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Lu sur CQFD : "Bribes de conversations entendues dans les locaux de CQFD : « Seb imprime la nouvelle maquette cet après-midi, pour voir. On a toujours pas le devis pour la quadrichromie. Et il est où Arraitz ? T’as vu, ça chie à Mayotte, on en reparle dans le prochain ? Anatole a fait l’affiche pour le concert. Iffik s’occupe de la salle, non ? Merde, le courrier sur mai 68 n’est toujours pas parti… On en est où avec l’ami Fontenelle et sa chronique ? Le manuscrit sur les commissions ouvrières de Barcelone est chez Lole, elle nous le rend corrigé le 5. Mais… On n’avait pas choisi Barcelone clandestine comme titre ? Ça fait trop guide coquin ? C’est vrai… Aurel ne rappelle pas, il vient pas ou quoi ? Nous sommes invités à Montpellier, Grenoble et Rennes, qui y va ? Broussaille fait son billet sur l’Afghanistan. Marie ne pourra pas être là demain. Moi non plus, je suis convoqué à l’ANPE. Les travailleurs saisonniers ont gagné en référé, faut leur faire de la place, non ? Y a Court-circuit qui réclame les prochains titres du Chien rouge pour le catalogue. »
« Hou, ça commence à sentir le travail, ici ! », soupire le camarade Lucas. En tout cas, ça ne renifle pas le salariat ! Le problème, avec la critique sociale, c’est qu’on y met le bout du tarbouif et elle vous prend toute la tête. Un bon conseiller en entreprise nous dirait de lâcher l’affaire. Si ta boîte n’est pas viable au bout de trois ans, change de secteur, coco ! Ici, après 55 numéros, un hors-série sur la commune d’Oaxaca et bientôt six titres aux éditions du Chien rouge, nous sommes restés chômeurs et précaires tels qu’au premier jour. Ce malgré les trois mille abonnés et les trois mille exemplaires écoulés en kiosques. Pour chiader un numéro, il faut au moins une trentaine d’âmes dévouées qui mettent la main au clavier, à la maquette, au pinceau, au dico, à la gazinière et à la pêche aux infos. La poignée de « permanents » marseillais jongle entre contrat d’avenir [sic] ou contrat d’accompagnement dans l’emploi [re-sic] et les Assedic. Pour les autres, et notamment les rédacteurs réguliers ainsi que les dessinateurs, c’est nibe ! Par contre, on gère notre CCP en bon père de famille : loyer, EDF, imprimeurs et transporteurs sont payés rubis sur l’ongle. Et pas l’ombre d’une ardoise Cofinoga traînant derrière notre canapé rouge déglingué. Du coup, on espère bien réussir un jour prochain à lâcher quelque oseille aux galériens du bénévolat. Et même aux derniers venus, puisque nous nous sommes payé le luxe « d’embaucher » de nouveaux chroniqueurs ! En attendant, courage et patience.
Si nous nous entêtons à inventer le journal que nous avons envie de lire, c’est d’abord pour le plaisir. Et aussi parce qu’il est en lui-même une petite victoire, en ces temps de perte d’autonomie généralisée. Si nous tenons, c’est bien que nous sommes chez nous et que nous n’avons de compte à rendre à personne, si ce n’est à nous-mêmes (et à Pierrot, notre comptable, qui nous engueule avec tendresse quand on dilapide en anisette). Au sein de la rédac, nous fonctionnons de façon collégiale, non hiérarchique : ça prend du temps, mais sans ça nous préférerions tout lâcher et aller claquer notre royal RMI au soleil, encore plus au Sud.
Remercions-nous donc chaleureusement les uns les autres de faire vivre cette belle aventure collective, sans pub, sans chef, sans banquier ni parti politique pour la chaperonner. Et surtout, ne cédons pas aux sirènes péteuses du « réalisme » !
L’équipe de CQFD