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Les animaux sont-ils des personnes ?

Lu sur CMAQ : "ILS NE LE DISENT PAS, MAIS ILS VEULENT VIVRE. Les animaux sont-ils des personnes ? Pour Gary Francione, les animaux sont conscients de leur propre existence. Et celle-ci doit être protégée dans tous les cas. Plus de chasse, donc, mais plus d'élevages non plus, ni de zoos, de courses, de cirques. De nombreuses personnes estiment que les animaux n'ont absolument aucun droit. Récusant l'idée qu'ils puissent être doués de raison ou de conscience, Kant pensait que les animaux étaient des "instruments" méritant la protection des hommes au seul bénéfice des relations humaines. Jeremy Bentham [philosophe britannique (1748-1832), l'un des pères de l'utilitarisme] avait une approche différente. "Le jour viendra peut-être où le reste de la création animale obtiendra ces droits que seule la main de la tyrannie a pu lui refuser. Les Français ont déjà découvert que la couleur de la peau ne justifie en rien l'abandon sans recours d'un être humain aux caprices de son bourreau... Un cheval ou un chien adulte sont, indéniablement, des animaux bien plus rationnels, mais aussi bien plus loquaces qu'un nourrisson d'un jour, d'une semaine ou même d'un mois. Et, s'il en était autrement, qu'est-ce que cela changerait ? La question n'est pas : peuvent-ils penser, ni peuvent-ils parler, mais : peuvent-ils souffrir ?"

Les défenseurs de la cause animale se divisent en deux courants. Certains insistent sur la protection du bien-être des animaux, d'autres défendent les droits de l'animal. Les premiers militent pour la création de lois destinées à interdire toute cruauté envers les animaux et à leur offrir des traitements plus humains. Les champions des droits de l'animal, eux, s'opposent à toute forme d'"exploitation" des animaux par les hommes. Ils s'appuient sur le principe kantien qui veut que les êtres humains soient traités comme des fins et non comme des moyens, et ils transposent cette idée aux animaux afin de remettre en cause un grand éventail de pratiques, soit l'utilisation des animaux dans les rodéos, les cirques, les zoos, l'agriculture, la chasse et même les expériences scientifiques.

L'Américain Gary Francione, avocat et professeur de droit, a consacré une grande partie de sa carrière à la protection des animaux. Il défend non seulement leur bien-être, mais également leurs droits. Sa lutte vise principalement à empêcher toute souffrance animale inutile. De nombreux défenseurs des droits de l'animal s'appuient sur les capacités cognitives des animaux pour étayer leurs thèses - en rappelant, par exemple, que les chimpanzés peuvent apprendre le langage des signes, ou en démontrant l'intelligence des chiens et des chevaux. Francione considère la preuve cognitive comme très intéressante, mais inutile, voire déplacée. D'après lui, seule la capacité de souffrance est importante.

Le problème ne réside pas dans nos engagements moraux, précise-t-il, mais dans nos actes. Francione est convaincu que nos agissements envers les animaux sont en complète inadéquation avec nos convictions. Son propos est de montrer à quel point nos mentalités actuelles doivent changer pour simplement empêcher ces souffrances inutiles auxquelles nous prétendons nous opposer. Nous ne devrions jamais "infliger des souffrances à des animaux pour notre seul plaisir, notre divertissement ou des raisons pratiques", c'est-à-dire que nous ne devrions pas chasser les animaux, les tuer pour leur fourrure ou leur cuir, ni les manger. Francione est également hostile à l'utilisation et à l'exploitation animales, non seulement dans les rodéos, mais aussi dans les cirques, les carnavals, les courses et les zoos.

C'est pourtant, selon lui, l'agriculture, c'est-à-dire l'utilisation des animaux à des fins alimentaires, qui représente la plus grande source de violence. Sur les 8 milliards d'animaux tués pour leur viande chaque année, une grande partie naît dans des "fermes usines" où "les animaux sont élevés dans les espaces les plus petits possibles avec les moyens les moins onéreux". Rien de tout cela ne serait nécessaire. Invoquant les recommandations du ministère de l'Agriculture et de l'Association américaine de diététique, Francione prône "un régime entièrement végétarien, associé à des compléments de vitamine B12", régime largement suffisant pour assurer une excellente santé aux êtres humains. Quand il s'agit de nourriture, le conflit entre les intérêts des animaux et ceux des hommes n'a pas lieu d'être. La souffrance animale pourrait ainsi être évitée sans compromettre gravement les intérêts humains.

Si Francione accorde quelque crédit à l'opinion répandue selon laquelle la recherche scientifique sur des animaux apportent des bénéfices indispensables aux êtres humains, il conclut que de sérieux problèmes existent malgré tout. Entre autres arguments, il avance que "l'utilisation des animaux dans la recherche biochimique n'est ni plus cruelle, ni plus aliénante, ni moins industrielle que l'agriculture intensive ou l'exploitation des animaux sauvages". Les chercheurs ne font aucun effort pour réduire les tourments et les souffrances infligés aux animaux, soutient-il. Bien sûr, de nombreuses lois motivées par le bien-être des animaux tendent à bannir toute cruauté à leur égard. Certaines sont même très fermes. Francione ne l'ignore pas, mais ces lois n'ont pourtant aucun intérêt à ses yeux. Certains domaines, tels l'abattage des animaux à des fins alimentaires, la chasse ou les expériences scientifiques, sont en effet explicitement au-dessus des lois, et ce malgré de nombreux abus. Les tribunaux interprètent en outre les textes de manière restrictive, en accordant le bénéfice du doute à l'accusé chaque fois qu'un être humain est soupçonné d'avoir traité un animal avec cruauté. Pis, ces lois sont rarement mises en application, car seuls les procureurs publics peuvent les faire appliquer ; or leurs budgets sont serrés et ils rechignent à mettre leurs maigres moyens au service de la protection des animaux. Puisque les gens ordinaires ne peuvent intenter un procès pour protéger les animaux, et que ceux-ci n'ont pas droit à une représentation légale, l'application de ces lois est au mieux rarissime. C'est un point central. Si l'on autorisait les êtres humains à faire des procès au nom des animaux, les lois existantes auraient plus de poids qu'aujourd'hui.

Les arguments de Francione deviennent là plus ambitieux. Selon lui, "l'échec de la justice en matière de bien-être animal n'est pas surprenant. Si l'animal est une propriété, peut-il être considéré autrement que comme un produit de consommation ? Comment alors mesurer ou évaluer les intérêts d'un animal au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer une efficacité maximale de ce pour quoi il est exploité ?" A l'idée selon laquelle les animaux sont des possessions Francione voudrait substituer un "principe de respect égalitaire [equal consideration] ". Non pas que "les animaux doivent être traités comme les humains", ou que nous devions "abandonner l'idée que, dans les situations d'extrême urgence ou de conflit, quand la nécessité l'impose, les intérêts humains passent avant ceux des animaux". Les animaux ne peuvent simplement pas être traités comme de simples "objets". Au même titre que les êtres humains, ils possèdent une valeur intrinsèque.

Francione va encore plus loin en affirmant que le principe de respect égalitaire signifie que les animaux doivent être considérés comme des "personnes". Bien entendu, il ne va pas jusqu'à dire que les animaux doivent être assujettis à la loi, ou "qu'il faille leur accorder le droit de vote, le droit de passer le permis de conduire ou de posséder un bien immobilier, ou encore d'aller à l'université... Mais, de même que nous pensons que les humains ne doivent pas être exploités comme esclaves ou être la propriété de quiconque, les animaux ne devraient pas souffrir de l'exploitation à des fins personnelles." C'est ici que Francione s'engage sur le terrain du combat des droits de l'animal et non plus simplement de son bien-être.

Selon Jeremy Bentham, tant que les êtres humains minimisent la souffrance animale, il est acceptable de tuer les animaux et de les manger. N'étant pas conscients, ils ne savent pas qu'ils vont mourir et être mangés : ils n'en souffrent donc pas. Le célèbre philosophe utilitariste (et partisan du bien-être des animaux) Peter Singer se situe dans la continuité de Bentham. Il ne nie pas que les animaux doivent être protégés des mauvais traitements, mais il pense également que la plupart d'entre eux sont dénués de conscience et de désirs et ne se projettent pas dans le long terme. Ce qui est important, pense-t-il, ce sont leurs souffrances et leurs plaisirs, pas la continuation de leur existence. D'après les conclusions de Singer, il est acceptable d'un point de vue éthique de manger des animaux à condition que ces derniers "aient une existence plaisante dans un groupe social adapté à leurs besoins naturels et qu'ils soient ensuite tués rapidement et sans douleur". Francione conteste avec virulence ce point de vue. Selon lui, les animaux sont très sensibles à ce qui leur arrive, ils sont conscients de leur individualité et, en vertu de cette sensibilité, ils ont un certain "intérêt" à continuer à vivre.

Le principe de respect égalitaire cherche ainsi à dépasser le cadre utilitariste. Francione pense que les animaux ne doivent pas être utilisés pour le seul bénéfice des humains, même si ces gains peuvent être considérables. Pour lui, tout comme les hommes, les animaux doivent avoir des droits qui opèrent comme des "garde-fous" contre d'autres intérêts. Le droit d'être traité comme une fin et non comme un moyen devrait leur garantir de ne pas être exploités, même si les conséquences de cette exploitation peuvent présenter divers avantages. Si nous condamnons l'esclavage humain, en toute logique, il nous faudrait condamner son équivalent animal. Francione passe trop vite sur ce point. Les enfants ne sont certainement pas des esclaves et ils n'appartiennent à personne ; or les adultes ont le droit légal et moral, dans une certaine limite, de restreindre leurs choix. Si aucun homme n'a de droits équivalents sur autrui, c'est que le libre arbitre est essentiel au bien-être conscient des adultes. Bien sûr, les animaux devraient pouvoir faire certains choix. Mais ce libre arbitre - où aller, que faire, quand et quoi manger - est-il tellement essentiel au bien-être conscient des lévriers, des chevaux et des chats ? C'est moins évident. Il est sage d'autoriser les êtres humains à empêcher ces animaux de faire des choix qui pourraient mettre en danger leur propre bien-être. Mais cela ne signifie pas non plus qu'ils peuvent contrôler le comportement des animaux à leur guise. Nous devons limiter leurs souffrances, mais aussi leur offrir des vies décentes ; c'est-à-dire, dans la majorité des cas, les laisser en paix. L'obligation de les considérer comme des fins, et non comme des objets, n'implique pas nécessairement d'offrir une liberté de choix illimitée à tous les animaux.


Cass R. Sunstein

Courrier International
05/04/2001, Numéro 544

http://www.coactions.net/
Comité d'actions pour les animaux

Ecrit par libertad, à 11:38 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Lanarko
25-07-03
à 19:11

Plein le cul !

Ouais, je commence à en avoir plein le cul des articles "végétaristes". Je ne demande pas à ce que le problème soit occulté mais un tel épiphénomène n'a pas, selon moi à prendre une telle place...d'autant plus vu le bas niveau des argumentaires...Sur celui, la thèse, en gros, de l'auteur est que les animaux, ressentant la douleur, ne doivent pas être exposé à des souffrances inutiles et donc être mangé. Il propose en substitut le végétarisme bien sûr. Parce que les plantes n'ont pas de système sensitif elles ? Je voudrais bien voir ça ! A partir du moment où elles ont un système sensitif, on peut raisonnablement présumer qu'elles ressentent la douleur (et on n'a pas besoin d'avoir une conscience de soi pour cela). A partir de là, faut plus leur faire mal, alors fini : la salade, la tondeuse, etc... J'exagère mais vous êtes qui pour juger que certaines formes de vie méritent plus que d'autres de ne pas souffrir ? Je m'en doute : si on considère que douleur = manifestation extérieures perceptible par l'homme alors oui, seuls les animaux souffrent.
Enfin, perso, j'aime la viande et la salade et ya quoi ? Je fais quoi pour manger ? Je me regarde le nombril et je m'écoute disserter ? Non, je dis pas que le système actuel est satisfaisant mais le végétarisme est un extrémisme stupide.
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  libertad
25-07-03
à 19:33

Re: Plein le cul !

Allez Lanarko juste une salade, c'est bon pour la santé.

Je ne suis pas végétarien mais je trouve à cette argumentation le mérite de poser des questions intéressantes à l'étudier sur le fond. D'autre part le végétarianisme a toujours été un des courants de l'anarchisme et même le végétalisme : voir les contributions de Butaud et les foyers végétaliens. Ce courant de pensée se trouve repris aujourd'hui par l'anti-spécisme et les vegan, il a tout à fait sa place ici. Et puis personne ne t'oblige à être végétarien Lanarko :-)

Quand il y aura un article sur le naturisme, ce ne sera pas pour que tu te mettes à poil ! ;-) si tu n'en as pas envie !

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  MwanaMuke
26-07-03
à 15:45

Re: Re: Plein le cul !

Moi aussi j'ai quelques doutes sur le fait d'octroyer des droits aux animaux, ne fut-ce que pour le coté pratique de l'exercice de leurs droits. Un enfant ou un malade mental sera représenté par un tuteur pour exercer ses droits. Va-t-on désigner des personnes spécifiques qui représenteraient les animaux ? Y compris les animaux qui n'appartiennent à personne comme les animaux sauvages ? Ou alors on fait deux catégories d'animaux: les animaux domestiques et les sauvages avec seuls les premiers qui auraient des droits. Et ils auraient des droits, mais pas de devoirs ? Bizarre. Ou alors on en revient aux procès des chiens et des vaches du moyen-age...

Pour la salade, je ne sais pas, mais je sais par contre qu'il y a un courant écologiste qui veut doter les arbres de droits pour lutter contre la pollution et la déforestation...

Je suis très sceptique quand même.

 

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  libertad
27-07-03
à 00:23

Re: Re: Re: Plein le cul !

MwanaMuke j'espère qu'un partisan de cette thèse viendra répondre car je la donne plus pour information. Mais je crois que les législations protègent déjà (imparfaitement ) les animaux domestiques ( lois que font appliquer les Sociétés protectrices des animaux ) donc on leur reconnait des droits. Bien sur les animaux ne peuvent revendiquer ces droits eux-mêmes. La différence entre animaux et humains n'est pas si grande avec les singes en particulier : patrimoine génétique quasi identique, organisation sociale pas très différente, avec un problème qui m'amuse beaucoup et qui montre notre ethnocentisme : on essait tout le temps de faire apprendre aux singes le langage des signes ou d'autres langages humains mais aucun scientifique ne songe à aprendre la langue des singes, pourtant on pourrait imaginer un(e)ethnologue allant vivre chez les singes et parlant leur langage, à mon avis il ou elle reviendrait avec une étude qui nous remettrait pas mal en cause nous et notre "supériorité".

Enfin je l'ai dit, je ne suis pas végétarien mais je conseille à tout amateur de viande d'aller visiter un abatoir et après de manger un bon steack, à mon avis il lui restera sur l'estomac, comme à moi, donc pas de quoi se vanter :-) l'homme moderne mange de la viande parce qu'il n'a plus besoin de tuer pour le faire et qu'il ne sait même plus d'où vient la viande.

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  Lanarko
27-07-03
à 09:27

Re: Re: Re: Re: Plein le cul !

Pour information, en France, les animaux ne disposent pas de droits en tant que sujets de droits (cad en tant qu'être pouvant exercer ses droits de manière autonome) mais en tant qu'objets de droit (cad en tant que choses). Les lois sur la protection de l'animal, sa dignité, etc... ont été votées sous pression de lobby et ne rentre absolument pas dans le cadre juridique classique des animaux. Pour conclure, non, les animaux n'ont pas de droits propres mais seulement des droits attachés à une chose : droit de propriété....

Et pour te répondre Libertad, même si j'admets m'être emporté, tu n'as pas répondu aux arguments que j'ai avancé contre la thèse végétariste....
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  libertad
28-07-03
à 10:06

Re: Re: Re: Re: Re: Plein le cul !

Lanarko je ne met pas sur le site que des textes avec lesquels je suis d'accord à 100% ni pour lesquels j'ai une argumentation pour défendre le point de vue donné. Je pense que des végétariens seraient plus aptes à le faire. Non sur l'En Dehors il y a des textes qui concernent le mouvement anar et qui peuvent préter à débat,mais les végétariens sont peut-être en vacances, car ils ou elles ne disent rien ;-)
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  Shninkel
28-07-03
à 19:18

mouais...

Reproche t'on au lion de tuer sauvagement l'antilope et de la devorer ensuite? ou au chat de tuer l'oiseau, non pas pour le manger mais pour jouer?
L'homme est un animal homnivore a ce qu'il me semble, il mange des animaux et des vegetaux. L'evolution l'as fait ainsi, et c'est ainsi qu'il a put s'en sortir. Certes faire souffrir inutilement des animaux est cruel et stupide, les enfermer dans des zoo egalement(quoi que parfois ce soit la seulle solution trouvée pour preserver l'espece) mais avant d'en arriver a se poser ce genre de questions, l'etre humain a d'abord due s'occuper de sa pomme.
Quand les droit humains seront respectés il sera temps de s'occuper de faire respecter ceux des animaux. On en est encore loin je pense.
Il me parait evident que les animaux souffrent et qu'il faut le leur eviter. L'elevage et l'equarissage industriel sont des choses horribles que l'on pourait facilement ameliorer. Mais pour cela, je ne crois pas que ce soit des droits des animaux qu'il faille, plutot une mise a bas du systeme de profit et de rentabilite maximal(une p'tite revolution ? ;) ). Je suis persuadé que les problemes ecologiques(et donc animaliers) se resoudront tout seuls une fois les problemes humains reglés.
Quand au animaux de laboratoires, c'est triste a dire mais, c'est un moindre mal. Serait-je encore la, seriez vous encore la, si ils n'etait pas sacrifiés??? A choisir entre sacrifier des souris(qui sont quand meme l'immensse majorité des cobayes, avec les drosophiles) et laisser mourir des etres humains, il n'y a pas a reflechir.
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  Anar 73
01-08-03
à 15:01

STOOOOOOOOOOOOOOOOOOP

Arretez tout ces débats de merde.
Mangez de l'humain, c'est délicieux quand c'est bien cuisiné.
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  Anonyme
01-08-03
à 23:31

Re: STOOOOOOOOOOOOOOOOOOP

C'est bien vrai (mais faut aimer le cochon).
Perso c'est bien grillé sur un lit de pommes de terre frites.
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  Jean Delpech
04-08-03
à 04:44

Re: Plein le cul !

Je me permets quelques précisions, de peur que le débat ne s’égare. Je ne suis pas d’accord avec le texte précédent, pourtant il part d’une réflexion qui offre au débat végétariens/pas-végétarien une possibilité d’apaisement. En effet, j’ai toujours été étonné de la passion, voire de la violence, qui émergeait des débats à ce sujet. J’ai vu des végétariens poursuivre de leurs assauts haineux tous les barbares criminels amateurs de steak, autant que j’ai vu ces derniers se livrer ardemment à toutes les vexations possibles contre ces végétariens pour qui ils n’ont que dédains, considérant comme un caprice leurs fantaisies alimentaires ; chacun se promettant une rééducation forcée. Je ne sais quels enjeux identitaires profonds se jouent autour de la manière de se nourrir, mais ça à l’air intense…

Il me semble que l’on est là en face d’un l’une des limites que pose la pensée rationaliste absolutiste « à l’occidentale ». C'est-à-dire que beaucoup croient (les végétariens n’y sont pas étrangers) qu’il y a une vérité définitive sur la manière de se nourrir. La question n’est plus « est-ce que j’apporte plus de bonheur ou moins de souffrance en ne mangeant pas de viande ? » mais « Est-ce que j’ai raison ou non (dans l’absolu) ? ». La Raison permettant en théorie (sic) de mettre à jour la Vérité Absolue, chacun revêt ses atours de grand inquisiteur pour fustiger l’inanité des arguments d’en face, et regrette tout bas que Dieu étant mort, il n’y a plus d’enfer pour y précipiter ces hérétiques.

Par exemple, lorsque l’on envisage de s’en remettre aux cognitivistes pour savoir si telle ou telle espèce est douée de conscience, c’est que l’on sous-entend qu’une fois que sera scientifiquement établie l’existence d’une telle conscience, le végétarisme deviendra alors une réelle obligation morale, indiscutable.
Je suis absolument d’accord pour dire que ce n’est pas la bonne façon d’aborder le problème. Considérer les animaux comme des êtres sensibles et se positionner par rapport à eux du point de vue de la souffrance qu’on leur inflige selon nos actes et nos choix de vie correspond au passage de la morale à l’éthique.

Le véganisme repose essentiellement sur la remise en question de l’idée de nature. Il s’agit alors de considérer les individus avant l’espèce ou le genre ou tout autre sorte de catégorisation artificielle. Je suis Jean avant d’être un homme, et Marguerite est Marguerite avant d’être une vache. La question n’est plus celle des êtres humains qui mangent de la viande, mais de se poser chacun d’entre nous comme individu, en relation avec d’autres être sensibles particuliers. La massification des moyens de production à tous les niveaux (alimentaire, mais également culturel, et oui, la culture est produite de nos jours, tout se consomme) tend à estomper cette position de sujet responsable et potentiellement conscient de chacun des liens qu’il tisse et entretien avec son entourage. Je pense donc qu’il faut envisager le végétarisme comme un choix de chacun qui prend telle et telle responsabilité vis-à-vis des souffrances induite à d’autres être sensibles. Il ne s’agit plus d’une vérité absolue, il faudrait que les végétariens cessent donc de considérer les viandards comme des charognards et des assassins, et que les omnivores cessent de se sentir menacés dès qu’ils pique-niquent avec des bouffeurs de salade.

A partir de là, je trouve particulièrement déplacé de faire appel au droit. Le droit interroge une justification qui n’a rien à voir avec les choix personnels. Le droit fait référence à un grand arbitre, un tiers qui a Raison, totalement étranger à la démarche végétarienne comme je l’envisage. Tout comme en tant qu’individualiste je ne lui reconnais aucune autorité en ce qui concerne toutes les relations que j’établis avec l’univers qui m’entoure. Le droit a bien sûr quelque intérêt technique, mais je rejette tout ça au niveau de la gestion sociale. Et ce n’est pas à ma petite personne de faire un choix de société !

Lanarko, si je n’ai pas répondu à tes arguments, c’est qu’ils me semblent assez obscurs. Je ne comprends pas à quoi tu fais allusion quand tu parles du système sensitif des plantes. Bon, c’est un argument assez courant : « C’est pas parce que t’entend pas crier la salade quand tu la cueilles qu’elle souffre pas … » Admettons. Mais justement chacun place la barre où il veut ! Il n’existe pas de limite absolue, scientifique, sur ce qui peut se manger ou pas. La notion d’être sensible dans l’éthique est fortement développé par exemple dans les religions indiennes qui font appel à la notion d’Ahimsa (non-violence) : Jaïnisme, Bouddhisme…
Les Jaïns sont des extrémistes : ils filtrent l’eau qu’ils boivent, ils n’absorbent rien qui ne leur soient donné, etc. Ils se plient aux contraintes qu’ils s’imposent eux-mêmes, ils n’emmerdent personne, personne les emmerde, et ça dure depuis des siècles. Une autre solution est d’implorer l’esprit de la salade, mais je vais pas te parler de paganisme, en général les anars qui n’aiment pas les végétariens n’aiment pas qu’on leur parle de religion non plus ;op.

Enfin, je ne comprend pas non plus quand tu dis : « perso, j'aime la viande et la salade et ya quoi ? Je fais quoi pour manger ? Je me regarde le nombril et je m'écoute disserter ? » Je répondrai simplement qu’alors c’est toi qui te poses des questions ! Le végétarien, lui, a fait son choix !
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  Anonyme
14-11-04
à 13:41

Re: Re: Plein le cul !

ghvcfhfccf
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  Anonyme
14-11-04
à 13:49

Rien n’est impossible, il existe le dialogue ;-)
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