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Comment nous rendons le travail du sexe plus dangereux
Lu sur Cybersolidaires:"Les travailleurs et travailleuses du sexe ont peu l’occasion de parler en leur propre nom. La population en général et une grande partie des médias, des chercheurs et des fournisseurs de services avec qui les travailleuses du sexe sont en contact les présentent souvent comme des caricatures sans voix. Lorsque des travailleuses du sexe ont été interrogées récemment dans le cadre de la rédaction d’un livre sur l’industrie du sexe à Moncton, Saint-Jean et Halifax, on s'est rendu compte à quel point on n’entend jamais ce qu'elles pourraient avoir à dire.

Sex Workers in the Maritimes Talk BackLe 26 juin, les professeures Leslie Ann Jeffrey et Gayle MacDonald, auteures du livre intitulé Sex Workers in the Maritimes Talk Back, ont fait une présentation émouvante sur les raisons pour lesquelles elles défendent la décriminalisation du travail du sexe. Elles se sont efforcées de mieux comprendre les femmes et les hommes qui participent à l'industrie du sexe et ce qui les amène à commencer ce travail, à le poursuivre ou à l’abandonner. Les professeures ont suivi la voie logique qui, pour une raison ou pour une autre, n'est pas celle employée habituellement lorsque l'objet de l'étude est l'industrie du sexe : elles ont rencontré les travailleuses et les travailleurs et elles les ont laissé s’exprimer eux-mêmes.

Les femmes et les hommes interrogés ont déclaré clairement que le travail du sexe est exactement cela : un travail. C’est leur emploi et non leur identité. Une femme à qui on demandait pourquoi ils font ce travail a répondu : «Pour l’argent, ma chère!» Certains ont déclaré aimer pouvoir, dans l’ensemble, choisir leurs propres heures et contrôler eux-mêmes leurs conditions de travail, plus ou moins les mêmes raisons pour lesquelles la plupart des personnes veulent travailler à leur compte. Ce qu'ils détestent au sujet de leur travail comprend le stigmate social, la façon dont ils sont parfois traités par la police et la violence de la part des clients.

Ces personnes sont prises dans l'imbroglio de la loi canadienne et de son exécution. Il n'est pas illégal d'échanger le sexe pour de l'argent, mais il est illégal de «communiquer dans le but» de le faire. Le travail du sexe est donc légal au Canada, mais il n'y a pratiquement aucune façon de l'exercer sans contrevenir à la loi. Il est peut-être légal, mais les travailleuses du sexe ne sont pas traitées comme les autres «travailleurs» et «travailleuses», sinon les gouvernements s'intéresseraient à la sécurité au travail, aux normes d'emploi et aux conditions de travail de ces travaillleuses.

Rien de ce qui concerne l'industrie du sexe ne doit être vu ni entendu. Cet effort visant à pousser les travailleuses du sexe dans la clandestinité entraîne un traitement discriminatoire à leur égard et augmente aussi le risque pour leur vie et pour leur gagne-pain. À cause de la loi actuelle qui interdit de communiquer dans le but d’obtenir des relations sexuelles, les travailleuses du sexe doivent prendre rapidement des décisions au sujet du client et accepter ou non de monter dans sa voiture, par exemple, car la transaction risque d’être remarquée.

Les travailleuses du sexe interrogées ont déclaré que si elles se font voler ou attaquer, elles n'ont pas l'impression de pouvoir appeler la police pour demander de l’aide. Ces femmes devraient avoir les mêmes droits et la même protection que les autres Canadiens et Canadiennes.

Les travailleuses du sexe ont déclaré voir un lien entre la violence accrue qu'elles subissent de la part des clients et le fait qu'on les présente comme des «personnes non existantes». Des passants crachent sur elles. Des groupes de jeunes hommes les insultent et ils leur lancent des objets lorsqu'ils passent près d’elles en voiture le vendredi soir. Elles sont projetées hors des voitures dans des endroits isolés, comme des êtres humains jetables.

Les universitaires et les personnes qui rédigent des politiques élaborent des théories au sujet des travailleuses du sexe et de leurs préoccupations, ils écrivent des rapports et des lois qui influent sur leur vie, mais les reconnaissent rarement comme les premières expertes qui devraient être consultées. Les gros titres rapportent souvent le décès de «prostituées» et je ne pense pas exagérer en disant que certains d'entre nous pensent alors que c'est triste, mais qu'elles l’ont cherché en faisant un travail aussi dangereux.

Lorsque d'autres personnes sont tuées «au travail», qu'il s'agisse d'ouvriers de la construction, d'agents de police, d'infirmières ou de gardiens de prison, nous n'écartons pas leur décès de cette façon. Nous voulons plutôt savoir ce qui aurait pu être fait pour prévenir une telle tragédie.

Les travailleuses du sexe sont les lépreuses de notre époque. Et les clients le savent. Les torts causés aux femmes et la violence à l'égard des femmes sont amplifiés pour celles qui participent à l'industrie du sexe. Nous devons discuter du stigmate auquel font face les travailleuses du sexe. Les particuliers, les groupes communautaires, les églises, les municipalités et d'autres niveaux de gouvernement doivent avoir des occasions de discuter des attitudes envers les travailleuses du sexe et de se demander si ces attitudes sont fondées sur la réalité, et la société doit respecter leurs droits au Canada.

Le Code criminel doit être révisé afin qu'il n'aggrave pas le danger du travail du sexe. Il sera intéressant de surveiller les résultats de deux contestations de la loi concernant la prostitution qui sont devant les tribunaux en Colombie-Britannique et en Ontario. Dans les deux cas, on affirme que les travailleuses courent un plus grand risque de blessures, d’enlèvement et de décès à cause des lois et que ces «travailleuses» sont traitées d'une manière discriminatoire.

La plupart des femmes qui participent au travail du sexe le font parce que leurs choix sont limités. Nous devons donc nous attaquer à la pauvreté, au sexisme, aux lacunes dans les services sociaux, à la violence à l'égard des femmes et, de façon urgente, aux problèmes d'accès à des programmes de santé mentale et de désintoxication.

Les travailleuses du sexe qui s'efforcent de quitter ce métier devraient recevoir un soutien immédiat pour pouvoir s’en sortir de manière sécuritaire. Les intervenants et intervenantes de première ligne doivent recevoir une formation, et des programmes doivent être conçus pour examiner les attitudes au sujet de ce travail. Nous avons un besoin urgent de programmes pour satisfaire les besoins en matière de logement, d'éducation, d'emploi, de services de santé mentale et de désintoxication.

Quelle que soit notre position philosophique sur la prostitution – devrait-elle être abolie ou légalisée, criminalisée ou décriminalisée – les travailleuses du sexe qui nous entourent ont les mêmes droits à la protection et à des services que les autres Canadiens et Canadiennes.

par Ginette Petitpas-Taylor, présidente du Conseil consultatif sur la condition de la femme au Nouveau-Brunswick

Cette chronique de Ginette Petitpas-Taylor a été publiée dans le Moncton Times & Transcript du 24 juillet 2008.

Pages reliées :
Free sex workers, Bruce Wark, 03.04.2008
Sex Trade Workers in the Maritimes Talk Back, Jon Tattrie, 22.07.2007

Ecrit par libertad, à 23:10 dans la rubrique "Le privé est politique".



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