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La Côte d'ivoire est chocolat
Sécheresse, grève des planteurs et reprise de la crise ivoirienne; les cours de la fève jouent au yo-yo au gré des événements qui rythment le premier producteur mondial.
EN CÔTE D'IVOIRE, ce sont environ 6 millions de personnes sur une population de près de 16 millions d'habitants, qui vivent de la culture du cacao dans quelque 620 000 petites plantations réunies en coopératives. La filière cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur avec 42 % de parts de marché pendant, la campagne 2003-2004, représente près de 40 % des recettes d'exportation et 20 % de son produit intérieur brut estimé à 8 000 milliards de francs CFA, soit 12,2 milliards d'euros. Le budget de l'État s'élevait en 2003 à 1987 milliards de francs CFA. Le commerce de la fève y alimente donc copieusement les caisses de l'État: les taxes - dont le « - droit unique de sortie » (DUS) - y sont deux fois plus élevées qu'au Ghana voisin, le second producteur mondial, si bien que « sur le cacao, le paysan ivoirien gagne la moitié de son homologue camerounais ou ghanéen », dénonce un négociant.

Un été chaud...

Tandis que la sécheresse qui a frappé cet été les États d'Afrique de l'Ouest laissait espérer une diminution de 10 à 20 % de la récolte locale 2004-2005 par rapport à la précédente - la tonne de cacao passait en quelques jours de 1350 à plus de 1700 dollars sur le Coffee, -Sugar and Cocoa Exchange (CSCE) -, la remontée du taux d'humidité à la normale annihilait l'embellie. Nous étions « dans une période où la moindre rumeur sur une baisse de la production créait la panique sur le marché », notait un trader, tandis que s'ajoutaient des facteurs techniques forts soutenus par les fonds spéculatifs « si bien qu'il n'y avait aucune vente », continuait-il. La prise de bénéfices de ces mêmes fonds ne laissaient aucune chance aux cours qui dégringolaient dès la fin du mois d'août. Il fallait attendre une grève quasi générale des planteurs ivoiriens mécontents du faible relèvement du prix d'achat bord champ (qui n'est qu'indicatif) et de la gestion de leur filière pour que les cours reprennent quelques couleurs.
Depuis la libéralisation du secteur en Côte d'Ivoire qui a amené au démantèlement de la très étatique Caistab (Caisse de stabilisation) en 2000, ce sont aujourd'hui cinq structures toutes aussi opaques les unes que les autres qui déterminent ce fameux prix d'achat: l'autorité de régulation du café-cacao (ARCC), le fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao (FDPCC), le fonds de garantie des coopératives du café et du cacao (FGCCC), la Bourse du café et du cacao (BCC) et le fonds de régulation et de contrôle café-cacao (FRC). À titre d'exemple, la BCC, dont le rôle est de prélever les taxes sur la production, extorquerait aux planteurs près de 320 francs CFA par kilo de feues alors qu'ils ne recevraient, pour la même quantité, que 300 francs CFA en moyenne. « L'ethnie de Laurent Gbagbo, les Bété qui constituent 12 % de la population ivoirienne, contrôle l'ensemble de l'appareil fiscal », confirme un familier de la filière, dont la crainte est qu'on se dirige vers la « tribalisation » de la culture du cacao.
Depuis le 11 octobre, ces différents acteurs ont relevé à 390 francs CFA le kilo bord champ pour les trois premiers mois de la nouvelle campagne (octobre-décembre). Le prix bord champ était de 385 francs CFA (59 centimes d'euros) le kilo en 2003-2004 pendant la récolte principale, avant d'être ramené à 365 francs CFA lors de la récolte intermédiaire. Il faut rappeler qu'au premier trimestre 2003, celui-ci atteignait 625 francs CFA. Selon un conseiller du président Gbagbo, ce prix aurait pu être augmenté à hauteur de 60 % du prix CAF (coût, assurance et fret), actuellement entre 750 et 850 francs CFA, soit aux alentours de 460 francs CFA. D'autant que les dernières estimations publiées par le courtier new-yorkais Refco font état d'une production mondiale 2004-2005 qui s'élèverait entre 2,9 et 3 millions de tonnes (Mt), dont près de 1, 4 Mt en Côte d'Ivoire, pour une consommation comprise entre 3,1 et 3,2 Mt.
Dans ces conditions favorables aux producteurs - demande supérieure à l'offre -, les planteurs, réclamant un . prix minimum garanti de 500 francs CFA, commençaient le 18 octobre un mouvement de grève illimité en bloquant les routes afin d'empêcher le cacao d'arriver aux ports. À Abidjan, Aboiesso et Abengourou entre autres, ce sont quelque centaines de tonnes qui auraient été détruites Plus radicaux, les planteurs de Guiglo exigeaient « une hausse du prix du kilo 700 francs CFA pour permettre aux paysan d'améliorer leurs conditions de vie et mie se prendre en charge », déclarait Hervé Glamoa, délégué local du Syndicat nation autonome des planteurs de café-caca (Synapcc-CI). Pour lui, les producteurs commercialisent à perte et « cela ne saurai durer ». Aussitôt, tant à Londres qu'à Ne York, les cours reprenaient de la hauteur. Cependant, les traders ne se préoccupaient pas d'une éventuelle extension du mouvement de contestation :
< Bien que la grève puisse dans un premier temps perturber les exportations, le producteurs vont lâcher prise et vendre leur fèves lorsque le besoin de liquidité se fer sentir », s'exclamait l'un d'eux. Prédiction qui se révélait exacte... et aux cours d
retomber .

... et un automne torride

Les émeutes qui ont opposé les partisans d gouvernement ivoirien aux forces française Licorne, notamment à Abidjan, ont brusquement propulsé la tonne de cacao au-dessus de 1 800 dollars sur le CSCE. Elle touchait même 1830 dollars le 9 novembre en cours d séance, son plus haut niveau depuis mai 2003 ! Les émeutes ont éclaté suite à la destruction par l'armée française de l'essentiel de l'aviation militaire ivoirienne, en représailles à raid aérien gouvernemental qui aurait tu neuf soldats français le samedi 6 novembre Bouaké, la « capitale » des rebelles des Forces nouvelles. Émeutes qui auraient fait quelques 62 morts et 600 blessés au moins parmi la population ivoirienne.
« Les routes sont bloquées par les manifestants ou par l'armée française, si bien que très peu de cacao circule et ça affecte toutes les affaires », se lamente un trader. Les ports d'Abidjan et de San Pedro, par lesquels transitent les fèves, sont fermés. De fait, les retards dans les livraisons obligent les producteurs à stocker les fèves le plus souvent en brousse, dans des conditions loin d'être idéales pour un bon séchage. « Un cacao qui reste un mois voire deux mois en brousse sera humide et aura une forte proportion de moisissures, commente un trader, ainsi les cours risquent de grimper non parce qu'il n'y aura pas le volume suffisant, mais parce que la qualité se dégradera. » Dans ce contexte, le cacao ivoirien risque de subir une nouvelle décote.
Mais, selon le porte-parole de Nestlé François-Xavier Perroud, les conséquences apparaissent limitées à court terme en raison des précautions prises par l'entreprise suite aux crises précédentes qui ont frappé le pays. La même prudence est de mise chez Cadbury qui déclare s'être déjà couvert pour toute l'année 2005. De son côté, l'International Cocoa Organization estime que les stocks de début de saison - la nouvelle campagne a commencé en octobre - atteindraient 1, 3 Mt, excluant toute pénurie immédiate.
« L'inquiétude sur le marché porte plus sur l'acheminement des récoltes et non sur le volume disponible », précise Ann Pendergast, analyste chez Refco. D'autant que certains planteurs pourront toujours faire transiter clandestinement leur marchandise vers les pays frontaliers tel le Ghana. Ce dernier a ainsi vu sa récolte s'apprécier de 50 % artificiellement cette année, attirant par des prix plus élevés le cacao ivoirien.
Toutefois comme le rappelle Ann Pendergast, le conflit armé qui avait suivi la tentative de coup d'État de septembre 2002 n'avait pas réduit de façon significative l'approvisionnement en cacao. À cette époque, la tonne de fèves se négociait à New York à 2 409 dollars, battant par la même occasion un record vieux alors de dix-sept ans.

Un avenir inquiétant
À l'échelle mondiale, les pays producteurs africains ne broient que 35 % des fèves et n'en consomment que 2,3 %. « L'économie cacaoyère mondiale est caractérisée par une faible présence des pays producteurs au stade de la transformation et de la consommation. Cela pose le problème du partage de la valeur ajoutée de la filière pour une économie cacaoyère durable et efficace », notait Amadou Gon Coulibaly, ministre ivoirien de l'Agriculture, lors des « premières journées du cacao » qui se sont tenues à Abidjan au mois de mars dernier.
« Allez-y à la transformation de vos produits. Et je vous exhorte à tenter l'expérience de l'industrialisation. À ce moment-là, je serais l'homme le plus heureux » , soutenait le président Laurent Gbagbo en s'adressant aux producteurs de cacao lors du discours d'ouverture de ces journées. Pour la campagne 20022003, la Côte d'Ivoire a produit 41 % du cacao mondial (1, 3 Mt) et n'en a transformé que 285 000 tonnes soit 21 % de sa production. « Je souhaite que d'ici à la dixième édition (des journées du cacao), la part des fèves dans nos exportations ne soit plus que de 5 à 10 % » , ajoutait-il.
Pour la campagne 2003-2004, ce sont huit sociétés étrangères qui ont assuré près de 80 % de la commercialisation de la récolte ivoirienne, soit 1,03 Mt. Les groupes américains Cargill et Archer Daniels Midland (ADM) - au travers de leurs filiales Micao et Unicao - n'ont transformé sur place que 80500 tonnes, le suisse Barry Callebaut 40 000 tonnes et le français Cémoi 16 800 tonnes. Le reste du cacao a été exporté pour être broyé aux ÉtatsUnis et pour 70 % en Europe.
D'autre part, le groupe français Bolloré contrôle la majeure partie du transport maritime de feues avec sa finale Delmas et près de 95 % de la manutention des ports d'Abidjan et dé San Pedro par ses sociétés SDV et Saga. Par contre, il s'est retiré en juin dernier du commerce de cacao en cédant sa filiale Dafci à un consortium composé de Audit contrôle et expertise (ACE) et d'autres structures de la filière café-cacao, dont le FRC, qui a pour vocation de « garantir le prix du café et du cacao aux producteurs ». Ce dernier aurait cependant versé à Laurent Gbagbo, comme fa admit le président du Conseil d'administration de la BCC Lucien Tapé Doh, officiellement 10 milliards de francs CFA (en fait autour de 110 milliards) pour équiper les Forces-armées nationale de Côte d'Ivoire (Fanci) afin de résister à la rébellion du 19 septembre 2002.
Seulement, « sans les Français, la filière cacao ne marcherait pas », assène un professionnel britannique de la filière. L'appel de Gbabgo au retour en Côte d'Ivoire des industriels hexagonaux, malgré ses déclarations antifrançaises, démontre que le régime ivoirien est bien conscient qu'il ne peut survivre financièrement que grâce aux revenus fiscaux du cacao. L'essentiel des intérêts économiques de la filière étant solidement tenu entre les mains des négociants et des transformateurs européens et en particulier des Français qui assurent la majorité des postes d'encadrement, Gbagbo cherche à se désengager de ces derniers. Des contacts auraient été pris entre le président ivoirien et les Américains Cargill et ADM - dont les entrepôts d'Abidjan sont fermés - afin que ceux-ci s'implantent davantage en Côte d'Ivoire, en leur faisant miroiter notamment une exonération totale des taxes. De fait, les groupes français risquent de tout perdre au profit des Américains si Gbagbo remporte la partie.

Pascal
groupe La Rue de la Fédération anarchiste

Le Monde libertaire #1378 du 2 au 8 décembre 2004
Ecrit par libertad, à 22:50 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  Anonyme
12-12-04
à 14:45


Une remarque valable pour la quasi-totalité des produits agricoles exportés en Afrique:la commercialisation, et donc le prélèvement de la rente, est entre les mains de capitalistes occidentaux.

Je me souviens avoir lu que certains syndicats de producteurs(dont j'ai oublié le nom)revendiquent le contrôle de la commercialisation. Voila une revendication porteuse d'amélioration des conditions de vie des producteurs. Mais c'est aussi une revendication inacceptable pour les impérialistes.

Dans le monde, une classe en lutte...
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