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Economie alternative. Un GROUCHA
De multiples expériences à la recherche d'autogestion et de prise en compte des considérations écologistes dans la vie quotidienne apparaissent ici et là. Dans les Pyrénées, nous avons rencontré des membres d'un groupement d'achat, dont l'originalité est, entre autres, de s'étendre au-delà d'un seul village et d'impliquer une coordination particulière au doux parfum de fédéralisme libertaire (autonomie de la structure de base, libre association et entraide)! On n'en est pas encore à la formule de Proudhon cc l'atelier remplacera le gouvernement », mais peut-être peut-on pronostiquer plus humblement que le « groucha » remplacera un jour le déshumanisant hypermarché? Voici quelques extraits de la charte du « groucha » suivis de notre interviou proprement dite.

Extraits de la Charte du Groucha :
-S'approvisionner et agir dans un esprit de rencontre, d'échange, de fête, vers une réflexion sur notre consommation, sur les relations producteurs-consommateurs, vers le prix le plus juste, dans le souci de la terre et des êtres, en privilégiant le soutien et le développement de l'économie locale.
-Respecter une certaine qualité dans les relations avec les producteurs: réflexions communes sur nos modes de consommation (les trucs à supprimer, remplacer, échanger, aller chercher, fabriquer soi-même...) ; le respect de la terre (ni engrais chimiques, ni pesticides, produits issus~de l'agriculture biologique); le respect des personnes qui la travaillent... (salaires, conditions de travail décents...) ; la limitation du coût écologique à toutes les étapes de la production et de la distribution (produits locaux de préférence). ' -Veiller à la qualité des relations entre ses membres: mode de fonctionnement collégial du collectif, plutôt qu'un bureau, partage des responsabilités et des tâches.
-Au-delà de ce partage des tâches de base, le Groucha est un lieu de créativité et de recherche, d'échange de pratiques, de savoirs et de savoir-faire.
-Le Groucha a aussi pour objectif de « collaborer avec d'autres projets allant dans le même sens » .

Le Monde libertaire (ML): Qu'est-ce que le « groucha »? Comment le définirais-tu?
Le « groucha » est un groupement d'achat où on essaie d'avoir une réflexion sur notre consommation, sur la provenance des produits, le trajet des produits et la production ellemême. C'est une manière de recréer du lien social, localement... sur un village, un hameau.

ML: Depuis quand existe-t-il? Y avait-il des précédents?
Celui-ci existe depuis neuf mois. Il en a existé un avant qui a fonctionné relativement peu, qui a éclaté par rapport à des conflits d'intérêts.

ML: Comment cela fonctionne-t-il?
Une commande est faite tous les trois mois. Il y a des pôles « village » . Chaque pôle village fait une commande groupée pour arriver au conditionnement minimum (ex: un sac de sucre de 25 kg). Il y a un référent par groupe (qui peut tourner). Tous les référents et toutes les référentes se réunissent pour élaborer la feuille de commande, passer la commande, partager l'arrivage pour chaque pôle. Il existe une liste-mails de coordination des pôles. Elle va sans doute permettre de supprimer la réunion de coordination de commande.

ML: Qu'est-ce qui vous distingue des Amap, du réseau Biocoop ?
On est une association: il n'y a pas de bénéfices. Dans le cadre de l'Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne), il y a une prise de risque partagée producteur-consommateurs (note ML: le foyer consommateur s'engage sur un an à commander chaque semaine ou chaque mois, selon un prix fixé à l'avance, un panier qui sera plus ou moins rempli. C'est une autre formule intéressante de solidarité locale basée sur des produits de qualité), par rapport au réseau Biocoop, la différence c'est qu'on est toutes et tous bénévoles (pas de marge hors l'amortissement des frais de fonctionnement), Il n'y a pas de lieu de stockage; on se réunit chez les uns et les autres, on mange ensemble, Le but est d'arriver à connaître la production, le chemin de la production, la liste des produits du groupement d'achats, On peut envisager de soutenir l'installation de maraîchers, des productions de proximité, par rapport aux besoins, 11 y a une charte du Groucha (cf extraits en préambule).
On prend aussi des produits d'entretien, voire même de rentrée scolaire (cahiers, crayons..,), Mais le but reste quand même de fabriquer les produits, d'échanger les savoirs, d'acheter en commun des composants plutôt qu'un produit fini.

ML: Le réseau des coops bios a un peu démarré comme cela dans les années soixante-dix, vers une certaine dérive « bobo » aujourd'hui et une ressemblance avec la grande distribution. Quels garde-fous envisage-vous pour y parer?
Garde-fous: le découpage en pôles, l'organisation autonome de chaque pôle, la partie prenante de chaque membre au moins au niveau de son pôle... Personne n'organise pour les autres. L'idée n'est pas de faire ses courses. Le garde-fou du conditionnement à atteindre par pôle implique que les gens se coordonnent entre eux et que chacun se rende compte de l'impossibilité de commander 300 grammes de sucre par exemple. Le bénévolat est un but. Extrait de la charte: « La manière que l'on a de fonctionner est aussi importante que la raison pour laquelle on se retrouve. » Chaque personne commande en acceptant la charte et devient membre de fait, sans adhésion.

ML: Penses-tu qu'il y a une limite à la taille du « groucha » ? Le fonctionnement en réseau, selon un mode fédéraliste, peut-il permettre son extension?
On a résolu le problème du nombre par ce fonctionnement par pôle, mais on ne se sait pas jusqu'à combien c'est possible. Le problème qui peut se poser, c'est le comportement de chacun (entre à quel moment tu t'impliques et à quel moment tu fais juste tes courses?). Chaque membre participe à la recherche des produits et des producteurs (ex: pommes, pommes de terre...). Pour notre hameau, de participer ensemble à notre groupement d'achats, a permis de faire des projets en commun (ex: jus de pommes).

ML: Vois-tu d'autres limites d'ailleurs? Quelle parade a été trouvée?
Il est important qu'à chaque niveau les gens se regroupent pour élaborer la commande ensemble; ça évite la spécialisation, ça per= met à chacun d'appréhender tous les enjeux, avant ce principe de réunion, chacun rendait sa feuille au référent ou à la référante qui était alors obligé de recontacter les uns, les unes et les autres pour arriver aux critères de conditionnement, Ce n'est intéressant pour personne. La parade, c'est de se réunir. On fait la commande autour d'un dessert et d'une tisane, cela permet aussi toutes les questions d'organisation globale, sans qu'il y ait une discussion formelle. À la réception, on se retrouve à nouveau à la maison. Un groupe s'occupe de la farine, un autre du sucre, etc. Personne ne gère seulement sa commande.
On « grignote » ce qui « tombe des sacs » (chocolat, raisins,..) dans la joie et la bonne humeur, au vu et au su de toutes et tous, Jusqu'à présent, tout le monde est compréhensif. Ce pôle du « groucha » fonctionne avec les voisins et voisines qui avaient déjà une réflexion sur leur consommation. 11 n'y a pas eu de démarchage particulier. Économiquement, ça reste quand même plus cher que le supermarché du coin. Ceci dit, ça ouvre « des bons plans » avec des producteurs localement, en parallèle au groucha (tomates, fromages-.).

ML: Quelle importance a dans ta vie ce « groucha » ?
Tel que le définit la charte: « la recherche de cohérence entre pensée et vie quotidienne » qui « s'exprime à travers nos relations avec les producteurs, les relations entre membres, les incidences à moyen et long terme sur notre environnement. »

ML: Cela permet-il d'aller au-delà du microcosme militant habituel?
Oui, c'est clair.

ML: Comment financez-vous vos frais de coordination (essence, téléphone et autres) ?
Il existe une participation aux frais comprise dans le prix qui permet
1. de compenser la différence de prix entre dates de commande et de facturation (ex: évolution des cours du blé, du sucre...).
2. un défraiement pour l'essence et les timbres. Ceci dit, chacun essaie de ramener certaines denrées lors d'un trajet personnel à proximité (ex: quand on remonte en Bretagne, au retour, on ramène du sel de Guérande . . . ) . ,
Le téléphone, c'est chacun.
Notre banque est la NEF.

ML: À l'étranger, sais-tu s'il existe des choses similaires?
Non.

Propos recueillis par Stéphane Guyomar

Le Monde libertaire #1496 du 29 novembre 2007
Ecrit par libertad, à 12:50 dans la rubrique "Projets alternatifs".

Commentaires :

  ElVirolo
28-12-07
à 13:37

"Économie alternative"

    Tout est dans le titre. Le problème, c'est qu'on a là une "économie alternative". C'est bien, mais ce n'est pas une fin en soi, et il faut très vite mettre en place la perspective de la sortie de l'économie tout court. On parle dans l'article d'une certaine dérive « bobo ». Est-ce vraiment une dérive ?

Pour citer Clément Homs, de decroissance.info :

Le problème n’est ainsi pas seulement celui de la relocalisation des échanges (c’est important, nécessaire mais pas suffisant), mais aussi et surtout celui de la sortie des conditions de possibilité de l’échange marchand (argent, valeur d’échange, monnaie, salaire - et pas seulement le salariat comme le pensent les auto-gestionnaires -, etc.). Relocaliser pour relocaliser, sans sortir des conditions actuelles de l’échange, c’est l’écologisme économiciste, l’éco-capitalisme.
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