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Lu sur Indymédia Paris : "Qu'elle soit considérée comme coupable, pécheresse, ou même simplement intime ou secrète, nous avons tous été détournés, plus ou moins violemment, de la pratique masturbatoire, par nos parents, proches, amis, ennemis, curés, professeurs… Et pourtant tous autant qu'ils sont s'adonnent aux joies solitaires (surtout les professeurs, n'en doutez pas). Car la masturbation est naturelle et sa répression culturelle. Onân qui, dans la Bible, fut désigné comme l'inventeur de la chose, fut maudit puis assassiné par Dieu lui même (le bougre). Cet héritage religieux se réutilise selon les époques : tantôt faute à confesser, tantôt danger médical, tantôt autodestruction psychique, l'onanisme (la masturbation) est considéré comme une pratique déshonorante, inavouable et inavouée. Mais, me direz-vous, POURQUOI DONC ?
Parce que notre société, et avec elle nos parents, nos écoles, nos professeurs (encore eux !), se construit sur la répression des pulsions naturelles, en les détournant pour les utiliser à d'autres fins que la satisfaction individuelle. Ils font partie intégrante d'un système où tout doit avec une utilité sociale. Pourtant, me direz-vous encore avec votre air filou : pas de risque de désaccord entre le producteur et le consommateur ! Hehe ! Certes, mais la masturbation est avant tout un geste gratuit dans un monde où « tout à un prix » : le masturbateur est exclu car il est un improductif social.
Mais ce n'est pas tout, car notre ami masturbateur est également un solitaire intéressé par son seul plaisir, et c'est ce qui fait de son geste un acte dérangeant pour la société. En privilégiant une jouissance individuelle et sans portée « sociale », il refuse de se soumettre aux normes sexuelles de la société : à savoir le plaisir réduit au simple contact d'organes génitaux, dans une histoire hétérosexuelle, monogame, qui vise à fonder une famille, un foyer, etc… Les philosophes cyniques du IVème siècle avant Jésus-Christ se sont dressés (si l'on peut dire !) contre cette logique de culpabilisation et de répression inhérente à la société : en se masturbant publiquement. Car en réalité, pour la société, l'énergie sexuelle de chacun ne doit pas réjouir deux individus libres et consentants, mais viser à la fabrication de la famille : cellule de base de la communauté. En bref, la masturbation est une activité asociale, individuelle, antiproductive pour le groupe. Elle signifie la réappropriation de soi par soi, et redonne son sens de « gratuité » au plaisir sexuel. Voilà pourquoi le masturbateur est l'ennemi déclaré des Eglises et des Etats. Dans son geste, il tourne le dos aux machines sociales consommatrices et dévoreuses d'énergie individuelle.
L'Ecole (la notre par exemple) est le reflet d'une société où la liberté individuelle est troquée contre l'assignation à une identité collective. Celle du « groupe », celle qui fait les guerres, celle qui tue l'originalité et la créativité, celle qui étrangle la vie. Une société qui enseigne aux hommes qu'il est plus facile d'obéir et de s'abandonner aux machines sociales plutôt que d'être face à une liberté jugée angoissante parce que sans objet. L'Ecole participe à ce projet (ce complot ! n'ayons pas peur des mots) qui norme les individus pour les « socialiser », pour les adapter à la « vie d'aujourd'hui », en faisant appel au « réalisme de notre monde » et en broyant littéralement la liberté de chacun afin de l'assimiler à un système qu'il ne remettra jamais en question. L'Ecole reproduit les méthodes de la société et adopte le même comportement envers les individus : le contrôle, la surveillance, le quadrillage systématique de leur vie. Quadrillage de l'espace : par l'architecture de type « panoptique » qui vise à ne pas perdre l'élève de vue (bureaux des différents membres de l'administration dispersés dans l'Ecole). Quadrillage des journées, des années : par les emplois du temps. Avec l'abscisse du lieu occupé par votre classe (salles numérotées), et l'ordonnée du moment de la journée (découpage des heures), on obtient la possibilité d'un croisement qui informe en permanence l'Autorité (l'administration) du lieu où vous vous trouvez.
Enfin, l'Ecole adopte les lois de cette société et les impose aux individus. Il est vrai que les textes de loi français reconnaissent légalement et juridiquement la possibilité d'un droit de refus ou d'insurrection (art 21) : « Lorsque le gouvernement viole la liberté, la résistance est le plus sacré des devoirs ». Mais la loi ne précise pas qu'il est interdit de refuser la morale bourgeoise dominante, surtout si ce refus se manifeste sans porter atteinte à autrui (c'est pas le genre de la loi ça). Alors, qu'attendons-nous ? …
Pour l'auto-émancipation cérébrale et sexuelle : collégiens, lycéens, professeurs du monde entier… MASTURBEZ-VOUS !