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L'En Dehors


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Voter ?
--> Élisée Reclus - Lettre à Jean Grave
Hummmm........un texte de circonstance n’est-il pas ? Ancien, et pourtant encore si actuel. Et d’ailleurs, pourquoi n’ai-je pas été voter (pour les régionales comme pour les autres) ?



Le vote dans un système démocratique représentatif, c’est donner un chèque en blanc à des personnes de telle façon qu’elles puissent décider à notre place durant un temps déterminé. La désignation de ces mandatés ne se fait pas en fonction de décisions prises en commun à l’issue d’un débat, avec pour devoir de mettre en application ces mêmes décisions, mais sur de vagues programmes sensés pouvoir répondre aux "attentes des électeurs". Qui plus est, ces mandatés ne sont révocables à aucun moment de leurs mandats sinon à l’issue de la période de ceux-ci. Malgré les bons sentiments et l’intégrité qui peuvent caractériser certains élus, ils n’en deviennent pas moins membres d’une certaine classe "aristocratique" bénéficiant d’une aura et donc d’une sorte de supériorité sur les "autres", les électeurs. Comment n’en serait-il pas autrement alors que c’est le système capitaliste lui-même qui en quelque sorte sépare intentionellement les décideurs-experts politiques du peuple-mouton. Les élus entrent, parfois malgré eux dans les arcanes du pouvoir, dont celui de suivre le plus aveuglément possible, les décisions déjà prise dans l’intérêt des "tireurs de ficelle" de l’économie toute puissante. Les frondeurs sont rares, et pour cause, car leur situation est bien incertaine alors, et surtout fort inconfortable.

En élisant des gens sensés nous "représenter", nous ne faisons que porter le coup décisif à notre impuissance. Nous systématisons nos irresponsabilités.

De plus, le "corps politique" se professionnalise, se sépare de plus en plus des aspirations de vie de la population, et surtout de son besoin de débattre, de laisser libre cours à l’imagination qui voudrait mettre toujours plus en adéquation la société humaine avec se qui nous semble important dans nos vie : nos subsistances, nos libertés, nos places dans la communauté, la reconnaissance pour chacun(e), le droit d’avoir le temps de vivre selon son rythme et ses désirs (non "ses" envies). Or, ces gens qui prétendent parler à notre place, ne le font que sur des sujets imposés, sensés être ceux qui nous préoccupent, mais qui préoccupent surtout en fait le système dont ils se font les serviteurs zélés. Alors NON ! Je n’irai pas voter ! Merde à ce système irrespectueux de la vie et des êtres dans leur diversité et leur désir de vie.

Je préfère "voter" tous les jours, par la pensée et par l’action. N’hésitons pas à provoquer l’illégitimation de ce pouvoir impuissant par notre abstention. Regardez ce malaise qui les habitent lorsqu’ils ne sont élus qu’avec moins de 50% des inscrits. Jouissif ! Le capitalisme, les multinationales, ont besoin de ce pouvoir illusoire, alors sapons les bases de ce système en refusant de nous soumettre à leurs règles. Il y a mieux à faire que de servir de chair à voter, que de faire perdurer la croyance en des changements par des voies impossibles et illusoires. Le seul et vrai pouvoir, la seule et vraie puissance, c’est nous, AGISSONS !

Voici d’ailleurs un bel exemple local de la mascarade électoraliste qui promet tant avant pour mieux gérer en fonction de certains intérêts.....après (source : CURC22) :

"Gérard YVE, délégué régional GdF-Suez, a rencontré le Maire de Ploufragan fin février 2010 et a annoncé qu’un accord était intervenu entre BORLOO, ministre de l’écologie et de l’énergie, et MESTRALLET, PDG de GdF-Suez, pour une centrale de pointe à Ploufragan mais que compte tenu de l’opposition au premier projet, il a été convenu en haut lieu d’attendre que les élections régionales soient passées pour sortir le 2ème projet. Bref, attendre que le temps des discours de campagne trompeurs soit passé, pour dévoiler les intentions véritables après le 21 mars : belle preuve de courage politique !"

Edifiant !

Et maintenant, parole à Elisée Reclus :

Élisée Reclus - Lettre à Jean Grave

 

Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.

Compagnons,

Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage.

Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.

Je vous salue de tout cœur, compagnons.

Élisée Reclus.

écologie sociale en Armor


Ecrit par libertaria22, à 22:00 dans la rubrique "Actualité".



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