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L'En Dehors


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Brave Thibault

Vous auriez connu Bernard Thibault il y a quelques années, c'était le Prince Charmant du syndicalisme français.

La bonne fée Cégette s'était penchée sur son berceau, et l'avait comblé des dons les plus extraordinaires : un métier d'homme (à la Sncf) et de beaux cheveux (comme Prince Valiant, mais en blond), un mental de guerrier (en 95 il défendait déjà les régimes spéciaux), un profond respect des humbles (grâce à lui, la Cgt intègre les Coordinations au lieu de les combattre), et une énooorme indépendance d'esprit (en 1998, quand il devient Pdg du syndicat, il abandonne la direction du Parti Communiste).

Malheureusement, il y avait aussi un Ogre dans la famille, et qu'on n'avait pas invité au baptème parce qu'il faisait peur aux enfants : il s'agissait de l'oncle Yossif Vissarionovitch (Djougachvili).

Lequel prit très mal la chose, jugez plutôt :

Pour ce qui est du métier (que le brave Thibault exerçait d'otigine au dépôt de Paris-La Villette), Yossif en fit un milieu hostile : à 80%, les collègues de La Villette ont rejoint les rangs du félon Sudraille, l'ennemi juré de la fée Cégette, et Thibault n'y est plus le bienvenu.

Pour ce qui est des Coordinations d'humbles et de pauvres, elles ne tiennent aucun compte des efforts que font Cégette et Thibault pour les aimer (et les protéger de toute aventure insurrectionnelle) : elles passent leur temps à les insulter.

Pour ce qui est de l'indépendance, Yossif l'Ogre a dévoré le Parti communiste, il n'en reste que des os rongés, et les moins appétissants. La question ne se pose plus.

Et pour ce qui est du mental de guerrier, avant même que la bataille du 13 novembre ne commence, le brave Thibault s'en allait porter sa reddition au gouvernement, puisque sa proposition de négocier entreprise par entreprise n'est rien d'autre que celle indiquée en son temps par Nicolas Sarkozy himself, et proposée d'ailleurs par Idrac, la patronne de la Seuneuceufeu.


Il y avait ajouté, en pleurant, qu'un représentant de l'Etat soit présent dans chacune de ces négociations, ce qui n'était pas prévu, mais ne mange pas de pain : l'Etat est l'actionnaire principal des entreprises concernées.

Il peut donc y être tout en n'y étant pas, c'est-à-dire y être en qualité de propriétaire, et non parce qu'il est l'Etat, créateur d'une loi contestée par le mouvement de grève.

Si bien que cette demande de négociations s'avère une acceptation sans négociation du projet de loi, tout en ayant l'air de le mettre en cause.

Car si Thibault a hérité de l'oncle Yossif une propension à toujours se soumettre aux raisons de l'Etat, il a heureusement été doté par la fée Cégette d'une grande habileté à faire passer les vessies pour des lanternes.

On se rappelle ainsi les accords de Grenelle, signées le 26 mai 1968, et présentées aujourd'hui comme une victoire des grèves de 68, alors que celles-ci avaient principalement eu lieu en juin, et que Grenelle avait justement eu pour but qu'elles ne démarrent pas, et pour fonction, en définitive, qu'elles s'arrêtent au plus tôt.

De la même façon, et cette année comme toutes les autres années, Bernard Thibault porte haut et fier l'oriflamme jadis brandi par Georges Séguy, et qui rappelle à tous que le premier devoir du syndicaliste est de savoir terminer une grève (ou mieux, ne pas la commencer) quand elle menace l'Etat.


Le résultat de sa demande de négociations ne s'est pas fait attendre : dès le surlendemain, il n'y avait quasiment plus de gréviste à Edf, Gdf; tandis que le ministre, Xavier Bertrand, attendait simplement la reprise générale du travail pour concéder à Thibault une victoire diplomatique sans conséquence : car on ne sait jamais, à l'heure de la trahison il vaudra mieux trouver la base désarmée, et affaiblie par quelques journées inutiles de grève, que toujours mobilisée et enragée de combattre jusqu'à la victoire ou la mort.

Et Xavier insiste lourdement, puisqu'il demande que tous imitent maintenant son féal le plus cher, son confident, François Chérèque, qui n'y va pas par quatre chemins et appelle à la reprise du travail (après avoir longtemps expliqué que la grève ne servirait à rien).

Xavier atige un peu (mais c'est normal, il en a les moyens), de rappeler ainsi que les confédérations syndicales, et quoiqu'elles prétendent, font désormais partie de sa domesticité.

Il oublie que Thibault est né Prince, de la noble maison des Komintern.

Il ne peut ainsi, et bien que son seigneur soit mort, s'avouer aujourd'hui le vassal d'une maison ennemie.

Mais il peut toujours, en attendant, mettre tout son talent, et sa grande expérience, au service des vainqueurs.


En 2003 déjà, à la Bataille des Retraites, il avait retiré du combat ses fidèles de la Sncf, d'Edf, de la Ratp, au motif qu'en définitive cette guerre ne les concernait pas, puisqu'ils ne dépendaient pas du régime général mais des régimes spéciaux.

Et en dépis des appels à l'aide des grévistes, il avait tenu bon, refusant jusqu'au bout tout appel général à la grève.

On en avait beaucoup voulu à Chérèque, le félon. Pendant qu'on tapait sur la Cfdt, Thibault en avait profité pour s'éclipser.

Cette année, rebelote à l'envers, c'est aux régimes spéciaux d'être en première ligne, et bien qu'il y ait une grève générale de la fonction publique de prévue, la Cgt n'a rien fait pour que ces différentes troupes se trouvent au même moment sur le champ de bataille, s'épaulant l'une l'autre.

A nouveau, c'est la faute à Chérèque, le félon, qui n'avait pas voulu que cette grande force se constitue, et Thibault, bonne pâte, avait accepté l'oukase de son nouvel ami.

Mais par mesure de sécurité, et en prévision d'une inévitable jonction, maintenant, entre les grévistes d'aujourd'hui et ceux de demain, le Champion cégétiste s'emploie à diviser la troupe des régimes spéciaux en leur proposant des luttes d'escarmouches, chacune dans son coin, entreprise par entreprise, et chacune vouée à l'échec puisqu'en face elles trouveront toujours l'Etat tout entier, sa puissance et ses médias, pour combattre ces troupes isolées.


Autrefois, la Cgt agissait ainsi pour laisser au PC l'initiative des affaires sèrieuses (on ne se méfie jamais assez de la piétaille).

Aujourd'hui, c'est pour se faire bien voir des autorités constituées (je suis de votre sang, moi qui monte à cheval).

Et c'est ainsi que, sans perdre la face, et sans changer de méthode, la maison des Thibault change de maître, et partagera bientôt les faveurs qu'a su mériter, par une fidélité sans faille aux causes du patronat, la maison des Chérèque.

La cérémonie de vassalisation ne devrait plus tarder : au printemps 2008, on parlera du financement des syndicats (Enfin! Du vrai pognon!) et, dans la foulée, de l'allongement à 41 ans de la durée de cotisations pour la retraite (Si y a que ça pour vous faire plaisir...).

Car, nul n'en doute, tel est l'enjeu de la bataille des services spéciaux.

Nettoyer le terrain avant l'affrontement principal.

Sans ça, la question d'argent ne se pose pas.

On prévoit des économies de 200 millions d'euros par an.

Quand on sait que le budget de l'Elysée, prévu à 32,2 millions pour 2008, va être majoré de 68,5 millions d'euros pour atteindre 100,7 millions d'euros, sans faire bouger d'un poil le budget de l'Etat, on se doute bien qu'on n'en est pas à 200 millions d'euros près.

C'est juste une question de principe.

Que demain les pauvres viennent pas râler qu'on les met au taf jusqu'à l'heure de l'hospice, alors que d'autres se prélassent à Cannes ou aux Seychelles avec une retraite de 1150 euros par mois acquise en peine jeunesse, à 55 ans ou 60 ans.


Thibault n'en pense pas moins, sans doute. Il aimerait que ça se passe autrement. Il se souvient de sa jeunesse, quand il était ouvrier.

Mais il est chef de maison.

Il doit avant tout veiller aux intérêts de sa maison

(C'est pas la fée Cégette qui le désaprouvera).

Qui sont de participer au pouvoir, quel qu'il soit.

(C'est pas l'oncle Yossif qui le contredira).

Ecrit par okounine, à 16:48 dans la rubrique "Actualité".



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