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Chômage, précarité, salaires et retraites... état des lieux

Lu sur Urgence sociale : "10.000 voitures brûlées en novembre dernier, 2 millions de citoyens dans les rues en mars... Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas s'en rendre compte : notre pays s'enfonce dans la crise.

La crise sociale est l'aspect le plus visible de la crise. L'indicateur officiel du chômage (la catégorie 1 de l'ANPE) n'est que la partie émergée de la précarité qui ravage notre pays. Si l'on tient compte des chômeurs cherchant -ou acceptant- des emplois en CDD, à temps partiel ou en intérim, le total des 8 catégories d'inscrits à l'ANPE dépasse les 3 800 000. Qui plus est, 406.000 personnes de plus de 55 ans sont dispensées de recherche d'emplois (donc hors statistiques de l'ANPE, bien que toujours au chômage). Plus de 1.200.000 adultes vivent avec le RMI dont la moitié ne sont pas inscrits à l'ANPE (+ 200.000 RMIstes en trois ans... et M. de Villepin nous explique qu'on va vers le plein emploi !).

Au total, en s'appuyant sur l'ensemble des statistiques officielles, on constate qu'il y a un peu plus de 5 millions de chômeurs. L'indicateur médiatisé chaque mois par le Ministère (la catégorie 1 de l'ANPE) représente moins de la moitié du total des chômeurs.

Et des millions d'hommes et de femmes n'ont que des emplois précaires : CDD, intérim, temps partiel subi... Selon l'INSEE, 12% des salariés ont un salaire inférieur au SMIC.

1 salarié sur 8 a un salaire inférieur au salaire minimum !

La multiplication de ces emplois précaires est humainement une catastrophe. Aujourd'hui, pour des millions d'hommes et surtout de femmes, la vie est une alternance de périodes de chômage et de périodes de précarité : la galère à durée indéterminée... Les femmes sont les plus touchées par la précarité. 70% des emplois atypiques sont occupés par des femmes. 16% des Femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté !

En 1994, Edouard Balladur avait échoué à créer un SMIC jeune (SMIC -20%). Mais, en 2006, SMIC -30% ou SMIC -40% est devenu la norme pour des millions d'emplois. Combien de millions de libertés sont bafouées par la multiplication de ces petits boulots déshumanisants par leur contenu comme par les revenus qu'ils assurent ? Combien de couples et de familles explosent sous les coups de boutoir de cette nouvelle pauvreté ? Comment fait-on pour vivre avec 600 ou 700 euros par mois ? Comment fait-on pour élever ses enfants ? Comment fait-on pour leur donner envie de grandir, de devenir adulte quand on est soi même condamné(e) à vivre ainsi au rabais ? Le gouvernement passe son temps à dire qu'il faut « revaloriser le travail ». Sur l'objectif, tout le monde est d'accord. Mais est-ce « valorisant » de travailler dans un emploi précaire pour 600 ou 700 euros par mois ?

5 millions de chômeurs et des millions de précaires. A un tel niveau, chômage et précarité concernent toute la société et pas seulement les personnes ou les familles qui les subissent directement. Alors que certains essaient d'opposer les salariés et les chômeurs (supposés profiter du système), il faut au contraire expliquer que nous sommes tous embarqués dans le même bateau.

A un tel niveau, chômage et précarité déséquilibrent complètement la négociation entre salariés et entreprises. Dit ou non dit, le « Si t'es pas content, tu peux aller voir ailleurs » remplace souvent toute vraie négociation. Combien de millions de salariés doivent se contenter des conditions de travail et des salaires qui leur sont imposés ? Les maladies professionnelles explosent. Un nombre croissant de salariés sont surqualifiés par rapport à l'emploi qu'ils occupent (25% des salariés sont surqualifiés selon la dernière enquête de l'Insee) et bien peu sont en situation de négocier leur salaire. Même chez les cadres, la pression du chômage fait que, passés 40 ans, beaucoup se contentent, sans rien dire, de ce qui leur est donné. L'an dernier, selon la CFDT cadres, plus de la moitié des cadres ont perdu du pouvoir d'achat.

« Si t'es pas content, tu peux aller voir ailleurs» L'argument est imparable. Et ses effets sont très visibles si l'on observe l'évolution du partage capital / travail dans les statistiques de l'Insee. Ce qui va aux salaires dans la richesse nationale a considérablement baissé : la part des salaires (salaires et cotisations) dans le PIB a chuté de 12% en vingt ans.

12 points de chute, ce sont cette année 190 milliards d'euros qui vont rémunérer le capital alors qu'ils iraient aux salariés si le marché du travail retrouvait l'équilibre de 1982. 190 milliards d'euros sur une année ! Il ne faut pas s'étonner que la bulle financière ait autant enflé et que le salaire moyen stagne...

190 milliards d'euros, voilà de quoi améliorer nettement la situation d'un grand nombre de familles. Voilà de quoi alimenter les caisses de la Sécu, les caisses de l'Etat et des collectivités si ces 190 milliards étaient gagnés et dépensés par les salariés au lieu de grossir la bulle financière. 190 milliards, c'est presque trois fois le budget du Ministère de l'Education nationale, 10 fois le déficit prévisionnel des retraites, plus de 60 fois le budget du CNRS...

Le capitalisme est en train de s'autodétruire.

Tel est le titre du livre de Patrick Artus, directeur des études économiques à la Caisse des dépôts, et de Marie-Paul Virard, rédactrice en chef d'Enjeux-Les Echos consacré à cette baisse de la part des salaires dans le PIB. Les deux auteurs affirment que, en provoquant de tels bouleversements, en asséchant progressivement le revenu des salariés-consommateurs au profit des actionnaires, le capitalisme est en train de se détruire. A noter : ce ne sont pas Arlette Laguiller et Olivier Besancenot qui ont écrit ce livre. Il est signé par l'un des économistes les plus réputés du pays (Professeur à Polytechnique et Directeur des études économiques dans l'un des plus grands groupes financiers européens) et par la Rédactrice en chef d'un grand mensuel économique. A noter aussi qu'il n'y a pas de point d'interrogation dans le titre. C'est une affirmation, solidement étayée dans le livre : le capitalisme est en train de s'autodétruire !

« Partout, les montagnes de cash s'accumulent, mais on ne peut pas en dire autant des investissements. Les profits supplémentaires ne sont guère investis. A 10% environ du PIB, l'investissement des entreprises est pratiquement stable depuis dix ans. Hors éléments exceptionnels (baisse de 2 points du taux d'épargne entre 2002 et 2004, incitations fiscales favorisant l'investissement logement), la demande des ménages est faible parce que leurs revenus sont faibles.

L'Insee confirme que le pouvoir d'achat du « salaire moyen par tête » a marqué le pas en 2002 (+0,2%), baissé l'année suivante ( -0,3%) avant de progresser à nouveau mais de 0,4% seulement, en 2004... La consommation commence à marquer le pas. Le volume des ventes de produits de grande consommation a même baissé en 2004 ( -1,4% selon l'Insee) pour la première fois depuis... la fin de la seconde guerre mondiale. Tendance qui s'est confirmée au cours du premier semestre 2005. »

Comme un serpent qui se mord la queue, « un capitalisme sans projet (et sans client) est condamné à s'autodétruire. »

Quand ils sont interrogés sur la question des salaires, les dirigeants du Medef expliquent que c'est à cause des 35 heures que les salaires ne sont pas meilleurs. En regardant cette courbe (Insee et Eurostat), on a quelques doutes sur la solidité de l'argument. La baisse relative des salaires est la même dans presque tous les pays d'Europe. Elle a commencé il y a plus de vingt ans et, quoi qu'on pense des 35 heures, on devrait admettre que ce mouvement de baisse a plutôt ralenti au moment où l'on négociait les 35 heures...

Pour justifier le retour vers les 40 heures, les leaders de la droite ont mis en avant la faiblesse des salaires. N'ont-ils pas compris que, tant que le chômage et la précarité resteront à ce niveau, la pression à la baisse sur les salaires continuera de s'exercer ? Tant que chômage et précarité resteront à ce niveau, la pression sur les salariés continuera d'augmenter. La croissance restera molle. Les ressources de l'Etat, des Collectivités et de la Sécu (basées essentiellement sur les salaires et la consommation) stagneront et nous aurons les plus grandes difficultés à financer les services publics et les retraites.

Tous concernés, même les fonctionnaires...

Même ceux que leur statut semble protéger du chômage sont affectés indirectement. La négociation sur les salaires dans la fonction publique est un bon exemple de cet impact indirect : en janvier 2006, le gouvernement a proposé une augmentation générale de 0,5% des salaires, applicable au 1er juillet, c'est-à-dire sur 6 mois seulement. L'augmentation générale serait donc de 0,25% sur l'année alors que l'inflation sera comprise entre 1,5% et 2%. On comprend que les syndicats ont tous quitté la négociation en affirmant qu'une telle proposition était indécente. Mais quels étaient les arguments du Ministre ? Il a mis en avant la faible progression des salaires dans le privé et les faibles rentrées fiscales (liées à la croissance molle).

Il ne s'agit évidemment pas d'approuver les choix du gouvernement Villepin (baisse de l'impôt pour les plus riches mais austérité pour les services publics) mais seulement de montrer que, tous, y compris les fonctionnaires, nous souffrons du chômage et de ses effets indirects. Les marges de manoeuvre seraient tout autres, si les ressources de l'Etat n'étaient pas plombées par le poids du chômage.

Tous concernés, même les retraités...

«Lentement mais sûrement, le pouvoir d'achat des retraités diminue. Depuis 1996, selon l'Insee, l'ensemble des 12 millions de retraités a perdu du pouvoir d'achat: 0,2 à 0,8% par an en moyenne. Les plus touchés sont les cadres du privé (-1,3% par an en moyenne) et l'ensemble des fonctionnaires (-0,6% par an) » relevaient Les Echos (24/12/2002). Et le mouvement va s'amplifier à cause de la réforme des retraites décidée par Edouard Balladur en août 1993.

Edouard Balladur a modifié trois facteurs clefs de la gestion du système pour les salariés du secteur privé :

  1. la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein a été portée de 37,5 à 40 ans.
  2. le calcul du niveau de retraites ne sera plus fait à partir du salaire des 10 meilleures années de la carrière mais sur une base plus faible correspondant à la moyenne des salaires de 25 années.
  3. pour « actualiser » les sommes dues, on ne se basera plus sur l'évolution du pouvoir d'achat des salariés mais seulement sur l'inflation.
Peu de temps après cette réforme, intervint une réforme de l'arco et de l'agirc (les caisses de retraite complémentaires) qui a amplifié le mouvement de baisse des taux de remplacement1 initié par Edouard Balladur.

« En supposant que, pendant toute sa carrière, une personne a touché 1.742 euros de salaire net2, le régime général lui donne actuellement 923 euros par mois. Cette somme passera à 848 euros en 2020. Le régime complémentaire lui verse 469 euros aujourd'hui. Ce sera seulement 331 euros en 2020. Au total, au lieu des 1.393 euros « actuels », elle aura 1.184 euros » expliquaient les Services du Premier Ministre. Soit une baisse de 15%. Le revenu net du salarié passera de 1.742 euros net (dernier salaire) à moins de 1.184 euros (pension calculée avec la réforme Balladur) au lieu de 1.393 euros (retraite actuelle). Au lieu d'être de 20% comme actuellement, la baisse de revenu au moment du départ en retraite sera au moins de 32%.

En 2000En 2020
Régime général53%49%
Régimes complémentaires27%19%
Total80%68%
Taux de remplacement net pour une carrière complète au plafond de la Sécurité sociale3

L'hypothèse retenue par les services du Premier Ministre (« ce salarié a eu toute sa carrière le même salaire »), amène à sous estimer nettement l'importance du passage à 25 ans au lieu de 10. Pour la plupart des salariés-retraités, l'impact de la réforme Balladur sera en réalité supérieur à - 15%. Prenons l'exemple d'une personne qui a commencé sa carrière à 7.000 francs nets (1.051 euros) et dont le salaire montre progressivement jusqu'à atteindre 1.760 euros huit ans avant son départ en retraite. On suppose pour simplifier les calculs qu'il n'y a pas de période de chômage. Avant la réforme Balladur, la retraite de cette personne aurait été calculée sur les 10 meilleures années (huit ans au salaire maxi et les deux années précédentes, soit une moyenne de 1.750 euros). Cette personne toucherait donc aujourd'hui 80% de 1.750 = 1.400 euros par mois. Avec la réforme Balladur, la base de calcul est des 25 années les moins mauvaises (ici, cela fait un salaire moyen de référence de 1.622 euros) et le ratio appliqué est de 68% -au lieu de 80%. 68% de 10.801 F = 1.103 euros. Entre le dernier salaire et la pension de retraite, la chute sera de 37,3% au lieu de 20,3% aujourd'hui.

Là aussi, la situation des femmes sera souvent plus grave que celle des hommes, à cause de la précarité qu'elles sont très nombreuses à subir tout au long de leur vie active : interruptions de carrière pour élever un enfant et travail à temps partiel (choisi ou subi) font que, pour les femmes, le calcul de la moyenne des salaires sur 25 ans plutôt que sur les 10 meilleures années aura un impact plus négatif encore que pour la majorité des hommes.

Quelque soit le dossier auquel on s'attaque (les retraites mais aussi l'éducation, l'intégration, le logement...), le chômage apparaît comme le principal « facteur bloquant ». La crise que nous traversons est complexe et multiforme mais le chômage est au coeur de la crise. Nous ne pouvons pas nous résigner. Nous ne devons pas baisser les bras. Casser le chômage doit rester notre priorité absolue.

1le taux de remplacement est la proportion du dernier salaire que touche un retraité

2c'est le plafond de la Sécurité sociale sert de base de calcul aux Services du Premier Ministre

3C'est à dire un salaire net mensuel de 11 600 francs soit 1.768 euros. Source services du Premier Ministre

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Ecrit par libertad, à 12:57 dans la rubrique "Economie".



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