Lu sur
Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur : "Le
12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations
judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre
le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a
tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et
d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt
loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17,
21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute
évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le
bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier,
situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les
hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité
enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé
partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les
réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le
matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence
illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses
codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence
d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits,
il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait.
Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost
est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté
d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la
veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à
Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite
« sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations
guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt.
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