre, l'article 51 constitue une discrimination à l'égard des personnes membres d'organisations religieuses qui n'ont pas d'affiliation à une Église. Ces dispositions créent en fait une double représentation des intérêts des organisations affiliées à une Église:

1. En application de l'article 51 précité, « en reconnaissance de leur identité et de leur contribution spécifique »;

2. En application de l'article 46 concernant la démocratie représentative de la société civile dont les organisations d'affiliation religieuse font partie.

La Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) semble plutôt satisfaite de la tournure prise par les événements. Ainsi, Mgr Noël Treanor, secrétaire général de la COMECE, a-t-il pu déclarer:

« En équilibrant un esprit d'ouverture entre le religi ux et le politique avec la juste séparation des deux sphères, l'article 1-51 représente une nouvelle approche inclusive à la gouvernance qui est au niveau des enjeux de la société européenne dans le XXIe siècle.

« En se référant dès ses premières paroles aux "héritages culturel, religieux et humaniste" de l'Europe, le Traité constitutionnel souligne le rôle formateur de ces héritages - dont le christianisme fait partie essentielle - pour l'Europe d'aujourd'hui. C'est pourquoi je regrette que les chefs d'État et de gouvernement n'ont pu trouver une formulation qui reconnaîtrait explicitement la contribution indiscutable du christianisme et d'autres traditions. »


Un héritage humaniste?


Les représentants de l'Église oublient simplement que s'il existe bien un héritage humaniste de l'Europe, cet humanisme s'est constitué par une opposition féroce de l'Église et par une lutte acharnée des penseurs de l'humanisme contre la religion. Ce qui n'empêche pas Mgr Treanor de dire

« Cette omission ne change en rien le fait que les valeurs de l'Union décrites dans l'article 1-2, surtout le respect de la dignité humaine, ont été inspirées par la pensée chrétienne. Mais elle représente une occasion manquée de construire sur la base de notre patrimoine commun un avenir qui est ouvert et inclusif à tous. »

Jean-Paul 11, chef d'un État qui n'est pas membre de la Communauté européenne, remercia ses compatriotes polonais d'avoir défendu les valeurs éternelles du catholicisme. « Je remercie la Pologne qui, au Forum européen, a défendu fidèlement les racines chrétiennes de notre continent. D'elles sont sorties la culture et le développement de la civilisation de notre temps. On ne peut couper les racines d'où l'on provient. »

Le 19 juin 2004, faisant allusion à l'adoption, la veille, du texte de la Constitution, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls soulignait la satisfaction du Vatican: « Les moyens de communication sociale ont rapporté l'adoption par consensus, à Bruxelles, du Traité constitutionnel européen, de la part des chefs d'État et de gouvernement, des 25 États membres. Le Saint-Siège exprime sa satisfaction pour cette nouvelle et importante étape dans le processus d'intégration européenne, toujours souhaitée et encouragée par le pontife romain. »

Il avait un autre motif de se réjouir:

« C'est aussi un motif de satisfaction que l'insertion dans le traité de la disposition qui sauvegarde le statut des confessions religieuses dans les États membres et oblige l'Union à maintenir avec elles un dialogue ouvert, transparent, régulier, en en reconnaissant l'identité, et la contribution spécifique. » « Toutefois, ajouta M. Navarro Valls, le Saint-Siège ne peut pas ne pas exprimer ses regrets pour (opposition de certains gouvernements à la reconnaissance explicite des racines chrétiennes de l'Europe. Il s'agit d'une méconnaissance de l'évidence historique et de l'identité chrétienne des populations européennes. »

Le Saint-Siège, soulignait le porte-parole du Vatican, « exprime sa vive appréciation et sa gratitude aux gouvernements qui, conscients du passé, et de l'horizon historique sur lequel la nouvelle Europe prend forme, ont travaillé pour donner une expression concrète à son héritage religieux reconnu ».

Sept pays ont en effet défendu cette reconnaissance: la Pologne, l'Italie, la Slovénie, la Slovaquie, la République tchèque, Malte et le Portugal, soit, précise-t-on au Vatican, quatre pays naguère sous régime communiste athée. On pourrait cependant présenter les choses autrement: quatre pays sous régime totalitaire communiste et deux pays (l'Italie et le Portugal) qui ont fait l'expérience du fascisme.

L'Osservatore Romano titrait à la une, le 20 juin 2004: « Une Europe à la mémoire décolorée ». Le surtitre expliquait: « À la satisfaction pour l'adoption du Traité constitutionnel doit pourtant s'ajouter le regret pour les contenus qui ne sont pas à la hauteur des espérances et des souhaits. » Un encadré titrait

« Regrets du Saint-Siège », reprenant intégralement la déclaration de M. Navarro Valls.

Un communiqué des évêques de Pologne fait écho aux paroles de Jean-Paul II et déplore qu'en dépit de la conviction de la majeure partie des habitants de l'Europe, du pape et de nombreuses conférences épiscopales, le texte du traité constitutionnel « ne contient aucune référence aux racines chrétiennes du continent ». Ils concluent: « Vu la situation, nous faisons appel à tous les hommes de bonne volonté afin qu'ils réfléchissent à l'avenir de l'Europe cônstruite sur l'omission des valeurs fondamentales. »

Parlons donc des valeurs fondamentales de l'Église catholique.


Un fasciste canonisé


Jean-Paul II a récemment canonisé un dirigeant fasciste, fondateur de l'Opus Dei, Escriva de Balaguer, directeur de conscience de Franco et de Pinochet. Cette secte, fondée en 1928 à Madrid, joue un rôle politique et idéologique capital dans la diffusion des positions intégristes du Vatican. Cette organisation de l'extrême droite catholique, dépendant directement du Vatican, est le principal responsable des réorientations dans la plupart des conférences épiscopales (notamment en Espagne, en Amérique du Sud, en Afrique). De ce fait, les prélats et les fidèles de gauche ont été pourchassés (voire exécutés comme pour l'assassinat de l'évêque Romero en Amérique latine). Il n'y a que peu de conférences épiscopales qui sont en mesure de résister car les nominations sont faites par le Vatican. C'est encore le cas pour la France mais pour combien de temps? L'Opus Dei est le principal initiateur des campagnes pour l'ordre moral (refus du droit à la contraception et du droit à l'avortement entre autres), et contre le préservatif: les positions du Vatican sont à ce titre responsables de dizaines de milliers de morts et constituent véritablement un crime contre l'humanité.

En France, un certain nombre de personnalités ont appuyé la canonisation de ce saint homme. Raymond Barre, par exemple, qui a attesté les « signes de sainteté » du fondateur de l'Opus Dei. Christine Boutin également, députée des Yvelines. Michel Poniatowsky, ancien ministre de l'Intérieur. Claude Bébéar, patron du groupe AXA; Michel Albert, patron de fAGF; Didier Pineau-Valencienne, PDG du groupe Schneider; Louis Schweitzer, patron de Renault.

L'Opus se décrit elle-même dans Cronica, la revue interne du mouvement, comme « le reste saint, immaculé, de la véritable Église », fondé pour « sauver l'Église et la papauté ». Quatre ans après la fin du Concile, le père Escriva déplorait un temps d'erreur dans l'Église : « Le mal vient du dedans et d'en haut. Il y a une réelle pourriture, et actuellement il semble que le Corps mystique du Christ soit un cadavre en décomposition, qui pue. » Ce qui n'a pas empêché cette sainte institution d'être mêlée de très près à certains des scandales les plus malodorants de l'après-guerre, comme l'affaire Matesa, en 1969 (détournement de fonds) ou l'affaire José Maria Ruiz Mateos (fraude fiscale et d'infraction à la réglementation des changes): « Derrière la fiction d'une association purement spirituelle, "famille pauvre, riche seulement de ses enfants", gravite une nébuleuse de sociétés, de banques et de fondations, dirigées anonymement par des membres de l'Opus. Dans les années 70, alors qu'Escriva vitupérait L'Église en décomposition, ses amis mettaient en place le réseau financier qui allait permettre à l'Oeuvre de jongler avec des millions de dollars. » (François Normand, « La troublante ascension de l'Opus Dei » , le Monde diplomatique, septembre 1995.)


Les ovaires de mère Teresa


Le Vatican a approuvé comme « miracle de première classe » la guérison d'une femme, Monica Besra, dont la tumeur des ovaires a été guérie grâce à l'apposition sur son ventre d'une photo de mère Teresa. L'association indienne des rationalistes, qui rejette catégoriquement le fait, a demandé que le miracle post-mortem de mère Teresa soit porté devant une cour de justice. Les « témoins » ont cependant fait voeu de silence sur cette affaire, et le témoin principal, l'intéressée elle-même, a disparu.

L'ancien ministre de la Santé du Bengale révéla qu'il fut contacté par des émissaires du Vatican et invité à nommer un médecin qui certifierait que la guérison de Monica Besra était miraculeuse. Après avoir obtenu les enregistrements médicaux du cas en février 2000, qu'il soumit à l'examen minutieux du service de la santé de Kolkata (Calcutta), il fut convaincu qu'il n'y avait rien d'anormal dans cette résorption de la tumeur suite à un traitement médical prolongé et adéquat.

Voilà un exemple typique des valeurs de l'Occident chrétien que tente de diffuser le Vatican. L'idée de guérison miraculeuse ne fait qu'introduire auprès des pauvres et des illettrés d'Inde une approche superstitieuse de plus et remet en cause la confiance en la science et la médecine. C'est l'argument que développe l'association rationaliste indienne.


Un saint qui n'a jamais existé


Mais on n'a pas encore touché le fond: mieux que ceux qui font voter les morts, le pape a canonisé un homme qui n'a jamais existé, un certain Juan Diego Cuauhtlatoazin. L'un des meilleurs historiens du Mexique, Serge Gruzinski, affirme que le mythe de ce personnage a été créé au XVIIe siècle afin d'évangéliser les indigènes

« Cette canonisation, aujourd'hui, marque la défaite de la rationalité. Nous, les historiens, avons été incapables d'imposer une évidence. L'Église a été la plus forte. Et pourtant, même les historiens ecclésiastiques reconnaissent que faire remonter Juan Diego Cuauhtlatoazin à 1531 constitue un contresens historique. En 1531, l'évêque de Mexico, Fray Ruan de Zumarraga, un rationaliste, grand admirateur d'Érasme, détestait les apparitions. C'est la première fois, depuis Vatican II, où l'on a expulsé du martyrologe les saints dont l'existence était la plus contestée, que l'on assiste à un tel retour en arrière! »

En décembre 2003, Guillermo Schulemburg Prado, ancien supérieur de la basilique de Guadalupe, envoya au pape un message lui demandant de ne pas canoniser Juan Diego Cuauhtlatoazin puisque « l'existence de l'Indien n'a pas été démontrée » .

Cette canonisation a pour objectif de frapper les esprits de la population indigène, alors qu'en même temps l'Église refuse l'ordination de prêtres indiens et marginalise les curés contestataires. L'avis de F. J. Pablo, du Mouvement paysan indigène régional indépendant, est claire : « L'image de ce JDC est bien la preuve de la mentalité raciste de l'Église catholique. Cette canonisation, c'est pour nous dire, à nous les Indiens, si on vous exploite, ne vous rebellez pas. Si on vous paie mal, ce n'est pas grave. Si vous souffrez ici, ça ira mieux au ciel. Nous sommes manipulés; l'Église ne se préoccupe pas de nous. » Quant au maire de la municipalité indienne de Tatahuicapan, il déclare

« La canonisation de JDC n'a rien à voir avec la reconnaissance de nos droits et de notre culture. Pour le gouvernement, ce n'est que de la publicité. »

Le Vatican, et en particulier l'Opus Dei, est une véritable machine de guerre idéologique contre les masses pauvres d'Amérique latine. Jean-Paul II a nommé évêques de nombreux membres de l'Opus Dei en Amérique latine: 7 au Pérou, 4 au Chili, 2 en Équateur, 1 en Colombie, ainsi qu'en Argentine, au Venezuela et au Brésil. Le Pérou, avec 7 évêques de l'Opus Dei, est particulièrement visé par le Vatican, car c'est de là qu'est partie la théologie de la libération développée par le théologien péruvien Gustavo Guttierez. Cette doctrine, qui a eu un très fort rayonnement en Amérique latine, parlait de libération sociale. Inutile de dire qu'elle est au centre de l'offensive du Vatican.


La cerise sur le gâteau


Le Vatican a publié il y a deux ans une somme d'interdits sur le sexe et la famille qui constituent littéralement un manifeste des valeurs de l'Occident chrétien et de la version catholique de l'« humanisme » proposé aux ouailles. Cela se présente sous la forme d'un dictionnaire, intitulé le Lexicon, dans lequel l'Église rappelle ses positions traditionnelles.

Cet ouvrage de 850 pages est mis en vente au prix de 60 euros et aborde 78 thèmes. Il s'attaque aux convictions les plus répandues, notamment sur les rapports sexuels, les droits des homosexuels, le divorce, l'avortement, l'euthanasie, les unions libres, etc. Ainsi on y apprend que « l'abstinence ou les rapports sexuels dans le seul cadre du mariage, ainsi que la fidélité sont la seule stratégie réellement et totalement efficace face au sida ». L'opposition de l'Église à l'usage du préservatif comme moyen pour réduire les risques de diffusion du sida est une fois de plus renouvelée.

L'Église rappelle encore son opposition à la contraception, qui est « à rejeter totalement », et insiste sur ses positions concernant la bioéthique, les droits des embryons, les droits des enfants, la famille et le couple.

Ce dictionnaire a été rédigé à l'initiative du Conseil pontifical pour la famille, présidé par le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, considéré comme l'un des prélats les plus conservateurs au sein du Sacré Collège. Soixante-dix cardinaux, évêques, théologiens et < experts » du monde entier ont pris part à sa rédaction.

Les valeurs chrétiennes de l'Europe? Elles font frémir.


Raoul Boulard


Le Monde libertaire #1394 du 14 au 20 avril 2005

Ecrit par libertad, à 21:06 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Anonyme
05-05-05
à 11:47

Tous les propos contre l'Eglise sont justes, mais on peut néanmoins être athé, anticlérical et reconnaître pour autant l'héritage chrétien des sociétés européennes. Les références à la religion dans notre culture sont multiples: comment expliquer l'organisation des villages et des villes sans faire référence à la religion, comment expliquer notre calendrier sans faire référence à la religion, comment donner une origine aux prénoms sans faire référence à la religion, comment expliquer l'histoire sans faire référence à la religion.

Répondre à ce commentaire

  Anonyme
05-05-05
à 13:35

Re:

hello c'est l'Unique !

je ne sais pas si l'anonyme du dessus est le même anonyme à qui je viens de répondre sur le post sur ma sorcière bien aimée.

Bon, en 2 mots (parce que je vais aller au cinoche), je suis athée (ça c'est sûr), je suis anticlérical (ça c'est encore plus sûr), et je ne reconnais pas (mais alors pas du tout) quelque chose qui serait un "héritage chrétien des sociétés européennes". Et les exemples que tu cites sont intéressants à ce titre : les villages et les villes se sont organisées pour des raisons économiques (développement du commerce hors de la protection des seigneurs, proximité des voies de communication, des voies d'eau...) et certes l'Eglise est venue en parasite planter des églises au milieu, c'est sa manie mais ne me dis pas que les églises se sont construites d'abord et que les gens sont venus construire leurs maisons autour. Les prénoms, il me semble que peu sont strictement chrétiens, la majorité ont des origines antérieures.

Quant au calendrier, alors là c'est vraiment le plus mauvais exemple : sa structure est antérieure au christianisme, le christianisme n'a fait que le transformer à la marge (déplacement du jour de l'an), et il a plaqué toutes ses fêtes religieuses sur des fêtes païennes existantes, condition sine qua non pour faire croire que les gens les respectaient (cf. le livre passionnant de Claude Gaigneret, je crois, Le carnaval).

L'Unique, sans foi ni loi

Répondre à ce commentaire

  Anonyme
05-05-05
à 17:00

Re: Re:

Correctif :

Ma mémoire me lâche (le privilège de l'âge !) : donc après être revenu du cinoche, j'ai plongé dans ma bibliothèque et c'est Gaignebet (avec un B) Claude, Le carnaval (Payot 74).

Ce Claude Gaignebet est l'auteur d'un autre livre remarquable que j'ai lu plusieurs fois : Le folklore obscène des enfants (Maisonneuve et Larose 74).

Ces deux livres abordant l'un comme l'autre et sous des aspects très sérieux le sujet du pet, qu'il me soit donc permis d'en envoyer à tous les lecteurs du site un en pleine face en guise de salutation amicale.

L'Unique, païen jusqu'à mon dernier souffle.

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  Evguénie Sokolov
05-05-05
à 23:51

Re: Re: Re:

Bon vent ! ;-)
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