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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Qui tient la plume et qui remplit l’encrier ?
Il est intéressant de voir dans le "débat" engagé sur le site de l’en dehors l’intensité des réactions épidermiques face à la question de l’anonymat des écrits dits politiques.

 

Tout d’abord deux précisions :

 

- de nombreux penseurs révolutionnaires de toutes tendances ont écrit en leur nom propre et n’ont pas pour autant cherché à faire une carrière éditoriale ou mondaine ; il n’y a donc pas de lien automatique entre le dévoilement de l’identité d’un auteur et son ascension sociale dans la société capitaliste ; il s’agit d’avoir et de respecter certains principes politiques élémentaires et de refuser toute une série de compromis, d’invitations, de portraits personnels (dans Libé par exemple...), de refuser de répondre à des questions sur sa vie privée, de refuser de participer à n’importe quelle émission avec n’importe qui (je pense à Krivine présent dans la même émission que Soral par exemple), etc. Et si l’on est publié par une maison d’édition d’une certaine taille les pressions sont très fortes sur l’auteur. A lui ou à elle de montrer s’il tient à ses principes ou à l’augmentation de son compte en banque...

 

- les groupes qui veulent vraiment protéger l’anonymat des militants qui écrivent des articles ou des brochures pour eux y arrivent parfaitement. Et j’en connais de nombreux exemples. Evidemment cela suppose d’éditer soi-même ces textes, d’en contrôler la diffusion et de ne pas confier ses écrits à une maison d’édition qui a besoin des médias, de l’exposition au grand jour pour exister.

 

Mais dans l’affaire qui nous occupe, je crois que l’hypersensibilité par rapport à la question des auteurs de "L’Insurrection qui vient" (non pas de leur identité précise, mais du fait qu’un livre soit tout simplement écrit par un ou des individus) tient à un vieux mythe situ et post situ.

 

C’est l’idée que les membres d’un groupe participent tous de manière égalitaire à l’écriture d’un texte, ne serait-ce parce qu’ils donnent leur opinion, que cette opinion est prise en compte, ou alors qu’ils font des recherches collectives pour étoffer l’argumentation, ou encore même que certaines parties sont écrites ou corrigées par plusieurs personnes. En théorie, cet égalitarisme devant l’écriture peut sembler une bonne idée. Néanmoins quiconque a participé à la simple discussion collective autour d’un tract sait que cela peut prendre plusieurs semaines pour se mettre d’accord sur un texte de deux pages, même quand il s’agit de dénoncer un truc assez évident. Alors personne ne me fera croire qu’il soit vraiment réalisable d’écrire un livre à 10 ou à 20 personnes.

 

En général, qu’est-ce qui se passe ? Un individu a des capacités d’écriture reconnues par le groupe dont il fait partie ; ses amis ou camarades discutent avec lui de ce qu’ils aimeraient mettre dans le texte (enfin là je prends la version la plus optimiste, mais certainement pas la plus courante), l’ "écrivain" fait son boulot et ensuite il le soumet à la discussion et aux amendements, etc.

 

Vu le style volontairement recherché (même si pour ma part je le trouve ampoulé et prétentieux) de "L’insurrection qui vient" il est peu probable que 10 personnes (je donne ce chiffre au hasard) soient arrivées toutes à maîtriser de la même façon ce style auquel les post-situs tiennent tant. Donc au mieux, si écriture collective il y a, une personne retravaille tous les matériaux dans le même style pour qu’il y ait unité de ton. C’est en fait elle le véritable auteur car

elle réécrit tout et y met une patte très personnelle, même si son intervention est acceptée par tous.

 

La mythologie de l’écriture collective repose sur l’idée que tous les membres d’un groupe seraient au même titre et égalitairement non seulement coresponsables du contenu politique (ce qui est une bonne idée et une valeur juste) mais aussi littéralement tous co-auteurs (ce qui est une escroquerie).

 

En effet, vu les effets de la division du travail sur les individus dans la société capitaliste, il est illusoire de penser que, même au sein de la petite couche privilégiée des étudiants disons en lettres ou en philo ou en sciences humaines tout le monde possède la même maîtrise de l’écriture, ait lu et assimilé les mêmes livres.

 

Si l’on voulait réaliser une telle égalité devant l’écriture, il faudrait que les tenants de cette idéologie organisent des ateliers d’écriture et sans doute qu’au bout de deux ou trois ans on arriverait à ce qu’un certain nombre de gens soient beaucoup plus à l’aise pour écrire, non seulement d’un point de vue psychologique (écrire c’est s’exposer à la critique et au regard sans pitié des autres), mais aussi du point de vue technique (grammaire, orthographe, construction, trucs d’écriture, etc.).

 

En général, quand on écrit des textes politiques, c’est dans l’urgence pas avec 2 ou 3 années de délais pour peaufiner un texte collectivement. Donc on pare au plus pressé et on met à contribution celui ou celle qui écrit le plus vite et le mieux...

 

D’où mes doutes quant à l’écriture collective en matière politique. Doutes renforcés par l’expérience des situationnistes, où l’on a bien vu, avec le temps, qui tenait la plume et qui remplissait l’encrier, qui a fait carrière et qui est resté anonyme.

 

Il me semble donc que derrière les réactions passionnées provoquées par mes critiques, il y a un mythe auquel certains croient aussi fanatiquement que d’autres à la virginité de la Vierge Marie. C’est leur droit le plus strict de tenir à cette fiction ou à celle de l’édition généreuse de gauche.

 

C’est mon droit de tenter d’instiller un peu de réalisme dans la discussion sans que quiconque perde sa part de rêve et d’utopie, qui nous est à tous nécessaire. Mais évidemment cela ne plaît pas aux bonimenteurs et aux phraseurs radicaux...

 

Enfin, je trouve curieux que parler d’argent, de droits d’auteur, de chiffres de vente, de contrat, etc., à propos de la production intellectuelle (fusse-t-elle révolutionnaire) suscite de telles réactions de colère.

 

Comme je l’ai déjà dit, ce sont les toujours les exploiteurs (de l’édition ou d’ailleurs) qui mettent l’accent sur les satisfactions symboliques qu’apporte un travail prestigieux (manuel ou intellectuel), l’appartenance à une entreprise prestigieuse ou la renommée dans les médias ou ailleurs. Et ce sont les mêmes qui se mettent en colère quand on leur oppose que l’Homme ou la Femme ne se nourrit pas que de compliments, de médaille du travail ou de diplômes destinés à être encadrés.

 

Ceux qui n’aiment pas parler de fric (car "nous sommes au-dessus de ça") sont généralement ceux qui en ont....

Y.C

Lu sur Mondialisme.org

voir le débat dont il est question: Editeur « révolutionnaire » cherche auteurs travaillant gratos

Ecrit par Rakshasa, à 20:42 dans la rubrique "Pour comprendre".



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