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Exploitation politique de la douleur
Exploiter la douleur d'une femme à des fins politiques est odieux. Le victimisme est tombé bien bas, il ne respecte plus rien, surtout pas la douleur des femmes pour servir ses intérêts, un peu de pudeur ! Voici le texte paru sur Indymédia Paris  à propos de Marie Trintignant :

"Aux sombres héros, battteurs de femmes Qui ont su traverser les océans du vide et restés impunis A la mémoire de Marie (Trintignant) qui lutte pour sa vie Dont les sanglots si longs faisaient couler l'acide Lorsque tout projecteur éteint, sans l'ombre d'un témoin Elle subissait dans l'ombre, sans un mot, par honte ou par "amour", Les injures, les insultes, les menaces verbales entrecoupées de fleurs à la Noir Désir Un jour pourtant, un coup, un seul lui fut fatal.

Au Canada, on appelle ça la violence conjugale. On forme les policiers et la société à la reconnaitre. Encore aujourd'hui. Ci-dessous, une lettre aux députés qui tombe à pic !

Madame la députée,

Monsieur le député,

Comme vous, je suis sous le choc du triple meurtre commis ce matin à Otterburn Park. Une autre famille québécoise rayée de la carte par la violence conjugale. Comme vous sans doute, je me demande comment éviter la répétition de tels crimes.

Il me semble que le fait d'être autant à avoir les mêmes pensées ce soir pourrait donner lieu à une stratégie collective, un plan d'action aussi pragmatique que possible où vous et vos collègues reliriez les mémoires déposés depuis plus de 15 ans par des associations de maisons d'hébergement et conviendriez en groupe de travail non partisan d'objectifs et d' échéanciers pour mettre en ouvre les mesures les plus efficaces.

Il me semble que notre gouvernement a les ressources financières pour valider le vécu des personnes menacées et y sensibiliser leur collectivité, repérer sans délai les situations à haut risque et repriser le filet de sécurité qui permet à des femmes et à des enfants menacées de se retrouver sans ressources face à un homme violent et armé. Notre culture collective de solidarité, axée sur la corvée, nous en donne l'esprit, le désir et les moyens.

Inutile de chercher midi à quatorze heures, le déblayage est fait. Il y a des années que les intervenantes en violence conjugale vous rappellent les besoins essentiels à combler pour que des femmes et des enfants qui sont littéralement en danger de mort ne se heurtent plus à des refuges débordés, acculés à la faillite par des restrictions gouvernementales injustifiables, à une absence de logements à prix abordables, à un régime d'aide sociale de plus en plus implacable à leur égard.

Au même moment, on voit l'État québécois se prêter, sous la pression d'un lobby qui sacralise les « droits du Père » à une déjudiciarisation de facto des attentats conjugaux, malgré un risque de récidive extrêmement élevé. Faute d'être reconnus comme tels, on voit ainsi des criminels d'habitude conserver une autorité parentale et le « droit » de harceler leurs victimes malgré leurs antécédents. C'est une situation que risque d'aggraver la réforme imminente de la loi fédérale sur le divorce en supprimant la possibilité même d'obtenir la garde de ses enfants pour une femme agressée qui tente d'échapper à son tortionnaire*.

Ces problèmes systémiques ont été maintes fois soulignés au gouvernement québécois par le mouvement des femmes. Quand ces intervenantes seront-elles enfin entendues ? Combien faudra-t-il sacrifier d'autres familles ?

En 2002 uniquement, 30 Québécoises ont été tuées par un conjoint, un ex-conjoint ou un membre de leur famille et 5 enfants ont été tués par leur père ou le nouveau conjoint de leur mère. Depuis 13 ans et demie où notre organisme tient ces statistiques, ce ne sont pas moins de 705 femmes et enfants qui ont été ainsi abattues.** N'est-il pas temps qu'une série de drames aussi systématique fasse l'objet, pour le moins, d'une campagne nationale de dénonciation et de prévention, d'un chantier collectif de recherche et de mise en ouvre de solutions ?

J'ai la conviction que nous pouvons confronter les assassins dans leurs justifications, mettre leurs victimes à l'abri de la violence familiale et transformer une culture masculiniste qui banalise la possessivité et la violence.

Je vous invite à y réfléchir ce soir et quand surviendront de prochains drames, qui n'ont vraiment rien d'inexplicable ou d'inévitable. Parlez-en à vos collègues, s'il vous plaît. Prenez position au caucus ou au Cabinet.

S'il vous plaît.

Martin Dufresne, Secrétaire Collectif masculin contre le sexisme

* Projet de loi C-22, www.anfd.ca ** http://sisyphe.levillage.org/article.php3 ?id_article=130

Lorelei "

Voici la réponse que Farida à publié sur Indymédia Paris :

"Suite à un message lu sur le site je ne peux m'empêcher de réagir contre le risque de récupération qu'il risque d'être de fait au sujet de Marie Trintignant .Je trouve ce message infecte de récupération et pourtant je suis très sensible à la violence faite aux femmes .

Une tendance toute anglo -saxonne s'impose d'une manière incidieuse en France . Cette tendance consiste pour les associations (en général pas les plus à gauche !mais cela arrive parfois !) à exploiter jusqu'à la corde des faits divers bien juteux d'émotions . Ensuite de quoi cette exploitation est relayée en lobbying auprès des pouvoirs publics lesquel s'empressent de légiférer bien à droite pendant que l'émotion est encore chaude . Le modèle le plus abouti de ce procédé a été celui de la république de Weimar vérolée par un faisceau d'associations qui par leur multiplicité ont morcelé le pays et fait disparaitre pour longtemps et dangereusement la notion de l'intèrêt général .En France cela a réellement démarré avec l'alibi de la violence routière .

Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas . Je suis toute autant sensible que les âmes bien- pensantes à la violence de toute sorte , et aux victimes qui la subissent . Mais je suis également une rationnelle et la justice ne peut en aucun cas se faire au coup par coup selon l'émotion à la mode .

Ce n'est d'ailleurs pas Marie Trintignant, pour qui j'ai une rélle affection , qui dira le contraire . Je suis peinée , très peinée par ce qui vient de lui arriver mais de grâce ne tirons pas de plan sur la comète : Marie n'apprécierait sans doute pas . S'il s' avère qu'en effet , elle a été victime de violence commise au sein de son couple : ne vous substituez pas à la justice même avec de bons sentiments . Quant à Bertrand Cantat , je tiens à dire au risque de choquer qu'il a le droit comme tout justiciable de bénéficier de la présomption d'innocence certes mais aussi d'un procès serein à l'abri de toute exploitation médiatico-émotionnelle qui tienne compte de toutes les circonstances même de sa souffrance .

Cantat reste et restera quoiqu'il ait fait (ou pas fait ) un artiste de qualité . Je tiens à préciser pour lever tout malentendu que de part mon métier je suis très souvent amenée à venir en aide aux femmes victimes de violence conjugales : je suis bien placée donc pour savoir qu'en la matière il faut savoir rester objectif , impartial , ce qui n'empêche pas de souhaiter de faire avancer les choses .

Farida , avec une rélle compassion pour la famille Trintignant ."

La violence masculine n' a aucune excuse et aucun homme ne doit user de violence. Nous apportons tout notre soutien à celles qui en sont victimes.
L'exploitation politique de la douleur des femmes est odieuse.

Ecrit par libertad, à 14:06 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  Anonyme
31-07-03
à 18:06


Sauf que le chanteur de noir désir à lui aussi, bien souvent juger les autres et prononcer des sentences!!! Ne te souviens tu pas?

Ses prises de positions contre la violence se retourne maintenant contre lui mais sinon il reste un artiste de qualité... Si tu veux!
Répondre à ce commentaire

  Jean-Claude Englebert
06-08-03
à 00:37

Exploitation de la douleur des femmes

Farida, ne serait-ce le contexte, qui n'est pas rigolo-rigolo, je dirais que ce que tu as écrit est génial de subtilité, de sensibilité et de profondeur d'analyse.
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