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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Un mercredi de l’année dernière vers midi, dans le voisinage des quais, nous avons été, deux amis et moi, victimes d’un triste guet-apens.

Comme on nous avait attirés dans une maison du reste assez mal famée, quatre individus se sont précipités sur nous et ont tenté de nous refaire nos porte-monnaie. Nous n’avons pas l’habitude de conserver grand chose sur nous et c’est à cette circonstance seule que nous devons de ne pas avoir été dévalisés. Toujours est-il que les agresseurs, en retournant nos poches, ne parlaient rien moins que de nous chaparder, à chacun, un beau billet de mille.

Ils n’ont pas trouvé vingt-cinq sous.

*

*   *

Cette scène qui se passait au « palais de justice » mérite d’être redite.

Nous étions cités à la neuvième chambre pour outrages aux bonnes mœurs. Un article dans lequel notre collaborateur Le Coq avait exprimé de la pitié pour les malheureuses que la société a dépravées nous valait ce croc-en-jambe. On avait assigné l’auteur de la chronique, on avait assigné le gérant notre camarade Chatel, on m’avait assigné moi-même supplémentairement. Tous les trois nous comparaissions.

Ce fut bien vite fait de montrer l’abîme qui nous séparait des joyeux pornos auxquels on prétendais nous assimiler. Avec une éloquence sûre d’elle, un défenseur, Me Desplas mit en relief notre allure plutôt austère, il indiqua les batailles que nous livrions. C’était d’une netteté qui devait s’imposer à de simples honnêtes hommes.

Mais voilà, non seulement on se trouvait en face de magistrats intègres, de plus nous avions – spécialement avec ceux-ci – affaire à des cyniques de la désinvolture. Ce fut scandaleux. Tandis que parlait notre avocat, tandis que s’accumulaient les évidentes preuves de notre bonne foi, les trois augures placés derrière le « comptoir » affectaient de ne rien écouter du tout. Ils se livraient à des exercices les mieux variés.

Le sieur président de Boislile, qui se tenait au milieu, n’était pas le plus banal avec sa tête de vieux faune guetté par le gâtisme. Il s’amusait à jouer au cochonnet avec des petites boulettes de papier.

A sa gauche, le sieur Bastide s’étirait, les manches retroussées, exhibant du linge qui avait été blanc, se renversant à droite sur son fauteuil, se recouchant vers la gauche et grattant avec des ongles rageurs une barbe à pellicules.

Le sieur Bidet de l’Isle, lui, laissait errer de grimaçants rictus sur sa physionomie simiesque en poursuivant con amore la lecture du Boulevard. Quelquefois il feuilletait aussi une collection des Beautés Parisiennes. Certes il ne restait inactif et nous ne l’avons vu qu’à deux reprises hypnotiser son regard de buveur triste sur un petit carafon de cognac placé près de ses fournitures de bureau.

Quant au procureur de la République, le sieur Cabot, un gros homme dont la face dénonce tout autre chose que de la finesse, il se contentait de rédiger sa correspondance.

Il ne faut pas s’étonner si ces quatre sieurs, qui n’avaient rien entendu, s’entendirent à merveille – ils s’entendirent comme magistrats en foire !

L’avouerais-je ? Au fond, la condamnation qui s’ensuivit – 1.000 francs d’amende pour chacun de nous, ne me paraît pas exagérée. 

*

*   *

Il s’agissait, en effet, non de protéger les « bonnes mœurs » qui n’étaient évidemment point en cause, mais de réagir, d’insidieuse façon, contre les gifles appliquées hebdomadairement à la magistrature. Trois mille francs c’est pour rien.

C’est d’autant plus pour rien qu’il est probable que notre argent n’enrichira guère le fisc.

La vengeance de Thémis a donc été tout aussi puérile que maladroite et basse. Personne n’est demeuré dupe de ce coup de Jarnac.

L’attitude des applicateurs de lois a souligné lourdement leur volonté de faire quant même une exécution sommaire. Ces gens là sont décidément des gaffeurs peu décoratifs.

Zo d’Axa

Ecrit par Mirobir, à 04:07 dans la rubrique "Le privé est politique".



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