L'En Dehors

Noël, dans un ultime soubresaut, les dépriméEs, les essoufléEs et les zombies rassemblent leurs forces pour rendre grâce au cadavre qui leur a rendu la mort si douce ; du haut de sa croix, jésus.

Noël est la célébration ultime de notre impuissance à vivre, de notre incapacité à exprimer notre lassitude de cette répétition de gestes futiles et pauvres ; déambuler dans les rayons comme des ombres qui se rassemblent pour un culte mortifère, se mettre à la recherche de marchandises de plastique et de toc pour tenter de combler le vide d'existences sacrifiées.

Noël, c'est aussi le moment où l'on s'oblige à d'insupportables politesses envers celles et ceux que l'on ignore le reste de l'année. L'hypocrisie est de mise, il s'agit de briller par une générosité aussi forcée que repoussante. Ce système qui nous divise et nous oppose par tous les moyens, voudrait nous faire croire qu'il nous aime ; mon dieu que les marchandEs sont affables !

Dans une société où le suicide est une des seules alternatives,

Où la religion tient pour idôle un cadavre,

Où le bonheur se paie à la caisse et s'avale avec un verre d'eau,

Où l'amour est une obligation,

Dans une société où tout est mensonge et illusion, il n'y a pas de place pour l'intelligence, il n'y a pas de liberté, il n'y a pas de désir.

Tout comme on promet une sécurité sociale et une retraite à celles et ceux qui vendent leur vie à des patrons, on promet le paradis à celles et ceux qui offrent lascivement leurs cervelles flasques aux saillies des barbus, patiarches, curés, prêtes, rabbins, imams, papas, popes ou maris.

Toujours de la même manière, les marchandEs, prêtes du culte de la marchandise, promettent, par le biais de leur liturgie publicitaire, le bonheur à celles et ceux qui consommeront leurs produits et leurs chimères.

Sur tous les tableaux, il n'y a que mensonge et frustation. A chaque fois que la conscience de cette misérable situation refait surface et réclame du sens, une existence véritable ou tout simplement la fin de cet esclavage, on la noie avec des prières, des cadeaux et du travail.

Les romains tenaient leur peuple en misère avec du pain et des jeux.

Les marchands ont obtenu des terres amérindiennes contre quelques caisses de gadgets, de verroterie et de l'alcool.

Les techniques n'ont pas changé, le monde libre expire.

Le père noël est un voleur au service des marchandEs ; il vole la confiance des enfants.

Quand les enfants trahis, frustrés par le mensonge barbu se trouvent face à ce vide existentiel, ils n'ont plus qu'à le combler vainement à coups de marchandises...

...produites par des lutins magiques.