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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Témoignages de deux lycéens sur la rafle de Fillon
Lu sur Indymédia Paris : "Je ne reviens pas sur les évènements, l'action, son principe et son contenu, mais simplement sur ce que j'ai vécu, vu et subi entre l'interpellation, lorsque nous avons quitté le toit de l'annexe du ministère de l'éducation et ma libération du commissariat jeudi à 14 heures. On trouvera là beaucoup de détails peut-être insignifiants, mais pouvant avoir une valeur significative pour les avocats qui liront ce texte. La sortie de l'immeuble Lorsque nous avons décidé de quitter collectivement le toit de l'annexe, nous savions que nous serions tous placés en garde-à-vue pour « Participation à un rassemblement », selon les termes du responsable de la Police.


Ce dernier s'était également engagé à ce que plusieurs lycéens aient « droit à un traitement spécial » pour avoir lancé des cailloux et du gravier sur les forces de l'ordre de la Gendarmerie mobile (GM). Nous avons donc quitté le toit vers 17h30 (à vérifier). Mis en file indienne, nous avancions vers un couloir de GM. La personne devant moi, X*, a été priée de remettre sa capuche par un gendarme, afin de voir à quoi il ressemblait avec, comme lorsqu'il s'était masqué plus tôt. Un autre m'a demandé d'enlever ma casquette. Puis, alors que j'avançais vers l'escalier, un GM m'a vu et a dit : « Casquette bleue ! » (Couleur de ma casquette). On m'a alors prié de tourner à droite. Je suis entré dans une petite pièce, un bureau de l'immeuble, avec un bureau, quelques chaises. Un GM m'a poussé à l'intérieur et X est arrivé immédiatement, déjà malmené par les GM qui le tenaient. Ceux-ci l'ont mis à terre et lui ont crié de se déshabiller. Un GM, apparemment plus gradé, leur a dit de faire attention, car nous serions filmés en bas. Puis, les GM, une dizaine dans la pièce, ont fermé la porte et ont répété à X, toujours par terre de se déshabiller. Ils l'entouraient et lui criaient dessus : « Tu fais moins le malin maintenant que t'es là ! », « Tu nous lances plus des trucs sur la tête ! », « T'as voulu nous tuer, ben tu vas morfler ! », etc. Quant à moi, on m'a demandé de me retourner, non par pudeur, mais pour vider mes poches sur le bureau. Je n'ai qu'entendu la suite. Les GM ont dit à X de se relever, puis de se déshabiller. Pendant ce temps, le GM auprès de moi triait les affaires que je sortais, confisquant une liste de numéros de téléphone (en fait pas des contacts militants, mais ceux des agences de presse et le communiqué envoyé quand nous étions sur le toit), dégommant au passage les flacons de collyre pour les yeux. J'entendais les GM derrière crier à X : « Enlève ton caleçon aussi ! »

Alors que X leur demandait pourquoi, ils se sont énervés de plus belle, lui signifiant qu'il n'avait pas à poser de questions. Le GM qui me palpait alors m'a dit à l'oreille : « Vous avez de la chance que mes collègues soient occupés. » J'ignore à l'heure actuelle s'ils ont frappé X. Toujours est-il qu'après cette humiliation, ils lui ont dit de se rhabiller, ont fouillé son sac, puis l'ont fait rejoindre les autres lycéens dans le couloir.

Ma fouille terminée, alors que j'étais seul dans la pièce et que la porte était refermée, les cinq GM restant m'ont entouré. Ils m'ont dit qu'ils m'avaient reconnu grâce à ma casquette, qu'ils confisquaient mon keffieh, avec lequel je m'étais masqué sur le toit, qu'ils avaient des films me montrant leur jeter des objets depuis une fenêtre, ce qui est faux car je ne l'ai pas fait. Je le leur ai dit et ai ajouté que j'étais prêt à en répondre devant le film et devant la Justice. Un GM m'a alors signifié de ne pas faire le malin. Il m'a dit qu'eux aussi avaient été étudiants, qu'ils avaient tous bac + 2, mais que jamais ils n'avaient rien fait d'aussi grave, que cinq de ses collègues étaient à l'hôpital (ce qui est faux), qu'ils ne faisaient qu'obéir aux ordres, qu'ils n'étaient pas là pour se faire tuer, etc. Puis un GM m'a dit : « Tu préviens tes camarades que s'ils en blessent un chez nous, nous on en blesse dix chez vous et la prochaine fois, il y aura pas de caméra. » Puis il m'a permis de reprendre mes affaires et m'a dit de remettre ma casquette. Un de leur collègue est entré dans le bureau, m'a vu, m'a enlevé ma casquette d'un revers de main, a demandé à ses collègues en riant si j'avais bien été fouillé. Pendant que je me baissais pour récupérer ma casquette au sol, il m'a dit : « Garde la bien, on te repère bien avec », je lui ai répété que je n'avais rien à me reprocher et suis sorti. Dans le couloir, les gens qui avaient vu sortir X m'ont vu arriver et m'ont immédiatement demandé ce qu'il s'était passé. J'ai répondu en serrant les dents : « Ce sont vraiment des fascistes. »

La garde-à-vue (gàv)

L'ensemble des garde-à-vue a commencé à 18 heures, heure approximative des interpellations officielles, c'est-à-dire en dehors de l'immeuble, par la Police Judiciaire (PJ). En sortant de l'immeuble, chacun escorté par un GM de notre sexe, nous tenant par l'épaule, nous étions fouillés et notre identité était relevée. Nous avons également du poser devant la caméra et l'appareil photo de la police. Je retrouvais des camarades en bas. Un car plein est parti, nous attendions donc le suivant. En y montant, nouveau relevé d'identité.

Le car part alors que nous sommes 29 dedans. Premier arrêt quelques minutes plus tard devant le commissariat du 13ème arrondissement. Les manifestants arrivent, au cri de « Libérez nos camarades ! » Après une attente d'environ vingt minutes (à vérifier), les policiers font sortir dix d'entre nous. Ils entrent dans le commissariat. Puis, comme nous nous agitons et essayons de communiquer avec les manifestants, le car démarre, avance un tout petit peu puis freine brusquement, faisant basculer ceux qui étaient debout. Après une vingtaine de minutes encore (peut-être plus ?), ils en font sortir dix autres. Apparemment, ils auraient été mis dans un autre car et conduits dans un autre commissariat. Nous ne sommes plus que neuf. Le car attend encore, puis part dans une direction inconnue. Nous essayons de suivre les rues que nous empruntons avec un plan de Paris, afin de prévenir les camarades de l'endroit où l'on nous mène. Il s'agit du commissariat du 14ème arrondissement.

Nous sortons du car par groupes de deux, je suis le premier. A l'entrée du commissariat, une haie d'honneur est formée par les gardiens de la paix. Nous déposons nos identités, puis allons nous asseoir, un par un, dans le couloir où il est procédé à une fouille. Nous sommes donc encore ensemble, tous les neuf. On nous fait emmener par deux dans la pièce d'à côté, pour une vérification plus précise d'identité. Puis nous nous rasseyons chacun notre tour. Les policiers sont relativement gentils et polis. Ils demandent même des renseignements sur la réforme Fillon, sur l'action, etc. Est-ce une manipulation pour nous faire dire certaines choses, nous mettre en confiance Ils accèdent aux demandes d'aller aux toilettes. Ils confisquent en revanche tous les sacs, livres et demandent d'éteindre les portables, ce qui est alors déjà fait. L'attente est assez longue, puisque ce n'est qu'à neuf heures et demi que je suis conduit dans un bureau pour me voir signifier ma garde à vue et mes droits. Je suis donc placé en garde-à-vue de 24 heures, renouvelable une fois, pour « Dégradation de biens publics en réunion » et « Violences sur des Agents de la force publique (AFP) en réunion. » Je demande à voir un avocat, Maître Antoine Comte, ou un commis d'office en cas d'injoignabilité. Je signe mon relevé (identité, signification de la gàv, signification de mes droits) après relecture, en deux exemplaires. Puis l'officier de police qui m'interroge me demande de signer également une déposition, cette fois sur un livre s'apparentant à un registre, reprenant les mêmes informations manuscrites, sur un support imprimé, mais avec une page entière non remplie.

Je trouve cela étrange et le dit à l'officier qui me dit qu'il s'agit de la même chose que ce que j'ai signé sur les feuilles imprimées. Je persiste à hésiter. Il me dit alors que je suis obligé de signer. Je signe donc ce document sur lequel est laissé un grand espace en blanc, alors que je sais que c'est la première des choses à éviter et que rien ne m'oblige à signer.

Mais je n'en suis pas sûr pour ce qui est de cette simple signification de mes droits et de ma gàv. On procède ensuite à ma perquisition. Selon la procédure, tout est pris, et consigné même mes lunettes). On ne me donne en revanche pas d'inventaire à signer. On me conduit en cellule. Comme nous étions sept filles et deux garçons embarqués dans le 14ème, je me retrouve en cellule avec un camarade, Tom, et deux autres « gavés ». Trois arriveront dans la nuit, au plus fort nous serons donc sept dans la cellule (6 m2 au maximum à mon avis). Dans la cellule d'à côté, où sont les camarades filles, cinq puisqu'il y en avait deux mineures, mais qui seront conduites avec elles plus tard (ce qui est illégal), celles-ci demandent à pouvoir manger. Le policier leur répond d'attendre, puis, plus tard, leur dit qu'il faudra attendre sept heures du matin. Heureusement, arrive peu après le pain de mie et le fromage que des camarades nous ont acheté et fait passer. Nous nous restaurons donc un peu. Un policier passe et nous demande quels sont nos lycées, on ne sait pas pourquoi. J'essaye de m'endormir, sur le banc de béton de la cellule, puis par terre, j'entend vaguement les allées et venues dehors et dans la cellule d'à côté.

Vers trois heures, je suis convoqué pour voir mon avocat, commis d'office, car maître Comte est injoignable. L'entretien dure quelques minutes. L'avocat me rassure quant au papier que j'ai signé, me dit que la perquisition sans inventaire signé n'est pas un vice de procédure, m'expose ce que je risque, aux vues de la situation générale : relâché sans suite, relâché avec une convocation plus tard (et dans ce cas la possibilité de préparer collectivement la défense), comparution immédiate, avec le risque d'être retenu jusqu'au procès en cas de refus. Au niveau des peines, cela peut aller de la relaxe jusqu'aux TIG, il serait étonnant que la prison ou une forte amende soient retenues pour des lycéens et des étudiants. Il me conseille de ne reconnaître aucun fait, et de ne pas reconnaître en avoir été témoin.

Je retourne en cellule et essaye de dormir jusqu'à cinq heures, heure à laquelle je suis convoqué pour mon interrogatoire. On me présente la liste de ma perquisition. On refuse de me rendre mes lunettes pour que je puisse la lire. Je le fais tant bien que mal, vérifie qu'il n'y a pas de blanc, puis la signe. Je suis interrogé sur les faits. Je dis que je n'ai rien à déclarer. Je réponds donc aux questions une par une : où nous nous sommes rassemblés, où nous nous sommes rendus, comment nous sommes entrés dans l'annexe du ministère, etc. L'inspectrice qui m'interroge me dit que de toutes manières, la police sait déjà tout grâce aux RG et à l'enquête et veut simplement voir ce que je dis ou non. Je continue à dire que je n'ai rien à déclarer. Elle me demande comment j'ai été au courrant du rendez-vous. Je lui dis que c'est par le bouche-à-oreille. Elle me demande si j'ai reçu un SMS me l'indiquant. Je réponds que oui. Elle me demande qui me l'a envoyé. Je dis que je n'en suis pas sûr, qu'il fallait de toutes manières le transmettre. Elle me demande s'il ne s'agit pas de Pauline, présente dans le commissariat. Je réponds que c'est possible. Elle me pose alors des questions sur elle, comment je la connais, alors que nous ne sommes pas dans le même lycée, son rôle dans les manifestations, dans celle-ci en particulier, etc. Je réponds évasivement, insistant sur le fait qu'il n'y a pas de leader, de chef, que toutes les décisions sont prises collectivement, etc. Comme elle tape simultanément mes réponses en les rédigeant à sa manière, elle essaye de détourner le sens de mes propos. Elle me reprend à un moment : « Nous disions donc : ''celle-ci décide.'' » Je demande qui est « celle-ci », elle me répond qu'il s'agit de Pauline. Je lui répète alors que Pauline ne décide de rien. Finalement, elle tire ma déposition. Je la relis, avec peine, en corrige plusieurs phrases (pas l'orthographe, également catastrophique !), puis finis par la signer. Je suis ensuite pris en photo, avec l'ardoise portant mon nom, des caractéristiques (taille, poids.) de face et de profil, puis on prend mes empruntes digitales.

Je suis alors reconduit en cellule. Tom, qui a refusé de voir un avocat, disant que cela ne servait à rien, me dit qu'il a craqué et a avoué être un leader du mouvement et avoir participé aux dégradation. Nous nous rendormons. Tom m'informe à mon réveil que Pauline a été emmenée menottée et n'est pas revenue. De fait, ni lui, ni moi ne la voyons revenir, mais nous dormons (ou essayons de dormir) beaucoup, puisqu'il n'y a que ça à faire en cellule. Vers sept heures, on nous propose un petit-déjeuner. Je décline. On nous propose de déjeuner vers midi et demi. J'accepte une barquette de pâtes. Je tourne en rond dans la cellule. On a déjà libéré plusieurs détenus

(non militants). Nous sommes encore trois dans la cellule. Puis, vers quatorze heures, on vient chercher trois d'entre nous, deux filles et moi. En sortant, je jette un regard vers la cellule des filles et constate que Pauline a été ramenée, ainsi que les deux filles mineures.

On me rend mes effets personnels, je signe le dernier document, sur lequel figurent les informations factuelles : mon heure d'interpellation, son motif, mon heure d'arrivée, l'annonce de mes droits, mon recours à un avocat, pas ma déclaration lors de mon interrogatoire, que j'aurais aimé relire. On me dit que rien n'est retenu contre moi, mais que je pourrais être convoqué de nouveau dans le cadre de l'affaire, etc. Je sors, suivi des deux autres camarades. Nous avons en commun d'être majeurs, de n'avoir rien avoué, d'avoir dit ne rien avoir vu. Nous sommes les trois seuls à avoir vu l'avocat.

Pour information, cinq autres camarades ont été relâchés entre 20h et 21h, c'est-à-dire après prolongation de la gàv, mais sans suite. Les deux autres camarades, Pauline et Mayssa, ont été relâchées après 48 heures et un passage au Palais de Justice. Pauline a été interrogée plus de cinq fois dans la nuit. Nous avons tous eu à répondre à des questions la concernant. Mayssa a avoué être leader du mouvement et avoir participé aux dégradations.

Elles sont toutes deux mises en examen pour les faits reprochés en gàv mais pas placées sous contrôle judiciaire. A l'heure actuelle, il n'y a plus personne en détention, mais quinze sont mises en examen.

Fait le vendredi 22 avril à 21h30.

J.B. Récit d'une garde à vue

Suite à l'occupation d'une annexe du ministère de l'éducation mercredi, à l'appel du comité de coordination parisienne (je tiens cette infomation de la police), nous avons tous été embarqué par la police, il y a eu plus de cent soixante gardes à vue !

J'étais dans le commissariat du septième où nous avons été traités de manière exceptionnelle : nous avons passé toute la garde à vue ensemble (mineurs, majeurs, filles, garçons) dans une salle du sous-sol du commissariat sous la surveillance d'environ quatre agents de police qui se relayaient.

Nous étions dans une salle relativement grande, et nous avons pu y prendre nos aises assez rapidement, nous tenions même tous allongés. Nous pouvions discuter librement, ce qui a permis de remonter le moral à ceux qui flanchaient un peu par moment. Les conditions étaient tout de même relativement spartiates, nous n'avions pas de couvertures, et étions privés de la plupart de nos libertés. A part l'équipe de nuit qui était exagérément autoritaire, nos gardiens étaient plutôt ouverts à la discussion, ils s'embêtaient au moins autant que nous. Les allers et venues se succédaient : fouilles, notification de garde à vue, visite de médecins, entretien avec avocat, auditions, prise d'empreintes et de portrait...

Au milieu de la nuit, on nous a tous fait lever, en rang, pour être soumis à un examen : ils venaient de recevoir un rapport des renseignements généraux qui comportaient des photos. Au moins une paire d'entre nous avaient été reconnus et les policiers sont repartis. C'est à ce moment que la tension est montée d'un cran : "est-ce que c'était moi ?", "que va-t-il arriver aux personnes reconnues ?", "que reproche-t-on aux personnes prise en photos ?"... Malgré leur volonté de nous cacher les épreuves, certains d'entre nous ont pu à la volée identifier plusieurs personnes sur les photos : des gens reconnus comme étant bien présents et impliqués dans le mouvement, dans la coordination, dans les manifestations. Il y avait aussi une exception : il n y avait pas que des lycéens sur ces photos. Même à plusieurs mètres, je me suis clairement reconnu sur une d'elle, ce qui m'a été confirmé par d'autres personnes. Sur le cliché, je suis au milieu de la terrasse en train de me balader avec une cigarette à la bouche. La garde à vue s'est poursuivie sur le même rytme, avec une paire de personnes peut-être un peu plus anxieuses que les autres, mais avec toujours de la bonne humeur.

Le deuxième jour, le jeudi, on nous a confirmé que nous n'allions plus tarder à sortir, ce qui à été effectif dans la suite des évènements. Au bout d'un moment, les personnes majeures ont été invité a quitter les lieux, à peu près dans l'ordre alphabétique, et les personnes mineurs, au rythme où leurs parents venaient les chercher.

Puis le rythme s'est ralenti, normal, il y avait de moins en moins de monde. au bout d'un moment, nous n'étions plus qu'une poignée de mineurs et moi-même. L'autre jeune personne qui à été gardée en prolongation de garde à vue ne redescendait plus, la procédure pour les mineurs est plus exigente, mais elle m'a dit avoir aussi été longuement auditionnée. On est enfin venu me chercher, mais pour me notifier la prolongation de garde à vue, et m'auditionner, et me coller finalement dans la cellule de garde à vue, videosurveillée, à coté de la cellule des femmes, où a été emmenée l'autre jeune personne. Même si nous pouvions encore communiquer, la garde à vue est devenue plus dure, sans lien et avec encore plus de fatigue. La porte qui séparait les cellules du hall d'entrée était restée ouverte, ce qui m'a permis de voir une paire d'agents en civil entrer pour prévenir qu'un attroupement se mettait en place devant le commissariat, je me suis douté qu'il y avait un peu de soutien, mais n'avait pas les moyens de le vérifier. Y m'avait apporté de la nourriture, c'est à ce moment là que j'ai compris que l'on savait où j'étais, on ma dis que X était passé, j'ai alors su que Sud était aussi au courant. Avoir ainsi des bribes d'informations provenant de l'extérieur était un grand soulagement. Des élèves de mon lycée étaient présent au rassemblement de soutien au pied de l'annexe du ministère, ils m'ont vu et je me demandais si l'information avait circulé jusqu'au lycée. Cela m'a été confirmé depuis par de nombreux messages de soutien, et diverses propositions pour le réaliser.

Lors de la fin de la garde à vue, une nouvelle épreuve arrivait : la mise au dépot pour rencontrer le procureur. La pression monte toute seule quand on se retrouve avec une paire de menottes aux poignets. Dans le véhicule qui nous amenait au tribunal la jeune fille qui était avec moi souffrait d'être ballottée, sans trouver de position confortable, les menottes dans le dos. Puis suit la mise au dépot où l'on recommence la fouille et la mise en cellule : deux lits superposé, et une touche de luxe : un chiotte et de l'eau ! Nous étions six, à venir dans ces lieux pour des motifs divers et variés. Au bout d'un moment, je me demandais s'il n'était pas trop tard pour pouvoir suivre la procédure, allais-je passer le week-end ici ? Puis on est enfin venu me chercher, on a sauté la case procureur et je suis emmené devant le juge. Une lycéenne est assise à proximité, je l'avais reconnue sur une des photos du rapport des renseingements généraux. La garde à vue ne s'est pas passée de la même façon : elle était interrogée toutes les heures, à renfort de baffes ! Peu de temps après arrive Maître Terrel qui suit mon dossier et on a pu discuter, elle a pu consulter le dossier : environs trente centimètres d'épaisseur en format A4... Elle était très rassurante, et effectivement, j'étais dehors dans l'heure.

Elle à fait la demande pour avoir une copie du dossier et je retourne la voir lundi. Nous sommes tous "mis en examen des chefs de : violences volontaires sans ITT en réunion, avec armes par destination sur agents de la force publique ; dégradations en réunion de bien d'utilité publique."

Le procureur demandait un placement sous contrôle judiciaire de tous les majeurs, mais il nous a été signifié la même chose, que l'on soit majeur ou mineur, c'est à dire le refus de placement sous contrôle judiciaire. Bref, nous sommes libre de circulation depuis vendredi soir et devons rester disponibles pour la justice, en attendant le procès qui aura lieu plus tard.

Voila, c'est finit pour la première étape, on commence déjà à parler de rassemblement de soutien lors du passage au tribunal. Les dates ne sont pas encore communiquées, mais il y a déjà Samuel Morville qui passe en procès le 25 mai après avoir été arrété lors de la manifestation du 31 mars. Un étudiant passe en comparution le 31 mai, suite à une arrestation musclée (dont j'ai été témoin) lors de la manifestation du 13 avril. Quelques images sont disponibles sur le lien suivant : http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=35349&id_mot=33

Je vous raconterai aussi l'occupation, mais pas aujourd'hui !

D.

Ci joint un communiqué de la coordination rédigé par S. :

Apres 3 mois de lutte, parce que Fillon ne veut pas nous écouter, parce que l'immense majorité des lycéens soutiennent notre action : la Coordination Lycéenne gérée par des assemblées générales et composée d une base large et hétérogène réunissant tous les lycéens mobilisés, a envahi une annexe du ministère de l Education nationale mercredi 20.

Cette action coup-de-poing vise directement le ministre et montre a tous la détermination et l'organisation des lycéens. Nous étions 2500 lors de la manifestation de jeudi 21 alors que les animateurs du mouvement étaient pour la plupart encore en garde à vue (GAV).

Si nous ne sommes pas aussi nombreux qu'au part avant lors des grandes manifestations (200 000) ou au plus fort des occupations (25 % des établissements occupés) ce n est pas par défaitisme ni par isolement ou manipulation de l'extrême gauche.

Les animateurs de mouvement sont exclus des établissements, les coups de matraque pleuvent, et les arrestations massives comme mercredi (178 GAV) sont monnaie courante. C'est cette volonté du gouvernement qui saccage notre mouvement.

Nous dénonçons la casse policière et administrative ainsi que la diabolisation par certains média et le syndicat de proviseurs de ce mouvement social qui lui tend vers l'unité dans la lutte avec les professeurs et les personnels de l Education nationale.

Nous nous réunissons samedi à 15H à Jussieu pour décider ensemble des suites à donner à notre mouvement à savoir les dates du 1, 12 et 16 mai.

La Coordination Lycéenne
Ecrit par libertad, à 21:33 dans la rubrique "Actualité".



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