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L'En Dehors


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La bande à Bonnot
--> http://www.chez.com/durru/bonnot/bande.htm
J'aimerais avoir l'avis de nombreuses personnes sur ce mythe que fut la bande à Bonnot, dont je pense important de retracer le parcours. J'aimerais aussi savoir ce que vous pensez de l'illégalisme anarchiste,et de la répression qu'il causa sur l'ensemble du mouvement libertaire au début du sciècle!

L'épopée



Le 21 Décembre 1911 commence l'épopée de la bande à Bonnot. Ce jour-là quelques illégalistes deviennent les "bandits tragiques". Dans une époque de misère, d'injustice,de luttes sociales sans merci, les premiers criminels en auto vont inscrire en lettres de sang une histoire qui tiendra en haleine une France apeurée devant tant d'audace et désespérée par l'échec de la police. Ce 21 Décembre 1911 vers 9h du matin, Bonnot, Garnier, Callemin et un quatrième homme décide de s'attaquer au garçon de recette de la Société Générale rue Ordener à Paris. Le butin est plutôt maigre des titres et seulement 5000 francs en espèce. Le garçon de recette est gravement blessé. Le lendemain les journaux se déchaînent sur la bande. Après avoir abandonné leur automobile à Dieppe, ils reviennent à Paris, traqués par la police. Ils ne savent que faire, ils errent, traqués, dans la ville, sans évasion possible, prêts à se faire tuer n'importe où. Par solidarité, pour partager cette amère joie du risque mortel, d'autres se joignent à eux: René Valet et Soudy.

A la veille de Noël Garnier et Callemin trouve refuge chez Kibaltchiche (Victor Serge) et Rirette Maitrejean deux anarchistes. Quelques jours après leur départ Kibaltchiche et Rirette sont arrêtés. Tous deux refusent de livrer Garnier et Callemin.

La bande ne reste pas inactif. En France et en Belgique, ils tentent avec plus ou moins de succès un certain nombre de "reprises". Deux armureries sont pillées à Paris. A Gand, ils volent la voiture d'un médecin. Dans la même ville, le 25 Janvier, le vol d'une seconde voiture tourne moins bien. Ils sont surpris par un chauffeur qui est assommé à coups de clé anglaise. Un agent de police les interpelle. Callemin l'abat. C'est autour d'un certain Eugène Dieudonné de ce faire arrêté. C'est un anarchiste et Caby le garçon de recette de la Société Génerale le reconnaît comme son agresseur. Dieudonné nie sa participation au hold up de la rue Ordener.Dans la nuit du 2 au 3 Janvier 1912 à Thiais, deux vieillards sont assassinés. Puis le 27 Février à Paris à la suite d'une banale altercation un policier est abattu. Puis le 29 Février le trio tragique descend un boulanger alors qu'ils tentaient de cambrioler un pavillon.

Pour les illégalistes, traqués, affamés, sans secours, devant qui toutes les portes se ferment, la lutte terrible engagée contre la société ne peut que continuer jusqu'à l'issue fatale. Ils le savent : tous y resteront. Les illégalistes sont des bêtes fauves poursuivies par des chasseurs de plus en plus déterminés que la peur rend courageux. Leurs photos s'étalent dans les journaux. Les têtes sont mises à prix. Bonnot se devait d'organiser un coup de force inouï. Après avoir volé une voiture sur la route de Melun et avoir blessé gravement ses passagers, ils se dirigent vers Chantilly et notamment la banque de la Société Générale. Garnier, Valet Callemin entre dans la banque revolver au point. Soudy fait le guet à l'entrée. Le bilan est de deux morts et 50000 frs.
Deux cents inspecteurs de police se mettent en campagne. La banque offre une prime de cent mille francs à qui permettra la capture des bandits. Pendant toute une semaine, les quotidiens donnent la priorité à ce fait divers, avec des pages entières de photos où se retrouvent pêle-mêle les morts, les blessés et les témoins.Soudy se fait arrêté à Berck-sur-mer le 30 Mars. Le 7 Avril, Raymond Callemin se fait arrêté à son tour. Le 24 Avril un dénommé Monier est arrêté, il a participé aux affaires de Montgeron et de Chantilly. Lors de son arrestation il avait deux brownings chargés.

Pendant ce temps Bonnot loge dans un appartement à l'insu de son propriétaire. Fin Avril Jouin le sous-chef de la sécurité repère Bonnot et tente de l'arrêté. Bonnot descend le sous-chef de la sécurité et réussi à s'enfuir. Il est blessé au bras.
Après l'assassinat de Jouin, Bonnot conçoit sa fuite intelligemment. Il garde une allure raisonnable. Ne hâte pas le pas. Il arrive ainsi à Paris sans histoire. Chaque soir, il se met en quête d'un nouvel abri.
Nul ne doute de sa capture à plus ou moins longue échéance. La décision de le tuer rallie tous les suffrages. Jamais la police, encouragée par le gouvernement, ne pense un seul instant prendre vivant son gibier. Bonnot court toujours. Sa piste semble perdue lorsqu'un pharmacien de Choisy-le-roi déclare qu'il a donné des soins à un homme blessé à la main et dont le signalement correspond à celui du fuyard. Effectivement Bonnot trouve refuge chez un anarchiste : Dubois.

Le Dimanche 28 Avril une quinzaine d'inspecteurs cernent le pavillon de Dubois. Dubois qui était dans le garage leur tire dessus avant de se faire abattre. Bonnot se barricade et blesse un inspecteur. Sans être nourri, le tir l'est tout de même suffisamment pour tenir les policiers en respect et les obliger à se mettre à l'abri. Ceux-ci pensent que Bonnot n'est pas seul. Le siège commence. La fusillade a réveillé toute la localité. De choisy, d'Alfortville, de Thiais et même de plus loin, rappliquent des hommes armés de carabines, de fusils de chasse. Cinq cents hommes armés sont là disséminés dans les haies. Le maire de Choisy et le préfet Lépine arrivent.A neuf heures, arrivent successivement deux compagnies de la Garde républicaine.
De toute la banlieue, de Paris on continue à affluer vers Choisy. C'est un spectacle à ne pas manquer.Vingt mille spectateurs accourus en train, en fiacre en auto ou à pieds. Ordre est donné d'acheminer l'entier régiment d'artillerie stationné à Vincennes. On demande également une mitrailleuse lourde. Un cordon de tirailleurs cerne maintenant la maison.
Midi. Il y a maintenant près de trente mille personnes autour du pavillon. Trente mille personnes venus assister à l'agonie d'un illégaliste. L'agonie de la bête va durer des heures. La fusillade ne connaît aucun répit.
Tous les assiégeants pensent jouer un rôle historique. Ils sont persuadés qu'ils ont à venger les crimes de Bonnot. On boit, on parle, on s'interpelle, on rit. On le peut car de son repaire Bonnot n'est pas en mesure d'atteindre tous ces bravaches et redresseurs de torts de pacotille. Tous ces gens qui hurlent à la mort, pris individuellement, sont des pleutres et de lâches pour la plupart. Leur nombre leur donne un sentiment de puissance invincible. Cette foule est bourreau. Elle a accepté les yeux fermés les récits fantaisistes de la presse sur Bonnot.
On décide de dynamiter le repaire.Bonnot se sait perdu. Il rampe jusqu'à la table, prend plusieurs feuilles et rédige une sorte de testament. Le siège se fait plus pressant. Le pavillon est dynamité.. Des débris de pierres et de terre frappent Bonnot. Il se réfugie entre deux matelas. Il saigne abondamment. Une nouvelle fois le pavillon est dynamité. Les policiers décident d'entrer dans le pavillon. Après avoir traversé la première pièce, ils débouchent dans la chambre. Bonnot est là. Luttant contre le dégoût, le chagrin et la fatigue, il s'écrie:"salauds". Il a encore la force de tirer trois coups. Les autres ripostent. Peu à peu les taches de sang sur le sol s'élargissent. C'en est fini de l'homme symbole de l'illégalisme. Bonnot a été atteint de six balles. Il arrive à l'Hôtel-dieu où il rejoint à la morgue Dubois. Ce Dubois qui n'était ni un voleur, ni un assassin. tout simplement, un homme fidèle à son idéal anarchiste, fidèle à ses amitiés, et qui a poussé le sacrifice jusqu'à avertit Bonnot par ses cris et à se faire tuer pour son ami.En attendant la police parade et une vente aux enchères se tient sur l'emplacement du pavillon.

Il reste deux membres de la bande à Bonnot en liberté. Garnier et Valet sont toujours en cavale. Ils logent dans un pavillon de banlieue à Nogent-sur-Marne. Le 14 Mai la sûreté les à repéré. Pour éviter la mascarade de Choisy tout a été fixé et préparé dans le plus grand secret. Ce sera pire. Le pavillon est cerné et les inspecteurs de la sûreté entre dans le jardin ou ils sont accueillis a coups de pistolets. Le siège le plus fou de toutes les annales de la criminalité va commencer. Pour tuer Garnier et Valet, il faudra neuf heures de fusillades nourries, des centaines de policiers, un bataillon de zouaves sur le pied de guerre. Sans parler de plusieurs mitrailleuses lourdes mises en batteries. Durant la fusillade plusieurs inspecteurs de police sont touchés. Un nouveau bataillon de zouaves, soit trois cents hommes, arrive au pas de gymnastique. Ils sont salués par les ovations de la foule de plus en plus dense. Deux cents gendarmes, munis de leurs carabine, se placent en embuscade. Le pavillon est dynamité, la toiture s'est envolé mais les deux hommes sont toujours là. La nuit est tombé maintenant. A minuit quarante mille personnes au moins se massent aux abords du pavillon. Deux compagnies de zouaves supplémentaires sont dépêchées. On tente de dynamité le pavillon une nouvelle fois sans succès. Valet et Garnier se déchaîne et un inspecteur est de nouveau tué. A minuit la troupe arrête le feu faute de munitions. Le ministre de l'intérieur arrive sur les lieux. Après avoir éventré le pavillon à la dynamite, les policiers tentent une approche. Tout à coup, c'est la débandade. Garnier et Valet les mitraillent à bout portant.La fusillade a fait deux blessés. Enfin, sonne le "cessez-le-feu". Ce sera le dernier.. Soldats, policiers, pêle-mêle, se lancent à l'assaut. La bousculade est générale. Ils arrivent enfin dans la pièce ou sont retranchés les deux hors-la-loi. Le spectacle est hideux. Du sang, partout. Sur le plancher, sur les murs. Des douilles de balles par centaines. Il est deux heures du matin. Garnier et Valet tentent une dernière fois de tirer puis sont abattus.
Trois heures, tout est accompli. Le siège a duré plus de neuf heures. Cent mille personnes se précipiteront sur les lieux du drames. Le lendemain, les corps sont jetés dans la fosse commune du cimetière de Bagneux.
Bonnot et ses lieutenants tués ou assassinés par la police restaient leurs complices toujours incarcérés. Pour Callemin, Soudy et Monier (il avait hébergé Bonnot), c'est la peine de mort. C'est également la peine de mort pour Dieudonné. Deux autres sont condamnés aux travaux forcés à vie. Un autre dix ans puis encore six ans. Pour Kibaltchiche c'est 5 ans de réclusion.
Les condamnés à mort sont exécutés le 21 Avril. Dieudonné est gracié inextrémis et sa peine commué en travaux forcé à perpétuité.
Ecrit par kmilstg, à 15:16 dans la rubrique "Culture".

Commentaires :

  nadyne
20-06-07
à 23:49

la fin des membres

juste un petit ajout.

Marie Vuillemin dite Marie la Belge compagne de Garnier est décédée d'un cancer généralisé en 163/1964 à Charleroi (Belgique).  A moitié impotente suite à une chute de vélo lors de sa fuite de la maison cernée où se retranchait Garnier. Les dernières années de sa vie furent sereines, dans un petit pavillon, entourée de ses chats.

J'ai appris son histoire après sa mort. Je l'ai bien connue, je l'ai vue mourir. C'était ma grand-tante.

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  tetatutelle
21-06-07
à 15:44

chez nous les infos sont gratuites !

Un grand merci pour avoir fourni ce texte. Certes sans le savoir vous venez de répondre à  l'une de mes envies de lecture anarchiste en ce moment, que le contenu de mon porte-monnaie me faisait repousser sans cesse à des dates ultérieures jusqu'à un renoncement de plus en plus probable. "La bande à Bonnot",  si j'en ai entendu une infinité de fois l'expression (désignant une bande quelconque d'inséparables faisant souvent "parler d'eux"), j'ignore totalement ce que c'est. Puis j'ai découvert dans mes recherches que les éditions Publibook possèdent le livre s'intitulant "La bande à Bonnot, les bandits tragiques de l'anarchie". J'ai appelé cet éditeur qui m'apprit que Publibook, contrairement à d'autres maisons d'éditions, impriment les livres à la demande ; ils ne sont ainsi jamais épuisés. Super ! Oui...sauf qu'on s'en doutait, ça se paye ! Quand il me dit le prix du bouquin : 25 euros, j'ai répondu que je le rappellerais un peu plus tard, quand ma situation serait "un peu" arrangée. Mais voilà, elle s'arrange pas, j'aurais du le commander ce mois-ci j'ai repoussé en septembre avec encore aucune garantie. Et ce texte arrive ! Il me donnera au moins les infos essentielles sur la BAB, même si, c'est certains, ça ne remplace pas un ouvrage d'au moins 100 pages. Pas de mystère, sorti des éditions anars, faut ouvrir le porte-monnaie ! L'occasion donc de lancer à Publico un appel à reprendre l'édition d'un des livres de la Bande à Bonnot : réflexion lancée !

Maintenant pour ce qui est de l'illégalisme, il est certain qu'être ou devenir anarchiste c'est immanquablement se mettre dans des paradoxes....pas facilement gérables ! On souhaite changer de système par d'autres voies que celle du suffrage universel ? Très bien, mais cette dernière étant la seule légale , en emprunter d'autres n'est-ce donc pas se mettre forcément dans l'illégalité ? Et accepter d'entrer dans l'illégalité c'est  en accepter aussi la conséquence, à savoir les sanctions et des actes aussi graves que ceux commis par la Bande à Bonnot conduisent directement à....la prison ! Supposons que TOUS les anars se retrouvent en prison à perpétuité, qui restera-t'il au combat pour un changement de système ? Labyrinthe sans sortie dans lequel un gigantesque escargot se mange la queue, on est coincé, au secours ! Je ne fais aucune morale à qui que ce soit : que chacun agisse selon sa conscience.  Pour ma part, j'ai préféré opter en faveur de la révolte par les moyens légaux et la demande incessante d'en élargir les normes. Avec de la persévérance (le "maître" mot), nous finirons un jour par être entendus, l'espoir fait vivre.

Têtatutelle

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