L'En Dehors

Lu sur : Boycottez ! « Le don demande un effort sur soi. Au départ du moins. Sur le coup, on se dit toujours : "Cet objet dont je veux me débarrasser est encore en bon état ; j'en tirerais bien un peu d'argent."

Mais que l'on se rassure : ce n'est qu'un mauvais cap à passer. Et très vite, on parvient à se débarrasser de notre bonne morale judéo-chrétienne et capitaliste. Un peu d'argent pour quoi, pour qui ? Et l'on se rend compte que donner est facile, que c'est un plaisir, un vrai bonheur.

De l'autre côté, recevoir demande aussi quelque effort. Si j'ai de l'argent, ne vais-je pas passer pour un "radin" quand on me donne quelque chose, alors que je pourrais très bien me le payer ? Et puis, lorsque l'on a enfin intégré que payer l'objet en question quand on vous propose de l'obtenir gratuitement, c'est faire marcher la machine capitaliste, alors les scrupules s'envolent.

La gratuité existe déjà, à l'état brut : bain de mer et promenades dans les champs sont graduits. "la permanence d'espaces de gratuité enfonce un coin dans la toute-puissance de l'argent", remarque Jean-Louis Sagot-Duvauroux dans son essai Pour la Gratuité. L'auteur met d'ailleurs la pratique en conformité avec ses propos, et offre l'ouvrage au lecteur, libre de droit.

Et puis il y a cette gratuité patiemment conquise par des siècles de luttes sociales : gratuité des soins, gratuité de l'éducation... Jean-Louis Sagot-Duvauroux écrivait en 1995. Depuis, l'OMC et son Accord Général sur le Commerce des Services ont entrepris la violente destruction de cette gratuité-là. "Vengeance !", crie le peuple. Libérons-nous donc de cette doctrine libérale qu'on nous enfonce dans le crâne à grand renfort de publicité : "tout se vend, tout s'achète".

Les rebelles sont là. La fondation Babybrul invite au don à l'étalage ; ça ne plaît pas à tout le monde. Ainsi FUZZKHAN, pour avoir pratiqué le don d'un CD auto-produit dans les magasins FNAC, se voit menacé de sanctions par le directeur de la sécurité de la FNAC de Marseille, qui lui rappelle que la gratuité est interdite ! ! !

Nous faudra-t-il donc créer nos propres espaces de gratuité ? C'est ce que tente de faire les concepteurs du site Recupe.net. Alternative à la société de consommation, ce site est un lieu de brocante et de récupération gratuite, sans finalité commerciale et conçu dans une optique de partage et d'écologie.

On apprendra beaucoup également sur le principe de gratuité chez les adeptes du logiciel libre, open source ou copyleft. Un résumé clair sur toutes ces appellations sur le site du Logiciel Libre

Une expérience intéressante ici : De la Flash Mob au Grand don

Une très bonne bibliographie ici : Périphéries

A lire également, juste pour le plaisir :

Les aventuriers du RMI de Jérôme Akinora, aux éditions l'Insomniaque (à se procurer chez Co-errances par exemple. »