Purin d'ortie et phytosanitaires naturels quasiment interdits ! La loi "méprisée"...
Lu sur
les mots ont un sens:
"Comment simplifier les procédures d'autorisation de produits phytosanitaires naturels ? Après deux ans et demi de réflexion, le gouvernement a courageusement tranché... en les interdisant (ou presque) ! Exit les purins d'ortie de mémé, vive le Roundup !
Tout débute en décembre 2005,
avec le vote de la loi d'orientation agricole (LOA) qui excluait
quasiment la plupart des produits naturels de la liste des
phytosanitaires (herbicides, insecticides...) autorisés en France. Exit
les purins d'ortie de mémé, vive le Roundup ! L'urgence ordonnée par le
gouvernement, le décret était publié à peine deux semaines après le
vote du Sénat. La République était en danger, il fallait sévir. Et vite
!
Quelques mois plus tard, les inspecteurs de la répression des
fraudes perquisitionnaient le domicile d'Eric Petiot, un dangereux
horticulteur qui avait commis des livres aux titres aussi sulfureux et
subversifs que "Les soins naturels aux arbres", dans lesquels
il refilait ses bons tuyaux sur la confection de décoctions naturelles
pour soigner ses carrés de légumes : purin d'ortie, préparations à base
de fougères, pissenlits, sureau... Des recettes ancestrales qui font
leurs preuves depuis que l'homme a découvert la binette.
Soigner les plantes par les plantes... illégal !
Les remèdes de mémé hors-la-loi ? Scandale ! Devant l'émoi suscité
dans la population, sénateurs et députés ont voté dans l'urgence un
amendement à la loi sur l'eau de décembre 2006. Celui-ci proposait de
corriger la LOA afin de permettre - et surtout de simplifier -
l'autorisation de commercialisation et d'utilisation des remèdes
naturels, dits "Préparations Naturelles Peu Préoccupantes" (PNPP). Ouf ! On a eu chaud. Sauf que le décret vient d'être publié, le 25 juin 2009, au journal officiel. Après deux ans et demi de réflexion...
Un décret qui contredit l'esprit de la loi
Et au final, il dit quoi, ce décret ? Principalement que les PNPP doivent "avoir fait l'objet d'une procédure d'inscription sur la liste communautaire des substances actives" et "ne pas avoir fait l'objet d'une décision de refus".
En clair, il faut larguer entre 100 000 et 300 000 euros et attendre
trois ans avant d'être (éventuellement) autorisé à broyer de l'ortie,
de la prêle, de la consoude, de la fougère... Procédure renouvelable
tous les dix ans. Totalement irréaliste ! D'ailleurs, l'Institut
technique de l'agriculture biologique a tenté sa chance au petit jeu
des "procédures d'inscription sur la liste communautaire des substances
actives". Juste pour voir... Résultat : deux ans de boulot, 80000 euros
de frais... et toujours aucune nouvelle d'une éventuelle inscription !
Tout cela en pure perte puisque les recettes appartenant au domaine
public, elles ne sont pas brevetables.
"Blocage évident"
L'association pour la promotion des produits naturels peu préoccupants (ASPRO-PNPP) déclare qu'"au lieu de faciliter les procédures, ce texte crée un blocage évident". Selon l'association, l'esprit de l'amendement "voté
par les législateurs des deux Assemblées en décembre 2006 puis
réaffirmé au Sénat dans le cadre de la Loi grenelle I en janvier
dernier, est méprisé". Et jeté aux orties ?
par Napakatbra
Voir aussi le communiqué de l'ASPRO-PNPP.
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")