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L'Haras de Zemmour
Tout jeune, j'ai été accoutumé à la notion de race.
Ma mère, qui était portugaise (sa famille venait de Portimao, dans le sud) nous traitait souvent (car la famille de mon père venait d'Almeria, via Oran) de sale race de gitans.
Le racisme portugais n'interdit pas la convivialité, ni une certaine forme d'affection.
La société brésilienne en est un bon exemple.
Mais il ne fait jamais plaisir.
C'est pourquoi lorsque j'ai entendu Zemmour dire à Rokhaya Diallo : "Je suis de la race blanche, vous êtes de la race noire", ça m'a choqué.
Je savais qu'il ne lui faisait pas plaisir.
Et je comprenais bien que race noire, c'était pire que race de gitans.
Le lendemain, Sébastien Fontenelle dénonçait l'inélégant personnage.
ça ne m'a pas étonné de Sébastien.
L'antiracisme est un peu son cheval de bataille.

Et puis tout le monde s'y est mis : on trouvait Zemmour odieux.
Certains allaient jusqu'à souhaiter qu'on l'interdise d'antenne.
On argumentait le plus souvent que les races n'existaient pas.
Qu'en parler était une preuve de racisme.
Et là, quand même, j'ai voulu vérifier.
Puisque, depuis tout petit, j'ai l'habitude des races.
.
Je suis allé sur Wikipedia.
A l'entrée race, j'ai trouvé :

"En nomenclature zoologique, le terme race désigne un rang taxinomique inférieur à l'espèce (équivalent au rang de variété dans d'autres disciplines), dans le but de distinguer plus finement à l'intérieur des espèces animales domestiques, que la variation soit due à l'action de l'homme (par exemple la sélection par l'élevage) ou à la nature (évolution suite à un isolement géographique, par exemple une île).
On parle ainsi de « races bovines », canines ou caprines (voir par exemple Kiko)."
Je suis allé à race humaine :
"La notion de race humaine est une tentative d'application aux humains du concept de race, qui définit des sous-groupes dans une espèceanimale1. Certains ont longtemps cru pouvoir définir des races humaines par la couleur de la peau ou l'origine géographique supposée (races blanche, noire, jaune…). L'état actuel des connaissances en génétique et en anthropologie physique2 a permis d'invalider ce concept et établit qu'il n'y a pas de sous-groupes dans l'espèce humaine."
Tout s'expliquait!.
Il s'agissait d'une simple erreur d'hypothèse (qui avait la vie dure).
Toutefois, la ligne plus bas, on nous informait que :

"récemment la génétique moderne a montré l’existence, au sein de l’humanité, de sept « groupes d’ascendance » aux contours flous sans différences biologiques nettes et sans aucune hiérarchie."

Ah bon?
Et un peu plus bas :

"L'usage du mot anglais « race » demeure aux États-Unis d'Amérique ou au Canada (...)En France le terme consacré est celui de « type »5, suivi d'une région géographique : européen, maghrébin…"

En effet, je m'en rappelais, le philosophe de gauche opposé à Zemmour lors de ce malheureux débat avait utilisé le mot type.
Et le petit Eric lui avait sauté dessus, en remarquant que c'était la même chose.
Facile, Eric.
Encore plus bas, j'ai lu ceci :

"Néanmoins l'interdiction de discrimination dans la Constitution française précise « sans distinction d'origine, de race ou de religion »9."

C'est un problème : pour la Constitution, les races existent.
Cela donnait quelque légitimité au propos de Zemmour.
On n'en était pourtant qu'au début : race humaine, dans Wikipedia, est un article très long, il fait des kms.
La suite était décevante : les races n'existaient pas, mais on n'arrêtait pas de mettre en évidence groupes et sous-groupes qu'une science ou l'autre révélait.
Je ne saurais mieux l'illustrer que par cet exemple :

"D’une façon générale, l’appartenance à une race se définit par des interactions entre de nombreux gènes. Il n’existe pas à proprement parler d’allèle du « teckel » ou du « berger allemand », ni d’allèle « pygmée » ou « esquimau ». On ne sait donc pas associer (avec précision et de façon stable) de génotype au phénotype attendu pour une race."

(Si j'ai un conseil à donner à Wikipédia, c'est de supprimer cet argument)
J'étais définitivement cerné : de chiens, de chats, de vaches et de juments.
La race, imperceptible à la biologie, avait sa réalité.
Ailleurs sans doute que dans cette science : chez les éleveurs, les anthropologues, et au Figaro.
Mais c'était un mot qui ne voulait pas rien dire.
Un mot utilisable.
Et, somme toute, anodin.

C'est pourquoi pour sa défense, sur France Ô, Eric Zemmour, un peu gêné tout de même, a brandi le Robert.
Et ses nombreux exemples d'utilisation non-raciste du mot race.
Parmi lesquelles il rangeait sa scandaleuse répartie.
Il y avait, à ce nouveau débat, trois autres participants, tous issus d"Afrique ou du Pacifique, qui lui donnèrent, en définitive, raison.
Ils convenaient, en gros, que la race (noire, par exemple) existait, sauf qu'il valait mieux ne pas dire le mot.

Comme vous voyez, le racisme est fin cette année.
Il se faufile entre les gouttes.
Il évite les grosses gamelles hitlériennes du siècle passé.
Aussi ne sert-il à rien de les lui envoyer à la figure.
Il les pare aisément et, dans le même mouvement, en profite pour passer sa camelote.

J'ai laissé tomber Wikipédia, et sa biologie inutile.
J'ai pris Dauzat (le dictionnaire éthymologique).
Puisque Zemmour nous la faisait à coups de dico.
Et là, une grosse surprise m'attendait.
Le mot race n'est pas d'origine latine, ou grecque, germanique, gauloise.
Il n'y a pas de mot latin pour désigner la race.
Cela n'existait pas.
C'est en fait une invention récente, une invention des Temps Modernes.

Dauzat : race (XVe, XVIe), de l'italien razza.
D'après Wikipedia italiano, razza vient lui-même du français haras (l'haras donne la razza).
Et Dauzat nous informe que haras dérive de l'arabe faras, qui signifie cheval.

Une invention récente, donc, ne concernant d'abord que les chevaux.
Qui sont la plus noble conquête de l'homme.
Si bien qu'on appliqua ce mot aux familles de sang bleu : la race des Bourbons, par exemple.
Et puis à des groupes plus larges, sans qu'il soit question de couleur de peau.

Enfin la science arriva.
En 1684 le médecin français François Bernier fut le premier à imaginer qu’il existait quatre races d’hommes.
De couleurs différentes, et soigneusement rangées par continent : blanc, noir, jaune, rouge.
Cette idée nouvelle satisfaisait le sens esthétique comme celui de l'ordre.
Elle fut reprise par les Lumières, Linné, Kant, puis le XIXe siècle, jusqu'au crash de la deuxième guerre mondiale.
Ce n'est pas que les prémices de ce classement avaient brillé par leur rigueur.
Mais le principe plaisait.
Il était à cette époque bien utile de penser aux hommes comme à des animaux domestiques.
(Certains avant-guardistes parmi les biologistes finirent même par démontrer que l'ensemble des ouvriers, noirs ou blancs, était de race inférieure.)
Depuis, la notion tombe un peu en désuétude.
On a parfaitement vu à quoi elle servait.

J'ignore pourquoi ma mère nous traitait de sale race de gitans.
J'imagine que dans son portugais natal cela signifiait mauvaise engeance (de gitans).
Au sens de famille (je vous hais).
Qui est le sens du mot race dans l'expression sale race.
Car il est toujours bon de mêler la famille à l'insulte : c'est plus efficace.

Quand les gens parlent de populations sub-sahariennes, ils disent les noirs, tout simplement.
Sans ajouter race : ils le disent à l'ancienne, comme avant les Lumières.
Les races, noire, blanche, sont une expression savante, et non pas une expression populaire.
Elle vient des intellectuels qui ont cru utile de créer ces concepts.

C'est pourquoi lorsque Zemmour dit "vous êtes de la race noire", ce n'est pas du tout la même chose que lorsque ma mère nous disait "sale race".
Ce n'est pas le même registre.
Et quand il prévient "c'est évident", non, ça n'a rien d'évident.
Il est peut-être évident que Rokhaya Diallo soit noire, pas qu'elle est de race noire.
Race noire appartient à un autre langage : celui du racisme scientifique.
Et le racisme est une opinion, pas une évidence.
Une opinion qui est aussi un délit.
Ecrit par okounine, à 15:38 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Achille-Zapata
24-11-08
à 19:43

Ce n'est pas l'opinion qui est un délit, mais son expression...
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
24-11-08
à 22:23

Re:

Il n'est pas à la page ce Zemmour. Aujourd'hui les racistes ne parlent plus de race mais de droit à la "différence" en fonction de "l'origine ethnique".
Voir ethno-différencialisme
Répondre à ce commentaire

  Achille-Zapata
24-11-08
à 22:52

Re:

Et par ailleurs, ce qui est aussi très tendance, ce n'est plus de dire "il y a naturellement des races humaines que l'on peut hiérarchiser", mais "il y a une naturalité du racisme"

Merci aussi à l'auteur de l'article d'avoir exhumé l'origine du mot "race", qui suggère assez clairement qu'il n'y a de race que produite par une sélection effectuée par la main de l'homme sur d'autres espèces
Répondre à ce commentaire

  TOLKIEN
25-11-08
à 11:21

diviser pour mieux régner


le concept de race nie et s'oppose fondamentalement à l'existence concréte de l'individu quel que soit son apparence physique ou sa condition d'animal humain ou non humain, et s'oppose aussi fondamentalement aux affinités individuelles et à toute complémentarité et entraides mutuelles conscientes que peuvent développés entre eux des êtres physiquements différents en apparence mais cependant semblables par les éléments primordiaux et fondamentaux qui les constituent et les relient tous à l'echelle universelle. Le concept de race nie et refuse aussi par certains moyens détournés l'unité du vivant en refusant toute sa complexité et ses différences pourtant indispensables à sa survie, son propre équilibre, et son épanouissement dans des environnements demandant parfois une certaine adaptation. le concept de race sert encore une fois la quéte d'intemporalité et de mort vers laquelle tend tout pouvoir centralisé en divisant l'unité biologique du vivant pour mieux pouvoir ensuite régner sur des corps uniformisés et vidés de toute conscience individuelle et finalement reliés entre eux par le seul fait "d'aimer" les chaînes qui les asservissent et incarnés dans les concepts imaginaires de races et de territoires facteurs de méfiance, de ressentissement, de peur et de haine permettant à tout pouvoir centralisé et inégalitaire souhaitant figer la vie, de justifier son existence parasitaire par la désignation et le culte d'un ennemi extérieur  dont le concept de race ne reste qu'un des mulitiples et nombreux moyens de division.
Répondre à ce commentaire



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