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Contre l'exclusion, l'autogestion dualiste

De toutes les difficultés de notre société actuelle, le problème majeur est l’exclusion du « marché » de l’emploi. L’autogestion anarchiste permettrait-elle de résorber totalement ce fléau ? Partant du principe que le droit de chacun à consommer est strictement conditionné au devoir de chacun à participer à la production collective,  cette question devrait être logiquement réglée. Or les choses sont autrement plus complexes. Car l’obligation d’activité pour un individu en autogestion ne peut être remplie que s’il y a parallèlement assentiment de la structure à l’accueillir et à le garder durablement. La seule différence par rapport au système actuel, c’est que l’employeur est dans ce cas la totalité des travailleurs de cette structure, éventuellement représentés par des délégués, au lieu d’être une seule personne (entreprise) ou un groupe restreint d’individus (société) appelé le patron. En effet, qu’est-ce qui empêcherait la communauté des travailleurs d’une structure réunis en assemblée générale de voter pour X raison « contre » l’intégration d’un(e) certain(e) nouveau(elle) ou pour l’exclusion de l’un (e) des leurs à un moment donné ? Le coût du travail inexistant en l’absence d’argent ? Non, puisque cette possibilité de refus d’intégration et d’exclusion existe également actuellement dans le cadre du bénévolat associatif.

Une obligation ne valant donc que par sa réciprocité, il est naïf de croire que ce seul changement d’organisation sociale suffirait à mettre fin au problème de l’exclusion. Soyons réalistes : dans la société actuelle, la revendication autogestionnaire ne peut qu’impérativement s’accompagner d’une lutte pour un changement radical des mentalités chez nos concitoyens acceptant très mal la différence et le hors norme. Car s’il existe bien sûr un ou deux motifs tout à fait légitimes au refus d’intégration et à l’exclusion du travail de certains individus, comme notamment la paresse constante et la faute grave, il en existe un autre que je trouve à mon sens totalement injuste : la non-conformité de la personne aux normes socialement admises. Elle regroupe entre autres ces quelques caractéristiques : look non à la mode du moment ou qu’affectionne la personne bien que le portant mal, habitudes de vie ou manières personnelles différentes de celles des autres (visibles dans la sphère publique), tempérament indépendant de forte individualité ne concédant rien de ses opinions (mais sans pour autant porter préjudice au collectif), et quelques très légers handicaps physiques (parce que non reconnus comme tels par la masse).

Sauf à peut-être s’imaginer que la société autogestionnaire serait composée intégralement d’anarchistes convaincus (et encore, je suppose que nous  ne regroupons pas non plus uniquement des gens parfaits) ? Alors là, compagnons, ne nous leurrons pas. Considérons les résultats des élections depuis quelques années : ils dégagent des majorités bien plus proches des 50 % (et même en-dessous !) que des 90 % et pas très stables sur la durée : « un coup à droite, un coup à gauche » est devenue une habitude quasi rituelle. Alors ne nous faisons pas d’illusion : si nos concitoyens se décident un jour à nous « essayer » également en nous rejoignant sur des projets alternatifs, ce sera dans ces mêmes proportions et avec aussi l’intention de revendiquer au bout d’un certain temps un retour à l’ancien système si l’expérience ne les a pas satisfaits. Partons donc plutôt sur l’idée que la société autogestionnaire au départ comportera « une petite majorité d’anarchistes » et « une grosse minorité de gens d’autres convictions » et qu’il nous faudra bien faire avec leur conception des choses même si ça ne sera pas toujours évident. Mais cette lutte pour le changement des mentalités, bien qu’indispensable, dans la mesure où selon nos principes elle ne peut prendre qu’une forme incitative et non obligatoire, ne comporte bien sûr non plus aucune garantie de réussite.

Je pense donc qu’il nous faut revoir et amender notre projet autogestionnaire dans le sens d’une solution rendant impossible l’exclusion de qui que ce soit. Oui c’est possible si nous acceptons de prendre à cœur cette question, de la classer parmi les priorités et j’ai bien sûr quelque chose à proposer. Jusqu’à maintenant quand on parle d’autogestion, on entend autogestion « fédéraliste », ce qui suppose la présence d’au moins deux ou trois personnes constituant les diverses structures de production. L’autogestion fédéraliste est donc nécessairement une gestion collective. Ma proposition est d’instaurer parallèlement une autogestion individuelle, donnant ainsi aux personnes n’ayant réussi à s’intégrer nulle part la possibilité de s’installer seules : établir l’équivalent de l’actuel statut de travailleur indépendant, en quelque sorte. En l’absence d’argent dans cette nouvelle société, l’argument du risque d’accumulation de profit personnel est forcément obsolète. Il reste bien sûr celui de l’appropriation personnelle de la structure, me rétorquerez-vous. Comment éviter qu’avec le temps la personne indépendante ne se sente finalement  propriétaire  de l’unité de production qu’elle gère au bénéfice du seul bien commun ? Et bien pour l’empêcher, il suffit simplement d’établir des principes mis en œuvre chaque fois que nécessaire au niveau politique. On peut très bien convenir, au niveau politique interfédéral, des mesures suivantes :

- le travailleur indépendant, reconnaissant le fait qu’il est seul dans sa structure « à défaut d’avoir trouvé des personnes avec lesquelles se fédérer », doit laisser sa porte en permanence ouverte à quiconque voudrait un jour le rejoindre pour fonder une structure fédérale.

- au même titre que ces dernières, il doit confier la gestion et la distribution de son stock aux organisations de consommateurs.

- Il s’engage, sauf motif valable communiqué aux consommateurs (maladie, vacances etc…), à une présence physique régulière dans sa structure (sauf si la nature de son activité nécessite des déplacements) et à l’exercice effectif de son activité.

- Il ne doit en aucun cas utiliser sa propre production à des fins d’usage personnel. En d’autres termes il devra aller acheter ailleurs que « chez lui » le produit qu’il fabrique lui-même (ceci ne vaut bien sûr que pour l’activité exercée au sein de « sa structure de travail », gardant bien sûr une entière liberté de fabrication artisanale de tous ordres pour sa propre satisfaction personnelle « dans sa propriété à usage d’habitation »).

-   En cas de volonté de cesser cette activité, il devra en avertir les délégués de la commune sur laquelle est implantée la structure afin qu'ils puissent au plus vite prendre toute décision quant au devenir de l'infrastructure restée vacante. 

En cas de refus persistant à respecter ses principes, les délégués communaux pourraient alors, en plein accord avec l’une des AG citoyennes, décider de mettre fin à l’activité de cette personne ayant fait « abus d’individualisme ».

De cette manière, je suis persuadée qu’aucun travailleur indépendant ne pourrait « chopper la mentalité de propriétaire de l’unité de production qu’il gère » et retomber ainsi dans le travers actuel de l’accumulation de biens personnels. Et cette autogestion individuelle constituerait ainsi une voie de secours pour les quelques individus que personne ne veut faire l’effort de supporter sur les lieux d’activité, plutôt que de les laisser vicieusement « faire le tour du monde » jusqu’à trouver une structure qui les accepte ! Car ne serait-ce pas alors une nouvelle forme d’arbitraire ? N’ayant pas demandé à venir au monde, je pars personnellement du principe qu’ils ont le droit de travailler et de consommer comme les autres.

Ces deux formes d’autogestion mises en œuvre : l’autogestion fédérale et l’autogestion individuelle indépendante formeraient ainsi ce que j’appelle « l’autogestion dualiste » (cette appellation ne tenant bien sûr qu’à moi).

Je soumets cette idée à la réflexion de tous les anarchistes, électrons libres et membres d'organisations.

Têtatutelle

Ecrit par tetatutelle, à 18:03 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Rakshasa
08-03-07
à 18:34

Droits et devoirs en anarchie ?

"Partant du principe que le droit de chacun à consommer est strictement conditionné au devoir de chacun à participer à la production collective,"

Et bien ce principe est à discuter...

"mettre fin au problème de l’exclusion."
Encore faudrait-il savoir ce qu'est l'exclusion. Je me suis laissé dire qu'il s'agissait d'un montage des politiques pour stigmatiser les pauvres qu'il faut rendre responsable de leur misère, sans remettre en cause le systême économique.

"Je pense donc qu’il nous faut revoir et amender notre projet autogestionnaire dans le sens d’une solution rendant impossible l’exclusion de qui que ce soit."
On peut plutôt envisager l'autogestion comme une libre association des individus et en cas de problême, rompre les contrats entre producteurs. On ne reproduit ainsi aucune hiérarchie du groupe sur l'individu. Dans ta conception de l'autogestion, on se retrouve très vite avec la collectivité contre l'individu. Or, dépasser des situations antagonistes en autogestion, cela peut-être aussi la recherche du consensus. Je ne pense pas que l'on puisse décider auhourd'hui de ce qu'il y aurait à faire dans tel ou tel cas, cela ressemble à la mise en place d'une législation. Des rêgles en autogestion, c'est à chaque groupe d'individus, producteurs, consommateurs... de les décider ou non en assemblée ou conseil.
Des accords, des contrats d'individu à individu, ok! des droits et des devoirs, pour ma part je m'y oppose.

Répondre à ce commentaire

  tetatutelle
09-03-07
à 11:49

Re: Droits et devoirs en anarchie ?

Deux trois choses. D'abord, que je précise un peu. Ce principe que tu reprends au début de ton commentaire n'est pas le mien. Le livre intitulé "L'anarchisme aujourd'hui" écrit par la FA et édité par Les Editions du Monde Libertaire (que tu peux lire ou relire) contient un passage mettant nettement en évidence ce principe selon lequel "celui qui ne travaillerait pas en société anarchiste n'aurait pas le droit de manger".  Alors certes la tournure est dure ou du moins radicale mais je n'en suis pas personnellement l'auteur.  Si donc on la trouve dogmatique et réglementaire, il convient alors de nous y opposer d'abord. En l'absence de cette opposition, le contenu de ma proposition s'est donc naturellement basé là-dessus.

Je souhaite néanmoins revenir sur cette question d'individu et de groupe parce que je sais de quoi je parle, étant mon problème majeur depuis ma naissance. Ma définition à moi de l'exclusion n'est pas celle des politiques, elle est plurielle car ne se limitant justement pas à une exclusion économique. On peut être exclue d'un groupe ou pire ne pas pouvoir y entrer (et il y a mille façons diplomatiques de le faire en dehors du simple et spontané "va-t'en, on ne veut pas de toi") simplement parce qu'on refuse de concéder ses opinions et le droit (non législatif) d'avoir ses propres opinions et le minimum de la liberté. Si on pose le consensus comme obligation (et donc devoir), on peut alors effectivement très vite se trouver face à la réalité du collectif contre l'individu car le fait que les structures soient parfaitement autonomes les unes par rapport aux autres ne change rien au fait qu'un tel individu peut ne trouver à si'ntégrer dans aucune. Alors dans ce cas, deux solutions pour lui : soit il ne mange plus et il meurt ; soit il cède ses opinions et on l'accepte mais dans les deux cas ça devient alors de la soumission, ça n'est plus son libre arbitre qui décide (sauf à avoir une volonté suicidaire qui est un autre sujet).

C'est cette situation que je considère inacceptable et ma proposition (qui n'est qu'une "proposition" que je soumets à la discussion, y compris très largement hors de ce site) vise à trouver une solution pour essayer d'éviter de reproduire de pareilles situations en société anarchiste. Et quel mal y a-t'il à ce qu'une personne travaille seule si elle peut être suffisamment autonome dans son travail et qu'elle ne dérange pas les structures fédérées ? C'est sûrement le risque d'une certaine "concurrence" entre ces deux formes d'autogestion qui doit te faire peur. Il ne m'a pas semblé nécessaire de le préciser compte tenu justement de tous les garde-fous que j'ai proposé d'y mettre pour l'éviter : loin de moi cette intention. Ces deux formes d'autogestion seraient bien entendu solidaires l'une de l'autre, en aucun cas concurrentes. Et d'ailleurs l'idée de concurrence a-t'elle encore vraiment un sens dans une société sans argent ? Je revendique simplement le droit à l'existence sur terre pour chacun tel qu'il est et donc le droit par tout moyen à se procurer les moyens de cette existence sans avoir les autres contre lui s'il ne les dérange pas et fait bien entendu l'effort éthique de ne pas garder d'amertume contre ceux qui l'ont préalablement exclu, attitude que l'éloignement rend quand même assez facile.

Pour ne pas que mes idées choquent inutilement, une précision s'imposant à toutes les autres : Stirnerienne, je suis individualiste et défend donc de ce fait davantage l'individu que la communauté.

Têtatutelle

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
09-03-07
à 14:36

Re: Re: Droits et devoirs en anarchie ?

La FA n'est pas l'anarchie ni l'autogestion. C'est un groupe d'individus associéEs sur le contrat FA, c'est tout. S'illes se retrouvent dans le dogme du travail, c'est leur affaire, ça deviendra la mienne s'illes veulent l'imposer. Aujourd'hui il y a bien d'autres dogmatiques du travail à combattre plus nombreux et puissants.
Je te disais que le problême de l'exclusion dont tu parles est moindre chez les anars car le consensus ou l'unanimité rêgle la plupart du temps les questions. Il y a exclusion lorsqu'une majorité impose sa volonté, or j'ai rarement vu (c'est arrivé) de telles manières de procéder chez les autogestionnaires libertaires, du moins celles et ceux que je côtoie et que j'ai côtoyé (je parle des quelques centaines que j'ai pu croiser jusqu'à aujourd'hui, pas seulement de mes proches.).
Alors, justement en principe (autre que ceux de la FA il faut croire), lorsqu'un individu souhaite quelque chose pour lui tout seul et bien il se débrouille et la collectivité n'a pas à mettre son nez dans ses affaires. Par contre, effectivement, s'il capitalise, il ne doit pas s'attendre à une aide de la collectivité. C'est ce qui se passait en Espagne en 1936 avec les paysans qui ne voulaient pas collectiviser; ils étaient libre de produire par eux-même, pour eux-même, à l'écart de la collectivité mais pas de la société. Je ne vois pas où est le problême.
"
C'est sûrement le risque d'une certaine "concurrence" entre ces deux formes d'autogestion qui doit te faire peur."
Ah non, si ça peut te rassurer, il n'est pas question de peur ici, ni de concurrence.
Tu crains de choquer autrui en défendant l'individu. Et bien soit encore rassurée, c'est ce que font beaucoup de gens ici dans ce journal, il me semble (enfin, faut voir, je ne connais pas personnellement le comité de rédaction).
Par contre, au risque de te choquer, je me demande pourquoi tu te réclames régulièrement du stirnérisme pour t'affirmer en tant qu'individu. J'irai plus loin encore, il me semble qu'en tant qu'individualiste, je pourrai cracher à la face de tous ces gens qui ont pensé ou veulent penser l'individu à la place de l'individu. Je ne dis pas cela pour polémiquer, juste pour exprimer que l'appartenance à une chapelle, d'un défunt ou d'un vivant, me semble en contradiction avec l'Unique.
Enfin, le communautarisme produit souvent ses dérives enfermantes pour l'individu, aussi ne m'intéresse-t-il pas. C'est pourquoi, je distingue collectivité et communauté.


Répondre à ce commentaire

  tetatutelle
12-03-07
à 17:04

Re: Re: Droits et devoirs en anarchie ?

"Le communautarisme produit souvent ses dérives enfermantes pour l'individu".

Et bien, à qui le dit-tu ?! Tu me rassures vraiment d'avoir le même sentiment que moi sur ce point. Et si je tiens tant à défendre l'individu dans ce journal, c'est aussi parce que j'ai l'anxieux sentiment que très majoritairement le milieu anarchiste français (Stirner était allemand) défend l'anarchie communiste, c'est à dire précisément la communauté. Et il faut voir les "vertes et les pas mûres" parmi les soutiens philosophiques fleurissant à ce sujet, sur des livres qui sortent les uns après les autres, comme celui que je suis en train de lire en ce moment "Les dépossédés" (et je n'en suis qu'aux premières pages !). Quand on en est à imaginer une société dans laquelle les personnes hors couple refusant de se plier à l'obligation de dormir en dortoir collectif seraient tout simplement jetées hors de la collectivité et livrées totalement à elles-mêmes, et dont la langue commune aurait même supprimé le pronom possessif, je fais personnellement des bonds jusqu'au plafond en me disant que ce genre de groupe porte un nom bien précis qu'on attribue peut-être trop exclusivement à la sphère religieuse !...La non propriété des moyens de production, d'accord. Mais l'absence de propriété d'usage et corporelle, mille fois non !

A propos de ce journal, étant allé consulter le site qui lui est associé, j'ai bien compris qu'il s'agit d'anarchie individualiste, mais étant ouvert à tous, il est quand même nécessaire, sans parler de prudence, de se faire connaître personnellement un minimum.

Si je me réclame de Stirner, c'est justement parce que c'est bien le seul auteur chez qui je ne sens aucune vocation de "maître à penser" et qui nous dit franchement à chacun "fais ce que tu veux". Je jubile simplement d'avoir enfin trouvé ce que j'ai cherché pendant 35 ans de ma vie. Ceci dit, rassure-toi, je ne le suis pas non plus à la lettre sans quoi je me livrerais au vol et au meurtre. J'ai encore une conscience humaine me demandant d'accorder à mes semblables le minimum de respect pour leur droit à l'existence et à leur propre liberté et propriété individuelle.

Amicalement

Têtatutelle

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