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L'En Dehors


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De la grève de la vie, à la vie de grèves, regard jeté sur une possible réconciliation

Pour trouver de vrais démocrates il faut sans doute, bien souvent, les chercher parmi ceux qui ne nourrissent plus d'illusions pour cette "démocratie" et qui ne la nourrissent pas par le vote. Etant entendu que « voter à droite » est un pléonasme et que la "droite" est le versant le plus ouvertement totalitaire de la tyrannique machine électorale. Voilà les bases jetées. Si vous n'en convenez pas, passez votre chemin!

Selon la hiérarchie des moyens dont chacun dispose, quand les gouvernants, les industriels, les bureaucrates et la bourgeoisie autoritaire violentent l'ensemble de cette société, les étudiants et les salariés en grève portent la lutte sur des problèmes inessentiels. Ce n'est pas une loi qu'il faut combattre mais la totalité d'un monde inversé. D'autres étudiants, salariés et retraités se terrent, apeurés, s'ils ne sont pas hostiles aux contestations. Cependant, de leur part, il faudra attendre de franches hostilités lorsqu'ils seront certains de pouvoir compter sur la protection des forces de police. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas sur notre territoire de conflit armé qu'il n'y a pas une Guerre. Elle est faite au genre humain. L'indifférence consiste à nier la guerre, elle vaut approbation de la force la mieux armée.

En somme chacun agit selon les moyens matériels dont il dispose et les arguments relèvent de l'argutie dès lors qu'ils ne servent pas le genre humain mais son groupe d'appartenance. Les salariés et les étudiants, dans leur grande majorité, ne semblent pas suffisamment accablés par la misère pour envisager de riposter sur le tout. Toutefois au sein même de cette contestation, disons-le, inoffensive, il y a des discordances et cela prêterait assez à rire qu'on puisse se déchirer lorsqu'on ne représente pas la plus petite menace. Mais peut-être entend-on ne rien menacer? Ces enfants craignent-ils l'âge d'Homme?

Il y a parmi ces forces contestataires des organisations politiques et syndicales qui n'ont de révolutionnaire que le nom: LO, LCR, CGT, CFDT etc... De toute évidence et afin d'éclairer d'entre les jeunes gens animés de belles intentions les plus naïfs, il faut convenir que ces organisations n'entendent pas renverser ce monde. Leur objectif est d'obtenir leur part. Voilà qui ne souffre plus aucune contestation. Il ne resterait de révolutionnaires que les anarchistes. Quoi qu'ils sont les moins nombreux ils trouvent cependant le moyen de ne pas s'entendre. Ils demandent l'abolition de l'Etat et s'entredéchirent pourtant sur des questions de second ordre ce qui laisserait à la supposition qu'ils sont finalement assez peu nombreux à souhaiter et à oeuvrer pour une telle abolition. Il sera bien temps de décider du solutionnement des questions subsidiaires lorsque l'objectif principal sera atteint car de toute évidence, et pour ne prendre qu'un exemple, je doute qu'on montre plus de prédispositions à atteindre cet objectif selon qu'on est spéciste ou anti-spéciste ou qu'on est végétarien ou qu'on ne l'est pas.

Comme il se doit ce n'est pas au sommet de cette hiérarchie où l'on a pourtant les moyens matériels et politiques de renverser l'ordre odieux de ce monde que l'on trouve des hommes véritables. Ce n'est pas non plus parmi la clientèle et les serviteurs de la "France d'en haut".

Pour agir en homme véritable il faut se défaire de la croyance stupide qu'on est un citoyen héroïque et responsable dès lors qu'on compose avec le tri sélectif des déchets. De toute évidence s'il y a des déchets à trier c'est dans les ministères, les entreprises, les laboratoires, les administrations.

Ils étaient des centaines de milliers à en découdre avec la police, en 1926, dans les rues de Paris, pour défendre la vie de deux réfugiés italiens condamnés injustement à mort par l'Etat américain, Bartolomeo Sacco et Nicolas Vanzetti. Ils étaient tout autant dans les rues de Buenos-Aires, en Italie et aux Etats-Unis. Ces gens avaient une conscience d'appartenance à une humanité oppressée par la mondialisation du crime et de la rapine impérialiste. A l'heure où la mondialisation est économique, il y a un siècle la mondialisation était séditieuse et humaine. Les sociétés se sont décivilisées et les peuples déshumanisés. Combien de manifestants de part le monde lorsque les impérialistes, chaque jour, attentent aux jours de nos semblables? Combien de manifestants et avec quelle détermination agissent-ils?

Berthold Brecht pouvait alors formuler quelques paroles raffermissantes à l'attention d'une utopie encore vive et des vivants "nos défaites ne prouvent rien sinon que nous n'étions pas assez nombreux" et de frapper de honte ceux qui n'étaient pas venus. Aujourd'hui la plupart n'ont jamais esquissé le moindre pas et ils réfugient leur couardise dans un accommodement de bons sentiments factices, de désoeuvrements sans l'ombre d'un combat, de rires stupides et fascistes, de dénigrement de soi et d'un prêt à converser qui conforte la marche quotidienne robotique, d'ennuis et de contraintes, de divertissements et de désirs aussitôt trahis quand cognent sur leurs murs, au moindre de leurs pas, les chaînes qui les retiennent à la satisfaction d'un plaisir le plus souvent équivoque, s'il est entendu qu'il ne peut y avoir d'authentiques plaisirs qu'à la satisfaction de tous. Ils continueront à répéter à satiété "c'est la vie" toutes les fois où point la trahison d'une utopie qu'ils perdent à l'instant même où ils formulent ce lieu commun passe-droit et sauve-qui-peut. Sauf que personne ne peut plus ni se sauver, ni invoquer un droit sans passer par les armes ceux qui n'en ont pas, a fortiori tout passe-droit circonvient à l'universalité du genre humain.

Je suis le premier à le déplorer pour mon compte personnel, sans préjuger des forces de chacun, mais d'une manière générale on peut convenir avec Orwell de la déchéance physique progressive des hommes civilisés. Ce constat il le fit il y a une soixantaine d'années. Nous n'avons pas le courage des hommes et des femmes qui se sont rassemblés autour de Sacco et Vanzetti parce qu'un employé des services tertiaires, un fonctionnaire ou un médecin assisté de machines n'ont pas la force physique des mineurs de Wigan.

Nous aurions pu compenser par la connaissance et cela aurait assez déterminé notre volonté de sortir du bourbier des "petits hommes". Mais penser fait souffrir et cela réclame assez de courage à la conscience, de renverser la perspective propagandiste de l'enseignement et du spectacle. Nous sommes moins valeureux que nos devanciers parce qu'un téléspectateur ou un supporter n'ont pas la puissance de Wilhelm Reich.

Nous pouvions encore donner prééminence aux innombrables forces de vies créatrices qu'il y a en nous et cela aurait assez ébranlé la filière marchande du plaisir. Mais vivre demande du courage et nous en avons moins qu'en 68 parce qu'un prédateur ou un margoulin ne propagent pas la vie, ils l'ôtent.

Nous nous sommes effacés, l'employé derrière le mineur séditieux, le téléspectateur derrière le grand homme et il ne reste que des assitoyens, plus ou moins, tour à tour margoulins et prédateurs, les uns contre les autres.

Nous? A voir. Il y a en de plus directement concernés par ce reproche. Je ne ferai pas le constat facile qu'il ny a plus rien à cause du confort et parce qu'en occident, dans l'ensemble on mange à sa faim. Ce n'est pas l'Homme. L'Homme est à inventer. Par contre il y eut dans l'histoire des générations d'hommes et de femmes plus valeureux, à l'exemple des communards. Ces dernières générations qu'on absout volontiers en disant de l'Homme qu'il n'a pas évolué et que c'est la société qui mute si précipitamment, ces générations sont régressives et plus elles consentent à se perdre, plus abjectes elles sont. Ce carrefour est de la responsabilité de ces dernières générations. Nous y sommes bien engagés, au point où cet Homme à inventer pourrait ne jamais voir le jour. "Ce qui est terrifiant dans les dictatures modernes, c'est qu'elles constituent un phénomène entièrement sans précédent. On ne peut prévoir leur fin. Autrefois, toutes les tyrannies se faisaient tôt ou tard renverser, ou à tout le moins elles provoquaient une résistance, du seul fait que la "nature humaine", dans l'ordre normal des choses, aspire toujours à la liberté. Mais rien ne garantit que cette "nature humaine" soit un facteur constant. Il se pourrait fort bien qu'on arrive à produire une nouvelle race d'hommes, dénuée de toute aspiration à la liberté, tout comme on pourrait créer une race de vaches sans cornes". (G.Orwell)

***

S'ils vous apparaissent sauvages c'est qu'ils ont une conscience plus aiguë de la barbarie et si d'entre ceux qu'elle a frappé cruellement, ils sont les seuls à riposter à la mesure du tort qu'on leur a fait, c'est qu'il y a en eux de la vie et qu'ils ont appris à faire corps puisque leurs ennemis sont à peu près partout, puisqu'ils sont les laissés pour compte, les perdants quotidiens de cette guerre et de ses ravages.

Ils ne sont pas les seuls perdants mais ils ne se retranchent pas derrière les excuses de l'intellectualité et le prétexte fallacieux d'en passer par les voies d'une justice assujettie, lorsque l'un des leurs meurt. Les émeutiers puisqu'il s'agit d'eux sont alors les seuls à agir en conséquence. A ce titre ils sont une force contestataire véritable, la seule peut-être. Ce n'est pas par le plus curieux des hasards que les organisations politiques électoralistes de l'extrême gauche (LO, LCR, PC) cessèrent d'oeuvrer dans les quartiers lorsque les premières émeutes ont eu lieu. En dépit de leurs discours, ceux-là ne cherchaient pas des révolutionnaires mais des militants et des bulletins de vote. Ils ne cherchaient pas et ne cherchent jamais ni des hommes, ni des alliés, ils cherchent à garnir leur force pour obtenir du gâteau capitaliste une meilleure part.

La force est du côté du pouvoir, la puissance si elle est bien dirigée peut le contester. Il y a chez ces émeutiers plus de puissance de vie qu'il n'y a de forces dans les organisations politiques électoralistes. A-t-on jamais vu ces forces s'unir lorsqu'elles viennent à perdre l'un des leurs? Cette perte est un profit de moins, pas un homme. Et c'est pourquoi au premier souffle tout cela s'envole. Et c'est aussi pourquoi les émeutiers sont jamais les seuls à agir lorsque la vie d'un des leurs est ôtée. Or si l'on considère de toutes parts qu'il y a une lutte à mener entre oppresseurs et oppressés, ce n'est plus de la vie "d'un des leurs" dont il est question, mais de la vie "d'un des nôtres".

Il y a donc urgence à resituer les enjeux véritablement humains de la contestation. Cela suppose assez qu'on en soit amené à balayer tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre font profit de celle-ci. il convient de ne pas minimiser la lutte, ni de la circonscrire avec tout le fatalisme et l'ingénuité que cela suppose. Nos ennemis considèrent le crime comme une option profitable à leur guerre économique et pas seulement dans des contrées lointaines. Combien d'entre eux chargèrent leurs bouches de charognes, tel que ce bourgeois du sud-ouest s'autorisait : "c'est dommage d'en venir là mais tous ces immigrés et ces pauvres il faudrait les supprimer". Il est le père d'une magistrat.

Nous ne pouvons pas nous contenter de n'être qu'un groupe de pression car nous serions alors à la merci de ceux qui entendent profiter de la pression, de celle-ci seulement et qui demain peut-être seront plus ouvertement rangés au côté de la sinistre prophétie de ce bourgeois : les organisations politiques électoralistes et tous les corporatismes.

A l'égal des manifestants de 1926, c'est une bataille d'hommes qui doit s'engager, contre l'oppression et les oppresseurs, et n'en tirer aucun profit.

Si une vie qui ne résiste pas à l'infamie n'a jamais cessé d'être une infamie qui résiste à la vie, c'est à compter de cet élargissement des perspectives que nous passerons de la grève à la vie et que nous éviterons la catastrophe du sacrifice propriatoire qui nous est de toute façon promise si nous nous en tenons à ce qu'auront été ces dernières années de luttes.

régis duffour

Ecrit par , à 21:59 dans la rubrique "Pour comprendre".



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