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Argentine : l’empire du soja OGM
Lu sur Hacktivist news service : "En Argentine, depuis 1996, des cultures transgéniques ont été autorisés et surtout celle du soja. Alors si dans un premier temps il y a bien eu le miracle promis par la multinationale Mosanto, dix ans après les paysans sont piégés par la soja-dépendance. Comment l’Argentine s’est pris les pieds dans les champs de soja transgénique, une enquête de Marie Monique Robin et de Guillaume Martin, diffusée par Arte.

Hector Barchetta, paysan argentin : « Voici les fameuses semences transgéniques, au début nous les avons adoptées comme des pépites d’or, on les appelait même les semences magiques et voici le glyphosate, c’est un produit qui tue totalement toutes les mauvaises herbes. Le soja transgénique est résistant à ce produit donc vous pouvez épandre l’herbicide sur une parcelle et il ne reste que le soja. C’est très pratique et ça permet de réduire considérablement les coûts de production ».

En 1996, la compagnie nord-américaine Mosanto lance en Argentine un soja transgénique baptisé Roundup ready. Sa caractéristique : un gène issu d’une bactérie a été introduit dans sa structure ADN pour le rendre résistant au glyphosate, un herbicide puissant que Mosanto commercialise sous le nom de Roundup. (...)

Hector Barchetta, qui exploite 127 hectares, il a planté du soja transgénique sur les ¾ de sa ferme mais aujourd’hui il est inquièt : « Le soja a tout envahi. Comme il valait plus que le maïs et que ses coûts de production étaient bas, et bien les producteurs sont passés directement au soja. On a tous arrêté de produire le maïs, le tournesol, les légumes et on a arrêté de pratiquer la rotation des cultures. En fait le producteur est tombé dans un piège car maintenant il se rend compte que ses sols sont complètement détériorés, c’est à dire que d’un point de vue humain je ne sais pas si ce que je fais est bien, d’un point de vue économique si, mais je ne sais pas si c’est bien pour le futur de mes enfants. On est en train d’exploiter et de sacrifier l’avenir du pays car si la terre est fini ça en est aussi fini du pays ».

Aujourd’hui le soja transgénique couvre la moitié des terres cultivables argentines soit 14 millions d’hectares. (...)

Walter Pingue est agronome à l’université de Buenos Aires, il étudie les conséquences sur l’environnement de ce qu’il appelle la « sojination » du pays. Contrairement à l’argument commercial de Mosanto, les semences transgéniques n’ont pas réduit la consommation d’herbicides, c’est même tout le contraire.

« Dans beaucoup d’endroits les mauvaises herbes sont devenues tolérantes au glyphosate, pas résistantes mais tolérantes, cela veut dire qu’il faut utiliser beaucoup plus d’herbicide qu’avant pour en venir à bout ». Un paysan : « Avant nous utilisions deux litres à l’hectare et nous sommes passés à trois litres et demi, d’année en année il faut appliquer de plus en plus d’herbicide » Pingue : « Au niveau national nous sommes passés d’une consommation annuelle d’un million de litres dans les années 90 à 150 millions l’an passé ».

En moins de 10 ans, les OGM on colonisé les provinces les plus fertiles du pays, Buenos Aires, Santa Fe puis Entre-Rios. Plusieurs fois par an, ces vastes territoires très peuplés sont arrosés de Roundup, généralement par avion.

Dario Gianfilichi est médecin généraliste depuis 23 ans, il exerce dans une petite ville située au coeur de l’empire transgénique. La prolifération des plantations de soja représente pour lui un véritable cauchemar sanitaire. « Ici on voit du soja sur les bas côtés de la route, il occupe un espace public qui a été confisqué par un individu pour son intérêt personnel, c’est courant sur toutes les routes de la province, il arrive qu’en circulant on se fasse arroser par les épandages. C’est comme une épidémie, une fièvre, c’est plus que déprimant c’est désespérant parce qu’ils profitent de tous les espaces pour faire du soja. Le soja est même en train de faire disparaître l’élevage et la production laitière. Tenez regardez là, cette maison se trouve à moins de 50 mètres du soja et bien sûr il est arrosé d’herbicide, c’est impossible que les gens ne soient pas infectés. Et de l’autre côté il y a une école, avec des enfants.

Le docteur Gianfilichi accumule les donnée sur les conséquences pour la santé des épandages. Il a été contacté par cette école qui vient d’être victime d’une grave contamination.

Une professeure : « Ils avaient fait un épaudage dans tout le secteur, il se trouve que peu après il a plut, ensuite le soleil est arrivé et cela a provoqué une évaporation et beaucoup de gens ici ont eu des problèmes ». « Nous avons eu 53 enfants qui ont eu des problèmes de vomissement, de diarré ou de maux de tête ».

(...)

Dr Gianfilichi : « Fondamentalement ce qui attire l’attention ce sont les effets sur la fertilité et la fécondation, une grossesse extra-utérine, une mort foetal précoce et puis aussi des problèmes de tyroïde, des problèmes respiratoires ou des poblèmes de peau. Si vous prenez l’étiquette du Roundup, vous pouvez lire glyphosate et substances inertes, ces substances inertes ce sont des sulfates dont la « polietilienamina » qui a un effet destructeur du système endocrinien et qui entraîne la formation de « infomas » et de graves problèmes de vue. Malheureusement tous ceux qui essayent de parler de cela sont considérés comme des fous s’opposant au bonheur et à la pospérité du pays ».

Voici un autre fou qui n’a pas froid au yeux, Luis Castellane, un ingénieur agronome de la province de Formosa, à la fontière du Paraguay. En février 2003, il est contacté par les habitant de la colonia Lomas Cenes dont les cultures vivrières ont été anéanties par les épaudages. Pour porter plainte ils ont besoin d’un rapport scientifique, Luis accepte de le réaliser, une première en Argentine.

Deux ans plus tard les habitants de Lomas Cenes n’ont toujours pas obtenu réparation de leur préjudice, cultures et bétail, ils ont tout perdu. Certains souffrent de troubles chroniques depuis la contamination mais ils n’ont pas les moyens de se faire soigner. Aucun médecin n’a accepté de faire un rapport médical, quant aux autorités, elles font la sourde oreille.

Luis : « Ca n’est facile pour personne de s’opposer au pouvoir, dès le début j’ai su que je prenais des risques en acceptant de faire ce travail ». Un habitant : « Oui, ça a éte très difficile, nous avons du nous affonter à la police, aux politiciens qui voulaient nous faire taire, ya des voisins qui ont refuser de s’associer à la plainte parce qu’ils avaient peur, d’autres ont abandonné leur terre et sont partis ».

- « Apparament le soja transgénique ne peut pas cohabiter avec des cultures traditionnelles ? Luis : - « C’est très difficile, surtout dans des secteurs comme ici où les grandes extensions de soja sont entourés de petits producteurs. Tout le système constitue une menace, si ce qui leur ai arrivé se reproduisait, je ne sais pas combien d’entre eux resteraient ».

Aujourd’hui, l’Argentine représente le premier exportateur de produits issus du soja. L’huile pour la consommation humaine et farine pour le bétail à destination principalement de l’Europe et de la Chine. La production de grain s’élève à 37 millions de tonnes, ce qui représente 10 milliards de dollars soit 30 % des exportations nationales, une manne qui profite surtout aux secteurs industriels en pleine expansion. D’après la Fédération Agraire Argentine (FAA) qui regroupe 70 000 agriculteurs, 100 000 exploitations familiales ont disparu au cours des dix dernières années (données de 2005).

Eduardo Buzzi, pdt de la FAA : « Beaucoup de petits paysans ont vendu ou ont loué leurs terres, ils ont été remplacé par des agriculteurs plus gros dans le meilleur des cas ou par des acteurs qui ne viennent pas du tout du monde agricole, des investisseurs, des opportunistes qui disent ‘tiens j’ai des capitaux’, cela peut être des fonds de pension qui forment ce que l’on appelle des pools de semis, ils placent leur argent dans l’agriculture commerciale et industrielle à grande échelle ». La Fédération Agraire a longtemps soutenu l’expansion du soja mais aujourd’hui rien ne va plus. D’abord le cours de la céréale ne cesse de chuter et puis en 2004 Mosanto a créé la panique en réclamant des royalties rétroactives pour toutes les semences utilisées depuis neuf ans. Pourtant la compagnie avait assuré que les paysans pouvaient conserver une partie de leur récolte pour la resemer sans avoir à payer.

E. Buzzi : « Ce type d’entreprise planifie à long terme, sur des décennies, elles n’improvisent pas. Au début elle a utilisé l’Aprecide l’association des grands producteurs de soja, les moyens de communication, beaucoup d’argent, elle a laissé les agriculteurs utiliser sa technologie, sans les poursuivre, puis une fois que c’est généralisé viennent alors les pressions, ce n’est pas de l’improvisation, tout a été planifié.

En attendant, la résistance s’organise contre la politique du tout soja. MOCAFOR, le Mouvement des Paysans de Formosa, en a même fait le terme de son dernier congrès. Récemment une vingtaine de membres du syndicat ont été mis en examen pour empêcher le décollage d’avions épaudeurs.

Pour le chef du Mocafor, les cultures transgéniques menacent la sécurité alimentaire du pays : « Le soja, à Formosa et dans le reste du pays, entraîne de nombreuses calamités, il détruit la terre, il pollue l’environnement, il provoque des maladies et dans le même temps il entraîne le déplacement de populations paysannes, créoles ou indigènes. Ce qui fait que nous, les argentins, nous sommes devenus étrangers sur nos propres terres. Nous ne sommes pas d’accord avec ce projet du soja, ce projet transgénique où les seuls bénéficiares sont Mosanto, Cargill, qui emportent tout, brevète les semences. Ce modèle est criminel, nous voulons un autre modèle de production, le modèle agricole de la sécurité et de la souveraineté alimentaire , nous voulons une campagne peuplée de paysans, c’est pour ça que nous luttons, que nous vivons et parfois il arrive qu’on en meurt ».

En attendant, le soja poursuit son irrisistible extension, toujours plus vers le nord, dans les provinces du Chaco ou de Santiago del Estero où on déforeste à tour de bras. Ces terres semi arides sont réputées pour leurs savanes et forêts primitives, refuge d’une grande bio-diversité. En six ans, 800 000 hectares sont partis en fumée.

Comme ici sur cette parcelle de 1 600 hectares où on transforme le bois en charbon avant de livrer les sols dévastés aux OGM.

« Le propriétaire de cette parcelle est le fils du gouverneur de Tucuman, quant au père il possède plusieurs milliers d’hectares tout près d’ici. Ils sont venus ici pour faire du soja ».

Théoriquement les programmes de déforestation sont soumis à une autorisation ministérielle mais l’argent du soja permet tous les arrangements et dans les faits la loi est violée en permanence.

Guy de Laurens est un géographe allemand qui travaille à l’université de Santiago del Estero. Ce jour là il vient constater un arrachage non autorisé sur une parcelle de 24 000 hectares, il est accompagné de Pedro Coronel, un ingénieur des Eaux et Forêts qui malgré les pressions a décidé de brisser la loi du silence. P. Coronel : « La fameuse frontière agricole ne cesse d’avancer mais en fait ils sont en train de créer un désert car il faut bien comprendre qu’ici la fertilité du sol est liée à une forêt millénaire, alors ils vont faire une ou deux récolte et puis la fertilité va baisser entraînant une baisse des rendements et finalement après quatre ou cinq ans et bien ils vont partir ». G. de Laurens : « Les conséquences sont très graves, la première est évidente, c’est une perte de la bio-diversité, des espèces et au-delà de tout un éco-système. P.C : « Ça entraîne l’extinction d’espèces tant végétale qu’animale qui vivaient en équilibre jusqu’à ce que ça se produise ». GdL : « La deuxième conséquence c’est qu’avec le changement de l’usage de la terre, les sols s’altèrent. Comme on le voit ici, sous l’impact des gouttes d’eau il se forme une croûte sur le sol, la surface de la terre se compacte et il suffit d’une croûte de deux millimètres pour que l’eau ne puisse pas entrer dans le sol et commence à ruisseler. Au niveau d’un bassin, ces eaux de ravinement provoquent des innondations dans d’autres zones. PC : « Quand il y a la forêt l’eau est absorbée sur place et quant il n’y a plus de forêt l’eau dévalle et ce ruissellement est à l’origine des grandes innondations que nous avons eu récemment à Santa Fe (en 2003). GdL : « Nous sommes vraiment dans une situation d’urgence mais au niveau officiel on ne l’a pas encore compris (sic). C’est très grave car les dégâts sont irréversibles.

Ecrit par baccata, à 17:51 dans la rubrique "Ecologie".



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