17 décembre: solidarité internationale avec les grévistes de Gate Gourmet Dusseldorf
Depuis le 7 octobre 2005, plus de 70 salariés de la société Gate Gourmet de l’aéroport de Düsseldorf, en Allemagne, sont en grève. Gate Gourmet est la deuxième compagnie internationale de catering (restauration) dans le secteur aérien. L’entreprise a des filiales dans le monde entier comme en témoigne son site :
http://www.gategourmet.com/797/798/835.asp
En août 2005 une grève importante s’est déroulée à l’aéroport
d’Heathrow à Londres. Gate Gourmet a essayé d’imposer une détérioration
des conditions de travail. Quand les salariés se sont réunis, la
direction les a enfermés afin de les obliger à signer de nouveaux
contrats de travail. Malgré la pression, les travailleurs de Gate
Gourmet à Heathrow ont refusé. La direction a réagi en licenciant
l’ensemble des 670 salariés. Elle n’imaginait pas que le personnel au
sol de British Airways se mettrait en grève et paralyserait ainsi tout
l’aéroport. Pendant deux jours la situation a été chaotique : British
Airways a dû annuler tous ses vols : des dizaines de milliers de
passagers se sont retrouvés coincés à Heathrow. Cette action de
solidarité importante a attiré l’attention des syndicats et de la
gauche. Les travailleurs d’un secteur aux conditions de travail
précaires se sont mis en grève et ont développé une force et un pouvoir
inattendus.
Malheureusement, nous sommes encore loin de ce type de situation en
Allemagne. Il semble que la direction de Gate Gourmet attaque ses
salariés de la même façon partout, mais pour le moment les employés de
Gate Gourmet à l’aéroport de Düsseldorf sont les seuls à riposter à
cette agression, du moins parmi ses filiales en Allemagne.
Officiellement, la grève porte sur le contenu de la convention
collective. Depuis que Gate Gourmet a acheté la société de catering il
y a trois ans, il n’y a eu aucune augmentation de salaire. La direction
veut désormais augmenter l’horaire hebdomadaire de 38,5 à 40 heures ;
supprimer 5 des 30 jours de vacances annuels ; réduire la majoration
des heures de nuit, comme des heures travaillées le dimanche et les
jours fériés, et elle veut imposer une plus grande flexibilité des
horaires. Face à ces mesures, le syndicat NGG a demandé une
augmentation de 4,5 % et, quand les négociations ont échoué, il a
appelé à la grève.
S’il s’agissait seulement d’une petite augmentation de salaire, la
grève n’aurait pas grand sens, pour les deux parties concernées. Depuis
le 7 octobre, les ouvriers ont déjà perdu davantage d’argent avec leur
grève que ce qu’ils pourraient éventuellement gagner. Pour eux, il ne
s’agit pas seulement d’argent : ils protestent aussi contre leurs
conditions de travail qui se sont détériorées depuis que leur
entreprise a été rachetée par Gate Gourmet, ils s’opposent à
l’augmentation des cadences et à une atmosphère de travail devenue
insupportable. Les chefs ne leur témoignent aucun respect tout en
exigeant d’eux un rythme de travail toujours plus rapide. La banderole
qui surmonte la tente du piquet de grève ne comporte qu’un seul mot :
DIGNITE. Les travailleurs savent parfaitement que, s’ils perdent ce
conflit, ils devront supporter toutes sortes de pressions et
d’humiliations de la part de l’encadrement.
D’un autre côté, l’attitude intraitable de l’entreprise vis-à-vis des
grévistes lui coûte cher. Chaque jour, elle est obligée de débourser de
l’argent pour payer des jaunes protégés par des vigiles et des
dispositifs de sécurité supplémentaires.
Pour Gate Gourmet, cela coûterait sans doute moins cher d’accepter
l’augmentation de salaire réclamée par les grévistes. Mais il semble
évident que la direction souhaite absolument briser ces travailleurs
audacieux qui ont le courage de résister, quoi qu’il leur en côute. Si
elle gagne ce combat, elle pourra imposer de nouvelles conditions dans
d’autres filiales, et c’est ce que nous devons empêcher…
Les travailleurs en lutte sont déterminés et solidaires. Ils
proviennent de différents pays : plus de la moitié d’entre eux ne sont
pas nés en Allemagne, un tiers sont des femmes. La majorité des
salariés travaillent dans l’entreprise depuis longtemps, certains
depuis la création même de l’entreprise, il y a seize ans. Ils se
connaissent bien et ont appris à encore mieux s’apprécier depuis qu’ils
participent ensemble au piquet de grève. S’ils sont très solidaires
entre eux, ils sont quand même isolés dans le pays.
D’autres filiales de Gate Gourmet en Allemagne ont envoyé des messages
de solidarité, mais les salariés de ces filiales continuent à
travailler. Parfois même (notamment à Francfort) ils jouent les jaunes
ou conditionnent la nourriture pour remplacer celle perdue à cause de
la grève. De plus, l’entreprise a embauché des intérimaires pour faire
le travail à Düsseldorf.
Ainsi, Gate Gourmet réussit plus ou moins à ravitailler les avions et à
satisfaire les clients. Une seule fois, les grévistes ont essayé de
bloquer les camions qui roulaient vers les pistes. L’action était
risquée car elle se situait dans le périmètre de l’aéroport, zone
sensible où la police se mobilise immédiatement. Le 18 novembre, un
groupe de 70 personnes a bloqué les portes pendant une heure. Cette
action a redonné le moral aux grévistes, mais elle ne suffit pas, bien
sûr, à faire capituler une multinationale.
Pour le moment, des actions de solidarité ont été organisées à
Hambourg, Francfort et Zürich (en Suisse) pour informer les
travailleurs de Gate Gourmet dans ces villes de la grève à Düsseldorf
et pour discuter de leurs conditions de travail.
Après avoir ignoré la grève pendant des semaines, pensant sans doute
que les travailleurs allaient être démoralisés, Gate Gourmet a entamé
des négociations au début du mois de décembre. Le 7 décembre, le
syndicat et les représentants de l’entreprise sont arrivés à un accord.
Certes, cet accord ne remettait plus en cause le nombre d’heures
travaillées ni le nombre de jours de congé, mais beaucoup de grévistes
pensaient qu’il n’améliorait pas assez leurs conditions de travail et
n’avaient pas confiance dans la direction : ils voulaient qu’elle
s’engage à ne licencier aucun gréviste pendant les trois années du
contrat . D’autres considéraient que, vu la pugnacité de leur
adversaire (la multinationale Texas Pacific Group, propriétaire de Gate
Gourmet), ils ne pouvaient attendre davantage de concessions de sa
part. De toute façon, avant même que les salariés aient pu voter pour
savoir s’ils acceptaient ou non l’accord, la direction européenne de
Gate Gourmet est revenue sur l’accord, moins de 24 heures plus tard.
Les travailleurs sont encore plus déterminés à continuer la grève. Un
certain mécontentement est même apparu chez les jaunes, étant qu’ils
espéraient que l’accord aurait mis un terme au conflit.
Pour soutenir les grévistes de Gate Gourmet à Düsseldorf nous appelons à une journée d’action le 17 décembre.
Si Gate Gourmet a une filiale dans votre ville vous pouvez intervenir
auprès de ses salariés ou sinon informer les passagers dans tous les
aéroports sur la situation des grévistes.
Wildcat (Allemagne)
et Comités de soutien aux grévistes de Gate Gourmet
Pour tout contact
koeln@wildcat-www.de