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Les techniques atomiques, quel est le problème ? Ce sont des techniques comme les autres.

Lu sur décroissance.info : "Dans un document diffusé récemment par le groupe critique Pièces et Main d’œuvre (PMO) [1], un « citoyen » indiqué comme ne participant pas directement à PMO fait un compte-rendu d’une soirée, au cours de laquelle une partie de la population à été exposée à un film de vulgarisation (Le nanomonde ou l’abîme) sur les nanotechnologies réalisé par Vivian Gateau à la demande du PRES de Lyon [2]. Le compte-rendu est beaucoup plus lisible que certains textes de PMO (je ne dis pas qu’ils sont faux ou inintéressants) et peut donc être largement diffusé et débattu. Il montre qu’une fois encore des doutes surgissent sur la critique des nanos. A mon avis cela est du à une critique qui malheureusement demeure illisible ou/et incomprise par la population.

Je propose donc de prendre appui sur les quelques remarques et questions reportées dans le compte-rendu en rapport avec les nanotechnologies pour tenter d’y apporter quelques réponses claires à même d’être discutées [3]. Je pense que ces points sont abordés si souvent qu’ils méritent effectivement qu’on s’y attarde un peu. Beaucoup d’autres choses pourraient être dites, mais cela serait bien plus long.

Sur les nanoparticules. Les nanoparticules, en un certains sens, ont toujours effectivement existées puisque tout est fait aussi d’atomes. Cependant toutes les nanoparticules ne se valent pas ; il y en a qui existent depuis longtemps, d’autres qui sont récentes, inédites. Alors qu’on ignore les dégâts de certaines anciennes, faut-il en rajouter des nouvelles à une vitesse qui pose elle-même problème [4] ? Bernard Reber a raison de critiquer la disproportion entre des promesses affirmées comme arguments de vente et des risques qui, eux, restent imprécis voire inconnus. Tout comme il a raison de mettre en perspective de tels enjeux avec ce qui est arrivé pour l’amiante [5]. Nous pouvons simplement rajouter que c’est pire, car l’amiante était réservée à quelques catégories de métiers alors que les techniques de manipulations atomiques sont des techniques génériques qui viennent modifier l’ensemble des techniques déjà existantes et pas un domaine en particulier. La recherche en écotoxicologie fait partie des petits budgets au sein de la recherche sur les nanos. En même temps, elle constitue la seule part médiatisée des problèmes. En l’état du domaine, personne ne sait vraiment ce que les « industriels font avec les nanomatériaux, ni si les employés de leurs usines sont à l’abri de tout risque sanitaire. De même, on ignore encore dans quelles conditions les consommateurs pourraient être exposés aux nanomatériaux. [6] »

L’éthique comprise comme « co-gestion des risques » ou « suivi du développement ». La position habituelle est de dire qu’il faut suivre les recherches sur les nanotechnologies et les accompagner. Or c’est une aberration. Ce n’est pas simplement de l’inquiétude ou de la curiosité qu’il faut, c’est de l’indignation, de la colère ! Ces produits sont déjà en vente et nous sommes déjà exposés. Il n’est donc pas temps de parler d’accompagnement de quoi que ce soit [7]. Nous sommes dans une situation qui est pire que celle des cobayes [8] qui sont exposés dans des conditions contrôlées et confinées. C’est inacceptable. La production de ces choses doit être arrêtée. Pour cela toutes les demandes sont bonnes : moratoires, manifestations, révoltes et même bris de laboratoire.

Sur l’ancienneté des nanos. Un sophisme dit que les pigments de l’époque préhistorique était déjà des nanos ou composés de ce que l’on identifie aujourd’hui comme des nanotechnologies. C’est confondre un résultat avec un procédé. Les techniques employées à cette époque ne sont pas les mêmes que celles d’aujourd’hui, et entre autres, elles n’ont pas les mêmes conséquences politiques. Les personnes de l’époque n’entendaient évidemment pas fabriquer des nanotechnologies. Trois questions au moins pourraient alors être posées rapidement : si finalement cela se faisait à la préhistoire, les chercheurs compte-t-il nous ramener à la préhistoire des études toxicologiques et éluder ainsi le problème ? Contrairement à ce qu’ils affirment à tout bout de champ, en fait, les nanos n’auraient donc rien de révolutionnaire, rien qui puisse justifier les budgets actuels ? Si ils faisaient déjà des nanotubes de carbone qui sont brevetés aujourd’hui, alors que valent ces brevets qui n’ont visiblement rien d’original ? Et enfin si c’est la même chose qui se faisait pourquoi n’emploie-t-il pas les mêmes outils, les mêmes techniques ?

Sur la participation des chercheurs à un système inacceptable. Les applications militaires, le chercheur en nano Abdelkader Souifi les rejette. Il ne travaillerait pas sur ces contrats. Très bien, mais d’autres chercheurs le font. Et le budget de la Défense ne finance pas que des recherches directement militaires, mais l’ensemble des recherches même celles qui ne se présentent pas comme appliquées. Et de toute façon cette distinction même entre appliqué et fondamental ne tient pas la route, ou du moins ne tient que dans la tête du chercheur, pas dans la société qui se sert de ces travaux. Il faut démissionner quand on fabrique des nanos, certains l’ont fait, c’est un choix difficile, mais participer ou collaborer à l’exposition de la population à des objets dont on ignore les conséquences écologique et sanitaire n’est-il pas déjà un choix difficile à assumer ? Démission et Rébellion contre cette recherche, et non pas soumission à l’exigence de vigilance et de contrôle demandée par les producteurs à travers la théorie lamentable de la « co-gestion des risques », qui revient à demander conseil et protection aux introducteurs et producteurs de Cerbères (remplacez par le nom qu’il convient) après que l’un d’entre eux ait bouffé son voisin. Demandez donc à un pyromane d’éteindre un feu, vous verrez.

Les questions d’ordre économique. La demande du consommateur. Les personnes demanderaient du portable, de la nanotechnologie, etc... La production et les producteurs se cachent derrière cette demande et y font disparaître toute responsabilité. Dans le monde de l’économie toute demande est acceptable dans la mesure où elle permet l’emploi. Si l’on demande aux marchands d’armes pourquoi ils produisent des armes, ils pourront faire la même réponse que les nanotechnologues : parce qu’il y a de la demande.... Mais répondre à une question, à une demande ce n’est pas ne rien faire ! C’est la valider, la justifier et quand on est producteur industriel, c’est l’amplifier et créer un rapport de force. Dire que l’on produit pour la demande, c’est ne pas répondre. Des études de sociologie des usages sont commandées en général avant la production. La demande n’existe pas à l’avance quand il s’agit d’innovation ! Précisément parce que c’est une innovation, ça n’existait pas avant. Alors les industries font faire des études d’usages pour savoir quelle productions ou plutôt quels usages seraient susceptibles d’être les mieux reçus, diffusés, consommés. Ce n’est donc en aucun cas une vraie réponse à une demande, mais bien plutôt une exposition à des productions nouvelles. Et même si les techniques actuelles permettaient de répondre à des questions que l’on se pose déjà, comme l’indiquait Bernard Reber sur le « SIDA et la faim en Afrique », il ne faut pas s’en féliciter pour autant car dans ces questions c’est plus à un problème de volonté politique que nous avons affaire que de production de techniques. Nous pouvons déjà produire ce qu’il nous faut, mais c’est sciemment que les politiciens persévèrent dans une direction plutôt qu’une autre. Et l’arrivée de nouvelles techniques que sont non seulement incapables de produire ces pays mais qu’ils n’auront de toute façon (à cause des brevets) pas le droit de produire, ne fait qu’augmenter la dépendance de ces groupes humains. Au lieu d’être souverain vis-à-vis de la réponse à leurs besoins, ils resteront désespérément consommateurs des productions du Nord (pour dire des généralités).

Créer des emplois et améliorer la compétitivité de la recherche et des entreprises françaises. La recherche de l’emploi pour l’emploi est absurde et donc toute création d’emploi n’est pas justifiable comme une bonne chose. Il faut des emplois pour l’armement, des emplois pour nettoyer les catastrophes écologiques générer par d’autres emplois, etc. La question dans un premier temps revient plutôt à demander ce qui est produit et l’on ne peut pas s’en dédouaner en disant : on crée de l’emploi. La compétitivité dans le cadre de la recherche, c’est particulier. La compétitivité mène à des problèmes éthiques spécifiques concernant le partage des savoirs et donc des connaissances de dangers que peut engendrer une production. On connait le cas pour les cloneurs de chimères vivantes végétales génétiquement brevetées qui cachent leurs connaissances en avançant une protection des informations, nécessaire pour la compétitivité.

23 Décembre 2008 - Florian OLIVIER - Bug-in

[1] Document diffusé par PMO contenant le compte-rendu dont nous parlons. http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php ?page=resume&id_article=181

[2] Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur, regroupe une vingtaine d’établissements de recherche et formation, facultés, écoles d’ingénieurs, à Lyon et Saint-Etienne ; son objectif est d’assurer une visibilité internationale à la recherche en Rhône-Alpes

[3] Ceux qui sont intéressés pourront me poser des questions plus précise par courriel : bugin@no-log.org, ou/et venir à Montpellier à Scrupule 22 janvier 2009 à 20h (26 rue du Faubourg Figuerolles) où je serai pour le débat sur les nanotechnologies en présence également de PMO et de Julien Collin. Je serai aussi à Toulouse, le 23 Janvier, tout comme PMO à l’invitation des Amis de la Terre pour débattre sur le film de Julien Collin (Le silence des nanos) à 20h salle du Sénéchal, 17 rue de Rémusat (si mes informations sont exactes).

[4] sur la question de la vitesse, voyez la phénoménodromologie de Paul Virilio

[5] rien de neuf sur le plan de l’argumentation, il rejoint ici les perspectives indiqué par Jean-Pierre Dupuy et Bernadette Bensaude-Vincent

[6] Vincent Castranova, coordinateur du programme de nanotoxicologie à l’Institut national de la sécurité et de la santé au travail (NIOSH) propos recueillis par KAREN SCHMIDT, Alors toxiques ou pas toxiques ? Paru initialement dans New Scientist. Dans Courrier International n°921 du 26 Juin au 2 Juillet 2008. Dossier Des nanos dans nos vies. p. 52.

[7] La défense de l’exposition du public à ces techniques via ce frauduleux concept de co-gestion des risques est couramment prise par François Ewald et Olivier Godard. Par ailleurs un document du CEA de Juin 2007 (Le débat sur les nanosciences : enjeux pour le CEA) écrit par Etienne Klein, Alexei Grinbaum et Vincent Bontems indique clairement que le but de l’éthique serait le contrôle des « émotions collective » (p. 29, fin du ch. II) ... on voit bien où mènent toutes ces théories qui ont pour but de mettre en place « une adhésion cumulative ».

[8] Déjà peu enviable, on se réfèrera pour ses questions au livre très clair et lumineux : JEAN-BAPTISTE JEANGÈNE VILMER, Ethique animale. 20

Ecrit par libertad, à 13:31 dans la rubrique "Pour comprendre".



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