Lu sur
CMAQ :
"Samedi, 29 mai, Guadalajara (durant la nuit).
Je vous fais parvenir un résumé rapide des évènements de la journée de vendredi et de cette nuit (samedi). Vous comprendrez par la gravité des évènements que mon article ne présente pas une revue générale de toutes les actions ayant marqués ces dernières heures. En ce moment, on compte plus d’une centaine de prisonnierEs politiques (considéréEs “disparuEs” par les organisations de droits humains, puisque la police se refuse toujours à divulguer qui est détenu, et à quel endroit), et une canadienne de 19 ans fut gravement blessée. Nous sommes sans nouvelle d’elle. Je vous remercie d’avance de toute pression que vous pourrez exercer pour aider au cas de cette jeune femme, et pour appuyer la centaine de prisonnierEs politiques. La situation est très tendue ici.
La manifestation de vendredi fut marquée par de violents affrontements avec la police. Gaz à profusion, matraquage, lances à eau, poursuite dans le centre ville, persécution d’activistes dans leurs déplacements, etc. Nous étions environ 6 000 (ou plus, selon les sources), de toutes tendances politiques, à participer à une longue marche qui a abouti près de la zone du Sommet officiel. À noter la présence d’un immense contingent anarchiste d’environ, selon moi, 500 personnes.
Les affrontements ont commencé rapidement, un groupe a réussi à défaire une barrière. Le contingent anarchiste est resté en position pour défendre le reste de la marche contre l’arrivée des anti-émeute. La situation est devenue vite préoccupante, de nombreux blesséEs à cause de l’abus flagrant des policiers, et de nombreuses arrestations. La violation des droits humains fut épouvantable (ça fait dramatique, mais c’est quand même ça).
Lors des évènements, une jeune québécoise du nom Lalou Desperrier Roux fut gravement blessée et dû attendre longtemps avant d’avoir accès à des soins médicaux. Elle fut emmenée à la Croix Rouge, et depuis nous sommes presque sans nouvelle d’elle. Des représentantEs de droits humains tentent depuis le début de la soirée d’entrer en contact avec elle, mais sans succès. Des policiers et des anti-émeute gardent l’hôpital. On a refusé systématiquement de fournir tout bilan de santé de la jeune fille (violation flagrante de droits humains). Une représentante de droits humains a pu la serrer dans ses bras le temps de 2 secondes, et est revenue ici, au campement, avec la chemise tachée de sang. Lalou saigne beaucoup, mais semble calme (elle fut vue durant quelques secondes à peine). Nous ne savons pas si elle parle bien español. Le bruit court qu’elle a aussi souffert d’une comotion cérébrale. Nous ne savons pas si elle recoit les soins médicaux adéquat.
Les choses ne vont donc pas à merveilles ici.
Lors de leur retour à leurs campements, plusieurs activistes furent interpelléEs et emmenéEs en prison. La police a littéralement assiégé la ville, contrôle toute personne passant dans les rues du centre ville, et procède à des arrestations (les rues sont vides, les gens ont peur). Les personnes qui purent rejoindre leur campement sont condamnées à l’intérieur et ne peuvent sortir. Il y a en ce moment deux campements. Le premier est dans un parc, avec la majeure partie des collectifs libertaires : je ne connais pas bien la situation de ce campement, l’information filtrant via quelques personnes faisant la navette en taxi. On sait cependant qu’à cette heure (4 heures du matin) tout est relativement sécuritaire, tant que personne ne sorte du parc. Je vous écris de l’autre campement (lequel accueille des anars, et des gens de partout au Mexique, ainsi que le centre de médias alternatifs). Ici, dans l’édifice que nous occupons, personne ne sort et nous sommes barricadéEs. La police nous vigile et des infiltrateurs ont tenté d’entrer à au moins une fois. Nous tentons de communiquer le plus possible entre les deux campements, mais les choses sont difficiles. Il est 4 heures du matin et tout le monde s’affaire à préparer la journée de demain.
Je continue... Les informations sont arrivées au compte goutte: au moins 98 détenuEs, et au moins 15 blesséEs (à l’hôpital, et qui ont aussi des charges judiciaires). Les policiers refusent de donner les noms des personnes arrêtées: les associations de droits humains parlent donc de “disparuEs” et non de “détenuEs” (politiquement, c’est très grave). Nous essayons à l’aide de listes de définir qui manque à l’appel. Les policiers refusent de donner quelqu’information que ce soit (le nom des victimes et des détenuEs, l’état des victimes ou les charges retenues). Nous savons cependant qu’au moins 5 (ou 9) ne seront pas libérés, puisqu’ils cumulent plus de 5 charges, dont des délits fédéraux. Pour ces personnes, les policiers parlent de 5 ans de prison. On vient d’apprendre qu’il y aurait 9 étrangerEs détenuEs, et donc en voie à la déportation. Plusieurs personnes n’ayant pas participé à la marche furent détenues alors qu’elles marchaient dans les rues de la ville après la manifestation. Personne n’a été libéré.
Puisque plusieurs corps policiers participaient à la répression, les activistes arrêtéEs sont diperséEs dans 5 prisons différentes.
Les autorités ont dit vouloir dialoguer avec nous, et libérer les prisonnierEs (sauf les plus “graves”) à 7 heures demain matin si nous quittons tous et toutes la ville à cette heure, et si nous payons les frais des bris ayant eu lieu lors de la manifestation (plusieurs vitrines de banque et d’entreprises étrangères). Ce ne sera sûrement pas un traité accepté.
Des pressions politiques ont commencé : le gros cas est pour le moment celui de Lalou, cette québécoise blessée gravement.
En résumé, les violations des droits humains sont ici, à Guadalajara, littéralement effrayantes. La couverture des médias est affreuse. Nous espérons que du Québec, vous pourrez faire les pressions nécessaires pour diffuser de l’information concernant les évènements. En ce qui a trait au cas de Lalou, la situation est délicate et l’ambassade (ou le conulat de Montréal) doivent recevoir des pressions le plus rapidement possible.
Je dois quitter la ville demain, et donc ne pense pas pouvoir participer aux actions d’appui qui auront lieu (ni envoyer de résumé). Pour celles et ceux qui lisent l’espagnol, je vous transmets les coordonnées des sites qui suivent les évènements.
liens:
www.kloakas.com/aire,
www.otromayoguadalajara.org et
http://guadalajara.mediosindependientes.org