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L'En Dehors


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Pour contribuer à un débat sur l'anarcha-féminisme
Je voudrais ici critiquer certaines conceptions de la lutte antipatriarcale qui circulent aujourd'hui dans les milieux libertaires, car elles me paraissent, par leur caractère réducteur ou ambigu et les dérives qu'elles peuvent entraîner, préjudiciables à une véritable avancée de cette lutte dans le sens qui nous intéresse. Notre démarche à la fois antipatriarcale et anticapitaliste nous laissant parfois une marge de manoeuvre assez étroite, il me semble en effet important d'avoir clairement conscience des enjeux dissimulés derrière telle ou telle affirmation séduisante par sa logique en apparence imparable, pour ne pas faire, en la reprenant à notre compte, tout simplement et une fois de plus le jeu de nos adversaires.



« L'anarcha-féminisme vise à changer les hommes de la famille anarchiste »

Je ne suis pas d'accord avec ce genre de formules, malheureusement trop répandu autour de nous. Définir l'anarcha-féminisme par rapport aux hommes anarchistes, en effet, c'est d'une part nous faire une fois de plus exister, nous les femmes, en fonction des hommes, d'une référence masculine ; et d'autre part réduire l'anarcha-féminisme à un «usage interne > puisqu'il s'agit d'amener les hommes anarchistes à évoluer sur la question du patriarcat. Pour moi, sans avoir tellement besoin d'étiquette, celle d'« anarcha-féministe » me convient dans la mesure où la définition que j'en donne correspond à ce que je suis -une femme communiste libertaire qui, entant que telle, cherche à la fois dans sa pratique militante et dans sa vie quotidienne à avancer vers ce qui lui tient particulièrement à coeur : la fin de l'oppression, quelle qu'elle soit, par la libération de toutes les personnes exploitées d'une façon ou d'une autre (parmi lesquelles moi-même, bien sûr).
Dans cette optique, les anarcha-féministes ont un rôle à jouer aussi et surtout à l'extérieur des sphères libertaires, puisqu'il s'agit de mener la lutte contre le patriarcat et le capitalisme à tous les niveaux de là société. Mais, à vrai dire, je crois qu'il faut s'attacher davantage à l'action qu'aux mots employés pour la qualifier. Je trouve ainsi juste qu'Emma Goldman soit facilement citée comme référence de f« anarcha-féminisme »,même si le courant portant ce nom n'est apparu que bien après sa mort, et en dépit du fait qu'elle refusait l'étiquette de féministe. Elle estimait, je le rappelle, que le féminisme conduisait à une impasse parce que ses militantes (d'origine «bourgeoise > ou non) négligeaient ou refusaient la lutte des classes, ce qui les incitait à développer un lobby interclassiste pour influer sur le gouvernement plutôt qu'un mouvement révolutionnaire pour le renverser. (Cela n'a pas empêché des féministes de chercher à récupérer E. Goldman en publiant une version de son autobiographie outrageusement expurgée de ce qu'elles jugeaient peu intéressant, pour la recentrer sur ses « actions féministes »...)

« L'anarchisme est l'affaire des hommes »

Autre idée formulée de-ci de-là - dans la mouvance libertaire plutôt que dans les organisations, sûrement - et qui permet à telle ou telle de déclarer, au nom des femmes (ou des militantes anarchistes) en général : «C'est pour cela que l'anarchisme en tant que tel ne suffit pas aux femmes. » Cette affirmation équivaut à dire que l'anarchisme est strictement une «affaire d'hommes », et renvoie au classique positionnement public-privé par le biais d'un anticapitalisme attribué au sexe masculin et d'un antipatriarcat réservé au sexe féminin... alors qu'il s'agirait plutôt que les femmes débordent en masse ce fameux «privé » auquel le système les assigne, non ?
Pour revenir à E. Goldman, c'est bien comme militante anarchiste quelle s'est engagée tant dans des luttes concernant plus particulièrement la libération des femmes (pour avortement, la contraception, l'union libre...) que dans des luttes contre les autres formes d'autorité existant dans la société patriarcale et capitaliste (l'armée, l'Église, l'État, le patronat...). Et, à ma connaissance, on ne l'a pas pour autant soupçonnée de « faire le jeu » des hommes (anarchistes ou non) -une critique que décochent en revanche souvent les féministes «classiques »aux militantes anarchistes ou anarcho-syndicalistes, en leur reprochant de rester mobilisées sur le terrain des entreprises ou du travail syndical sans opérer de distinction entre les sexes.
Quant à moi, l'anarchisme me «suffit » sur le plan théorique, parce qu'il vise la libération de tous les êtres humains opprimés -par l'exploitation capitaliste qui s'appuie sur la domination masculine. Je ne veux pas être un homme, ni jouer à l'être ; et je ne considère pas ce qu'on cherche à nous faire ranger sous le terme «politique »,ici l'anarchisme réduit à la lutte contre l'Etat et contre le patronat (donc à l'anticapitalisme, l'antihiérarchisme, l'internationalisme...), comme réservé aux hommes. En revanche, sans doute parce que je suis une femme, je suis particulièrement soucieuse et pressée de voir l'application concrète des idées anarchistes dans tous les rapports humains, à commencer par ceux de la vie quotidienne, des relations entre les sexes.
L'anarchisme est le seul courant idéologique qui s'efforce de concilier la personne et la société, la liberté individuelle et le communisme. Mais l'anarcha-féminisme est né du constat que la pensée anarchiste avait été élaborée et mise en pratique depuis le me siècle par des personnes souvent demeurées imprégnées des valeurs de la société dans laquelle elles vivaient, ce qui entraînait notamment des comportements individuels et collectifs critiquables sur le plan des rapports entre les sexes (par la reproduction plus ou moins grande des rôles sociaux traditionnels dans le quotidien de militants et militantes). Ce constat, Mai 68 et le MLF ont contribué à le dresser, avec entre autres une critique de la pratique militante et des organisations politiques en général pour leur fort machisme. De fait, la lutte des révolutionnaires (quel que soit leur sexe) a davantage porté, avant ces trois dernières décennies, sur le terrain des classes sociales que sur celui des sexes, pour de très nombreuses raisons - liées à l'histoire du mouvement social et au développement de la classe ouvrière, mais aussi à la psychologie et au rôle de l'inconscient. Depuis s'est cependant développée l'idée que chaque être a des recherches et questionnements à mener au niveau personnel par rapport aux clichés qu'il-elle a intégrés au point de ne pas même en être conscient-e parfois (la division de la vie entre public-hommes et privé-femmes, la domination masculine qui lui est liée - acceptée souvent par les femmes pour diverses raisons...). Il n'en demeure pas moins qu'il est en général plus évident d'intervenir dans la vie publique que sur le terrain du « privé », du fait que l'idéologie patriarcale imprègne tous les êtres humains dès avant leur naissance en favorisant les hommes au détriment des femmes, et que la remise en cause des rôles sociaux inculqués nous place d'entrée face à nous-mêmes, nous forçant parfois à admettre cette vérité désagréable que nos actes ne sont pas toujours en adéquation avec nos aspirations...
L'anarcha-féminisme présente à mes yeux l'intérêt de pointer les normes sociales en action pour s'efforcer de les contester partout dans la société, et d'insister sur des problèmes qui peuvent paraître plus urgents à régler aux femmes qu'aux hommes, dans la mesure où ceux-ci profitent du rapport hiérarchise entre les sexes. Cette mise en relief des pesanteurs et contradictions existant en chacun-e de nous concerne les hommes et les femmes dans l'ensemble pas seulement les anarchistes, et elle tend à faire davantage qu'auparavant prendre en compte la lutte antipatriarcale dans l'action révolutionnaire. Mais, pour moi, là réside en réalité le véritable anarchisme : dans cette démarche qui rééquilibre la balance entre anticapitalisme et antipatriarcat, et sans laquelle il ne peut y avoir vraiment de révolution. II s'agit donc de considérer à la fois les rapports de sexe et de classe dans l'analyse des sociétés existantes, en refusant de privilégier les premiers au détriment des seconds comme le font nombre de féministes « classiques », ou les seconds au détriment des premiers comme le font nombre de militant-e-s révolutionnaires, puisque ces deux types de rapports, complémentaires, sont l'un et l'autre à détruire.

« La non-mixité constitue une nécessité absolu pour la libération des femmes » et « La lutte entre hommes et femmes est une lutte de classes »

Ces deux affirmations, exprimées de temps à autre par des anarchistes, traduisent la prégnance actuelle du discours de certains groupes de féministes radicales et-ou de lesbiennes séparatistes sur le sujet des femmes. Mais si elles s'inscrivent parfaitement dans la logique de ces groupes, étant donné leurs objectifs, il est loin d'en aller de même pour nous, à mon avis.
Concernant la non-mixité, je ne vois déjà pas comment nous pourrions la défendre comme finalité de la lutte (donc chercher à instaurer une société exclusivement composée de femmes ou pratiquant un séparatisme entre les sexes) sans changer totalement de projet révolutionnaire. En revanche, concernant la non-mixité comme moyen de lutte, j'observe que les libertaires adoptent fréquemment une attitude assez pragmatique et nuancée - mais qui va à l'inverse de la thèse « lutte de classes entre les sexes » : si des « commissions femmes » sont apparues au sein de certaines organisations libertaires, c'est parce que des militantes en ont ressenti le besoin ; cependant, aucune de ces organisations n'a connu de scissions à ce sujet. À l'OCL, certaines d'entre nous estiment important de discuter et d'agir par moments entre femmes, au sein de l'organisation ou dans des collectifs autonomes: parce que nous subissons une oppression spécifique dont il s'agit pour nous de nous libérer ; qu'une participation masculine peut piper les dés, du fait que nous avons parfois du mal à prendre la parole en groupe et le faisons plus facilement en l'absence d'hommes, etc. Et parce que, bien évidemment, sur le terrain du patriarcat comme sur les autres, à l'intérieur des groupes libertaires comme ailleurs, le rapport de forces compte : progresser sur la question des rôles sociaux, en dénonçant efficacement les comportements sexistes afin de les éliminer où qu'ils soient... implique qu'il existe suffisamment de personnes décidées à se mobiliser làdessus et à le faire ensemble. Néanmoins, l'expérience de l'OCL me parait montrer qu'il est possible d'éviter les positionnements trop rigides, puisque nous discutons aussi en groupe mixte de questions « privées », que des militants se mobilisent pour que les rapports entre les sexes changent... et que la sortie du présent hors-série se décide d'un commun accord.

« L'antipatriarcat représente l'axe central de l'anarchisme »

L'attention particulière que nous mettons à pointer la reproduction des rôles sociaux traditionnels, à faire ressortir et éclater les contradictions entre les déclarations théoriques et les pratiques individuelles et collectives, ne doit cependant pas conduire à oblitérer les autres aspects de la lutte antiautoritaire et antihiérarchique. Je suis convaincue qu'il y a nécessité, au sein de la mouvance anarchiste aussi bien qu'ailleurs, de questionnements, positionnements et pratiques mettant en évidence l'oppression de sexe à côté de celle de classe ; mais je ne crois pas que les « rapports de genre » jouent un rôle central dans 1e débat sur l'anarchisme, comme on l'entend parfois, parce que, en l'absence d'analyses de classe, ces rapports ne peuvent donner qu'une vision tronquée, donc fausse de l'organisation sociale imposée aux hommes et aux femmes dans leur grande majorité, et déboucher de ce fait sur une impasse (la fameuse lutte des classes entre les sexes).
S'il y a une critique des groupes et personnes anarchistes à mener par rapport à leur fonctionnement ou leur comportement, il y en a une autre à faire par rapport aux groupes et militantes féministes « classiques ». Car, quoique le MLF ait présenté des aspects intéressants à nos yeux dans son organisation et sa pratique, son évolution a rapidement montré que les cheffes et leurs méthodes autoritaires existaient bel et bien, et que les femmes militant à la base étaient impuissantes à les contrer - pour diverses raisons dont elles n'ont pas voulu faire un bilan, du moins public. De là en partie l'état du mouvement des femmes aujourd'hui.
Le cantonnement dans l'antipatriarcat est tout aussi à rejeter, d'après moi, que le cantonnement dans l'anticapitalisme, car un tel choix présente le danger de conforter la position de certaines lesbiennes radicales, on fa vu, mais aussi celle de réformistes dans nos sociétés « modernes », donc d'aller dans le sens d'une intégration des femmes au système qui les opprime. On le constate depuis des mois avec la Marche mondiale des femmes, qui piège un certain nombre de militantes - lesbiennes ou féministes radicales... féministes gauchistes voire anarcha-féministes - par le simple fait qu'il y est malgré tout question des femmes. Impossible de ne pas y participer même si on ne se retrouve pas dans les revendications posées, qu'on en critique tant les objectifs que le fonctionnement et les soutiens, finissent par estimer ces militantes... parce qu'elles privilégient, au bout du compte, l'antipatriarcat sur l'anticapitalisme. Or, de même qu'on ne peut aménager le capitalisme, on ne peut aménager le patriarcat par des réformes, institutionnelles ou autres.
La présence désormais massive des femmes dans le salariat incite actuellement une partie des classes dirigeantes à vouloir modifier quelque peu les rapports entre les sexes, pour obtenir une main-d'oeuvre plus conforme à ses voeux du moment. Ces légères réformes (par des dispositions juridiques telles qu'un congé parental pour les « nouveaux pères ») permettent d'obtenir des salarié-e-s davantage de flexibilité - un objectif que la dévolution traditionnelle des tâches ménagères et éducatives aux seules femmes pouvait freiner -, donc une meilleure rentabilité des entreprises et un meilleur profit. Mais rien de fondamental n'est évidemment chamboulé dans les rôles sociaux
l'organisation de la vie familiale moderne (avec, par exemple, la récupération des enfants à la sortie de l'école et l'introduction du surgelé dans le four le soir par l'un ou l'autre des parents, selon leurs horaires respectifs) correspond simplement aux conditions de travail qu'impose le système capitaliste à la grande majorité des ménages, obligés de gagner deux salaires pour pou- voir participer à la société de consommation.
Les discours tarte à la crème et poudre aux yeux que nous servent le pouvoir en place et les médias au sujet de la condition féminine visent à masquer les très réelles inégalités persistant entre les sexes, mais aussi entre les classes. Le « débat » sur la parité a bien montré que se focaliser sur les seuls rapports de sexe et s'attacher aux seuls symboles (la féminisation des titres et fonctions, la parité dans les fonctions électives...) ne permettait en rien de régler le fond du problème : la nécessité de changer la société dans son ensemble pour vraiment changer la condition des femmes.
L'inégalité entre les sexes dans l'emploi ne touche, par exemple, pas de la même manière toutes les femmes : c'est dans les postes les plus qualifiés que l'écart des salaires entre les sexes est le plus important. Les femmes qui se sont mobilisées sur la question de la parité dissertant sur le mode des anciennes et des modernes -, qu'elles soient paritaires ou universalistes, appartiennent (voir les « chiennes de garde ») à la bourgeoisie intellectuelle, et reflètent les préoccupations des cadres diplômées désireuses de bénéficier de rémunérations équivalentes à celles des hommes diplômés et cadres. Mais, au bas de l'échelle sociale, la discrimination que subissent les femmes - si elle est très réelle dans la répartition entre les secteurs économiques et l'avancement de carrière en fonction des sexes - ne porte pas forcément sur le salaire : le SMIC et les rémunérations de la fonction publique sont ainsi égaux pour tous ceux et toutes celles qui en « bénéficient ». En revanche, les inégalités entre les sexes mais aussi entre les classes sont particulièrement criantes sur plusieurs plans lorsqu'on considère les emplois « sans qualification », qui sont les plus précaires et les plus pénibles (dans les secteurs du commerce ou du nettoyage des locaux, par exemple). On trouve en effet là des femmes de tous âges, françaises ou étrangères, qui non seulement sont soirs-payées et travaillent dans les pires conditions (horaires éclatés, etc.), mais encore subissent vraiment la « double journée » souvent dénoncée dans le débat autour de la parité... Une « double journée » qui concerne pourtant en fait les femmes des classes défavorisées bien davantage que celles des classes aisées (la moyenne et la grande bourgeoisie ayant en effet les moyens de se payer une femme de ménage ou une fille au pair pour s'occuper des tâches ménagères et-ou des enfants). La pire des situations, malheureusement pas rare du tout, étant celle des femmes vivant seules avec leurs enfants, abonnées aux emplois précaires et peu payés. Ce W est pas la parité dans la vie publique ou encore la MMF qui changeront le quotidien de ces femmes-là... On ne peut donc apprécier les inégalités dans l'emploi entre hommes et femmes en faisant l'économie d'une analyse de classe: la discrimination est loin d'être la même pour toutes, et, si elles sont du même sexe; bourgeoises et prolétaires n'ont vraiment pas les mêmes intérêts.

En conclusion, il me semble que nombre de libertaires ont aujourd'hui quelque difficulté à résister aux deux sirènes faisant entendre leur voix au sujet des femmes : d'un côté, des féministes de gauche favorables à une réforme du système en place par le biais institutionnel; de l'autre, des petits groupes de féministes et-ou lesbiennes radicales recherchant le séparatisme par le biais d'une lutte des sexes présentée comme une lutte des classes. On dirait (pour être un peu méchante) que, après avoir été d'une façon générale en retard d'un métro par rapport au mouvement des femmes (un mouvement « libertaire » mais qui, rappelons-le, s'est pourtant développé dans les années 70 largement à côté des libertaires estampillé-e-s comme tel-le-s), certain-e-s anarchistes se mettent à découvrir le féminisme dans sa version la plus étroite, en « se contentant » de faire dans l'antipatriarcat, alors que réduire le champ de l'anarchisme à fantipatriarcat ne peut entraîner qu'une régression de son projet révolutionnaire.
L'anticapitalisme me paraît demeurer le garde fou d'une telle dérive, dans la mesure où il nous aide en fait à opérer un tri parmi les actions ou revendications qui sont lancées ou envisagées contre le système patriarcal. Nous préférons, je crois, l'action directe menée par des femmes contre un violeur à un recours aux tribunaux ; nous soutenons bien plus la revendication d'une égalité des salaires entre les sexes (en attendant l'abolition du salariat, évidemment) que la recherche d'une parité hommes-femmes chez les cadres, dans le patronat ou la classe politique ; nous privilégions une mobilisation dans la rue afin d'obtenir la contraception et l'avortement libres et gratuits pour toutes - plutôt que la signature d'une pétition que pourraient lancer sur ce thème, avec un contenu revendicatif bien sûr revu à la baisse, des intellectuelles pour « interpeller » le gouvernement...
Alors, si nous ne voulons pas (continuer de) jouer les porteur-se-s de valises des réformistes actuellement au pouvoir ou les porte-voix de groupuscules féministes dont les visées n'ont pas grand-chose à voir avec les nôtres, je crois qu'il y a vraiment urgence à affirmer davantage la nécessité d'une lutte à la fois antipatriarcale et anticapitaliste.

Vanina

Courant alternatif hors série n°5 du 4ème trimestre 2000, numéro spécial « libération sexuelle et émancipation sociale »
Ecrit par libertad, à 23:13 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Achille-Zapata
31-03-05
à 16:19

Pour continuer le débat

<p>Dans l'ensemble, je trouve ce texte très bien et je m'y retrouve (au passage, il me semble plus facile de concevoir qu'un homme soit hostile au patriarcat, qu'un capitaliste au capitalisme, ce qui fait une différence de taille entre les deux luttes). Il y a vraiment des positions intelligentes, en particulier sur la non-mixité comme moyen et non comme fin, ou encore sur le "féminisme bourgeois" et la parité, etc. Il y a juste une chose qui me gêne, c'est quand l'auteure, à la fin du texte, dit préférer l'action directe contre le violeur à une action devant les tribunaux. Je m'excuse, mais je trouve que ça fait un peu Charles Bronson, ou alors je n'ai pas bien compris ce qu'elle entendait par là. Je pense beaucoup de mal du fonctionnement et de la fonction de l'institution judiciaire, mais, en particulier pour la victime, un procès me semble préférable à une vendetta. Et pour le coupable, quelle que soit l'ignominie de son crime, c'est un progrès de le juger selon un certain nombre de règles.</p>
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  coinmauh
04-04-05
à 01:16

Action directe contre les violeurs

Je ne sais pas si déléguer la violence au système carcéral est un progrès et je pense également qu'assumer la violence est une déconstruction intéressante du genre féminin.<br />Une troisième considération peut également être que le viol et donc l'action directe contre le viol regroupe beaucoup plus de domaines des relations hommes/femmes que ne le dit la loi actuellement (bien qu'il y ait eu des avançées concernant les viols conjugaux). On peut penser à la prostitution par ex. souvent considérée comme un viol.<br />
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