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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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J'ai interviewé Gautier-Sauvagnac

Je n'avais pas revu Denis Gautier-Sauvagnac depuis plusieurs semaines.

Il me parut changé, agité de tics nerveux surprenants chez cet homme ordinairement calme et hautain.

S'agissait-il d'une référence discrète à notre prézydent, ou bien la conséquence de quelque souci personnel?

Je résolus de commencer son interview sans m'embarrasser de longs préliminaires.


-Laurence Parisot a, la semaine dernière, demandé à l'Uimm de rendre tous les mandats exercés par cette fédération au nom du medef...

-Voyez où mène un trop bon coeur : nous avons hébergé ces sans-abri dans notre maison, et voici qu'ils veulent nous en expulser en prétendant qu'elle est à eux!

-Votre maison?

-Vous n'ignorez pas, cher monsieur, que l'Uimm descend du Comité des Forges, fondé à Paris en 1864 par Shneider et de Wendel

-La même année que l'Internationale à Londres par Marx et Engels?

-Et l'année-même de l'autorisation des syndicats en France!

Le patronat, qu'on accuse trop souvent d'immobilisme, peut être extraordinairement réactif lorsqu'il s'agit de choses sérieuses.

-Cela fait de vous la plus ancienne organisation syndicale du pays!

-Interdite par Pétain en 1940, comme la CGT et la CFTC.

-Et ressuscitée à la Libération.

-Mais sous le nom de Cnpf, puisque le Général nous avait demandé d'accueillir l'ensemble du patronat.

-C'était faire entrer le loup du petit commerce dans la bergerie de l'industrie lourde.

-Au début, tout se passa bien. Nous nous constituâmes en Uimm à l'intérieur du Cnpf, et durant plus de cinquante ans, nous en fûmes les maîtres.

Tous les présidents du Cnpf étaient issus de l'Uimm.

Jusqu'au dernier d'entre eux, Ernest-Antoine Seillière, qui s'en alla le 5 juillet 2005.

-Un de Wendel lui aussi, la boucle était bouclée.

-Ernest-Antoine, en effet, vint à la présidence flanqué de son gourou, l'ex-maoïste Denis Kessler, dont le programme tenait en une phrase : «La liste des réformes? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception»

-A commencer par le Cnpf lui-même, qu'ils rebaptisèrent Medef?

-Ils suivaient le modèle avant-gardiste de la Cfdt, pour qui les syndicats ne doivent être qu'un rouage de l'Etat.

-Les ex-maoïstes, même passés à droite, gardent la nostalgie des Révolutions Culturelles et de l'Etat totalitaire.

-Vous pensez bien que l'Iumm, qui exerçait le pouvoir au Medef, considérait d'un oeil torve cette perspective de vassalisation.

-Vous attendiez la fin du mandat de Seillière pour enterrer toutes ces lubies?

-Tout à fait! Il avait annoncé qu'il ne se représenterait pas.

-Mais en définitive, il vous a pris de court?

-Il a démissionné subitement, sachant que nous n'étions pas prêts, et l'Elysée a poussé son candidat, Francis Mer, ministre sortant de l'Economie, et membre de l'Ump.

-On ne pouvait pas mieux annoncer la couleur!

-Ce n'était pas tout.

Comme Francis Mer, né en 1939, aurait été frappé par la limite d'age avant la fin de son mandat, il se présentait en compagnie d'un co-listier plus ingambe.

-Rien n'est plus admirable que d'aider la jeunesse. De qui s'agissait-il?

-Guillaume Sarkozy, le frère ainé du tout nouveau patron de l'Ump.

Je fis bien entendu tout ce qui était en mon pouvoir pour écarter ce péril.

-Ce ne fut probablement pas facile.

-Francis Mer n'insista pas, mais on n'arrivait pas à se défaire de Sarkozy, dont l'acharnement n'avait d'égal que l'avidité : il se voyait déjà au poste de négociateur social, traditionnellement réservé à l'Uimm.

-Et que vous occupiez vous-même! Quel odieux sans-gêne!

Comment avez-vous empêché une telle catastrophe?

-Le hasard fit bien les choses : à quelque temps de là, son entreprise de textiles fit faillite. Je profitai du naufrage pour torpiller sa candidature.

-Voilà qui frise l'inélégance, et n'a pas dû plaire à tout le monde.

-Comme vous dites.

C'est alors que Chirac, un hargneux lui aussi, si vous vous souvenez, soutint la candidature de Laurence Parisot.

-Qui n'était pas à l'Ump, pourtant.

-C'est du pareil au même. Elle est membre d'un think-tank financé par l'Ump, la Fondation pour l'Innovation Politique, dont le président fut Francis Mer.

Et c'était pire encore : Mer au moins faisait partie de l'Uimm. Il aurait défendu l'Industrie.

Avec Parisot, nous avions affaire à une candidate soutenue par la Banque et les compagnies d'assurance, dont les intérêts divergent d'avec les nôtres.

Je pris mon téléphone et tentai d'expliquer à chacun de nos électeurs l'horreur que représenterait l'installation de Parisot au fauteuil de Seillière, ou pour mieux dire, de la Finance à la tête du Medef.

-Sans succès, semble-t-il.

-Détrompez-vous.

Elle a été élue, puisqu'elle a bénéficié, jusqu'à l'intérieur de l'Uimm, des voix acquises au tandem Mer-Sarkozy. Mais elle n'a été élue que de justesse, contrairement à tous ses prédécesseurs.

-Ce qui l'a obligée à composer?

-Tout à fait.

L'Uimm avait sauvé l'essentiel : mon poste de président de l'Unedic ainsi que celui de négociateur du Medef.

-Que ne vous êtes-vous contenté de ces emplois juteux!

Mais au contraire, en 2006 vous êtes élu à la présidence de l'Uimm, et vous vous opposez de plus belle à la mise sous tutelle étatique du syndicalisme.

-Bien entendu!

Et tout d'abord à la fusion Unedic-Anpe, qui était au programme de la droite depuis 20 ans déjà, sans qu'elle puisse jamais l'imposer.

-Est-ce de cette époque que datent vos malheurs?

-Ils datent en fait de mon opposition au tandem Mer-Sarkozy. C'est durant cette période électorale, en effet, que le (petit) frère du candidat évincé constitua sur moi le fameux dossier des retraits en liquide de l'Uimm.

Nicolas Sarkozy était alors ministre des finances.

Tracfin, organisme créé pour enquêter sur le financement des maffias de la drogue et du terrorisme dépendait de son ministère.

Il se mit brusquement à enquêter sur les finances de l'Uimm, dont les bizarreries ne dataient pourtant pas d'hier.

-Je me souviens d'Yvon Gattaz, déclarant à France Inter, Il faut appeler un chat, un chat. (...) Il était de tradition dès 1884 qu'il y eût une caisse (...)

-Je ne vous le fais pas dire.

Ouvert en 2004, mon dossier fut bouclé en 2005.

Sarkozy le garda sous le coude, à toutes fins utiles.

-Lesquelles arrivèrent à l'automne 2007!

-Il avait fait de la fusion Unedic-Anpe l'une de ses promesses électorales majeures, au même titre d'ailleurs que la réforme du statut et du financement des syndicats représentatifs.

L'enquête de Tracfin reprit, «sous les regards attentifs des trois derniers ministres, Nicolas Sarkozy, Thierry Breton et Christine Lagarde»., comme l'a si joliment écrit le Figaro.

Je vous laisse deviner lequel de ces regards attentifs fut le plus décisif.

Vous connaissez la suite : instruction, garde à vue et pour finir, inculpation de détournement de fonds.

-Vous aviez tapé dans la caisse?

-Mais jamais de la vie!

Mes comptes personnels ont été épluchés, et j'en suis ressorti comme l'agneau qui vient de naitre.

Le détournement de fonds, c'est pour avoir refusé de nommer ceux à qui je remettais les sommes en liquide!

-Vous vouliez protéger les hommes politiques que vous subventionniez?

-On l'a beaucoup dit, et principalement à gauche, mais soyons sérieux deux secondes.

S'il s'agissait de subventionner des partis politiques, pourquoi voudriez-vous que Peugeot, par exemple, ait pris sur ses épaules une part si lourde de ce fardeau?

-Peugeot? Personne n'en a jamais parlé!

-Relisez donc un peu l'interview que mon prédécesseur à l'Uimm, Daniel Dewavrin a donnée au monde le 15/10/07.

-Je n'y vois rien de spécial...

Ah! si.

Les contributeurs étaient-ils des constructeurs automobiles pour l'essentiel ?

Pas pour l'essentiel, n'importe quel adhérent pouvait contribuer. Faurecia que j'ai eu le privilège de présider pendant des années, a été l'un d'entre-eux.

-Et comme Faurecia est un équipementier automobile appartenant à Peugeot, cela limite la pertinence de cet exemple de diversité quand à l'origine des fonds.

-Faurecia... N'est-ce pas cette entreprise dont le Pdg, Pierre Levi, a été contraint de démissionner en 2006 sous l'inculpation de corruption active?

-Tout à fait. Vous voyez qu'à Peugeot, on sait faire.

Mais connaissez-vous l'autre particularité du groupe Peugeot?

-Dites, je vous prie.

-C'est de n'avoir toléré dans ses usines, jusqu'à une époque récente, qu'un syndicat-maison, la CSL.

-Il s'agissait de pratiques d'un autre âge. Elles n'ont plus court...

-Justement! Les milices de la CSL ont intégré FO avec armes et bagages, tandis que se créait une flopée de petits syndicats affiliés à la CFTC ou à la CGC, qui ne furent jamais très cruelles pour nous.

-Vous voulez dire que Peugeot se serait servi de l'Uimm et du secret de ses comptes pour continuer à financer des syndicats qui lui étaient favorables, mais qui préservaient leur réputation d'indépendance à l'égard du patronat?

-Je ne dis rien de tel : je vous laisse ce soin.

Mais je vous signale que parmi les constructeurs automobiles figure Renault, c'est-à-dire l'Etat, qui joue aujourd'hui les rosières scandalisées.

-Vous attigez.

Je vois mal pourquoi l'Etat voudrait aujourd'hui provoquer un scandale éclaboussant les confédérations syndicales les plus concilantes à son égard.

-Elles ne le sont pas plus, aujourd'hui, que la Cgt, bien assagie depuis les époques de l'anarcho-syndicalisme, et du sémillant Yossif Vissarionovitch.

Il y a au contraire une urgence à détruire toutes ces petites confédérations créées en d'autres temps pour affaiblir la Confédération Générale.

-Mais enfin, quelle urgence?

-Les discussions qui s'ouvrent pour la réforme du statut des syndicats, de leur financement, et de leur représentativité.

Vous n'ignorez pas qu'il s'agit de transformer les syndicats représentatifs en organismes de gestion des ressources humaines, fonctionnant aux frais de l'Etat.

Il n'y a, dans ces conditions, aucun intérêt pratique et financier à conserver le nombre élevé de ces syndicats représentatifs, et il existe un moyen simple de supprimer les surnuméraires.

-Ah bon? Lequel?

-Le critère de représentativité sera changé et s'appuiera uniquement sur le résultat aux élections professionnelles.

Si la barre est assez haute, seules la Cgt et la Cfdt accèderont au statut enviable d'interlocuteurs officiels.

Les autres, privées de ressources et de légitimité, dépériront.

-Jamais elles n'accepteront un pareil avenir!

-Elles l'accepteraient si la nouvelle loi leur permettait, à l'instar de celle sur le financement des partis politiques, d'effacer l'ardoise de leur implication dans des affaires de corruption passive.

-Et vous allez être contraint de les y impliquer?

-On en est encore loin.

-Pourtant Laurence Parisot...

-Parisot se touche si elle croit que l'Uimm cèdera, sur une simple demande de sa part, les postes de pouvoir que notre fédération occupe au nom du Medef.

Elle est dans l'incapacité de nous exclure, et nous demeurons la puissance centrale du syndicat patronal : c'est elle qui pliera.

-Elle a pourtant exigé que l'Uimm ne vous garantisse plus contre les conséquences de votre silence en justice.

-L'essentiel de cette protection demeure pour l'instant. Le vrai problème n'était pas mes indemnités de départ, mais les indemnités qu'on m'accorderait en cas de redressement fiscal lié à cette affaire.

Si je ne parle pas, les 20 millions d'euros me seront imputés au titre de mes revenus.

Je ne sais pas si vous imaginez ce qu'une telle plaisanterie, durement menée par les agents du fisc, pourrait me coûter.

-10, 30, 60 millions d'euros?

-Suffisamment en tous cas pour que je quitte les douceurs de ma résidence châtelaine, et fasse l'expérience d'une vie sous les ponts.

Apparemment, cet aspect de mon contrat n'est pas remis en cause. On se consacre à ma petite indemnité d'1,5 millions d'euros, que je suis bien entendu tout prêt à négocier.

Et vous savez quoi?

-Non.

-Ce-N'est-Qu'un-Dé-But!

Le-Com-Bat Con-Ti-Nue!


Je vis s'éloigner Denis Gautier-Sauvagnac qui, le poing levé, continuait à scander son improbable slogan.

C'est égal, me dis-je. La Sarkozie est vraiment un étrange pays.

okounine


Ecrit par okounine, à 09:59 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  MathiasDelfe
05-03-08
à 15:10

Indemnités



Très bon papier ! comme souvent d’ailleurs.

A titre de rappel, pour comprendre pourquoi notre ami Gautier-Sauvagnac ne se considère pas comme un privilégié (sommes à prendre avec des pincettes, car en ce domaine l’opacité est bien évidemment de mise : qu’on songe à ce milliard - ? - d’euros planqué dans l’invraisemblable Lichtenstein par des Français aux patronymes « pas connus », dit-on).

Daniel Bernard, ex-pdg de Carrefour, aurait touché 38 M€ pour son départ, décomposés en +ou – 9 M d’indemnités de licenciement et 29 M de « retraite-chapeau » (une telle épargne-retraite pour 13 ans d’ancienneté, ça ne vous décourage pas de bosser 41 ans pour des clopinettes ?).
Laurence Danon, ex-pdg du Printemps, départ volontaire, 2,5M€.
Pierre Bilger, ex-pdg d’Alstom,  4,1 M€  (y aurait renoncé - ? - considérant l’état de l’entreprise, tout en les estimant légitimes).
Noël Forgeard, ex-pdg d’Airbus, 11 M€ environ.
Frank Dangeard, ex-pdg de Thomson, +ou- 21 M€ tout en devenant président du conseil d’administration de l’entreprise (et allez !)
Feu Philippe Jaffré, démission suite au rachat d’Elf par Total, de 30 à 45 M€ (il y a huit ans, un précurseur ?).
Jean-Marie Messier, ex-pdg de Vivendi, + de 20 M€ réclamés, combien obtenus ?
Serge Tchuruk,  ex-pdg d’Alcatel, 5,6 M€.
Jean-Marc Espalioux, ex-pdg d’Accor, 12 M€.
Antoine Zacharias, ex-pdg de Vinci, 12,9 M€ (cherche actuellement à obtenir de son ex-employeur 200 M€ (mais oui) de stock-options dues (selon ses propres estimations).
Enfin le minable de service, Patick Puy, pdg éclair /liquidateur de Moulinex,  a exigé 176 000 € pour licenciement économique après 3 semaines de (sale) boulot. Débouté par les prud’hommes.
Liste non exhaustive, bien sûr, hélas.

Comme on le sait, tous ces braves gens justifient leurs émoluments princiers par le fait qu’ils seraient indispensables à la bonne marche de l'entreprise, tandis que leur éviction vient précisément affirmer le contraire.

MD

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