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Les nouvelles technologies au servi-ce de la guerre
Laissé de côté par une grande partie de l'opinion publique, comme par les militants, le pouvoir militaire est peu connu. Pourtant, la Défense joue un rôle considérable dans l'ordonnance du monde actuel, jusqu'à influencer nos modes de vie par les technologies qu'elle met au point. Derrière l'évolution de l'armement, ces technologies se révèlent être au centre des enjeux stratégiques, économiques et sociétaux de ce pouvoir.
Le temps des guerres conventionnelles, durant lesquelles régiments d'infanterie et de blindés s'affrontaient sur des champs de bataille circonscrits, est révolu. Déjà, à l'issue de la guerre d'Algérie, l'armée française avait théorisé une nouvelle façon de faire la guerre, la guerre révolutionnaire ou guerre subversive, dans des traités de stratégie

confrontée à la résistance du FLN fondu dans la population civile, l'armée était entrée dans un rôle de police pour débusquer au sein de la ville les réseaux de résistants et en éliminer les participants un par un ; la maîtrise de l'information était alors centrale et la torture considérée comme une arme pour vaincre les ennemis. Cette technique de guérilla urbaine se renforça de l'expérience en Indochine contre les bases arrières communistes, pour ensuite être enseignée par des cadres français (certains issus de la Résistance française) aux putschistes argentins, chiliens, paraguayens... (1).
Le cadre des guerres actuelles ne diffère pas : elles ont pour particularité de tuer glus de civils que celles du passé et la nature policière des interventions militaires se précise, voir la guerre en Irak. Face à l'inégalité technologique, la résistance qui s'organise utilise donc son milieu à la manière d'un maquis, comme dans le Vercors ou dans la Casbah d'Alger. Par contre, quand lors d'interventions armées occidentales, la présence des médias n'est pas évitée (2) et l'opinion internationale touchée, l'usage de la torture est en partie impossible dès qu'elle est médiatisée (souvenez-vous des prisons d'Abu Ghraib en Irak).
En référence aux difficultés rencontrées, l'armée française appelle ce cadre d'action une "jungle", naturelle ou urbaine.
Parallèlement, le capitalisme d'État a toujours recours au levier de la Défense pour tirer la croissance économique par des contrats militaires aux industries de haute technologie. Les armes sont renouvelées et modernisées constamment : la course à l'armement, l'idéologie de nos dirigeants, ne s'est pas arrêtée avec la guerre froide et sert encore à traîner l'industrie dans son sillon.

Nouvelles technologies pour nouvelles stratégies

Aujourd'hui, les technologies de miniaturisation électronique comme les nanotechnologies, concrétisent l'imaginaire militaire. Les armées occidentales s'adaptent avec elles aux "jungles".
L'étude publiée par l'Observatoire des transferts d'armement/CDRPC, intitulée L'armement du futur : pression sur la recherche. Présence militaire dans le secteur des nanotechnologies étale dans un bestiaire mortifère, sous des sobriquets comme BOA, FÉLIN ou Libellule, les armes qui donneront corps aux nouvelles stratégies de guerre.
Nous verrons que les nanotechnologies, entre autres, permettent de mettre en place de nouvelles façons de faire la guerre. Mais la fébrilité autour de ces nanotechnologies est surtout l'occasion pour l'État, par l'intermédiaire des investissements massifs de la Défense, de garder un contrôle financier sur les technologies de la prochaine révolution industrielle, technologies qui modèleront une économie sur laquelle il a de moins en moins d'influence.
Par répercussion, cette crispation face à la mondialisation et le recours au secteur de la Défense ne sont pas sans conséquences sur la nature des recherches et des technologies que l'on retrouvera plus tard dans le civil.

Tirer sur des images la guerre numérique

Pour évoluer dans ces "jungles", les militaires français ont donc mis au point le Fantassin à Liaisons Intégrées, le FÉLIN, opérationnel dans l'armée dès 2008. Le principe : un fantassin (soldat à pied) qui agira en commando sur le terrain ennemi. Un troufionique intégré dans un réseau numérique de communication et d'information capable de lui produire, par les multiples connexions avec les radars, satellites et drones (3), des cartes virtuelles du champ de bataille.
Son équipement s'organisera autour de lui : il portera un gilet électronique avec batteries, système de communication et prise USB.2 pour la connexion de matériel électronique, caméra de l'arme, carte... Le futur fantassin sera un système individualisé micro- puis nanoélectronique avec en son centre le soldat, devenu simple organe du sous-système FÉLIN (le système de système étant le réseau numérique global). Sur le casque, un écran se rétracte devant son oeil et projette l'image du viseur/caméra de l'arme.
Il n'a plus besoin de regarder directement son ennemi, il tire sur des images qu'il visionne sur son écran. Affranchi de tout contact émotionnel avec la réalité de son acte, le FÉLIN peut aussi s'entraîner à tuer en jouant sur son PC.

Tuer est un jeu d'enfant

C'est là le coeur des guerres du futur des affrontements déshumanisés avec, pour intermédiaire entre les personnes, le numérique. La robotisation, dont parle toujours cette étude, n'est pas là pour démentir cette tendance. Le vieux rêve militaire s'accomplit. Tuer devient un jeu d'enfant. Plus besoin pour le commandement, comme au temps des poilus, de faire des exécutions exemplaires ou de soûler les soldats pour qu'ils aillent combattre (4). Dès le plus jeune âge, entraînés à évoluer dans des jeux vidéo de simulation dits "serious games", les adolescents financent leur service militaire avec leur argent de poche.
La BOA, Bulle opérationnelle aéroterrestre, est l'application systématisée du numérique dans la guerre. C'est le métasystème qui relie tous les organes de l'armée ; de l'État-Major aux machines qui produisent de l'information en passant par le soldat sur le terrain.
Un exemple: les informations de l'ennemi filmées par un drone en vol, transmises à une rampe de missile avec GPS et voici l'apparition du "missile intelligent", qui touchera la cible filmée dès qu'un opérateur, tranquillement installé dans son bureau à quelques centaines de kilomètres du champ de bataille, aura cliqué sur sa souris.
En projet, la poussière de surveillance : des micro- voire nano-puces RFID larguées en nombre sur un espace donné et destinées à recueillir le maximum d'informations. Reliées entre elles par ondes radio, elles peuvent ainsi transformer un espace donné en une multitude d'informations numériques et recréer un champ de bataille virtuel, avec petits points rouges pour l'ennemi, petits points bleus pour les zones à risque (une source d'explosif détectée ?) et des zones grisées qu'il ne faut pas toucher à plus de ...% représentant les zones civiles.

Les armes s'échangent toujours bien

Récemment, un communiqué de l'AFP (5) faisait part de la création d'un bureau spécial en Israël chargé de superviser le développement d'armes hypersophistiquées s'appuyant sur la nanotechnologie. Le vice-Premier ministre Shimon Pérez fait état de la mise au point d'un système de mini-senseurs dispersés en territoire ennemi pour collecter des informations. Les Israéliens ne maîtrisent pas encore ces technologies. Viendront-ils apprendre en France ? Car le transfert de technologie n'est pas, comme on pourrait le croire, en défaveur de la France. Si celle-ci est avancée dans la recherche en nanotechnologie, les drones de surveillance, spécialité israélienne, sont les meilleurs du monde et les Français payent cher les procédés technologiques. II n'est pas inutile de rappeler ces échanges militaires entre la France et Israël en temps de violation des droits humains et récemment en temps de guerre au Liban.
Avec les nanotechnologies, la France vise l'indépendance et la création de micro-drones portables, oeil déporté du FÉLIN qui, lançables à la main, regarderaient et transmettraient sur l'écran du soldat ce qui se passe au coin de la rue. La Délégation générale pour l'armement (DGA) finance déjà les recherches sur un nano-drone, la Libellule, de quelques centimètres pour un poids de quelques milligrammes, semi-intelligent, qui se déplacerait en utilisant la synthétisation du neurone directeur de la mouche !

Quand l'armée fait la police

Mais plus que les prouesses technologiques, il faut ici retenir la nature policière de ces armes et technologies mises au point. Larmée surveille, filme et virtualise pour mieux contrôler des populations entières. La guerre est en ville, au sein de la population civile. Shimon Pérez annonce "un mini-robot [qui] serait capable d'opérer à la manière d'un drone pour photographier l'ennemi en secteur urbain, notamment dans d'étroites ruelles, perturber ses télécommunications, voire liquider des activistes armés". En parlant d'activistes, rappelons qu'un drone avait surveillé le sommet du G8 qui s'était tenu en France, à Evian, en juin 2003. Le matériel militaire prouve son utilité civile dans l'actualité ce même drone, Hunter ("Chasseur"), de fabrication franco-israélienne, prêté par l'armée à la police, a déjà survolé, le 14 juillet 2006, la Seine-Saint-Denis pour guetter d'éventuels troubles urbains (6).
Les plans Vigipirate successifs et le couvre-feu de novembre 2005 illustrent encore ce rapprochement entre police et militaire. Pour faire face à quoi ? A une critique de l'ordre établi qui, qu'elle soit portée par des émeutiers de banlieue, par des activistes palestiniens, en passant par des anti-G8 et des terroristes, voit se renforcer les moyens mis en oeuvre pour la réprimer.

Militarisation du civil

Le transfert des technologies militaires au civil est un lieu commun, citons l'internet. Alors quoi de neuf pour demain ?
La SAGEM, industriel de l'armement et fabricant de téléphones portables, a développé pour les FÉLIN le bandeau communicant (ostéophone) entourant la tête du soldat. Ce bandeau transmet par les os de la boite crânienne les vibrations émises par le soldat quand il parle, et celui-ci peut entendre par des oreillettes. "On peut parler à voix basse et écouter sans bruit". Pour sûr, ce bijou high-tech tombera dans le civil quand la SAGEM lancera son nouveau téléphone portable. Signe de ces temps kaki, la SAGEM est un des leaders mondiaux des solutions biométriques, utilisées entre autres pour nos futurs papiers d'identité.
Mais toutes ces technologies ne sont pas neutres ; elles ont été créées dans des buts précis. Lintérêt pour les militaires d'un portable et de son évolution le bandeau communicant est de rester en contact permanent avec les siens, les gentils, quand il faut évoluer dans le milieu hostile des méchants. Transposé à notre société, cet intérêt primaire qui accompagne le portable "L'extérieur est hostile, il faut que je puisse rester en contact avec les miens" est catastrophique pour les relations sociales.
Quant à la BOA, elle n'est qu'un nouvel internet dont l'utilisation se résume par la doctrine "Tout savoir, sur tout objet, à tout moment, où qu'il se trouve. Omniscience, omniprésence, omnipotence" (7). Et internet que nous utilisons tous les jours a été développé dans le même sens ; tout savoir, avoir toutes les informations disponibles... Le rationalisme militaire et la volonté de tout contrôler ne sont pourtant pas vivables.
Derrière les technologies militaires se dessine cette volonté de s'éloigner de l'autre, l'ennemi, pour ne pas avoir à ressentir émotionnellement ses actes vis-à vis de lui. L'utilisation des technologies militaires dans le civil est à ce titre créateur d'autisme social.
Mais voilà, le progrès technologique stimule l'économie. Au vu du bagage technologique qu'on est censé trimballer quand on sort de chez soi, téléphone portable, appareil photo numérique, lecteur mp3 et GPS, il n'est pas improbable de voit apparaître d'ici peu à la FNAC des gilets électroniques avec batteries et prises USB.2. Pour une meilleure autonomie en milieu hostile ! Et à quand l'équipement FÉLIN pour nos CRS lâchés dans la "jungle" des villes françaises ?

Le nationalisme militaire comme solution économique ?

En plus de mettre à jour les projets de l'armée, éplucher les rapports des théoriciens de l'armement futur permet de replacer la technologie dans la perspective du pouvoir militaire. Sous cet angle, des complexes de recherche industrielle comme Minatec (8) font corps avec la nécessité qu'a la Défense de satisfaire ses besoins technologiques.
Au niveau de la recherche/industrie ce mélange des genres est revendiqué par Michèle Alliot-Marie, actuelle ministre de la Défense. Quand elle visite Minatec, premier centre européen en micro- et nanotechnologies, fer de lance de la prochaine révolution industrielle (la proximité entre recherche et industrie y est à son comble, à tel point qu'il est maintenant impossible de parler de recherche désintéressée) rien de plus naturel que d'affirmer qu' "Il est plus que jamais indispensable de dépasser les frontières entre militaire et civil pour mutualiser nos expériences et nos savoir-faire. [la Défense] contribue aussi pour beaucoup à l'excellence technologique et industrielle de notre pays. Le maintien de cette excellence, ce doit être une ambition de tous les instants. À l'image des pôles de compétitivité, cette ambition doit mobiliser tous les acteurs, qu'ils soient militaires ou civils, publics ou privés. C'est ainsi que nous préparerons l'avenir de la France".
Face à la mondialisation, le nationalisme militaire viendrait au secours de la "nation" française ?
N'avons-nous pas d'autres identifiants culturels, d'autres solidarités et liens pour construire notre société mondialisée plutôt que ces avatars techno-militaires ?

Antonin Reigneaud et Guillaume Gamblin


(1)Voir le film La bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo, interdit en France en 1966 et le documentaire Escadron de la mort, l'école française de Marie Monique Robin.
(2)Rappelons que l'armée française est à l'heure actuelle présente dans au moins 17 pays. Qui saurait dire où ?
(3)Les drones sont des avions miniatures sans pilotes contrôlés à distance.
(4)La Grande Guerre inconnue, les poilus contre l'armée française, François Roux, Les Éditions de Paris, 2006. (5) AFP, 17 novembre 2006
(5)AFP 17 novembre 2006
(6) Un drone pour surveiller les violences urbaines ? http://tfl.lci.fr
(7)M. Xavier Pasco, charge de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
(8)Sur Minatec et les nanotechnologies voir http://pmo.erreur404.org

S!lence #346 mai 2007
Ecrit par libertad, à 18:42 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Mucho Muchacho
11-06-07
à 00:50

Cablé !

On nage dans le cyberpunk.
Pour ceux qui veulent savoir ce que pourrait donner un environnement de ce type, il y a les excellents romans de Bruce Sterling ("Mozart en verres miroir"), William Gibson ("Neuromancien"), Neal Stephenson ("L'age de diamant", sur les
nanotechnologies) et Walter Jon Williams.

Pas de français, à part Duvic et Andrevon peut être ?

C'est de la science fiction des années 80, mais aujourd'hui, c'est de l'actualité.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-06-07
à 01:54

Un petit gout de déjà vu

L'armée française n'a rien inventé en Algérie. Le principe de la guerre civile existe depuis la nuit des temps...  L'antiquité en a eut son lot , le moyen age aussi. La pire de toutes (comparativement : nb victimes civile /pop. totale) Fut inconstablement la guerre de trente ans. On la connais peu mais elle a carrément vider de ses population certaine parties de l'Europe. La guerre civile est malheureusement propre à la nature humaine , dès que des décalages important apparaissent entre différentes catégories de populations (phylosophico-religieux , culturels , sociaux , raciaux...) . La laïcité  comme principe de base pour une société , vénérée par certains,  n'est pas venue toute seule. C'est le meilleur compromis qu'on a trouvé pour éviter ce genre de dégénérations catastrophique de l'humanité. Il suffit de faire un petit voyage dans certains pays d'Afrique ou du Moyen Orient pour s'en rendre compte. Rien ne vaut la paix. Personne ne gagne jamais une guerre civile.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-06-07
à 12:46

Les seigneurs des bidonvilles

Pour mettre en perspective l'idéologie qui sous-tend ces développements technologiques, il peut être utile de lire certains textes du sociologue Mike Davis.

Le Pentagone, nouveau seigneur des bidonvilles
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=7667

"Le défaite de Mogadiscio en 1993, quand les milices locales descendirent 60% des Army Rangers, a contraint les stratèges américains à repenser ce qu’en « pentagonien » est connu sous le nom de Mout « Militarized Operations on Urbanized Terrain », c’est-à-dire des opérations militaires sur des territoires urbains. Une relation du National Defense Panel de décembre 1997 a accusé l’armée de n’être pas préparée face à des combats prolongés dans les quartiers labyrinthiques, presque impénétrables, des villes les plus pauvres du Tiers Monde. (...)

« Le futur de la guerre », a déclaré le journal de l’Army War College, « est dans les rues, dans les égouts, dans les palais et les quartiers dont sont faites les villes disloquées du monde entier ». (...)

Les stratèges militaires sont engagés maintenant à imaginer comment la guerre à haute intensité technologique, qui évolue sans cesse, peut arriver à contenir, sinon à détruire, les insurrections chroniques des « terroristes » qui ont leurs racines dans le désespoir des bidonvilles qui poussent à perte de vue. (...)

Un des plus importants projets de Rand [un think-tank no profit fondé par l’aviation en 1948, est connue pour avoir simulé dans les années 50 un conflit nucléaire et pour avoir aidé à planifier la guerre du Vietnam dans les années 60], démarré au début des années 90, est une étude d’envergure sur « comment les changements démographiques vont influencer les conflits futurs » . L’idée de base, soutient la Rand, est que l’urbanisation de la pauvreté mondiale a produit « l’urbanisation des insurrections » (le titre de leur relation). (...)

Plus récemment, un important théoricien de l’aviation a exprimé des préoccupations semblables sur l’Aerospace Power Journal. « L’urbanisation rapide des pays en voie de développement », écrit le capitaine Troy Thomas dans le numéro du printemps 2002, « se traduit en un milieu de bataille de plus en plus difficile à comprendre parce qu’il est de moins en moins planifié ».



Thomas fait la comparaison entre les centres urbains modernes, « hiérarchiques », dont les structures centralisées peuvent être facilement paralysées par les attaques aériennes (Belgrade) ou par des attaques terroristes (Manhattan), et les bidonvilles des périphéries du Tiers monde, qui grandissent sans cesse, organisés en « sous-systèmes informels, décentralisés », où il n’y a pas de schémas et où les points dont se servir comme levier ne sont pas facilement repérables ». En prenant comme exemple « la mer de misère humaine » qui entoure la ville de Karachi au Pakistan, Thomas illustre le défi incroyable d’ « un combat asymétrique » sur des territoires urbains « dépourvus de nœuds, de hiérarchies », contre des milices « dont l’origine sont les clans » animées par le « désespoir et la faim ». Il cite les bidonvilles étendues de Lagos, Nigeria, et de Kinshasa, au Congo, comme d’ autres champs de bataille potentiels à cauchemar. (...)

Naturellement les idéologues du gouvernement Bush ont décrit l’occupation de l’Irak comme un « laboratoire de démocratie » au Moyen Orient. Pour les cerveaux du Rand il s’agit d’un laboratoire de type différent, où les francs-tireurs de la marine et les pilotes de l’aviation expérimentent de nouvelles techniques homicides pour une nouvelle guerre mondiale contre les pauvres des villes."

Ces analyses sont aussi en relation avec l'étude de Mike Davis sur la "bidonvillisation" du monde dans les livres "plaète bidonville" et "Le pire des mondes possibles. De l'explosion urbaine au bidonville global".

Davis décrit le développement mondial de la misère urbaine contemporaine. En 2001, un milliard d'urbains survivaient dans des bidonvilles, et leur nombre augmente de 25 millions chaque année.

L'urbanisation galopante du tiers monde est sans commune mesure avec celle qu'a connue l'Europe au XIXe siècle et, surtout, à l'exception du sud-est asiatique, c'est une "urbanisation sans croissance". De Mexico à Nairobi, de Bombay à Lagos, l'auteur déploie la terrifiante palette de la pauvreté urbaine au sud. Même précaire, illégal, voire dangereux, le logement se paie au prix fort, rapporté aux ressources des habitants.


Voir :

Les petits sorciers de Kinshasa :

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/DAVIS/13930


Des catastrophes pas vraiment naturelles :

http://1libertaire.free.fr/MikeDavis09.html






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