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L'En Dehors


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Charles d'Avray, barde libertaire ?

Lu sur : Increvables anarchistes « Les "anciens" qui ont connu et aimé celui qu'on a surnommé le dernier des bardes libertaires, seront heureux de le retrouver dans ces lignes et les jeunes de faire sa connaissance. Du moins nous l'espérons et le souhaitons.

Charles d'Avray aurait 100 ans le 9 septembre. Il est né à Sèvres de Charles Henri Jean, architecte, et de Juliette Dédillière.

Il arrive à Paris, ayant terminé ses études secondaires, en 1898. Il a 18 ans, l'âge de toutes les ambitions, de tous les espoirs. Il n'est pas très chaud pour suivre les traces de son père. Ses préférences vont à la musique, à la chanson. Il compose ses premières ceuvres, qu'il interprète dans des cafés-chantants.

Ainsi naquirent les "chansons du trottoir", les "chansons des veillées". Un jour, il rencontra le compagnon de la mère de Jeanne Humbert, libertaire militant, qui l'introduisit dans les milieux néo-malthusiens, et lui fit connaître et partager l'idéal anarchiste qui l'animait. Charles fréquenta ce milieu, riche en militants, et parmi eux Sébastien Faure, grand orateur libertaire, qui eut sur lui une grande influence. A cette époque naquirent les "chansons sociales", les "chansons rouges", "les penseurs", "les fous", "les géants", "loin du rêve", etc... qu'il interprétait dans les cabarets de la Butte et du quartier Latin, où elles firent scandale. Mais surtout, et durant toute son existence, il parcourut la France dans tous les sens, organisant des tournées de conférences par la chanson où les foules se pressaient. Il n'arrêta plus jamais d'écrire, de chanter, de lutter.

Il portait une longue redingote, un chapeau noir à larges bords et une cape de même couleur. Sa silhouette était légendaire. Son nom figure dans les cabarets les plus cotés, avec ceux de Xavier Privas, Bruant, Couté, Doublier, Mouret, Guérard, etc...

Les accidents de la vie militante ne l'épargnent pas. De temps en temps son lot est l'amende ou la prison. Mais il eut fallu autre chose pour le décourager.

Charles-Auguste Bontemps écrit de lui : Il parlait clairement, simplement au peuple, dans le langage du peuple. Puis avec les mêmes mots exaltés de musique, il chantait les idées qu'il venait d'exprimer et en marquait les cœurs. Ces chansons de révolte et d'appel, ces ouvertures vers l'espérance d'une ère nouvelle, s'appelaient : Le peuple est vieux, Loin du rêve, La joie, Brise ton verre, etc... Au Caveau des innocents, où je le rencontrai, il m'entretint tard dans la nuit, de ce qu'est la joie de vivre dans la volonté d'être un homme libre, d'aider les hommes à être libres. " Mon rêve, chantait-il, ne peut être une réalité que si le soleil rouge se lève à l'horizon ". C'est au cœur de chacun que doit se lever ce soleil, qui, jusqu'au dernier jour a réchauffé le cœur de notre ami.

Ses oeuvres eurent une grande influence sur les jeunes que nous étions. Nous les chantions dans nos groupes, dans les manifestations, dans nos ballades, lorsque pendant les week-ends nous nous retrouvions dans les bois de St Cucufa, sur les bords de la Marne, à Chelles, dans la campagne d'alors, si près de paris; après le pique-nique, compagne ou compagnon interprétait une chanson de Charles, reprise en choeur par les amis ; S'ils sont restés dans mon coeur, leurs noms ne me reviennent pas tous en mémoire, mais Sébastien Faure, à la voix chaude et prenante, les copains de la Muse Rouge, Clovys, Doublier, Claudine Boria, Jeanne Monteil, Thérèse, Margot, Madeleine Ferré, tous les autres... sans oublier Poncet (qu'on connaissait sous l'épithète du gros plombier, en raison de sa situation de réfractaire) et qui fut tué par une balle communiste, à la Grange-aux-Belles.

Les promeneurs curieux, surpris, venaient se joindre à nous et nous questionnaient sur l'anarchisme, ses buts, ses moyens.

On chanta Charles d'Avray dans de nombreux cabarets de Paris, jusqu'à la dernière guerre.

Ses interprètes se nommaient La Varenne, Jane Janvier, du "Kursaal", Rachel Le Noël du "Petit Casino", le cabaretier L.Fausto, Dickson, Dalbret, Henriès, Bérard. Et plus près de nous, Christiane Santerre, Gisèle Lérys, Michèle Guy, Mig David, Marie-May et Sonia Malkine, qui le chante encore aux Etats-Unis.

Charles nous quitta le 7 novembre 1960.

A part Sonia et Marc Ogeret (qui interprète L'Hymne à l'Anarchiedans son disque Les chansons contre ), et quelques vieux amis, dans l'intimité (n'est-ce pas René Lochu ?), qui connaît aujourd'hui les chansons de Charles d'Avray ? Et pourtant elles sont belles et toujours d'actualité.

Espérons que quelques jeunes, au lieu de seriner des chansons idiotes, dont il ne restera rien dans quelques années, auront l'idée de les reprendre et de les interpréter, pour notre plaisir à tous, et le leur.

Je voudrais également citer quelques passages d'un article de Léo Campion : Le chansonnier est un amuseur, ce n'est pas un pamphlétaire quoi qu'un vain peuple pense. Et ce n'est déjà pas si mal d'amuser son prochain quand tant d'autres l'emmerdent. Mais il est des chansonniers d'exception et Charles d'Avray, qui était le doyen des chansonniers, était de ceux là. Il fut le chansonnier libertaire, avec tout le panache, toute la foi et toute la pureté que cela comporte.

Et celui-ci de Georges Vidal :

Très rares sont les privilégiés dont la jeunesse de cœur survit à toutes les atteintes : celles du temps, celles du doute. Charles d'Avray fut justement de ceux là et il a su conserver jusqu'au bout cette fraîcheur de sentiments, cette générosité de pensée qui attirèrent souvent à lui des gens venus de tous les horizons sociaux et qui l'ayant entendu, se prenaient à réfléchir. C'est qu'il savait mettre en pratique ce qu'il mettait en chansons et pendant les années où le fut son fief, il en fit le plus fraternel refuge que pouvaient trouver à paris les non-conformistes, les angoissés, les désargentés. Léo Campion et Georges Vidal furent de ses amis et le connaissaient bien.

Charles d'Avray n'aura pas vu se réaliser le "Rêve" qu'il a tant chanté, c'est à ceux qui nous succéderont d'en faire une réalité. C'est ce que nous souhaitons et ce pourquoi nous combattons. »

May Piqueray / Le Réfractaire, septembre 1978

Ecrit par Mirobir, à 00:48 dans la rubrique "Le privé est politique".



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