Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

LE "SYNDROME DU TITANIC"
Lorsque dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le TITANIC a coulé, ce n’est pas qu’un navire qui a sombré dans l’Atlantique Nord, mais une conception des rapports de l’homme à la nature, une conception de ce que peut et/ou ne peut pas la science, une croyance en un pouvoir absolu de l’esprit humain dans la maîtrise des forces de la Nature.



Quelle leçon l’homme a tiré de cette tragédie? En fait bien peu de choses ou du moins rien que du très superficiel, essentiellement qu’il «aurait fallu autant de canots de sauvetage que de passagers». La foi en la science, en l’absolue puissance de l’esprit humain, en la certitude que «de toute manière on trouvera bien une solution», si elle a été un instant ébranlée n’en a pas moins retrouvé toute sa place… l’histoire du 20e siècle et celle du début de ce 21e est là pour le confirmer.


ET SI LA TERRE ETAIT UN TITANIC…

Certes, la Terre, comme le Titanic n’est pas une production humaine encore que l’attitude de l’Homme à l’égard de sa planète laisse subsister le doute sur la manière dont il l’a considère.

L’insubmersibilité déclarée du Titanic ressemble à si méprendre à l’assurance affichée «officiellement» dans les capacités supposées illimitées de la Terre à fournir de l’énergie et, jusqu’à une période récente, à recycler indéfiniment les dégâts collatéraux de la croissance.

La Terre est un espace limité accaparé par l’homme qui l’exploite comme bon lui semble sans avoir de compte à rendre à quiconque,… sinon peut-être un jour à lui-même, mais alors il sera trop tard et puis, celles et ceux qui auront tout saccagé seront morts («Après nous le déluges?»)

Tant que les capacités de production, et donc de destruction, humaines, ont été peu développées, les activités humaines ont été compatibles avec ce que l’environnement pouvait fournir et supporter, ou du moins n’ont pas posées de problèmes majeurs.

La révolution industrielle au 19e siècle a inauguré une nouvelle ère, celle du prélèvement massif et illimité des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables ainsi que celle de la production illimitée, en quantité et en durée, de nuisances. Le processus qui s’est enclenché, en toute inconscience s’est fondé, du moins officiellement, sur les meilleures raisons du monde: officiellement la science et le bonheur. Qui pouvait souscrire contre cela? Mais surtout qui pouvait mettre en doute le bien fondé d’un système qui promettait l’abondance pour tous et pour l’éternité, et cela «grâce à la science qui faisait reculer l’obscurantisme»?

Cette vision de l’absolu, cette vision de l’invincibilité de la raison, cette certitude de la maîtrise a placé l’homme non pas en utilisateur de la nature mais en exploitant de celle-ci. (voir l’article «L’HOMME APPARTIENT-T-IL A LA NATURE?»). La soumission, la crainte, la communion de et avec la nature à laissé la place à la domination. La nature n’a plus de limites puisque l’intelligence humaine n’en a pas (???). Les désirs sont devenus «la» réalité. La réalité pouvant subvenir à tous les désirs.

La manière dont fonctionne la société humaine est «correcte» puisqu’elle convient à l’«homme»… ou du moins à l’«homme-occidental-habitant-dans-un-pays-développé»…autrement dit «ce que l’on fait de mieux en matière de rationalité, d’intelligence, de valeur morale, bref de civilisation». Que peut refuser la Nature à un tel être? Sa science, sa connaissance, n’a-t-elle pas prouvé qu’il «savait» et «pouvait». Le fait qu’il courre un risque en «faisant» est bien entendu inconcevable… «il y a toujours une solution»…

C’est à peu prés le raisonnement que devaient se tenir quelques rescapés, dans l’eau glaciale de l’Atlantique Nord, accrochés à des débris flottants…avant de couler.


LE FAUX ARGUMENT DU BIEN ETRE


Le «bien être», comme le «bonheur», est une notion toute relative et éminemment subjective. Qui peut affirmer que l’homme primitif était «moins heureux» que l’homme moderne? Quels sont les critères à utiliser en la circonstance? Personne n’a évidemment la réponse. Pourtant le système marchand lui, répond à cette question: la consommation. Ne mesure-t-on pas, en économie, le «bien être», voire la «psychologie» des ménages par un indice de consommation? Ne dit-on pas qu’il y a «morosité des ménages» quand la consommation baisse?

Le lien qui est fait entre consommation et production n’est ni technique, ni neutre contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire. La production ne s’intéresse qu’à la consommation solvable- et uniquement solvable. Pourquoi? Parce qu’elle seule permet à la production de réaliser la valeur des marchandises et par là même de valoriser le capital.

Ainsi, tout le discours de l’activité économique est fondé sur un mensonge: celui de la nécessité impérative de la croissance.(voir l’article: «LA CROISSANCE, QUELLE CROISSANCE?") Mensonge et non méconnaissance car aujourd’hui on sait, personne ne peut dire qu’il ne sait pas. L’accumulation illimitée de richesses est absurde et ce pour deux raisons:
- elle est à terme impossible: il est physiquement impossible de promettre une croissance illimitée sur une planète aux ressources limitées.,

- elle n’est pas nécessairement source de bien être: les conditions de vies sur la planète deviennent insupportables (concentrations urbaines, destruction de la nature,…).

Sans pour cela en revenir, évidemment, à un mode de vie primitif (voir l’article «LA DECROISSANCE, QUELLE DECROISSANCE?")

Ainsi le vieil adage populaire, «Abondance de biens ne saurait nuire» s’il a pu correspondre à une réalité historique n’est plus adapté à la situation actuelle.

Pourtant, en dépit de toute évidence, la croissance, et son corollaire, le développement sont devenus des thèmes mythiques et récurrents à tout raisonnement économique qu’il est hors de question de discuter, à plus forte raison de contester.


ENTRE CHAOS ET CONSCIENCE


Les données du problème sont désormais claires. Personne ne peut dire «qu’il ne sait pas» ou plus tard «qu’il ne savait pas» et plus particulièrement les politiciens. Or ces derniers, qui, en principe, devraient être les plus et mieux à même d’agir, et au moins inciter les citoyens à agir et réagir, n’en font rien, bien au contraire… Toute leur action se résume à «dédramatiser», autrement dit à nier et dans le moins pire des cas à proposer des «solutions» plus que douteuses… comme par exemple l’escroquerie du «développement durable».

Se pose aujourd’hui (pas demain, il sera trop tard!), à nous tous, habitant-e-s de cette planète, un problème d’éthique, problème d’autant plus délicat qu’il concerne non pas nous mêmes ou nos voisins mais des gens qui n’existent pas encore: nos descendants, les générations futures.

La question est simple: sommes nous capables d’assumer une telle responsabilité et de remettre en question notre mode de vie, de gérer intelligemment les ressources naturelles, pour assurer celui de celles et ceux qui nous succèderont?

Soyons clair: le système marchand, c'est-à-dire la manière dont nous fonctionnons aujourd’hui est incapable de l’assumer. Pourquoi? Parce qu’il fonctionne sur un principe parfaitement incompatible avec une gestion intelligente des ressources, parce qu’il ne respecte rien, hormis la valorisation du capital.

Tant que ce principe ne sera pas remis en question on ne peut espérer aucun changement.

La solution, qui est de l’ordre «du»politique se situe donc en dehors du champs de «la» politique. La prise de conscience nécessaire, indispensable, même peut-on et doit-on dire, vitale ne peut se faire que dans la société civile, par une prise de conscience et la mise en place d’une alternative économique et sociale (voir l’article «TRANSITION»)


Cette fois-ci, ce n’est plus un navire dont il s’agit, aussi symbolique qu’il soit, il s’agit de notre planète et cette fois-ci il ne s’agit pas du nombre de canots de sauvetage… il n’y en a pas et il n’y a pas de planète de rechange. Les passagers du Titanic ont eu prés de deux heures avant qu’il ne sombre, et un peu plus de temps avant que n’arrivent les premiers secours. Nous avons certes plus de temps, et c’est peut-être cela qui fait illusion, mais surtout il n’y aura jamais aucun secours qui n’arrivera. Après le naufrage il n’y aura plus personne pour fleurir un quelconque mémorial.

Patrick MIGNARD

Ecrit par , à 09:23 dans la rubrique "Culture".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom