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Alors que l’on apprend aux jeunes à se protéger pour traverser la rue, personne – ou presque – ne leur apprend à se protéger dans leur vie sexuelle ! Nous n’avons pas oublié l’oukase de Monsieur Bérégovoy, premier ministre quant à la réalisation d’une campagne d’informations sur la contraception, préparée par les associations concernées et dont tout le matériel – conçu et imprimé – n’a pu être utilisé, comme les séquences qui auraient du être diffusées par la télévision !
Un avortement, comment ça se passe ?
Dès que l’on a un doute sur son état de grossesse, un retard de règles de quelques jours, le mieux est de prendre contact avec un médecin ou n gynécologue, un hôpital ou un centre de planning familial.
Après une première consultation et éventuellement des examens de laboratoire qui confirment que l’on est enceinte, une semaine de délai de réflexion est obligatoire avant la deuxième consultation. En cas d’urgence (risque de dépassement du seuil de 12 semaines de grossesse), ce délai peut être raccourci à 2 jours. Un entretien avec une conseillère ou une assistante sociale est obligatoire pour les mineures (non mariées et non émancipées). Un dossier est remis : il comprend le rappel des dispositions législatives, une liste d’établissements autorisés à pratiquer l’IVG et une liste d’établissements d’information, de planification et de services sociaux.
Il existe deux méthodes d’avortement :
La méthode chirurgicale, exclusivement pratiquée dans un établissement de santé. Elle nécessite une hospitalisation d’environ 12 heures. La méthode la plus courante est l’aspiration, sous anesthésie locale ou générale.
La méthode médicamenteuse consiste en deux prises de deux médicaments. La Myfégyne (équivalent du RU 486, dit « pilule du lendemain ») interrompt la grossesse et le Cytotec, à prendre quelques jours plus tard, provoque l’expulsion. Cette méthode peut avoir lieu dans un établissement de santé ou par un médecin de ville habilité.
En 2002, 35% des IVG sont pratiquées par la méthode médicamenteuse, 55% par la méthode chirurgicale avec une hospitalisation de moins de 12 heures et 10% par la méthode chirurgicale avec une hospitalisation de plus de 12 heures.
Un avortement, combien ça coûte ?
une IVG chirurgicale avec hospitalisation de moins de 12 heures et anesthésie générale : 238,38 eur.
une IVG chirurgicale avec hospitalisation de moins de 12 heures et sans anesthésie générale : 190,38 eur.
Une IVG médicamenteuse en ville : forfait unique de 191,74 eur.
Le remboursement par l’assurance maladie est de 80% pour une IVG pratiquée en établissement et de 70% pour une IVG en ville, la différence restant à la charge de l’assurée ou de sa mutuelle. La prise en charge est de 100% pour les bénéficiaires de la CMU.
Pour les mineures non accompagnées par leurs parents, la démarche est anonyme et gratuite (formulaire spécial à remplir par l’établissement de soin ou le médecin). Les femmes en situation irrégulière qui résident en France depuis plus de 3 mois peuvent bénéficier de l’aide médicale de l’état.
Quelles sont les évolutions récentes du droit à l’avortement ?
En 2001, plusieurs modifications améliorent les dispositions antérieures : le délai légal passe de 10 à 12 semaines de grossesse (donc de 12 à 14 semaines d’aménorrhée) ; la femme majeure n’a plus d’obligation d’entretien social, la femme mineure qui ne peut obtenir d’autorisation parentale peut avoir recours à un adulte référent.
En 2004, les forfaits de prise en
charge sont revalorisés (ils ne l’avaient pas été
depuis 1991 !) ; l’avortement peut être réalisé
hors d’un établissement de santé par un médecin
de ville habilité.
Il était temps que cette mesure
voit enfin le jour ! Le décret était prêt
depuis plus de 2 ans mais les femmes ont dû attendre le bon
vouloir de technocrates, se retrouvant parfois hors délai en
raison du manque de lits dans les hôpitaux !
Quels sont les risques d’un avortement ?
En cas d’IVG par la méthode chirurgicale, le seul risque est lié à l’anesthésie. On dénombre moins d’un décès par an de ce fait (chiffre à comparer aux 300 à 400 décès qui avaient lieu avant 1975 à cause des avortements clandestins).
En cas d’IVG médicamenteuse, le risque d’hémorragie ou de douleurs importantes (liées à l’expulsion) doit faire prendre quelques précautions, notamment en cas d’IVG à domicile : informations claires à la femme par le médecin, présence d’une personne de confiance, proximité d’un téléphone, accès à un hôpital en cas d’aggravation ou de panique.
Enfin, pour les IVG médicamenteuses, il y a 2 à 3% de cas d’échec de l’avortement. Si on s’en rend compte rapidement, une intervention chirurgicale est possible puisque les délais d’intervention sont différents : une IVG médicamenteuse est souvent plus précoce (dans le cas d’une IVG en ville, le délai est de 5 semaines de grossesse, soit dans la 7ème semaine qui suit les dernières règles).
L’IVG en ville est-elle un progrès ou un recul pour la santé des femmes ?
Certains déplorent que cette solution ne soit prise que parce qu’il manque cruellement de lits et d’intervenants formés dans les hôpitaux. En cela, effectivement, il y a recul ! Déjà souvent mal traités, les centres d’IVG, comme tout le secteur de la santé, sont touchés par les restrictions budgétaires décidées par le gouvernement.
Mais cette nouvelle possibilité peut devenir aussi une avancée en ce sens que les femmes peuvent se réapproprier les événements de leurs vies, hors du pouvoir médical. La nécessité d’être entourée par une personne de confiance en cas d’IVG à domicile peut être l’occasion de briser le silence qui entoure l’IVG légalisée : on s’absente une journée sans forcément en parler à ses proches. Quand on devait avorter clandestinement, on devait en parler – un peu - autour de soi pour trouver une faiseuse d’anges, de préférence de confiance, et rassembler l’argent, souvent l’équivalent de 600 à 1000 euros ! L’IVG chez soi peut être l’occasion de tisser de nouveaux réseaux de solidarité, où des femmes accompagneraient d’autres femmes dans cette situation. On peut imaginer que l’IVG réalisée à domicile permettra à des femmes de générations différentes de dialoguer. Parler davantage de ce qui est en jeu dans nos vies quand on choisit d’avorter pourrait permettre de mieux connaître les possibilités de contraception et, de ce fait, de diminuer le nombre d’avortements (même si l’on sait que l’avortement ne disparaîtra jamais complètement de la vie des femmes).
Aujourd’hui, encore, il faut nous battre pour que l’information circule et soit mise à disposition des femmes et des hommes, jeunes et moins jeunes. Il faut nous battre pou que les centres d’IVG aient les moyens humains et matériels de fonctionner, y compris l’été ! Il faut nous battre pour que les associations disposent d’un budget et puissent accomplir ce travail d’informations et de débats avec la population. En effet, sur ce sujet-là, une plaquette, un article ne suffisent pas : les échanges humains sont irremplaçables !
Créons des espaces de proximité et d’accompagnement pour les femmes qui veulent avorter chez elles mais qui manquent d’un entourage compréhensif.
Rose Paradis
Commission Femmes de la Fédération anarchiste
Sites et adresses utiles :
Mouvement Français pour le Planning Familial
01 48 07 29 10 mfpf@planning-familial.org
Association nationale des Centres d’Interruption Volontaire de Grossesse et de Contraception
02 47 42 55 37 webmaster@ancic.asso.fr
Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception
01 43 56 36 48 colcadac@club-internet.fr
Centre national d’information et de
documentation des femmes et des familles (CNIDFF) et centres
départementaux
01 42 17 12 34 www.infofemmes.com