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LA DECROISSANCE ? QUELLE DECROISSANCE ?

Nous avons vu dans «LA CROISSANCE? QUELLE CROISSANCE?» comment se pose la question de la croissance économique dans le système marchand. Comment elle n’est pas une «erreur» de gestion du mode d’existence de ce système, mais l’essence même de son existence. Or, nous savons qu’une telle problématique de fonctionnement n’apporte ni le bonheur, ni l’égalité, ni l’harmonie sociale mais que, de surcroît, elle menace à terme l’équilibre écologique de notre planète dans le court et le long terme.



Faut-il réduire la production de biens et services? Telle est aujourd’hui la question essentielle. La réponse est évidente. Toutes les études et projections montrent que nous sommes entrain non seulement d’empoisonner l’ensemble de l’écosystème, mais de plus nous entamons significativement le patrimoine de survie des générations futures. Au rythme qu’elle a atteint, l’activité humaine cessera dans quelques décennies faute de moyens.

La réponse à cette question, une fois acquise doit trouver son expression concrète dans les décisions à prendre. Là résident toutes les difficultés car, même si nous arrivons à convaincre théoriquement le plus grand nombre, reste la réalisation concrète des changements. Personne n’a évidemment la réponse du «comment faire»…ça ne s’est jamais produit dans l’Histoire.

Présenter et envisager un tel changement c’est bouleverser toute la vie sociale et individuelle des citoyens, c’est leur signifier un changement radical de leur mode de vie, de leurs habitudes, de leurs repères, c’est implicitement signifier, c’est du moins, même si c’est faux, en ces termes que se sera perçu, une «régression» par rapport à une vie qui pour eux, est «relativement confortable» ou du moins vécue comme telle. C’est aussi disons le sans détour un questionnement sur la notion de besoin.


LA DIFFICILE QUESTION DES BESOINS


La détermination et la définition des «besoins» est une question difficile car elle renvoie au «sens» du système de production. En effet, chez l’Homme, «produire» n’est pas simplement se procurer des biens en vue de la satisfaction de ses besoins biologiques. C’est bien cela, mais c’est aussi deux choses déterminantes:
- établir des relations sociales, c'est-à-dire déterminer un «mode de relation à l’autre» qui va donner un sens moral, éthique, bref politique à ces relations et qui va réagir en retour sur la manière de produire;

- c’est créer des biens et des services qui vont aller au-delà du simple besoin biologique parce que l’homme exprime des besoins autres que biologiques… disons des «besoins culturels» au sens large.

Cette situation caractérise le comportement humain et l’Histoire, et en particulier celle des deux derniers siècles, montre les dérives possibles engendrées par une telle situation.

Dans un souci, même louable, de retour sinon à la nature, du moins de respect de celle-ci, il serait évidemment absurde de ne s’en tenir qu’à des besoins biologiques. Mais alors se pose un problème: jusqu’où aller dans la définition et la détermination des besoins?

Le système marchand, lui, répond (et répond même pour nous) simplement à cette question: les besoins étant illimités (et en l’absence de tout frein et d’une habile incitation, ils semblent effectivement l’être), le système de production a pour vocation, dans un cadre marchand, de les satisfaire, autrement dit de satisfaire les besoins solvables… et c’est ce qu’il fait… allant même jusqu’à créer de nouveaux besoins pour… pouvoir les satisfaire. On se rend compte que, même si ce système à vocation à satisfaire tous les besoins, son caractère marchand fait que concrètement il ne les satisfait que pour un partie de la population, celle qui peut payer.

Or, à examiner de près le mécanisme des besoins, on constate que nombre d’entre eux sont effectivement des «besoins culturels», c’est dire des besoins dont on peut facilement se passer mais qui ont une grande importance sociale… pour «paraître», ou par habitude, routine, ou du fait de céder aux modes et incitations des fabricants… Tout le problème est de savoir, collectivement, socialement, pas seulement individuellement, prendre du recul par rapport à ces besoins… savoir s’en passer sans vivre cela comme un appauvrissement.


UN PROBLEME DE METHODE


Le danger et l’erreur seraient de poser le problème de la «décroissance», dans les mêmes termes, en les inversant que ceux qui président à la définition de la «croissance». Raisonnement qui pourrait se résumer à: la croissance est à bannir, inversons la tendance en décroissant.

Il est évident que le discours sur la décroissance, même s’il est tout à fait juste et convainquant ne «peut pas passer»… voire fait peur. Si chacun reconnaît individuellement sa justesse (et on en est encore loin), chacun à, dans son esprit, toutes les meilleures raisons du monde de «continuer comme avant»… autrement dit de ne rien changer. La meilleure manière de démontrer qu’une pratique est néfaste et absurde est de la remplacer par une autre positive et logique… mais cela ne se fait pas spontanément. Il est évident que si nous présentons en guise d’alternative un modèle social de fonctionnement du genre, en exagérant, «retour à la vie primitive», privations généralisées et autres joyeusetés de ce genre… nous ne convaincrons personnes… et heureusement.

Le véritable mécanisme de la prise de conscience en la matière n’est ni l’adhésion spontanée à un discours, ni la culpabilisation, encore moins la contrainte, mais la reconnaissance concrète du bien fondé d’une conception d’organisation sociale. Alors, mais alors seulement on peut enclencher un processus de transformation sociale permettant, par pallier de parvenir à un rythme de production compatible avec l’état de la planète et les besoins humains.



Prenons un exemple simple: la production et la consommation de viande. Si nous disons:«Il est absurde et malsain, diététiquement et écologiquement, de manger de la viande tous les jours… ou d’en avoir potentiellement la possibilité», et donc d’adapter une gestion du cheptel à cette manière de consommer (dont on sait ce que ça donne),… nous avons sur le fond raison. Cela dit, rien ne dit que nous convaincrons, je suis même sûr du contraire. Nous allons passer, dans le meilleur des cas, pour de doux rêveurs, voire, dans le pire, pour de dangereux passéistes qui veulent imposer la pénurie (rien que ça!). Comment opérer pour faire changer les habitudes, en excluant évidemment la solution de la contrainte? Il nous faudra concrètement convaincre, c'est-à-dire non à partir d’un discours, aussi convainquant soit-il, mais en impulsant une pratique qui démontrera concrètement que la pratique nouvelle est non seulement possible mais meilleure que la précédente. Cet exemple n’est pas purement théorique, il s’agit de l’exemple d’une pratique mise en autre dans plusieurs régions, sans concertation, sans coordination, sans médiatisation, simplement mise en œuvre par des producteurs et des consommateurs (qui n’ont rien d’écologistes intégristes et ascètes… au contraire) qui ainsi ont déserté les grands circuits de consommation de viande. Ceci se pratique également pour les légumes.

Tout cela pour expliquer quoi? Deux choses:
1- De nouvelles pratiques sont possibles et ce malgré le matraquage idéologique et publicitaire;

2- Pour parvenir à de telles pratiques, il faut commencer par les expérimenter concrètement et ne pas simplement s’en tenir au discours moralisateur;
3- Ces pratiques sont à généraliser, à fédérer, et constituer l’essence même de l’alternative politique à mettre en place.

L’exemple pris est limité à une activité très particulière, c’est vrai. Notre intention est de faire en sorte que ce soit l’ensemble des activités humaines qui correspondent à cette pratique. Cet exemple, tout son intérêt est là, nous illustre une méthode pour y parvenir, car c’est bien à un problème de méthode que nous nous heurtons… On ne sait pas comment s’y prendre. On a des idées, mais comment les faire partager et les concrétiser? L’essentiel de notre manière d’agir politiquement est fondé sur la prédominance du discours, la volonté de convaincre, d’obtenir l’adhésion à la rationalité de notre démonstration. Le problème c’est que la collectivité ne fonctionne pas de cette manière, de même que le mécanisme de la prise de conscience, surtout dans un monde ou l’information est totalement manipulée et soumises aux puissances financières et commerciales qui ont intérêt à ce que rien ne change.



On est loin de l’écologie officielle, celle des pouvoirs publics et des partis politiques, qui est une véritable escroquerie politique. L’écologie a subi ce contre quoi elle se bat: elle est devenue un argument de marketing politique, à consommer sans modération, mais dans le cadre strict du système marchand dont elle respecte les principes. Cette escroquerie a donné naissance au «développement durable», véritable chimère politicienne qui permet à la fois de sécuriser le citoyen au regard des questions écologiques et de continuer à détruire l’environnement.

Si tout ce qui vient d’être dit est exact, c’est à une véritable mutation de l’action politique à laquelle nous devons procéder. Le fonctionnement politique traditionnel est «hors jeu». L’alternative ne passe pas par un changement politique à la tête de l’Etat, mais par une pratique économique et politique qui fondera de nouveaux rapports sociaux (voir l’article «TRANSITION»).

Patrick MIGNARD

Ecrit par , à 22:27 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  libertad
07-08-04
à 22:45

Pour voir un exemple de mise en oeuvre de nouvelles pratiques d'échanges entre producteurs et consommateurs voir les AMAP ( Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne )
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