Lu sur
L'interdit : "Il flotte dans l'air comme un parfum de monde neuf...Depuis quelques années, les lieux alternatifs à la vie "boulot-vacances-boulot-dépression" refont surface.
Sous des appellations telles écovillages, collectifs ou communautés, ils intéressent un nombre grandissant de gens.J'ai eu envie d'aller voir ce qui se vit au quotidien dans ces bases d'expérimentation pour une société différente. Me voici donc sur la route, lestée de mon sac à dos, à la rencontre de ces lieux de vie , à la découverte des dynamiques et personnes qui les peuplent.
Ma première étape, c'est l'écommune libre de la Valette, pas trop loin d'Alès, aux portes des Cévennes.
Le décor est enchanteur et mystérieux, assez incroyable pour une personne issue comme moi des régions hyper peuplées et urbanisées de Belgique.
La "vieille Valette" est un village complètement déserté depuis trente ans et où un groupe de confession libertaire a établi un squatt en 1992.
Le village est niché sur le dessus d'une vallée également abandonnée (car anciennement minière), propriété de l'ONF (Office national des Forêts), ou la nature a repris ses droits sur le travail de défrichage et de cultures en terrasses dont les traces sont encore bien visibles.
Mon séjour à la Valette coïncidait avec la semaine du "Festivalette". Etaient annoncés dans le programme chantiers, concerts, débats, performances, prix libres. Ce qui offrait l'occasion d'un vaste rassemblement à dominante punk avec chiens, tatouages, anneaux dans le corps, camions aménagés et cheveux colorés. En même temps, s'étaient aussi donné rendez-vous dans les rues sinueuses et poussiéreuses du village une population que je qualifierais d'"écolo-post-hippie".
Les moments forts du festival furent, en vrac : la nuit de pleine lune et son ambiance électrique, les apéros déguisés au son de l'accordéon chaque soir, la famille Turis et son théâtre trash-interactif, l'initiation à la sculpture sur pierre qui déclencha beaucoup d'enthousiasme, la musique punk destroy pour se casser la voix et une foule d'autres moments trop longs à détailler.
Autonomie
Plongeons-nous maintenant dans ce qui constitue le quotidien et l'armature de ce lieu.
Le maître-mot de la Valette, c'est l'autonomie.
Par rapport à d'autres projets qui se débattent dans les méandres du financement et de la survie économique, les gens de la Valette sont étonnamment libres : de par leur statut de squatt, ils n'ont de comptes à rendre à personne pour avoir le droit d'habiter. Leurs conditions d'existence dépendent seulement de l'équilibre établi entre le seuil de besoins et l'énergie qu'ils sont prêts à dépenser pour aménager leur quotidien.
A l'heure actuelle, on peut d'ailleurs observer que, comme dans la plupart des squatts, elles sont assez rudimentaires. L'objectif final de l'aménagement est néanmoins bien de devenir autonomes quant à leur production alimentaire et énergétique.
Sur le plan de l'électricité, ils atteignent actuellement l'autoproduction totale grâce à des panneaux solaires et un groupe électrogène pour les périodes de grosse demande, ainsi qu'à une réduction de leurs besoins.
Les plus gros boulots auxquels ils s'attellent pour l'instant sont la reconstruction du village et le défrichement des terrasses qui sont ensuite mises en culture.
L'autonomie est très présente aussi dans le fonctionnement du groupe.
Tout est possible, tout peut se dire et il semble y avoir très peu de règles profondément instaurées.
Cette grande liberté induit une part d'instabilité et de violence dans les rapports : pour faire entendre sa voix et influer le cours des choses, il faut pouvoir gueuler suffisamment fort.
Les habitants de la Valette ont crée un terme : ils se définissent comme ARTICULTEURS. Ainsi, l'expression artistique constitue un des autres points forts du lieu. La production est particulièrement riche et variée avec beaucoup de théâtre, de la peinture, de la sculpture sur pierre, de la musique, de la danse, du chant...
Un dernier élément remarquable de ce projet . le collectif est ouvert à tous, particulièrement à des gens qui ne trouvent pas leur place ailleurs.
L'occasion de relancer certains échoués dans des voies sans issue de l'existence sur des chemins plus constructifs, mais également la porte ouverte aux glandeurs et colporteurs de zizanie. Cet aspect constitue sans doute une des zones douloureuses et houleuses pour le groupe. La gestion du collectif incluant des personnes en "décalage" intense représente ainsi un frein dans la construction du projet.
En partant de la Valette, je garde dans la tête l'image de tout le boulot réalisé par ce groupe acharné, bruyant et plutôt bordélique... mais aussi qu'il n'est point de réponse simple pour s'organiser collectivement et réinventer le quotidien.
En guise de conclusion, un petit mot pour ceux qui veulent "s'engager" (madre dios, voilà que je tombe dans le vocabulaire militaire). Vous qui avez de l'énergie et de l'imagination en réserve, n'hésitez plus à amener votre contribution : y'a du boulot pour construire les alternatives !
Pas de chômage ici et tant qu'on y croit, de la place pour tous.
Rencontres
Quelques rencontres au hasard du festival, dont j'ai trouvé intéressant de relater le message ou l'expérience...
Vlada, l'homme en blanc et au drôle de chapeau de l'An 01, qui se nourrit de plantes sauvages comestibles et défend avec passion le principe d'habitat auto-construit et autonome.
Il vous fourre sous le nez ses bouquins et textes photocopiés sur "la maison d'urgence à 500F ou 2527F" (selon votre situation) ou "guide de l'autoconstruction".
Là-dedans, vous trouverez toutes les infos pour vous bâtir vous-même une maison autonome en énergie, utilisant les ressources du lieu et recyclant les déchets de ses habitants.
L'idée qui motive ce mouvement est simple mais en béton (eh eh, joli paradoxe!) : pour ceux qui se sentent mal dans le système industriel, consumériste et rendant l'homme passif face à son environnement, bâtissez-en un autre parallèle, apprenez à vivre par vous-même et le système s'écroulera faute de gens pour le faire tourner... et vous vivrez sans plus devoir vous soumettre à ces règles qui vous paraissent injustes, barbares et insensées.
Pour plus d'informations concernant l'auto-construction et l'habitat autonome, contacter : rêve-évolution, 51 rue dieu lumière, 51100 Reims.
Luc cultive seul une parcelle de terre qu'il a rachetée à peu de sous dans les Pyrénées... le travail est dur mais avec le RMI et ses productions, il s'en sort.
La route la plus proche est à 45 minutes de marche à pied et donc les ânes et chevaux ont repris du service pour le transport de vivres et de matériel.
Les gens du village voisin ont également mis sur pied un groupement d'achat bio, ce qui permet d'acheter les aliments non produits sur place de qualité et à prix raisonnable.
Il cherche des gens motivés pour l'accompagner dans son boulot agricole...
Nadine voyage depuis un peu plus d'un an (par intermittence) avec son petit sac à dos, au gré des rencontres ou expériences intérieures isolée dans la nature .
Elle suit les appels de son cœur pour avancer.
Son expérience solitaire est un pied de nez à ceux qui veulent empêcher les nanas de voyager seules sous prétexte qu'elles s'exposent à coup sûr au viol et aux agressions sexuelles!
Malvira