Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

L’individualisme en questions

Lu sur : Georges Palantes « Notre but n'est pas ici de proposer " notre " vision de l'individualisme. Ce que nous voulons, c'est mettre en évidence la complexité des questions qui s'y rattachent.

Globalement, notre approche consistera moins à apporter des réponses aux questions posées, que d'offrir des bases de réflexion.

 

1) Vers une définition de l'individualisme ?

Raymond Boudon, dans son livre La Logique du social rapporte la phrase suivante de Raymond Aron : " Les sociologues ne sont d'accord entre eux que sur un point : la difficulté de définir la sociologie ". Cette boutade peut tout aussi bien s'adapter à l'individualisme.

.

Qu'est-ce que l'individualisme ? Nous ne prendrons pas le risque d'en proposer ici une définition. Ce qu'on l'on constate en effet c'est que ce terme a été employé par tellement de monde et dans tellement de sens différents qu'il est aujourd'hui difficile d'affirmer que telle définition vaut plus que telle autre.

Tout le monde a sa conception de l'individualisme. Certains l'envisagent d'une manière positive ; d'autres voient en lui le mal absolu. Pour certains l'individualiste s'oppose à la société bourgeoise et capitaliste alors que pour d'autres il en est le représentant. La question de l'individualisme divise tous les courants : on rencontre des anarchistes, des économistes de droite, voire même des socialistes qui s'en réclament alors qu'on trouve dans les mêmes camps des penseurs qui le rejettent en bloc.

Un autre terme est souvent associé à l'individualisme, c'est " l'égoïsme ". Là encore les opinions divergent entre ceux qui associent individualisme et égoïsme pour mieux condamner le premier, ceux qui revendiquent cette association (Stirner) et ceux qui opposent clairement les deux notions. Qui a raison et qui a tort ? C'est là une question de point de vue. Nous avons le notre qui consiste plutôt à considérer l'individualisme comme étant une attitude positive qui privilégie l'approche individuelle sur l'approche collective (holiste) et qui s'appuie sur la reconnaissance de sa responsabilité individuelle et sur le respect d'autrui (par opposition à l'attitude égoïste, associée à la vie en groupe ou chacun tend à faire reposer sur les épaules des autres le poids de sa propre responsabilité). Libre à chacun de se constituer sa propre définition.

A noter que cette absence de définition claire et précise est parfois mise en avant par ceux qui pensent ainsi condamner l'individualisme : le flou du concept témoigne indubitablement de son inanité. Nous pensons, au contraire, que la difficulté qu'il y a à s'entendre sur la définition de l'individualisme prouve que le sens de ce mot est l'objet d'enjeux importants (enjeux politiques, économiques, intellectuels, philosophiques, voire métaphysiques), que les réactions à son sujet son tout autant passionnelles et émotionnelles que logiques, et que le débat sur cette question est par conséquent loin d'être clos.

 

2) Vers une définition de l'Individu ?

De la même manière que pour la notion d'individualisme, nous nous refusons de proposer ici une définition précise. Le terme d'individu a souffert des mêmes péripéties que celui d'individualisme.

Malgré cela, même s'il n'existe pas de définition " universelle " de l'individu, il est capital pour celui qui souhaite employer ce terme de savoir de quoi il parle et d'avoir défini son propre cadre de définition.

En effet, de quoi parlons-nous quand nous traitons de l'individu ? d'une réalité physique (un corps avec ses organes), d'une " intelligence ", d'un homme ou d'une femme appréhendés par rapport à leurs interactions avec autrui (interactions qui peuvent intéresser la psychologie comme la sociologie), d'une dimension métaphysique (l'Homme des Droits de l'Homme ou de la Bible).

De la même manière, pourquoi choisit-on de parler d'individu. D'autres termes apparaissent très proches : les mots " acteur ", " personne ", " agent ". Le choix des mots n'est jamais neutre et l'on constate trop souvent que ceux qui parlent de l'individualisme et de l'individu ont parfois une vision très brumeuse de leur sujet, qu'ils mélangent les points de vue et les approches, qu'ils utilisent un mot pour un autre et qu'ils aboutissent finalement - et paradoxalement logiquement - à des conclusions sans queue ni tête.

 

3) L'antinomie entre l'Individu et la société ?

L'affirmation d'une antinomie définitive entre l'individu et la société est un des moteurs importants de la pensée de Palante. Libre à chacun d'abonder ou non dans le sens du penseur briochin. Toujours est-il que l'opposition des notions d'Individu et de Société fait partie intégrante de la réflexion sur l'individualisme.

Sur ce point - comme toujours lorsque nous parlons de l'individualisme -, nous trouvons des positions très diverses. Du nominalisme extrême qui ne reconnaît que l'individualité au holisme le plus strict qui ne jure que par le social, la gamme des opinions est étendue.

Nous ne nous attarderons pas sur les positions extrêmes. En effet, peut-on imaginer une société sans individus ? Peut-on imaginer des individus sans société ? Probablement pas. Par contre, il est possible de privilégier l'un ou l'autre, d'instituer entre l'individu et la société des relations de dépendance et de soumission, une idée de hiérarchie etc. Seulement, nous ne sommes plus ici dans un espace où les choses se construisent sereinement et rationnellement, mais nous entrons dans un domaine idéologique et essentiellement stratégique.

Le problème, une fois de plus, c'est quand ce débat idéologique et stratégique se fait sur des bases conceptuelles floues. Rappelons que si la définition de la notion d'individu est relativement aléatoire, celle de la notion de société ne l'est pas beaucoup moins. De quoi parle-t-on lorsqu'on parle de la société ? D'un groupe bien précis (la classe ouvrière, la famille, la nation, l'ensemble des personnes se retrouvant autour d'une valeur commune : Dieu, la démocratie…), de la Société Humaine au sens le plus large (l'Humanité), d'un Etat (avec toutes ses fonctions de régulation de la vie sociale), d'une entité abstraite et supérieure (Cf. Durkheim par exemple mais également toutes les approches idéalistes qui confèrent à la Société une vie autonome, évoluant naturellement vers le Juste et le Bien).

.

Quelle place ai-je envie d'accorder - et de voir reconnaître - à mon individualité ? Quelles concessions suis-je prêt à faire aux autres ? Quel est le pouvoir que j'accorde à l'Etat ? Quelle valeur reconnais-je à la logique démocratique ? Quelles sont mes priorités : confort matériel, honnêteté intellectuelle, volonté de m'imposer ou de me fondre dans la masse ? Quelles sont les contraintes sociales qui me sont insupportables et quelles sont celles qui ne me pèsent pas trop ? Quelles sont même celle que j'apprécie ?

Toutes ces questions ont pour but d'essayer de montrer qu'en aucun cas la réflexion sur les rapports entre l'individu et la société ne peut se synthétiser sous la forme d'une interrogation unique. Une fois de plus, c'est à chacun de se poser les bonnes questions et d'y apporter ses propres réponses.

 

4) Individualisme et responsabilité individuelle ?

Une affirmation revient souvent dans la bouche des détracteurs de l'individualisme. L'individualiste - qui, par définition, ne pense qu'à lui -, ne se soucie pas des autres, des souffrances qu'il peut générer et des malheurs qu'il peut engendrer. Jouir à tout prix, jouir coûte que coûte : tant pis pour les autres si mon bonheur leur cause des désagréments.

Bien sûr, les choses étant ainsi présentées, comment ne pas applaudir à la condamnation de l'individualisme ?

La question de la responsabilité - et de l'irresponsabilité - de l'individu est une question importante, souvent parasitée par l'assimilation de l'individualisme et de l'égoïsme. Dire de l'égoïste qu'il ne pense qu'à lui, qu'il ne songe qu'à sa jouissance sans se soucier du mal qu'il peut faire nous semble assez évident. Dire la même chose de l'individualiste ne vaut que si l'on tient à tout prix à considérer les deux termes comme étant synonymes. Pour nous - et cela n'engage que nous - ils ne le sont pas. Selon nous, l'individualisme implique le rejet total de tous les " paravents sociaux " derrière lesquels les hommes ont tendance à se cacher. Nos actes n'engagent que nous. Si je vole ou si je blesse quelqu'un, si j'aide ou si j'aime mon prochain, je le fais en connaissance de cause, et mes choix n'engagent que moi. Je n'agis pas par solidarité avec un parti, ni pour rester en conformité avec une morale ou avec une idéologie. Que je me trompe ou que j'ai raison, j'assume mes chois et je subis les conséquences de mes actes. Est-ce là la position d'un irresponsable ?

Où trouve-t-on les formes de jouissances les plus égoïstes et les moins soucieuses d'autrui ? Dans l'optique individualiste ? Pas sûr. Les effets de groupe, qui tendent à noyer l'individu dans la masse sont, à nos yeux, beaucoup plus dangereux : l'actualité le démontre tous les jours.

 

5) Individualisme libertaire et individualisme libéral ?

Dans un article sur Palante (Acte du Colloque Georges Palante, Folle Avoine, 1991), Patrick Hurel écrivait que " les jeunes libertaires font les vieux libéraux ". C'est possible, mais nous ne sommes pas persuadés que Palante soit celui qui illustre le mieux ce mouvement (qui est ici présenté comme une dérive). Cela pour la bonne raison que la pensée individualiste a toujours été revendiquée fermement, aussi bien par une partie des libertariens que par une partie des libéraux.

Dans les deux approches, l'idée de base est relativement la même : l'homme est naturellement bon, il sait ce qui est bon pour lui et quand il agit pour son bien il agit pour le bien de l'ensemble des hommes. Les conceptions libertaires et libérales se disjoignent sur des questions politiques (place de l'Etat) et économiques (rôle du marché, valeur de la propriété etc.), mais le fond de leur pensée sur l'individu est fondamentalement optimiste : laissons les individus agir librement et le monde trouvera son équilibre.

L'originalité de la pensée de Palante a justement été de ne pas trancher entre la pensée libertaire et la pensée libérale. S'il est d'accord pour reconnaître que l'individu doit être réhabilité et soutenu contre les diverses pressions sociales, il ne crois pas aux " lendemains qui chantent ". Comme il l'écrit lui-même, il " ne voit pas dans l'individu le porteur d'un nouvel idéal, celui qui incarne toute vertu. "

En cela, il devance des penseurs à venir, tel Raymond Boudon et sa théorie des " effets pervers " qui établit que ce n'est pas parce que les hommes savent ce qu'ils veulent individuellement qu'ils savent ce qu'ils génèrent collectivement (Boudon prend l'exemple d'une banque dont le bruit court qu'elle va faire faillite. L'intérêt des épargnants, pris individuellement est d'aller au plus vite récupérer leurs fonds. Pourtant le résultat est que, en réclamant tous leur argent en même temps, les épargnants accélèrent la faillite de la banque : bilan, un grand nombre d'épargnants ne peut pas récupérer ses fonds.)

 

6) Egalitarisme ou Aristocratisme ?

Quelle que soit la manière dont on l'aborde, la question de l'individualisme renvoie toujours à un questionnement sur la valeur de la démocratie, sur les valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité), sur les droits de l'Homme etc.

Quelles sont les valeurs qui sont associées à l'individualisme ? Là encore les avis divergent. Certains individualistes défendent des valeurs élitaires, d'autres des valeurs plus égalitaires. C'est par exemple un des points d'opposition entre Palante et Durkheim. Pour le premier l'Individu se définit par ce qui le différencie des autres ; pour le second, il se définit plutôt par ce qui l'identifie à tous ses semblables, aux autres membres de l'espèce. Pour Palante, l'individu le plus accompli est celui qui a su le mieux se démarquer des autres et affirmer l'originalité de son individualité.

.

Pour Durkheim je peux être considéré comme un individu, membre de la grande famille humaine parce que je présente un certain nombre de caractéristiques physiques et morales qui m'apparentent à cette famille. Moins je diffère d'autrui et plus je suis un individu " intégré " donc sain.

.

La position de Durkheim découle assez directement de la philosophie des lumières qui a toujours associé le sort de l'individu à celui des Droits de l'Homme et aux idées de démocratie et d'égalité.

Parallèlement à ces positions, d'autres auteurs (Louis Dumont par exemple) rapprochent, comme Durkheim, l'individualisme avec le principe démocratique, mais plutôt pour le dénoncer le premier comme étant un effet pervers du second (la démocratie, en offrant à chacun la liberté, le droit, le confort etc. tend à désengager l'individu de la réalité et à générer une forme de " j'en-foutisme " destructeur (abstention croissante au moment des votes, immersion dans une consommation outrancière, etc.). Cette dernière analyse a connu ces dernières années - et connaît toujours - un certain succès. »

 

S. Beau

Notes bibliographiques

Bibliographie de l'Individualisme

Ecrit par Mirobir, à 23:58 dans la rubrique "Pour comprendre".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom