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DES CHIFFRES ET DES IDEES
--> Matière à réflexion

Il ne viendrait pas à l’idée de journalistes de demander un « chiffrage » de son programme à des candidats « mineurs » à l’élection présidentielle. Par contre c’est la démarche essentielle concernant les candidats « majeurs ».

Aux dires de nombreux journalistes, les choses ne deviennent sérieuses qu’avec les chiffres des recettes et des dépenses. Ainsi le « chiffrage » est, ou serait, le critère de sérieux officiel pour qualifier un programme de « sérieux » ou de « secondaire ».

 

CHIFFRER POUR EVITER DE DECHIFFRER

 

Il ne faut pas confondre les torchons et les serviettes ou plutôt les chiffres avec les idées. Les idées c’est bien, ça fait causer, ça fait réfléchir, mais bon… ça va un moment. Il faut au bout d’une certain temps avoir les pieds sur terre et revenir à la réalité…. Comme chacun sait, les idées, c’est sympa, ça fait rêver,…mais, pour les gens « sérieux » et « responsables »,… c’est du vent !

- « Avez-vous chiffré votre programme ? Non, bon, vous repasserez à la session suivante ! » « Non mais, faut pas prendre les gens pour des imbécile. Faut voir si les propositions sont réalistes ! »

 

- « C’est donc le chiffre qui serait réaliste et pas les idées ? »

 

- « Non, ce n’est pas ce que l’on veut dire, mais enfin soyons sérieux il faut que les choses soient équilibrées » ( ?)

 

Mais les chiffres sont-ils la réalité ou la représentation d’une certaine réalité. ? Et qu’appelle-t-on « l’équilibre d’une situation » ?

 

Les « gardiens du temple », pardon « du système » vont me répliquer aussitôt qu’un compte et un compte et qu’un compte se moque bien des idées et des idéologies. On ne parle pas philosophie avec une calculette, pas plus que le plan comptable n’est un traité de savoir vivre, et qu’un « bilan d’entreprise » n’a pas d’états d’âme.

Pour être un « bon » candidat, un candidat « sérieux », un candidat « crédible », il faut être un bon comptable, un bon gestionnaire. La gauche au pouvoir n’a-t-elle pas  toujours pris grand soin d’être une excellente gestionnaire et même à faire la preuve qu’elle était meilleure gestionnaire que la Droite ?

 

LA DICTATURE DE LA GESTION

 

Ainsi, le citoyen, dans une « démocratie moderne » n’a pas à dire ce qu’il souhaite, mais ne doit souhaiter que ce qui est « possible ».

Et ce « possible », qui le défini ? Mais le système lui-même, ses lois et ses contraintes. Sortir de ce champs du « possible » c’est faire preuve d’irresponsabilité, d’utopie, d’aventurisme…

On n’est alors plus dans une vraie démocratie, mais dans une « démocratie à géométrie variable » dont les variables sont contrôlées, non pas par le citoyen, mais par le système dans lequel il vit et qui s’impose à nous, indépendamment de notre volonté. C’est une démocratie sous contrainte comme il y a une gestion sous contrainte.

Ainsi la gestion du système est baptisée « démocratie » ou, dit autrement, la démocratie revêt les habits de la gestion.

Il suffirait donc de s’entendre sur les principes de la gestion ?

Mais vous n’y pensez pas, ce n’est même pas la peine puisque ces principes existent déjà… pas la peine d’y revenir dessus, ils sont codifiés, ils sont même garantis par la loi et idéologiquement ils sont baptisés de « naturels » ( ?)

Le problème c’est que les chiffres sont les éléments objectifs d’une réalité qui, elle, ne l’est pas. Les chiffres n’expriment que ce qu’exprime cette réalité, or, celle-ci n’exprime pas un fait « naturel », mais un fait « social »… Autrement dit, une situation fondée sur des principes d’organisation sociale, d’une forme particulière d’organisation sociale : le salariat, le système marchand.

On expliquait autrefois à l’esclave qu’il ne pouvait pas être libre puisque la situation sociale, abusivement, décrétée « naturelle » faisait qu’il était esclave. De même au salarié licencié on lui explique qu’il ne saurait en être autrement, que ce qu’est sa situation, puisque la société est ainsi faite ( ?). Au citoyen-électeur on lui explique que sa volonté est bornée par les critères de la comptabilité privée et nationale, de la rentabilité de l’entreprise et par le respect indispensable des équilibres macro-économiques… Ainsi soit-il !

Tout un domaine, et le plus essentiel, échappe donc au citoyen. Autrement dit il n’a plus à se prononcer qu’à partir d’ « une bouillie pré digérée dans laquelle on lui demande s’il veut ajouter un peu de sel ou de poivre ».

S’il se rebiffe on va doctement lui expliquer que le domaine qu’il voudrait contrôler est beaucoup trop complexe, que c’est affaire de spécialistes, d’experts, et que de toute manière ce sont des phénomènes que l’on ne peut que subir et sur lesquels l’homme n’a aucune influence et qu’il ne peut que gérer ( ?)…

Accepter ce raisonnement c’est s’enfermer dans un piège redoutable, c’est devenir l’instrument de sa propre capitulation, de sa propre aliénation.

 

LE FAUX DEBAT POUR MASQUER LE VRAI

 

Tous les débats, toutes les discussions, les évaluations, les estimations, les prévisions sur les programmes politiques ne sont que l’aboutissement d’une gigantesque manipulation. Pourquoi ?

Parce qu’avant de parler chiffre il faut/faudrait parler principe d’organisation et éthique sociale.

Un exemple, le cas de l’entreprise : on explique au salarié que l’on licencie que l’entreprise dans laquelle il travaille est obligée d’être compétitive pour survivre (ce qui est exact), que son salaire est un coût (ce qui est exact) et que dans le cadre de la réduction des coûts on doit le licencier (ce qui est exact) dans la mesure où l’on a acquis une machine qui a accrue la productivité du travail (ce qui est exact). Ce que l’on oubli de lui dire c’est que la motivation essentielle de la gestion de l’entreprise est exclusivement le profit en vue de la rémunération du capital, et que, de ce principe… tout le reste découle. Ainsi, accepter et entrer dans la logique posée, c’est perdre d’avance le combat que l’on engage.

Sur le plan macro économique il en est de même : qu’il s’agisse des salaires, des retraites, des impôts, des services publics, des inégalités, du financement de la protection sociale,… Tout chiffrage, encore faudrait-il qu’il soit rigoureux, est, de toute manière, l’habillage comptable de principes de gestion qui eux ne sont pas neutres, et sont fondamentalement inégalitaires.

Ainsi, par exemple, la réduction des inégalités n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui justement les produit ( ?).

Ainsi la lutte contre le chômage n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui est fondé sur la réduction permanente du temps de travail ( ?).

Ainsi, la défense du service public n’est envisagée que dans le cadre d’un système qui veut la généralisation de la marchandisation des services et le désengagement de la puissance publique ( ?).

La magie des chiffres remplace la réalité des faits et des situations.

L’énormité des chiffres rend totalement abstraite la conscience de ce qui se joue.

L’abstraction des chiffres et des comptes fait démissionner le plus consciencieux des citoyens qui s’en remet « pour comprendre », en fait pour se décider, aux interprétations fumeuses de journalistes et autres experts…

Jamais, le soit disant équilibre « comptable » des programmes n’a permis de répondre aux problèmes posés dans la société… Ces problèmes ne sont pas de l’ordre du comptable, mais du politique.

 

Les chiffres, par leur caractère apparemment sérieux et « scientifiques » sont les outils parfaits de la manipulation politique. Invérifiables par la masse des citoyen-nes, ils donnent l’illusion d’extrapolations mirifiques qui sont censées être l’expression des désirs du plus grand nombre. Une fois l’élection passée ils sont sagement rangés dans les armoires et ne servent plus qu’à faire fonctionner le système comme s’il ne s’était rien passé… et en réalité il ne s’est rien passé.

Méfiez vous des chiffres et de ceux qui s’en servent, ils ne viennent qu’en appui de la démagogie politicienne !


 Patrick MIGNARD


Voir aussi les articles :

« VICTOIRE DE LA POLITIQUE, MORT DU POLITIQUE » http://endehors.org/news/4723.shtml

« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL » http://endehors.org/news/8024.shtml

 

 

Ecrit par Patrick MIGNARD, à 09:03 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  PatBo
09-03-07
à 12:20

L’abstraction des chiffres et des comptes fait démissionner le plus consciencieux des citoyens qui s’en remet « pour comprendre », en fait pour se décider, aux interprétations fumeuses de journalistes et autres experts…

Vous expliquez lumineusement l'essentiel.

Une émission de France 5 (la chaîne "éducative" qui masque constamment l'essentiel, ça pourrait être son slogan) qui s'appelle Arrêts sur images traitait du chiffrage des candidats. Ses invités :

- un Américain (étatsunien) qui passe son temps dans les médias à cracher sur les "gaspillages" français ;
- un type de  l'Institut de l'entreprise (sans commentaires) ;
- un troisème, censé apporter la contradiction, qui évidemment ne contredit rien du tout.

Maux de tête garantis (http://www.france5.fr/asi/008182/23/141614.cfm).
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