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Appel des féministes indigénes
Personnalités politiques, intellectuel-le-s, féministes, représentants institutionnels... en France, se penchent avec humanisme et compassion sur le sort des femmes issues de l’immigration post-coloniale que NOUS sommes.

Ils nous encouragent à nous émanciper, à nous défaire de notre état de nature, ou, pour les plus évoluées d’entre nous, de notre état de sous-culture. Ils nous protégent contre nos maris, nos pères et nos frères supposés culturellement violents, violeurs et voileurs. Ils sont les boucliers sans lesquels nous sommes vouées à demeurer soumises, mariées de force à des brutes, excisées..., et peut-être même lapidées. De leur vigilance zélée dépend notre libération. Ils parlent en notre nom. Pour notre bien...

Messieurs-Dames, le Collectif des Féministes Indigènes a le plaisir de vous annoncer la fin de la comédie. Il vous prie de ravaler vos larmes et de remballer vos bons sentiments.

Ce discours néocolonial et paternaliste est une VIOLENCE que nous n’acceptons plus.

Nous refusons la dépossession et l’instrumentalisation de nos luttes.

Nous refusons catégoriquement que des personnes non concernées par des discriminations racistes et sexistes parlent en notre nom. Comme nous refusons le discours stigmatisant et essentialisant des femmes issues de l’immigration, qui prêtent leurs voix au discours dominant, structurellement raciste et opportunément féministe. Parler à notre place, c’est nous spolier de nos vies, nous déposséder de nos parcours et de notre vision du monde. C’est aussi saboter nos luttes quotidiennes.

Nous ne sommes pas dupes de cette instrumentalisation qui fait de nous des victimes idéales.

Les discours dominants à la fois racistes et sexistes confisquent notre parole, réduisent notre complexité, nient nos résistances. Ces procédés s’enracinent dans les systèmes esclavagistes et coloniaux qui, déjà, contraignaient les femmes à une double expropriation de leur corps (à la fois, force de travail et objet sexuel). Nos mères, loin des stéréotypes du féminisme blanc, ont toujours su résister. Nous résistons.

Notre démarche est féministe, spécifiquement indigène…

Nous, en tant que femmes vivant en France, héritons des acquis des luttes des féministes françaises. Mais en tant que femmes racialisées, nous remettons en question les diktats de l’universalisme blanc et masculin et du féminisme blanc qui dénient toutes autres visions du monde ou vécus. Le féminisme occidental n’a pas le monopole de la résistance à la domination masculine.

Nous refusons les présupposés idéologiques selon lesquels le féminisme serait incompatible avec la foi religieuse, notamment en portant et défendant la parole féministe des femmes croyantes. Nous assumons et revendiquons nos identités plurielles, aux contours variables faites aussi de contradictions et d’imperfections.

Nous refusons l’injonction à la déloyauté envers les nôtres avec tous les sacrifices que cela suppose : rupture familiale, guerre et concurrence des sexes, mise à distance de nos cultures chaque jour mises en accusation.

Nous interpellons nos communautés et l’ensemble de la société. Nous dénonçons et nous nous battons contre les systèmes d’oppression. Nous ne voulons pas "conscientiser" les femmes issues de l’immigration, dont nous sommes, ni les juger sur des critères "d’émancipation" subjectifs. Chaque femme est en droit de choisir son mode de vie en continuité, en composition ou en rupture avec sa culture, sa tradition ou sa religion.

Nous revendiquons l’autonomie de nos luttes et de nos trajectoires.

…et anti-impérialiste

Nous exigeons désormais des mouvements politiques occidentaux qui pensent les rapports Nord/Sud qu’ils cessent d’ignorer les conséquences de l’impérialisme et du libéralisme dans le maintien et le renforcement des systèmes patriarcaux. Nous considérerons désormais comme anti-féministe toute solidarité avec les femmes du sud qui n’intègre pas le rapport étroit entre patriarcat et impérialisme.

Nous exigeons une égalité réelle

Dans notre société, racisme et sexisme sont intimement imbriqués. Nous subissons des oppressions de classe, de genre et de néo-indigénat qui se renforcent mutuellement . Notre parole est seule légitime pour faire état de la réalité de ces oppressions croisées. Cette parole est radicalement anti-raciste et anti-sexiste. Nous n’établissons pas de priorité entre ces luttes intrinsèquement liées. Nous dénonçons catégoriquement toutes les violences sexistes et racistes que nous subissons quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent. Nous ne tairons pas notre combat féministe sous prétexte que la lutte anti-raciste est prioritaire. De la même façon nous ne tairons pas notre combat anti-raciste pour servir de relais, au nom d’un pseudo-féminisme à la diabolisation des noir-e-s, des arabes, des musulman-e-s et d’autres populations stigmatisées racialement.

Nous refusons d’être l’enjeu de la concurrence et de la bataille que se livrent le patriarcat des dominés et celui des dominants.

Par conséquent, nous nous inscrivons dans ce féminisme paradoxal afin de ne plus jamais être le cheval de Troie de la suprématie blanche ou les traîtresses à l’ordre communautaire.

C’est à ce prix que l’on pourra se battre contre les représentations coloniales, indigénisantes et folklorisantes des femmes noires, arabes et musulmanes, véhiculées dans les discours dominants, les politiques publiques et les espaces médiatiques. C’est ainsi que l’on pourra casser les stéréotypes de la beurette, de la maman-nourricière et infantilisée, de la musulmane manipulée ou de l’africaine exotique.

Dans une société "francepaysdesdroitsdel’homme", structurellement inégalitaire et patriarcale, NOUS, descendantes de colonisé-e-s et d’immigré-e-s lançons un appel aux femmes et aux féministes qui s’estiment victimes de violences sexistes et racistes à nous rejoindre en vue de contribuer à l’émergence et à la construction d’une parole FEMINISTE POLITIQUE, égalitaire et autonome qui interpelle l’ensemble de la société française dans sa gestion des questions concernant les femmes venues ou vivant dans les pays du sud.

Venez partager notre réflexion lors d’une réunion publique (organisée en coopération avec La Maison Verte), ouverte à toutes et à tous le samedi 17 février à 14h30, 127 rue Marcadet, 75018, M°Lamarck ou Jules Joffrin.

Collectif des féministes indigènes

26 Janvier 2007
Ecrit par caserio, à 17:18 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Olivier Bonobo
30-01-07
à 18:29

Au secours ! ! ! "Nous refusons les présupposés idéologiques selon lesquels le féminisme
serait incompatible avec la foi religieuse, notamment en portant et
défendant la parole féministe des femmes croyantes." Je me demande bien ce que ce prosélitisme religieux fout sur un site anar. Oui, la foi est l'ennemi de la liberté, surtout pour les femmes, alors les discours sur "l'état de nature" des femmes, faut envoyer ça chez Christine Boutin ou au Vatican, là où nichent ces idées nauséabondes. Le pseudo-indigénat doublé d'un discours religieux et racialiste, c'est quasi du discours d'extrême-droite.
Répondre à ce commentaire

  libertad
30-01-07
à 18:50

Re:

Je crois qu'il ne s'agit pas de soutenir ceci ou cela car ce n'est pas à nous anarchistes de dire ce qui est ou pas féminisme. Ce texte est donné pour information, il montre qu'il n'y a pas qu'un féminisme, il s'est même produit à cette occasion une scission dans le féminisme. Le fait que le féminisme puisse être associé à la religion pourrait nous interpeller et nous amener à nous rédéfinir par rapport au féminisme mais il ne s'agit en aucun cas d'un soutien à une thèse ou une autre.
Il me semble d'ailleurs que les organisations anarchistes ont pris position contre "l'appel des indigènes de la République" mais je ne crois pas qu'elles aient une réelle position sur cette question, leur vision restant dans une féminisme monolitique.
Répondre à ce commentaire

  Olivier Bonobo
30-01-07
à 19:55

Re: Re:

Il faut voir ce qu'on entend par "féminisme monolithique", parce qu'un féminisme qui s'aménage de "l'état de nature" de la femme (faire des enfants, s'occuper du foyer) que décivent les religions, c'est inconcevable. Si refuser l'oppression religieuse qui est la plus abjecte quand elle s'en prend aux femmes, c'est être monolithique, alors oui, soyons-le. Nous n'avons rien à échanger avec ces pseudo-indigènes dont les valeurs réacs s'opposent aux notres. Pour moi, le rejet de ce mouvement est total et irréversible.
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
30-01-07
à 19:55

Re: Re:

dans un premier temps, j'ai trouvé que cet article était une bonne réponse à l'article sur l'iran (La république française ? génial !), mais en poursuivant la lecture, c'est pas tant la notion de foi que celle d'impérialisme qui a retenu mon intention...         j'aimerais bien savoir d'où il sort cet anti-impérialisme...


Répondre à ce commentaire

  Anonyme
30-01-07
à 20:27

Re: Re:

Je suis d'accord avec le premier commentaire :
je vois pas l'intêret de relayer le discours des cul-bénits
Répondre à ce commentaire

  satya
30-01-07
à 20:36

bon, je ne suis pas en grande forme, mais ce que je ressents en lisant cet article, c'est à la fois une affirmation (qui serait plutôt du domaine positif) mais aussi une séparation (encore une..) et franchement j'aurais envie de demander: il est où l'article, l'appel pour toutes les femmes du monde nord, sud , ouest, est ????

bref, ça me fait douter...
Répondre à ce commentaire

  Olivier Bonobo
30-01-07
à 21:21

Re: Re: Re:

Qu'il y a-t-il à "répondre" à l'article du ML cité ? Le titre n'est pas folichon, mais, il n'y a rien à défendre dans la théocratie iranienne qui condamne à mort et exécute des homosexuels pour crime d'homosexualité et des femmes pour crime contre la chasteté. Un livre religieux en constitution, coran ou bible, c'est la mort pour celle et celui qui ne respecte pas le dogme religieux en place. Un des pires régimes possibles.
Répondre à ce commentaire

  Alphabet
30-01-07
à 22:55

Re: Re: Re: Re:

Féminisme = égalité homme-femme
Religion = inégalité homme-femme

Donc féminisme et religion mathématiquement incompatible .....
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
31-01-07
à 10:31

Re: Re: Re: Re: Re:

le problème de l'article c'est ça longueur, on y sent comme un plaisir de l'auteur à enfoncer le clou, alors qu'il ne fait qu'hurler avec les loups... qui défend la loi coranique parmi nous ?

Il n'y a pas une journée sans que l'on parle d'intégrisme islamique, de machisme, de violence, etc... mais s'agit-il d'une réalit ou d'un tableau que l'on agite sciemment ? je ne sais pas trop, sûrement un peu de deux... en attendant les personnes qui émettent ces critiques sont celles-là mêmes qui ont intêret à ne pas se les appliquer ; intégristes chrétiens, antiféministes & co...

c'est bien pratique de montrer le pire ailleurs, ça décharge...

Pour moi cet article est une façon de dire aux féministes : "si vous n'êtes pas contentEs ici, z'avez qu'à aller voir en iran".



Répondre à ce commentaire

  Hermaphrodite rose
31-01-07
à 12:12

Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Cette article dit des choses intéréssantes mais c'est quand même grosso modo un article qui nous invite, et avec une certaine fermeté, au silence.

Nous verrons plus tard dans les faits si le mouvement des indigénes féministes va au bout de son discours - antilibéral etc. -  ou s'il s'arrête au patriarcat (du Nord et du Sud). (si le patriarcat est la seule et unique cause de tous les  malheurs de l'humanité, alors il est probable que le combat s'arretera à lui )

Deux conditions pour l'ouvrir : être du Sud et être femme

Continuer à l'ouvrir est une réaction, que je trouve saine, qui je suppose viendra à l'esprit de pas mal de gens qui liront ce texte

Il faut aussi anticiper : cet article n'est pas un simple point de vue de gauche qui serait à contrecourant d'une mondialisation dont nous serions nous des acteurs involontaires à cause de notre universalisme mal compris (très mal compris) , mais une indication supplémentaire de l'urgence pour un mouvement (presque quel qu'il soit) de faire passer son message au delà des frontières et des sexes  en diversifiant au plus vite ses composantes sociales.

Sous les tirs de barrages venant de tous les horizons du spectre politique, un courant d'idées représenté en majorité par des hommes blancs du Nord issus des classes moyennes, est presque condamné à la marginalité, si ce n'est éternelle du moins prolongée.

Brutalement : la femme noire anarchiste est aujourd'hui une obligation, un devoir que l'on ne peut sans cesse remettre au lendemain.

Le relatif échec (ou succès, tout dépend comment on voit le verre à moitié plein) de l'anarchisme à "integrer" le féminisme  ne doit pas conduire à jeter l'éponge ou aux postures défensives ni avec le féminisme ni avec le féminisme éthnico-indigène.

Libertad nous informe que les orgas anars "ont pris position contre l'appel des indigènes de la République" ... mais aussi qu'il n'y a pas vraiment de prise de position, bref : on est "contre" mais on ne sait pas bien quoi dire ... peut-être aussi n'ose-t-on pas ? 

Si les réactionaires de droite et les "universalistes" "de gauche" n'étaient pas là, je me demande si nous ne nous retrouverions pas un jour presque contraints a aller agiter le drapeau noir en soutien au tricolore républicain, mentalement et physiquement assiégés. 

Appel aux féministes anarchistes blanches : je vous en conjure, essayez de recruter quelques Louise Michel noires ou arabes, sinon on va jamais s'en sortir.

Répondre à ce commentaire

  caserio
31-01-07
à 18:50

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Je pense que ce texte est surtout une réponse à toutes ces stigmatisations des arabes, noirs, musulmans, banlieusard comme étant les pires mysogines, presque par essence, ce qui permet aux blancs de se présenter comme les défenseurs du féminisme ( on a exactement la même chose avec l'antisémitisme et la laîcité). Ainsi que ces pratiques de victimisation venant des victimes elles mêmes comme NPNS. Aujourd'hui je pense que l'on instrumentalise certaines luttes pour véhiculer l'islamophobie et le racisme contre les descendants de colonisés. C pour ça que cette appel me semblait intéressant.
Aprés y a peut être des conneries... j'ai pas vu cette histoire d'état de nature dont qurelqu'un parle. Je dois admettre ke c pas trés intelligent de poster un texte en l'ayant pas lu à fond mais il m'a paru bon à la premiére lecture. désolé.
En tout cas je continue à penser ke l'anticléricalisme classique doit faire attention à ne pas se figer et , dans notre contexte d'ultra racisme (affaire du foulard, propos de Redeker, de Finkielkraut, de Sévran, la dérive raciste de Charli Hebdo, et bien d'autres choses encore) devenir le relais di'idées plus nauséabondes.
Je vous invite à visiter les sites des Indigénes, du collectif Les Mots Sont Importants et Iso Métric. Avec ces concepts qu'on utilise sans réfléchir, République, communautarisme, intégration... y a de quoi réfléchir.
Voilà. Bon si vous trouvez que je dis des conneries vous sentez pas obligé de me craché dessus, je prendrais pas le temps de répondre, je préfére de loin le face à face à l'écrit, merci.

PS: Libertad, tu parle de débats anar sur les indégénes de la république et un rejet majoritaire, je sui pas au courant. Tu aurais des liens avec des articles ? Merci

PPS: les Indigénes édite un journal depuis trois mois, si vous souhaitez avoir un point de vue sur l'actualité du racisme anti indigénes et des réflexions des premiers concernés, j vous le conseille c trés intéressant.

Répondre à ce commentaire

  caserio
31-01-07
à 19:11

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Ah si si j'avais bien lu ce truc de l'état de nature, mais tu en fais une mauvaise interprétation. Cet appel dénonce un préjugé, il ne s'agit pas de son avis bien au contraire. L'état de nature dans lequel sont enfermés les femmes indigénes c'est cette croyance qu'elle ont besoin de l'aide de "nous" les blancs pour se révolter, c ce renvoi au stéréotypes de la femme voilé soumise ( par ex).
Je suis pas trés en forme pour écrire...
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
31-01-07
à 19:26

« Musulmanes et féministes »

Lu sur: http://www.indigenes37.org/article.php3?id_article=57

« Musulmanes et féministes »
vendredi 11 novembre 2005.
 
Par Nathalie Dollé membre du Collectif Féministe pour l’égalité (1)

(Barcelone le 30 Octobre 2005)

Le premier congrès international du « féminisme musulman » s’est tenu à Barcelone du 26 au 30 octobre 2005. Organisée par la « junta islamica » d’Espagne, la manifestation a reçu le soutien de la région de Catalogne et accueilli 400 personnes.

« Ce n’est pas l’islam qui opprime les femmes, c’est la lecture machiste qui en est faite. ». Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas prier à côté d’un homme ? Au nom de quel commandement divin ne pourrait-elle pas mener la prière si elle est la plus compétente pour le faire ? Pour attirer l’attention sur ces questionnements, Amina Wadud (professeure d’islamologie à la Virginia commonwealth university) a dirigé une prière mixte à New York le 18 mars 2005. Son initiative, un aboutissement logique de son travail de relecture féminine du Coran, a choqué et les réactions ont souvent été très violentes. Pourtant à Barcelone où vient de naître un mouvement international de « féminisme musulman », l’ambiance n’était ni à la revanche ni à la vindicte. Des Américaines, Pakistanaises, Indiennes, Françaises, Malaisiennes, Espagnoles, Maliennes, Nigérianes ont simplement expliqué en public qu’elles rejetaient le dogme selon lequel toutes les religions oppriment par essence et entendaient donc défendre le droit des femmes à partir de leur référence musulmane. Militantes de terrain et intellectuelles se sont pour la première fois rassemblées devant un public pour exposer leurs situations, pour échanger leurs expériences, pour expliquer leur stratégie : « Nous n’acceptons plus qu’on parle à notre place, qu’on décide de ce que nous pouvons faire ou pas. »

Entachée d’anti-religiosité et même de « maternalisme », l’expression même de «  féminisme » a longtemps posé question sinon problème. Asma Barlas enseigne les sciences politiques à l’université d’Ithaca à New York et reconnaît indubitablement « sa dette » envers les textes féministes qui lui ont fait découvrir la notion de patriarcat, lui ont appris des outils de réflexion et donner des méthodes d’action. « Mais c’est bien dans le Coran que j’ai découvert l’égalité des hommes et des femmes, la nécessité de justice et d’équité. »

Amina Wadud se dit « croyante avant d’être féministe. C’est au nom de l’islam et des valeurs qu’il défend que je me bats pour le droit des femmes à être reconnues comme des êtres humains. » Les approfondissements théologiques en donneraient la preuve, notamment parce que le Coran ne ferait pas de différence ontologique entre l’homme et la femme. Il pourrait faire référence à des fonctions mais n’établirait jamais de hiérarchie entre les sexes ; « le croyant musulman » serait sexuellement neutre, sans aucune mention de « genre » (au sens de la construction sociale du « gender » anglophone). Avant tout, ces musulmanes intègrent donc le droit des femmes dans les « droits humains » qui promeuvent la liberté de religion certes mais aussi la liberté de s’exprimer, de travailler, de s’instruire, de vivre en sécurité et en paix. C’est bien au nom de la religion que Djiangarey Maiga (association « femmes et droits humains ») se bat contre les traditions : « l’excision est toujours pratiquée dans le sud du Mali au nom de l’islam. Moi, je viens du nord, la première région islamisée où cette pratique est considérée comme païenne. »

Les moyens de cette lutte varient, mais « le principe de ré-interprétation des textes sacrés en est le fondement. Sans d’ailleurs présumer des résultats. Combien existe-t-il aujourd’hui de musulmanes reconnues comme « savantes » et dont les avis sont considérés comme valides par les autorités religieuses ? Quasiment aucune.

La formation, l’enseignement, l’apprentissage sous toutes ses formes ont été proclamés comme prioritaires parce qu’on « ampute des femmes de leurs libertés sans même qu’elles le sachent. » (Djiangarey Maiga) Il leur faut donc accéder en même temps à la connaissance des sources et des interprétations musulmanes mais aussi à celles des droits fondamentaux, chacune à partir de son statut, de ses moyens et de sa culture : « En Malaisie, par exemple, 70% des étudiants à l’université sont des femmes, elles sont armées pour revenir vers le sens de leur religion », relate Zaïnah Anwar, directrice de « Sisters in islam » (mouvement de défense et de promotion du droit des femmes dans les pays musulmans)

La dynamique spécifique de ces musulmanes s’intègre à un mouvement beaucoup plus large de réforme de l’Islam et qui se résume en quelques question : qui interprète la parole divine du Coran, la vie et les propos du prophète ? Quelle est l’articulation légitime des autorités religieuses avec le pouvoir politique  ? Des interrogations qui renvoient directement au mouvement réformiste chrétien. Les féministes musulmanes encouragent les femmes à se réapproprier les textes dans le cadre de la tendance progressiste de l’islam qui encourage l’ensemble des croyants à le faire.

Mais la minorité active, sereine et déterminée, qui s’est exprimée à Barcelone reste bien isolée, le mouvement des féministes musulmanes provoque une opposition diverse, profonde et puissante. Asma Barlas explique : « la majorité des musulmans accepte la vision patriarcale du Coran mais l’histoire nous a montré que la majorité peut se tromper. » Puisqu’une alliance d’intérêt relie les conservateurs de toutes religions contre le droit des femmes, les féministes musulmanes se disent prêtes à travailler avec toutes les femmes et mouvements féminins, qu’ils soient religieux ou pas. « Baobab for human rights  » au Nigéria est une coalition de religions différentes qui agit pour le droit de toutes les femmes, l’urgence étant de combattre l’application pour le moins « stricte » de la charia dans une partie du pays qui a condamné des « femmes adultères » à la lapidation. Le dialogue inter religieux entre féministes devrait donc logiquement se développer, tout comme les combats en commun avec des « non-croyantes. »

Aucune de ces fortes personnalités ne s’est autoproclamée gardienne, porte-parole ou garante d’un féminisme musulman qui existerait en lui-même, hors de tout contexte social, culturel ou politique. Cette volonté d’ouverture et d’inclusion, en commençant par les multiples pratiques musulmanes, a fortement irradié le congrès de Barcelone.

Ces « mauvaises filles de l’islam » ont des principes universels, une foi solide, une vision d’organisation plus juste de la société, des stratégies de lutte qui couvrent en même temps l’action sociale et la recherche théorique, autant de bonnes raisons pour être dénoncées à la fois par les structures religieuses traditionnelles et par les tenantes d’un féministe exclusif. A partir d’une posture spécifique, elles viennent de faire leur entrée dans le combat global pour le droit universel des femmes. C’est le sens de l’histoire et Valentine Moghadam, sociologue et directrice de la section « Egalité des genres et développement » à l’Unesco, constate à la tribune que « le discours féministe transnational pourrait bien se transformer en mouvement social. »

Nathalie Dollé

(1) Le Collectif « Féministes pour l’Égalité » est né de la pétition “Un voile sur les discriminations” parue dans Le Monde du 9 décembre 2003. Un groupe de féministes signataires de cette pétition, en s’enrichissant de leurs diversités culturelles, ont créé un noyau dur autour duquel une dynamique s’est constituée dans la continuité du mouvement des luttes féministes en France et à travers le monde.

Pour le premier bureau ont été élues Christine Delphy et Zahra Ali, respectivement présidente et vice-présidente de l’association. Aujourd’hui ce sont Cecilia Baeza et Ismahane Chouder qui assument ces fonctions. Notre charte, adoptée en assemblée générale le 4 avril 2004, stipule que le collectif a pour objet de :

1. Lutter contre les discriminations que subissent les femmes et pour l’égalité des droits. 2. Refuser l’idée d’un modèle unique de la libération et de l’émancipation des femmes. 3. Respecter le libre choix des femmes en mettant notamment sur le même plan le droit de porter le foulard autant que le droit de ne pas le porter. 4. Lutter contre les lois d’exclusion qui stigmatisent les femmes et les traitent en citoyennes de seconde zone, en indésirables ou en caste inférieure du fait de leur appartenance sociale, culturelle, religieuse ou politique. 5. Lutter contre les lois et interprétations restrictives des libertés. Construire un discours alternatif et interroger à la lumière des luttes des femmes les concepts fondateurs de nos sociétés. 6. Lutter contre les instrumentalisations politiques et médiatiques de la cause des femmes. 7. Approfondir le travail de réflexion et d’analyse, dans tous les domaines, des mécanismes de discrimination pour construire des outils de lutte efficaces. 8. Organiser une véritable action d’éducation populaire pour et avec les femmes. 9. Lutter pour l’émancipation des femmes en respectant leurs choix (politiques, sociaux, religieux, sexuels...) et en dénonçant l’exercice de toute force, politique, religieuse, intellectuelle ou sexiste qui leur dénie ce droit. 10. Faciliter la prise de parole par les femmes dans les débats et la vie publique, et permettre le partage des idées et des expériences entre elles en créant des liens avec les acteurs et actrices de dynamiques locales. 11. Affirmer et construire des réflexions communes et des pratiques d’échange et de solidarité avec les femmes au niveau international. 12. Favoriser la transversalité politique, sociale, régionale et générationnelle des personnes et des idées.

Vous pouvez nous contacter par e-mail : cfpe2004@yahoo.fr Nous vous recommandons leur revue « Inch’Allah l’EGALITE ! »

Répondre à ce commentaire

  Olivier Bonobo
31-01-07
à 19:55

Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Comment autant de personnes peuvent-elles se faire piéger par cette lamentable mascarade des faux-indigènes ? Ces gens sont des réacs, ça crève les yeux. Leur  "féminisme", religieux, c'est de l'anti-féminisme ! La religion est l'ennemi de la liberté, surtout pour les femmes, alors, christianisme, islam, "indigènes"-bigots et cathos anti-ivg, à la poubelle ! Le féminisme musulman comme le chrétien (si, ça existe, c'est réac et c'est la même daub), c'est l'apartheid, la séparation des hommes et des femmes et la domination des premiers sur celles-ci, alors, faut arrêter le n'importe quoi. La laïcité, non-étatique, est une valeur non négociable pour les anars. Alors, je le répète, la propagande antiféministe et bigote, faut envoyer ça au pape et consorts.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
31-01-07
à 20:32

Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Et ton ultra-gauchisme de salon à la grand-papa, tu crois pas qu'il est aussi réac?
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
31-01-07
à 20:41

Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Tiens ! du trollisme de salon !
Répondre à ce commentaire

  libertad
31-01-07
à 20:50

Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Concernant les Indigènes de la République, lire sur le site : L’impasse du tiers-mondisme appliqué aux banlieues
Esclaves, esclavagistes et colonisateurs
Ailleurs : dossier banlieues, chapitre Le piège parfait du communautarisme, sans analyse de classe
L'appel des indigènes de la République est clairement une opération communautariste, le Collectif des Musulmans de France ou le site internet Oumma.com sont signataires de l'appel, tout comme Tarik Ramadan
Quant à l'appel des féministes indigènes il se situe dans la lignée des Indigènes de la République et représente en fait une scission à l'intérieur du féminisme radical puisque Christine Delphy l'une des principales animatrices du courant à pris la tête de ce nouveau mouvement.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
31-01-07
à 21:10

Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Merci pour les liens, Libertad. J'irai voir ça demain.

Pour ce qui est du caractére communautariste de l'Appel, je crois que c quelque chose qui est revendiqué : face à l'arrogance et à la bétise du communautarisme de la majorité (blanche, entre autre) qui, détenant le pouvoir de décrire le social selon ses intérets, s'auto-proclame "universaliste", il faut affirmer l'existence des communautés minoritaires qui, muette ou bruyante, existent objectivement de par l'expérience commune de l'oppression.

Citations de "Indigénes de la république, réponse à quelque objections":

"On pourrait s'interroger sur les raisons qui poussent certains, se réclamant généralement avec insistance de la « République », à dénoncer un « communautarisme » largement fantasmatique en tant que courant d'opinion ou que position politique. Force est de le constater : il s'agit toujours de dédouaner la société elle-même de la communautarisation qui résulte objectivement de son fonctionnement - et singulièrement des exclusions sociales diverses dont sont victimes celles et ceux à qui on reprochera de « choisir » des solutions communautaires. Conscience du ghetto, culture du ghetto, fierté du ghetto seraient impensables sans l'existence préalable du ghetto. "

ou encore

"En définitive s'il y a bien un « repli identitaire » qui mérite, dans la France d'aujourd'hui, d'être combattu, c'est celui qui concerne une fantasmatique « identité française ». Le reproche récurrent fait aux descendants de colonisés de ne pas « s'intégrer » est en définitive celui de n'avoir pas, comme tout le monde, des ancêtres gaulois. Le véritable « communautarisme » est le communautarisme majoritaire, franco-français, qui se construit autour de cette identité. "

Encore une fois je renvoie aux critiques de l'accusation de communautarisme réalisé par Les mots sont important... mais peut être que tu connais déjà et que ta critique va au delà de la critique habituelle du communautarisme... je l'envisage...

Bonne nuit
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  Olivier Bonobo
31-01-07
à 21:37

Re: Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Qui parle d'identité française ici ? personne ! Et pourquoi cracher sur l'universalisme ? Nous ne sommes donc pas tous des humains, mais des croyants racialisés, avant tout étrangers les uns des autres ? Non, je ne rennoncerai pas à l'idéal universaliste et laïque indispensables à la liberté et à la paix entre les peuples, et m'opposerai toujours aux assos de combat religieux comme les pseudo-indigènes. Allez sur ouma.com ou boutin.fr, mais pourquoi embêter les anars avec ce qui s'oppose à leurs valeurs ? On n'a pas besoin du copier-coller des faux-indigènes, non merci, j'ai déjà lu leur texte. Allez, salut, j'arrête là la discussion, et basta ces les bigots de tous cultes dont le combat est une impasse car ils ne connaîtront nul paradis et nous, les mécréants bouffeurs de curés, d'imams et de rabbins, nul enfer.
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  Anonyme
31-01-07
à 22:01

Re: Re: Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

"Qui parle d'identité française ici ? personne !" Je n'ai pas dit le contraire mais Libertad se contentant - ce n'est pas une critique - d'étiquetter l'Appel de communautariste pour le dénigrer et vu que je ne connais pour le moment pas d'autre utilisation du terme que celle dénoncé par les indigénes, j'ai pensé que s'était interessé copier-coller ce passage ( la feignantise d'écrire c'est vrai).
Il s'agit pas de cracher sur l'universalisme mais de dénoncer un faux universalisme qui n'est l'expression que des communautés qui détiennent la légitimité. Ce n'est pas opposé aux valeurs anars.
Pour la question religieuse, tu focalise un peu. On peut être clairement athée et anticlérical et ne pas supporter pour autant qu'on traine un groupe religieux dans la merde comme on le voit beaucoup ces temps ci. Quand on voit que tant de gens sont d'acord ou du moins ne sont pas choqué quand un Redeker affirme que " l'Islam tient la générosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques pour des formes de décadence", essentialisant ainsi une population de plus d'un milliard de personne, on peut avoir peur et être heureux qu'un mouvement comme celui des indigénes dénonce ce nouveau racisme.
Qu'il y ait plein de critiques à faire à ce mouvement - comme à tout mouvement politique - , j'en doute pas, mais ce n'est pas toi qui m'éclaire là dessus. Et la brutalité de tes réactions m'étonne...
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  libertad
31-01-07
à 22:13

Re: Re: Re: Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

Faut-il choisir entre la peste et le choléra ? non.
Faut-il choisir entre le fondamentalisme chrétien et l'islamisme musulman ? Non, ce sont les deux faces de la même médaille, quant aux commununautarismes on peut tous les mettre dans le même sac.
Leurs objectifs sont opposés aux notres, nous mettons au centre l'individu(e) pas la communauté qui n'est qu'une des formes d'oppression des indivdu(e)s pour les mettre dans le même moule.
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  caserio
01-02-07
à 12:36

L'universalisme (actuel) est un moule pour les individus

Dans les textes des indigénes, ils se disent communautaristes pour défendre la différence, aussi paradoxale que cela puisse paraitre. (désolé pour ceux celles que mes copier-coller dérange) :

"S'il fallait à tout prix trouver un fondement rationnel à l'accusation de « communautarisme » dont nous faisons l'objet, ce serait en remarquant que nous refusons le thème de l'intégration/assimilation. L'objectif du « vivre-ensemble » ne nous semble pas devoir passer par la normalisation de chacune et de chacun. Nous refusons le modèle de la République de Procuste, le modèle du carcan dans lequel tout le monde doit être pareil (sous-entendu : pareil que la « communauté » majoritaire) pour avoir droit à l'existence. La revendication d'égalité, pour nous essentielle, ne passe pas par l'uniformité. " (Indigenes de la république, réponse à quelques objections)

Ne pas oublier que Delphy est une des fondatrices du mouvement et, avec "sa" théorie du genre, elle est loin de défendre l'uniformisation des individus mais par contre elle dit que les groupes façonnés par le social ont une existence objective et qu'une étape pour arriver à leurs disparition est de reconnaitre ce fait, notamment en acceptant leur auto-organisation. Sans s'en servir comme argument d'autorité, je ne pensé pas qu'elle aurait adhérer à ce mouvement si ce dernier défendait le communautarisme essentialiste.

Je vais peut être dire une connerie mais il me semble que si l'on rejette la démarche des indigénes (en elle même; ce qui n'empéche pas du tout les critiques) il faudrait logiquement rejetter aussi les autres démarches non-mixtes, collectifs de femmes ou homos ou autre.

Mais bon j'ai pas encore tout lu des textes cités plus haut, j verrai peut être les choses différemment aprés...
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  ibubolo
01-02-07
à 14:34

Re: L'universalisme (actuel) est un moule pour les individus

on peut prolonger ton exemple avec les salariéEs qui s'organisent pour mettre fin au salariat...

je partage aussi ce point de vue.


A ce moment, il s'agit d'être clair et de ne pas jouer la manipulation ou la condescendance, que tel mouvement se prononce clairement sur ces objectifs à plus long terme, et nous serons fixéEs...

(tout comme je barbarise mes mots avec des E pour émasculer des termes ou des formes grammaticales qui pourraient ou devraient être neutres... par mon geste, je marque la volonté de dépassement )

Est-ce que la reconnaissance de la religion est un moyen ou une fin en soi ?
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  Mob Harley
01-02-07
à 23:04

Re: Re: Re: Re: Re: « Musulmanes et féministes » = mensonge

L'universalisme est le contraire de l'internationalisme. L'universalisme est un totalitarisme mondial (la colonisation ultime et irrémédiable du tout). L'internationalisme est la pluralité pacifique structurant les rapports entre autonomies locales cohérentes, solides et solidaires. Traditionnellement, la gauche bourgeoise est universaliste et colonialiste; la gauche révolutionnaire est internationaliste.

Il n'y a donc pas à s'étonner que l'anarchiste internationaliste se tienne à distance de l'universalisme. Internationalisme et universalisme sont deux conceptions opposées de l'humanisme.

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