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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Feuille d'infos du CIRA #53

Lu sur CIRA : "Je n'adhère qu'à moi-même. (Clovis Trouille)

RENCONTRES

ARIEGE : du vendredi 30 juillet au lundi 2 août 2004. L'organisation communiste libertaire (OCL) organise un camping qui sera ouvert à ceux et celles qui veulent débattre des luttes actuelles. Cette année, les thèmes abordés seront les prisons, le « politiquement correct », le puritanisme et le voile (avec un film sur le sujet). Le camping se trouve près de La Bastide-de-Sérou entre Foix et Saint-Girons. On peut s'y baigner et faire des ballades en moyenne montagne. Les repas sont organisés et pris en commun. Les frais de séjour sont établis en fonction des revenus.


Renseignements : OCL, c/o Clé des champs, BP 20912, 44009 Nantes cedex 1 (tél. : 03 88 32 37 52 ; courriel : oclibertaire@hotmail.com). Pendant le camping, on peut téléphoner au 05 61 65 80 16.

PUBLICATIONS

COURBET. Le dernier livre de Michel Ragon est une biographie du peintre anticonformiste Gustave Courbet (1819-1877). Il a introduit le réalisme dans la peinture en s'inspirant de scènes de la vie quotidienne. Ses toiles comme Bonjour M. Courbet ou bien L'origine du monde, firent souvent scandale. Après 1848, il avait fréquenté Proudhon. En 1870, il participe activement à la Commune de Paris. Accusé d'avoir ordonné la destruction de la Colonne Vendôme, il fut condamné à payer sa restauration. Ruiné, il s'exila en Suisse où il mourut.
Gustave Courbet, peintre de la liberté par Michel Ragon. Fayard, 2004. 485 p. 23 €.

HUMOUR. En 1998, Jean-Manuel Traimond publiait en quatre petits volumes une anthologie d'épigrammes, de piques et de maximes de toutes provenances. Il a voulu ainsi faire un recueil d'humour à l'usage de tous et des anarchistes en particulier. Les citations sont classées par thèmes : dieux, rois, gouvernement, argent, armée, police… Le Trésor des méchancetés est aujourd'hui réédité en un volume unique.
Le trésor des méchancetés : anthologie d'humour à l'usage des anarchistes par Jean-Manuel Traimond. Atelier de création libertaire, 2004. 254 p. 15 €.

POITOU. Dans le sud du Poitou comme ailleurs, nombreux sont ceux qui dénoncent les méfaits du productivisme et qui veulent reprendre leurs vies en main. Une quarantaine de personnes de cette région se sont réunies pour réaliser ce livre. Des agriculteurs parlent des OGM, du biologique et de la mort des abeilles. Des salariés et des précaires évoquent le mouvement social du printemps 2003. D'autres écrivent sur le cancer, la nécessité de sortir du nucléaire, la gestion des déchets, la psychiatrie, la défense des cultures populaires…
Tu vas entendre parler du pays. Acratie, 2004. 302 p. 15 €.

CLOVIS TROUILLE. Proche des surréalistes, Clovis Trouille (1889-1975) est peu connu car il ne recherchait pas la gloire. Il peignait pendant ses loisirs des toiles où les thèmes de l'anticléricalisme et de l'antimilitarisme reviennent fréquemment. Il avait été traumatisé par la Guerre de 1914-1918 et se définissait comme anarchiste. Le livre (très beau mais très cher) de Clovis Prévost permet de découvrir l'essentiel de son œuvre. Le Monde libertaire en a publié plusieurs reproductions depuis le début de l'année, notamment la Religieuse italienne fumant une cigarette (couverture du n° 1343, janvier 2004).
Parcours à travers l'œuvre de Clovis Trouille (1889-1975) par Clovis Prévost. Actes Sud, 2003. 285 p. 70 €.

KIOSQUE

GRAINES D'HISTOIRE. N° 21, avril 2004. 7,50 €. Cette revue a pour sous-titre La mémoire de L'Aisne. Tony Legendre, président de la Société historique de Château-Thierry, a publié dans ce numéro un article passionnant (avec illustrations) intitulé Des anarchistes à Essomes-sur-Marne (1903-1948) qui traite du milieu libre de Vaux (1903-1907) et de la colonie végétalienne de Bascon (1911-1948).
Adresse : Graines d'histoire, c/o L'Aisne nouvelle, 10 boulevard Henri-Martin, 02100 Saint-Quentin.

NI PATRIE NI FRONTIERES. N° 8-9, mai 2004. 272 p. 10 €. Depuis septembre 2002, Yves Coleman publie ce qu'il appelle un « minuscule bulletin ». Celui-ci, plutôt copieux, propose des textes anciens et actuels, certains traduits, écrits par des auteurs libertaires et des divers courants d'ultra-gauche. Il cherche à faire naître le débat entre des individus qui souvent s'ignorent malgré la proximité de leur idées. Les précédents numéros ont parlé de l'URSS, des élections, de la famille et de la sexualité, des guerres, des syndicats, des Etats… Ce numéro est consacré à l'attitude des marxistes et des anarchistes face à la « question juive ». Sont donc abordés : Israël et la Palestine aujourd'hui, le sionisme et l'antisionisme, l'antisémitisme et le négationnisme. Parmi les nombreux auteurs, on peut citer Sylvain Boulouque, Ronald Creagh, Nestor Makhno, Rudolf De Jong…
Adresse : Y. Coleman, 10 rue Jean-Dolent, 75014 Paris (tél. : 01 45 87 82 11 ; courriel : yvescoleman@wanadoo.fr). L'abonnement est de 23 euros pour 3 numéros et de 45 euros pour 6 numéros (chèque à l'ordre de Y. Coleman).
Site Internet (partagé avec d'autres publications) : http://www.mondialisme.org

REVUE D'HISTOIRE DE LA SHOAH. N° 179, septembre-décembre 2003. 14 €. Cette revue est publiée par le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) où l'on pourra trouver une bibliothèque, des archives ainsi qu'une photothèque. Ce numéro propose la reprise d'une étude très intéressante sur Bernard Lazare écrite par Abraham Frumkin et traduite du yiddish par Nathan Weinstock.
Adresse : CDJC, 37 rue de Turenne, 75003 Paris (tél. : 01 44 59 97 00 ; courriel : contact@memorial-cdjc.org).

UN AUTRE FUTUR. N° 7, mai 2004. 40 p. 3 €. Ce trimestriel est édité par la Fédération CNT de la communication, de la culture et du spectacle. On y lira des sujets d'actualité : un entretien avec les militants CNT de la Fnac-Forum (Paris), la vision de l'anarchisme par les médias, les luttes contre la publicité, un entretien avec Cesare Battisti. Dans la rubrique Mémoire est évoquée la courte vie de Salvador Puig Antich. Freddy Gomez revient sur l'écrivain Georges Navel (voir A contretemps, n° 14-15, décembre 2003). Le romancier Sébastien Doubinsky propose une nouvelle L'anarchiste. Cette revue est bien illustrée par des photos et des dessins, la couverture a été réalisée par Siné.
Adresse : Un autre futur, CNT communication, culture et spectacle, 33 rue des Vignoles, 75020 Paris (tél. : 01 43 72 21 67 ; courriel : comm.rp@cnt-f.org). L'abonnement est de 18 euros pour six numéros (chèque à l'ordre de la CNT). Site Internet : http://www.cnt-f.org/comm.rp/

SITES INTERNET

CENTRO STUDI LIBERTARI. Le Centro studi libertari/Archivio G. Pinelli est un centre de documentation libertaire installé à Milan (Italie). Sur son site Internet, on trouvera tous les renseignements sur ses origines et ses activités. La présentation peut être lue en italien, anglais, français et espagnol. La bibliothèque se compose surtout de documents en italien : presque tous les livres et brochures publiés dans cette langue ainsi que de nombreuses collections de périodiques. Une page est consacrée aux activités passées, une autre aux prochains rendez-vous. Tous les bulletins semestriels publiés par le centre peuvent être lus en ligne. On pourra consulter également une riche bibliographie raisonnée sur l'anarchisme. Enfin, il est prévu de proposer la consultation du catalogue.
Adresse : http://www.centrostudilibertari.it ou bien http://www.archiviopinelli.it

L'EN DEHORS. L'En dehors se veut le successeur de deux journaux qui ont porté le même titre, celui de Zo d'Axa de 1891 à 1893 et celui d'E. Armand entre 1922 et 1939. Il s'agit d'un quotidien anarchiste en ligne. Il donne des informations qui sont prises sur d'autres sites. Les Feuilles d'infos des mois de mars et avril peuvent être ainsi consultées. Il est possible de participer à des discussions actives : les faux anarchos, le végétarisme, les skinheads... Un lien présente le poète libertaire et nomade du désert Christian E. Andersen.
Adresse : http://www.endehors.org/

RECHERCHES

ECRIVAINS RADICAUX. Nicolas Cordier prépare une thèse sur les écrivains poètes radicaux Clovis Hugues, Louis-Xavier de Ricard et Léo Taxil. A partir de leurs personnalités et de leurs œuvres, il abordera la reconstruction du mouvement ouvrier socialiste après la Commune jusqu'au Congrès ouvrier de Marseille en 1879.
Adresse : Nicolas Cordier, 31 rue Thierstein, 68100 Mulhouse (courriel : nicordier@yahoo.fr).

PRIX JEAN MAITRON. Ce prix est décerné depuis 1989 par l'UNSA éducation (ex FEN). Il est organisé par le Centre d'histoire sociale du XXe siècle. Décerné chaque année à la mi-novembre, il met en valeur le mémoire de maîtrise d'un étudiant en sciences sociales dont les travaux prolongent l'œuvre de Jean Maitron (1910-1987). Le montant du prix est de 1000 euros. En 2003, le prix a été attribué à Amélie Nicolas, auteur de Etude de deux témoignages historiques de la Commune de Paris : « Histoire de la Commune de 1871 » de P.-O. Lissagaray et « La Commune de Paris » de Louise Michel.
Renseignements : Thérèse Lortolary, CHS du XXe siècle, 9 rue Mahler, 75181 Paris cedex (tél. : 01 44 78 33 84 ; courriel : therese.Lortary@univ-paris1.fr).
Les mémoires (soutenus dans une université française au cours des deux années universitaires précédentes) doivent être adressés avant le 15 septembre 2004.

COPINAGE

EGREGORES. Egregores est une nouvelle association (loi 1901) qui éditera des œuvres de son choix, récentes ou classiques et recommandées par son comité de lecture. Il y a déjà des projets : Ma morale anarchiste par Lucio Urtubia, la réédition d'Egrégores ou la vie des civilisations (1938) de Pierre Mabille ainsi qu'un Guide Blaba de Lyon (les guides Blabla se veulent des alternatives aux guides actuels). Pour garantir son indépendance et son autonomie financière, Egregores lance un appel aux idées, aux adhésions, au soutien et à toute sorte d'aide…
Renseignements : Egregores, 7 boulevard de la Liberté, 13001 Marseille (courriel : cauzias@free.fr).

Ecrit par libertad, à 16:28 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Michel DEBRAY
11-10-04
à 15:34

Clovis TROUILLE




Clovis TROUILLE, le peintre picard qui a mis des couilles
au Douanier ROUSSEAU - par Michel DEBRAY
Texte paru dans La Plume dans le cul - n° 16 de juin 1995 et sur le site LE POILNET DANS LA MAIN: http://perso.club-internet.fr/m_debray/TROUILLE
***



"Ce qui m'intéresse le plus dans mon oeuvre, c'est sa valeur intrinsèque : la couleur, la matière. Ce qui n'intéressait pas Breton; il n'était pas rétinien; il ne voyait que l'histoire. Ce qui compte, c'est la composition, la matière : ce que j'étudiais au Musée de Picardie en présence de Velasquez. Je me situe de façon très indépendante. Je n'ai jamais admis le cubisme. Ça ne m'émouvait pas. J'aime peindre la beauté féminine. J'ai cherché toute ma vie ce qu'il y avait de plus beau dans la nature pour l'exprimer dans mes tableaux. Je n'ai rien trouvé de plus beau que le nu de jeune fille. Pour les hommes qui sont hommes, c'est un spectacle émouvant. Par le sexe de la femme, c'est Dieu qui se révèle. Je ne me suis pas attaché à peindre des hommes dans mes tableaux. Vous savez, l'homme, c'est pas drôle."


é à la Fère, dans l'Aisne, le 24 octobre 1889, donc, évidemment sous le signe du scorpion, Clovis Trouille est mort à Paris le 24 septembre 1975. L'Elysée-Montmartre présentait une revue "Oh ! Calcutta !", dont le titre était celui d'une toile de Trouille de 1946 qui est, à mon avis, la plus belle glorification du cul dans sa parfaite rotondité.
En matière de mauvais goût, Clovis Trouille, est un prince et ce, à plusieurs titres. Picard, Trouille est à l'exacte convergence du mysticisme le plus flamboyant et de l'animalité la plus fruste. Il est un descendant des bâtisseurs de bâtisseurs de cathédrales, là, où sous les voûtes gothiques élevées vers Dieu, fourmillent dans l'ombre des stalles les détails les plus triviaux et les plus couillus de la vie terrestre. Picard, Clovis Trouille subit l'horreur de la Grande Guerre et l'humiliation de la Débâcle de 1940. La grande boucherie qui ruine le nord de la France fait de ce jeune homme tranquille, destiné à un art fort classique pour ne pas dire académique, un rebelle de la couleur, un anarchiste du pinceau, un révolté fondamental. Picard, Clovis Trouille est méconnu, y compris en Picardie dont il est pourtant l'un des fils les plus talentueux et les plus représentatifs. Clovis Trouille est discret. Il apparaît sur quelques photos du Groupe surréaliste, comme un clandestin, parce que Breton est venu le chercher. En réalité, profondément sceptique, violemment dubitatif devant les singeries des curés de toute obédience, très attaché au réel et à la beauté des femmes, Clovis Trouille ne croit guère aux systèmes qui prétendent tout expliquer ; il ne supporte pas les excommunications et les procès qui font tant bander le pape du Surréalisme ; il n'aime pas les tortures plastiques que le cubisme fait subir à l'image du corps féminin. S'il existe quelque chose de sacré, pour Clovis Trouille, ce ne peut être que le cul. Cet homme, comme la plupart des Picards de bon lignage, ignore tout du pêché. Comment ce qui est si bon, si beau, si vivant pourrait-il être une faute ?
Aussi Clovis Trouille va-t-il, toute sa vie, glorifier avec bonhomie, naïveté mêlée de rouerie et de lucidité, la sexualité qui est pour lui la seule chose qui vaille. Parallèlement, son oeuvre est faite de pamphlets colorés, apparemment rigolards mais en fait terriblement efficaces. Ses cibles sont le sabre et le goupillon et, à l'instar des anti-cléricaux du début du siècle, il ne fait pas dans la dentelle. Sa haine de la guerre et de l'armée fait souvenir que c'est la Picardie qui produisit le plus de mutins en 1917.
Ne cherchez pas pourquoi Clovis Trouille n'a jamais connu de grande rétrospective populaire. Ne cherchez pas pourquoi Egon Schiele le peintre de la masturbation, ne jouit pas de l'adoration qui auréole Saint-Vincent Van Gogh. Ne vous étonnez pas de ne jamais voir de véritables oeuvres expressionnistes dans la patrie du bon goût français. Clovis Trouille peint dans des tons rutilants des culs qui osent dire leur nom, des mains de zouave dans des culottes sororales, des bonnes sœurs en porte-jarretelles évaluant entre deux doigts courbés le calibre d'amants formidables. Les cierges ont des formes explicitement phalliques. Les dames ont des aisselles fournies, des bouches à faire des pipes, des langues fureteuses. Dans l'ombre d'un confessionnal, deux jolies pécheresses se cambrent et tendant des croupes affolantes. Les ecclésiastiques ont d'hypocrites érections. Les statues de saints se penchent sur le décolleté d'Esmeralda. Des Bretonnes en coiffes du pays bigouden mangent la meilleure partie du Christ sans passer par le miracle de l'Eucharistie. Le saint calice est un pot de chambre. Des sexes féminins, béants, ornent des pierres tombales. Les veuves ne portent pas de culottes. C'est le monde de Lafleur poussé à son extrême logique. Toutes les autorités y sont bafouées. La mort même est ridiculisée. Rien ne résiste à la magnifique flamboyance de la truculence trouillesque.
Clovis Trouille a perdu une jeune enfant. Ce drame, comme celui, immense, de la guerre, lui fera faire des oeuvres étranges, oniriques, peuplées de fantômes et de châteaux hantés où règne bizarrement une tendresse indicible pour la chère disparue. Derrière l'apparence d'anti-conformisme, derrière un anarchisme que d'aucuns jugeront presque convenu, la peinture de Clovis Trouille trahit ce qu'on nommait alors un grand nerveux, un être hyper-sensible et angoissé. Les peintures iconoclastes (apparentement terrible, dirait le Canard enchaîné !) sont l'expression de cette angoisse fondamentale, constitutive. Certains anciens combattants sont devenus croix de feu. Clovis Trouille sait qu'il n'y a rien de sacré ni de respectable dans l'holocauste. Il sait d'instinct que la mort est une mocheté, un truc dégueulasse et pas supportable. Il n'a pas besoin qu'on lui fasse un dessin. Alors, lui, il fait de la peinture. Pour exorciser sa peur. Pour tuer ce temps qui nous tue aussi.

La violée du vaisseau fantôme est attachée à un rocher, dans une sorte de paysage faussement hamlétien. Elle porte des sous-vêtements violets, lesquels s'harmonisent avec l'aurore boréale qui drape un ciel jaune et vert. Clovis Trouille a horreur d'expliciter ses toiles, il dit sobrement : "Au premier plan, la fille qui a été violée par tout l'équipage." Ce viol-là est évidemment un pur phantasme masculin. L'image est explicite. La victime n'a pas subi de vraie violence : au contraire, elle a connu un inoubliable orgasme. Il n'y a pas de souffrance dans cette toile, mais la mise en scène tendrement sadique de la contrainte acceptée. Cela rejoint l'Attache-moi en rouge et vert du cinéaste espagnol Pedro Almodovar.
Clovis Trouille ignore les demi-teintes. Il peint en super-technicolor, en couleurs majeures. Ses oeuvres ressemblent à de l'art forain mais elles ont la saveur des choses intimes, à la fois éblouissantes et secrètes.
A soixante ans, Clovis Trouille reçoit la médaille du travail. Il est resté trente-cinq ans comme décorateur-vérificateur dans la société Pierre Imans qui fabriquait des mannequins de cire. Il n'a jamais souhaité vivre de sa peinture, persuadé alors qu'il y perdrait son âme et prostituerait son art. En revanche, il a beaucoup échangé.
De même que Madame Brassens-mère n'aimait guère les chansons paillardes de son fils, la seconde épouse de Clovis Trouille souhaitait que son mari cherche une inspiration moins gauloise, plus policée. En vérité la peinture immédiatement figurative, peuplée de sujets qui n'en sont pas dans l'imagerie conventionnelle : guillotine, vampires, marquis libertins, ânes turgescents... faisait peur à la compagne de cet homme tranquille néanmoins habité par des démons parfaitement reconnaissables. La grande force de Trouille est là, et elle signe sa picarditude : le Ça freudien n'y est guère travesti. Demeurent des bulles de barbarie et de paganisme qui remontent de la tourbe de nos étangs profonds mais qui ne sont... que des étangs. Il n'y a là ni sortilège, ni magie, ni besoin de messes noires ou d'exorcismes. Il n'y a que l'Homme qui se collète, selon un variable bonheur, avec sa propre condition.
Clovis Trouille est de cette cohorte d'hommes simples, primaires (c'est-à-dire dotés d'un bagage intellectuel qu'on disait primaire), qui font - ce qu'un prof de philo de mes enfants nommait avec condescendance - de la métaphysique de bazar : dire que chacun est pris dans le blockhaus de sa propre conscience, par exemple. Schopenhauer l'avait dit auparavant mais voilà bien un philosophe nordique, donc, de fort mauvais goût.
Comme on ne cesse de redécouvrir Rabelais, La Fontaine ou Hugo, on ne cessera de redécouvrir Clovis Trouille, peintre lumineusement évident parce que totalement, volontairement, indécrottablement figuratif, rétinien, physique.
Clovis Trouille est un grand coloriste. Il ne recule devant rien et il a raison. C'est pourquoi ses oeuvres passent si bien en noir et blanc.
Il paraît que sa toile Le Bateau ivre représentant un canot pneumatique (Ni Dieu ni Maître !) rempli d'anarchistes des deux sexes en goguette sur un océan déchaîné tandis que coule le navire de l'establishment, il paraît que cette toile donc est au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris.
La première exposition particulière de Clovis Trouille eut lieu en 1963 et sur invitations par crainte du scandale.

Voilà des années que je réclame une grande exposition Clovis Trouille en Picardie et, pourquoi pas au Musée d'Amiens où Clovis Trouille fut élève aux Beaux-Arts.
Je continue à prétendre que Clovis Trouille est à lui seul l'expression de l'aspect le plus populaire et le plus truculent de l'âme picarde. A ce titre, il mérite cent fois non pas d'être réhabilité mais d'être enfin reconnu et connu chez lui. Clovis Trouille est un véritable laïou, un de ces dynamiteurs paisibles dont le nord de la France est étonnamment fécond.

Qui aura enfin le courage, l'audace, la force d'organiser une exposition Clovis Trouille d'envergure ?

Cela n'a l'air de rien, mais la peinture souffre de la censure plus que tout autre art. Il y a 10 ans, le Prince Murat a tenté de réaliser au Château de Nointel dans l'Oise une exposition permanente d'œuvres érotiques contemporaines. Cela s'est soldé par un échec.
J'ai eu à subir personnellement des interdictions, des censures, des marques d'ostracisme y compris au Salon de l'Érotisme de 1988 à l'Espace Austerlitz à Paris.









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  10
23-02-06
à 06:31

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Very nice blog!
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  10
23-02-06
à 06:31

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