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L'En Dehors


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(2006) BLOG 18 « BIENVENUE À SAN MUERTE »

lu sur prison.eu : " « Bienvenue à San Muerte... » Il y a en France quatre centrales de haute sécurité, Clairvaux, Moulin Yzeure Lannemezan et Saint Maur. Par ce texte je vais vous raconter mon arrivée (et mon départ mouvementé...) dans l’un de ces établissements dit pour « détenus difficiles » ou pour « longues peines ».Après sept ou huit années de maisons d’arrêt le ministère de la justice décida, en octobre 2001, de me placer dans l’une de ces centrales car j’étais condamné définitif depuis peu. C’est ainsi que je fis la connaissance de Saint Maur.Etape obligatoire avant tout transfert, Fresnes !

Depuis toujours c’est là que sont organisés tous les départs vers d’autres établissements que cela soit Centre de détention ou centrales. Fresnes est une véritable gare de triage, une plaque tournante distribuant ses lots de détenus en direction de toutes les prisons de France.
Après avoir passer deux trois nuits dans une cellule d’attente insalubre sans paquetage, c’est avec soulagement qu’au petit déjeuner j’entends le surveillant m’annoncer que je pars aujourd’hui. Quelques dizaines de minutes plus tard j’empreinte le long couloir central de la maison d’arrêt qui descend en pente douce vers le greffe.
Ce fameux couloir d’environ 200 mètres avec son parquet ciré et entretenu par des générations de détenus à l’échine courbée.
Ah il a dû en voir passer sur son dos grinçant des cortèges de condamnés et de malandrins fredonnant cette rengaine :

Parquet de chênes, parquet de Fresnes, personne ne t’aime...

Parquet de chênes où se traînent des prisonniers blêmes,
S’il pouvait raconter la vie de ceux que l’on enchaîne,
Raconter leurs souffrances, leurs haines et leurs peines,
On pourrait sans mal faire une oeuvre sur la déveine,
Une encyclopédie sur la misérable condition humaine.

Parquet de chênes, parquet de Fresnes, personne ne t’aime...

Parquet de chênes où se traînent des ombres malsaines,
Il est ciré à grande peine pour que l’ordre règne,
Un jour il brûlera comme un bûché qui se déchaîne,
Cendres de la haine exorcisant toutes nos peines,
Fumées qui s’envolent dans le ciel pour nous défaire de nos chaînes...

Parquet de chênes, parquet de Fresnes, personne ne t’aime...

Depuis 1899 des milliers de prisonniers sont passés par là traînant leurs paquetages et leurs peines comme des boulets de fonte et pas question de marcher au centre du couloir, il est réservé au personnel. Non, le détenu doit raser le mur de gauche, c’est le seul endroit où il est autorisé à circuler.
Depuis 2001 un directeur a quand même eut l’idée de mettre à la disposition des arrivants des chariots pour transporter leurs paquetages, il aura fallu 102 ans pour que l’administration pénitentiaire y pense enfin.
Avant cela fallait les voir tous ces taulards traîner péniblement parterre une lourde couverture contenant leurs restant de vie en miette et leurs affaires, mais cela faisait partie du rite initiatique des humiliations dont Fresnes est coutumière.
En plus, sur tout le côté gauche du mur, accroché à hauteur d’homme, la direction a eu la charmante idée de mettre de vieilles photos en noir et blanc de la prison avant guerre avec d’anciens prisonniers en tenue pénale, entravés, menottés et même pour certain avec des cagoules sur la tête. Bref de quoi glacer le sang et briser le moral de tous les arrivants primaires remontant en file indienne et silencieusement le sinistre couloir pour rejoindre la détention. Chaque prisonnier peut ainsi visionner une à une toutes ces photos comme une série de diapositives maudites s’imprimant sur la rétine et suscitant la crainte. Images lugubres et muettes placées là dans la seule intention de délivrer un message subliminal présageant la soumission et la souffrance lors de la peine à accomplir. C’est de cette façon accueillante et chaleureuse que Fresnes reçoit ses pensionnaires, histoire d’annoncer la couleur et de mettre en garde les troublions qui viennent d’atterrir en ce lieu de répression dont les conditions de détention n’ont pratiquement pas changées depuis son ouverture.

Après un passage au greffe pour les formalités d’usage, levée d’écrou, relevé d’empreintes, signatures... j’arrive en salle d’attente où patientent déjà quelques gars prévus eux aussi pour Saint Maur. Au bout de quelques minutes tout le monde est là, nous sommes une dizaine à partir. Nous sommes menottés et entravés par deux, puis en colonne, nous nous dirigeons vers un bus pénitentiaire, tandis que nos paquetages sont placés dans les compartiments à bagages.
Vers 8h30 nous quittons Fresnes sous bonne escorte policière en direction de Châteauroux dans l’Indre, Saint Maur étant à côté.

Bientôt j’arriverai dans l’antre de la bête, qui lorsqu’elle m’aura avaler me gardera dans son estomac pour commencer la lente digestion de mon corps. Les centrales sont des tombes où l’on enferme des êtres vivants privés de la seule raison d’exister ; la liberté...
Alors à quoi bon continuer ?
Qui accepterai une telle vie durant trente ans !??
A vrai dire on ne nous donne pas le choix et il faut donc combattre et ne jamais renoncer.
Je veux vivre ! Vivre ! Vivre !... Voilà ce que je me répète chaque matin avant d’affronter le jour qui se lève.
Dans ces cages j’ai vu trop d’hommes renoncer, se donner la mort, se laisser mourir ou glisser lentement sur les pentes de la camisole chimique. C’est ce qui arrive lorsque l’on prive l’homme de la vue des grands espaces, des étoiles ou de l’océan. Ici ces splendeurs n’existent que dans nos souvenirs comme une image jaunie par le temps. Le cœur finit par se flétrir de ce manque d’horizons et de cette mémoire qui s’étiole, c’est ainsi qu’on finit dans ces fausses communes à ciel ouvert avant même de perdre la vie.
Alors que nous reste-t-il sinon l’espérance et la lutte ?
Ce sont mes seules armes pour affronter les murs de bétons hérissés de barbelés qui parfois déchirent mon courage et lacèrent mes forces.
Oui souvent la souffrance est venue me harceler durant des nuits paraissant des siècles, douleurs inouïs dans mon corps et dans mon âme qui m’ont souvent fait chavirer dans des gouffres sans fond et il m’en a fallu du temps pour en guérir et revenir à la surface. Sombres voyages d’où l’on revient toujours plus fort, mais dont les blessures saignent à jamais. C’est le prix à payer pour rester vivant et ne pas devenir fou. C’est ainsi que je me suis métamorphosé et que je suis devenu ce que l’on appelle un « résilient ».

Comment en suis-je arrivé à tenir et résister dans ces cruels cubes de bétons ?
J’ai perdu la mémoire de ce qui était beau et j’ai sacrifié mes souvenirs pour ne plus souffrir...
Où sont les champs de blés caressés par la brise du vent sous le soleil d’été, faisant des vagues d’or en ondes magnifiques comme la chevelure blonde et soyeuse d’une femme se coiffant pour plaire aux hommes.
Où sont ces grandes forêts noires aux cimes d’arbres infinis se plantant dans des cieux nimbés de constellations ou de voie lactée qui sont les racines de tous les rêves depuis l’aube de l’humanité.
Où sont les neiges blanches de mon enfance qui savaient recouvrir tous mes chagrins et me faire oublier tous mes maux. Jeux et rires d’inconsciences qui résonnent encore faiblement dans ma mémoire, mais qui s’effacent avec le temps des assassins.
Il ne reste plus rien de tous cela, comme si je ne l’avais jamais vécu. Je suis un adulte « accidenté », comme ils disent et il faut m’ouvrir le corps à coups de punitions, d’isolement, de prisons, de centrales pour me faire expier et rendre preuve de soumission et de repentance afin que la société se rassasie de mes viscères en dysfonctionnements. Me mettre à l’écart, m’éliminer de la soit disante norme sociale que je n’ais pas respecté.
« Si tu es hors la loi tu finiras hors la vie. Le bannissement ou la mort c’est au fond un peu la même chose... »

Me voilà donc en partance pour cette centrale haute sécurité. J’en ai pour des années paraissant des siècles et j’ai la nette impression que l’on va me couler dans du ciment frais. C’est une décision de justice d’après eux, mais moi je veux être libre et m’envoler loin de ces tonnes de pierres érigées en prisons, je veux revoir les cieux rougeoyants des crépuscules ou les aubes naissantes laissent présager des journées douces loin des âmes noirs, de la laideur des murs et de la violence carcérale.
Il n’y a pas d’autre choix que de patienter et de résister à la folie qui tente et tentera toujours d’effleurer mon esprit pour peu que je n’y sois pas attentif. Bref il va falloir se manger des kilomètres de pierres, comme un petit poucet perdu semant ses cailloux sur une plage infini de galets. Retrouver la sortie de ce labyrinthe inextricable ne va pas être simple.
Après quelques heures de routes, au loin apparaissent les bâtiments gris de la centrale, tel un vaisseau fantôme planté sur une plaine à corbeaux.
Une angoisse vient serrer mon cœur à l’idée d’y pénétrer, mais le cortége des bannis sociaux, encadré de gyrophares bleus, ne s’arrête pas avant le terminus des longues peines.
 -« San Muerte » tout le monde descend ! »
Voilà comment on surnomme Saint Maur, pour les intimes.

Avant d’entrer en détention nous devons passer quinze jours aux arrivants, c’est la période d’observation qui est de coutume ici. On reçoit nos paquetages assez rapidement et les matons de la centrale font preuve de cordialités et de politesses vis-à-vis de nous, ce qui change de l’ambiance maison d’arrêt.
Pour ma part je n’ai pas pour habitude de dialoguer avec eux, au fond je n’ai plus rien à leur dire et puis avec tout ce que j’ai traversé et tout ce qu’ils m’ont fait subir, j’ai franchement du mal à communiquer avec ceux que je considère comme des bourreaux...
Comme dans tous les établissements pour peines nous avons droit au téléphone, ce sont des cabines sur écoute que l’on peut utiliser avec des cartes téléphoniques achetées à la cantine. Mes premiers appels sont destinés à mon épouse et ma famille. Après les avoir informés de mon arrivée sur Saint Maur, je les invite à prendre, dés que possible, les rendez-vous pour les parloirs.
Ici cela se passe le week-end, 3h30 le matin et la même chose l’après midi sur deux jours, de quoi oublier très vite les parloirs exigus des maisons d’arrêt.
Ma première descente en promenade est un réel plaisir, celle-ci en effet est assez vaste, avec quelques arbres, de grandes pelouses et des rosiers d’où émergent quelques dernières roses de la saison.
Mais le plus savoureux c’est l’air parfumé de la campagne que je respire à plein poumon, j’apprécie cet oxygène dont j’ai tant manqué durant des années dans les prisons parisiennes à cause de la pollution.

Je suis au bâtiment A celui des arrivants et des isolés, j’ai quelques potes qui ont été prévenus de mon arrivé. Du bâtiment B ils m’appellent et m’invitent à les rejoindre dés la fin de la période d’observation. Evidement je leur réponds que j’essaierai de faire de mon mieux lors de l’audience avec un membre de la direction mais sans illusion, car à chaque fois, je suis placé à l’opposé de ce que je demande. Donc je décide de ne rien dire, ça sera une chance sur deux. 
Finalement je serais affecté au bâtiment C, bien sûr je ne m’attendais pas à ce que la direction me fasse de cadeau et je ne suis donc pas étonné de cette décision. Heureusement au C aussi je retrouve quelques « amigos » et ils s’empressent de m’affranchir sur le fonctionnement de cette « ratière »...
Leurs descriptions de la taule ne me dit rien qui vaille et cela me donne une drôle d’impression oppressive et malsaine. Nous sommes ici visiblement à la fois dans un mouroir pour longues peines et un asile d’aliénés. Une sorte de placard infernal dont on aurait scellé les portes à tout jamais pour nous faire vivre une expérience comportementale dans un laboratoire carcéral où les hommes n’ont que deux options, supporter la mort lente ou devenir fou, ceci sous le regard bienveillant de gardiens polis et presque souriants. Cette fois on ne rigole plus, je suis bien au fond d’une centrale sécuritaire où le temps fricote avec l’éternité et où la folie vient draguer l’esprit tous les jours...

Je ne mettrais que quelques semaines pour m’adapter et trouver un rythme de croisière satisfaisant. Parloirs intimes tous les week-end, sport, gamelles et quelques braves « garçons » avec qui « tourner » en promenade. Voilà comment c’est passé mon premier baptême de centrale.
En fait ici il faut tout simplement essayer de vivre son « train-train » quotidien sans trop se mélanger aux autres détenus, ceci afin d’éviter les embrouilles. Cependant on est tout de même obligé, par mesure de précaution, de se fabriquer des lames ou autres armes quelconques car cette taule est rempli de psychopathes, de paranos et de malades mentaux et ils ont vite fait de vous sauter dessus ou de vous « planter » pour rien. Je ne vais pas vous faire ici le récit de tous les coups de chaleur que j’ai pu vivre là bas, mais histoire de vous faire prendre la température du lieu et de vous en faire ressentir l’ambiance je vais vous donner l’exemple type du genre de fait divers qui se passe dans une centrale comme Saint Maur et qui a défrayé la chronique par son horreur. En effet Il y a quelques mois un détenu lors du passage de la gamelle a agressé violemment à coup de cendrier les deux « auxis » servant la bouffe. Le surveillant présent voyant cela a pris la fuite à toutes jambes laissant derrière lui le massacre se perpétrer.
Après avoir assommé le premier « auxi » l’agresseur s’est acharné sur le second en lui fracassant le crâne, puis dans une crise de démence, il s’est cru dans le film « le silence des agneaux », il lui a bouffé un morceau de la cervelle...on apprendra plus tard que ce malade mental était déjà tombé pour une affaire similaire. Après ce drame il fût cette fois immédiatement interné en psychiatrie.
Voilà le genre d’individu et d’événement que l’on peut rencontrer au coin d’un couloir dans cet univers clos. Chaque jour il faut donc être vigilant et éviter les « barjes », parce que certains de ces détenus sont complètement imprévisibles et peuvent à tout moment exploser. Bref vaut mieux avoir une lame à porté de la main et être attentif en ayant toujours un œil derrière la tête.

A « San Muerte » sur environ 300 prisonniers plus de la moitié ont des troubles psychiatriques lourds, alors quand on vous jette dans ce genre fausse aux lions vous avez plutôt intérêt à apprendre et à comprendre très vite comment le système de la centrale fonctionne, parce qu’il n’y a pas d’échappatoire, on est contraint de vivre avec eux et il faut faire avec. Le seul moyen pour se protéger c’est de former un noyau dur dans un étage ou un bâtiment afin que personne ne vienne vous chercher des problèmes. Ainsi systématiquement des équipes se forment par affinités pour se la faire tranquille et faire une détention à peu prés normale sans se prendre la tête avec des « fatigués ». C’est comme ça que tout naturellement des clans ou des bandes se créent, au fond ce n’est qu’un système de protection et de dissuasion au cas ou.
En quelques mois nous avions donc formé un petit groupe de potes et on était en place dans les divers postes stratégiques de la prison, ce qui nous permettait d’avoir quelques avantages et d’être de plus en plus à l’aise dans la détention. La direction, lorsqu’elle constate qu’un groupe de « bandits » commence à prendre le contrôle de la détention, réagit toujours de la même manière, elle prend peur et décide de dresser une liste de meneurs potentiels puis les moteurs des camions de transfert se mettent en route et commencent à chauffer...

Le mercredi 13 février 2002 vers 5h30 du matin ma porte s’ouvre violement et plusieurs surveillants revêtus de tenues anti-émeute et encagoulés font irruption dans ma cellule. A l’aide de leur boucliers je suis plaqué au sol et menotté. Je suis ensuite conduit en caleçon dans une salle d’attente de l’infirmerie. Quelques minutes plus tard on me ramène un survêtement et j’apprends que je suis transféré en disciplinaire avec une dizaine d’autres détenus. La direction s’est fait un coup de paranoïa sur notre compte et en a profitée pour se débarrasser de nous. On nous soupçonne de tout un tas de choses qui ne sont pas fondées, mais la direction doit justifier ce transfert alors elle n’hésite pas à inventer tout un tas de mensonges allant de la suspicion d’évasion au racket en passant par la prise de contrôle de la centrale. De toute façon l’administration pénitentiaire aura toujours le dernier mot alors à quoi bon protester.
Je monte dans le camion menotté et entravé sans rien dire et je prend la direction de Fresnes où je suis immédiatement placé au quartier d’isolement.
Voilà après avoir passé cinq mois à Saint Maur j’ai été baluchonné sous un prétexte fallacieux de mise en danger de la sécurité de l’établissement et je me retrouve au point de départ en maison d’arrêt où je n’ai plus qu’à attendre une affectation pour une nouvelle centrale.
Après sept mois d’attente en Q.I je serai affecté à la centrale de Clairvaux en septembre 2002. Clairvaux où commencera une autre aventure carcérale qui se terminera par un incendie qui me vaudra un transfert disciplinaire de plus... Mais cela je vous le raconterai une prochaine fois...

A bientôt sur le « BLOG » pour la suite...

Laurent JACQUA
« Le blogueur de l’ombre »
MC de Poissy
17 rue de l’Abbaye
78303 Poissy cedex


Ecrit par patrick83, à 18:28 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Vincent Carel
15-09-06
à 00:54

Le témoignage gagnerait en crédibilité si M. Laurent Jacqua nous livait la raison pour laquelle il a été condamné à cette "longue peine". Je sais bien que la société est injuste et que c'est sans doute à cause d'elle, nous expliquera-t-il, qu'il est en prison; je sais bien aussi que la justice peut être injuste; je comprends bien, tout du moins autant qu'il m'est possible, tout ce qu'il peut y avoir d'abominable et de monstrueux dans l'expérience qu'il vit et décrit -mais je ne crois pas qu'on envoie les gens en prison pour 30 ans parce qu'ils ont volé des sucettes au supermarché.

Toute souffrance est particulière, aucune n'est réductible à un tableau comparatif. Et si la géhenne infligée à la victime n'atténue en rien la réalité du Pandémonium dans lequel croupit le détenu privé de liberté, la souffrance indéniable de celui-ci n'annule pas celle , tout autant indéniable, qu'il a fait subir à sa victime, quelque crime celle-ci ait enduré!

Je ne suis pas chrétien contrairement à la plupart des anarchistes qui pataugent dans le judéo-christianisme -ce qui explique souvent la haine viscérale de nombre de combattants de la liberté à l'encontre des représentants de ce culte comme on a pu le voir pendant la Guerre d'Espagne...Je ne suis pas chrétien et, je le précise, pas davantage musulman. Je ne suis pas chrétien et je considère que toute religion est également détestable et nocive pour les peuples comme pour les citoyens: la religion était et est toujours l'opium du peuple, avec ces inventions de la nouvelle aristocratie transnationale que sont les minorités et leurs mémoires, autour desquelles les médias dominants aiment à bavasser jusqu'à n'en plus finir -et pendant que des rebelles à deux balles s'étripent pour de rire à propos du Code noir ou du transport des déportés juifs pendant l'Occupation par la SNCF les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent, les rendements de la bourse explosent au même rythme que la souffrance au travail pendant que les gouvernements de "gauche" comme de droite détruisent le salariat et démantèlent la Sécurité sociale au nom des contraintes extérieures d'un capitalisme qui a été complètement évacué du débat politique, à la grande joie de quelques-uns et pour le grand malheur des autres qui se laissent aveugler par les verroteries ethniques, mémorielles et victimaires...

Je ne suis pas chrétien ce qui veut dire que je ne crois ni au salut ni à la rédemption et encore moins à la réversibilité. Et rien ne rachète la souffrance, qui est irréductible. De ceci et de cela découlent deux choses: la première veut que l'emprisonnement du bourreau n'apporte rien à la victime au plan de sa souffrance, ce qui implique que l'emprisonnement ne saurait constituer un rachat autre que social; et la seconde pose que le bourreau, quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, ne peut échapper à sa condition de bourreau. Il n'y a pas de Dieu ni de vie après la mort non plus que de retour en arrière possible: celui qui ôte la vie, ou la brise, ne peut plus ni racheter sa faute ni la réparer.

La jolie fille de 15 ans que son jeune marin-pompier de petit ami baise par force devant une dizaine de ses copains de brigade et qui tous la violent bien consciencieusement chacun à son tour à la suite du bellâtre -cette petite Marseillaise rien ni personne ne lui rendra sa jeunesse perdue, surtout pas la Méditerranée où elle a aboli la jolie fille de 15 ans, son bel amant et le crime irrémissible dans lequel il l'avait engloutie...La prison ne sert à rien mais cette dizaine de salopards, s'ils sont vraiment des hommes, des hommes qui savent que Dieu est mort -et tous les hommes le savent même ceux qui tuent en son nom, et surtout ceux-là!- s'ils sont vraiment des hommes ils ne pourront jamais plus se dire libres ou alors cela voudra dire qu'ils auront oublié ou que cette mort et cette souffrance ne sont rien, ne valent rien auprès de leur confort: dans les deux cas ils tuent une seconde fois en l'oblitérant ou en la reniant la jeune fille et la femme et la vieille dame qu'ils ont broyée pour leur petit plaisir, comme on moud du café.

Quand on n'est plus chrétien il est des culpabilités dont on ne peut plus s'abstraire si l'on veut se maintenir, non parmi la société, mais parmi l'humanité.

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  Anonyme
15-09-06
à 01:12

Re:

 
s'ils sont vraiment des hommes ils ne pourront jamais plus se dire libres ou alors cela voudra dire qu'ils auront oublié ou que cette mort et cette souffrance ne sont rien, ne valent rien auprès de leur confort: dans les deux cas ils tuent une seconde fois en l'oblitérant ou en la reniant la jeune fille et la femme et la vieille dame qu'ils ont broyée pour leur petit plaisir, comme on moud du café.

(...) il est des culpabilités dont on ne peut plus s'abstraire si l'on veut se maintenir, non parmi la société, mais parmi l'humanité.

la vérité et la réalité c'est que ce n'est pas seulement le "bourreau" qui renie cette femme et qui tue une seconde fois effectivement mais bel et bien nos sociétés qui sont totalement hypocrites vis à vis de ces personnes dont certainEs sont profondément traumatisées et qui sont enfermées à vie.


 

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  Moi
15-09-06
à 01:47

Avec Melun on est pas trop mal loti à Poissy.Oui,ce n'est pas Moulin-Yseure pour la qualité des locaux mais ça n'a rien de comparable à Moulin pour la qualité de la detention.
Tu n'es donc finalement pas le plus à plaindre des detenus pour une longue peine.
Oui,je connais la detention en Centrale.
Un fonctionnaire retraité qui a du transferer des detenus de Moulin vers d'autres detentions.
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  Anonyme
15-09-06
à 16:34

Re: A bas les prisons

Laurent jacqua, tu es bon par nature. C'est la société qui t'a poussé à éventrer un capitaliste, un étatiste. Détruisons toutes les prisons. Bon courage
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  Anonyme
15-09-06
à 16:37

Re: Re: A bas les prisons

J'ai oublié de signer (çà s'est pour mes fans). ROGER
Répondre à ce commentaire

  Olivier Bonobo
15-09-06
à 21:07

Re:

Je ne suis pas chrétien contrairement à la plupart des anarchistes qui pataugent dans le judéo-christianisme -ce qui explique souvent la haine viscérale de nombre de combattants de la liberté à l'encontre des représentants de ce culte comme on a pu le voir pendant la Guerre d'Espagne...

Ce passage relève quasiment de la psychiatrie... Libre à vous de ne pas apprécier les anars, mais, vos propos incohérents, je ne vois pas leur intérêt.

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  Anonyme
16-09-06
à 09:24

A Monsieur Carel

Le texte de Laurent Jacqua montre en quelques lignes les système kafkaien mis en place par l'administration pénitentiaire. Contrairement à vos propos, Laurent Jacqua (que je ne connais pas) expose clairement la situation sans se poser en victime. Il fait un vrai travail de journaliste (comme le fait de son côté Jann Marc Rouillan) qui s'oppose à votre logorrhée qui, comme l'exprime l'un des intervenants du forum, relève pour une large part de la psychiatrie.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
17-09-06
à 16:30

Re: A Monsieur Carel

Oui, le texte de laurent jacqua montre qu'on a le droit de tuer pour se défendre et qu'il est du devoir de la société que le criminel vive dans de très bonnes conditions de vie et de travail. ROGER
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
17-09-06
à 18:05

Re: Re: A Monsieur Carel

Roger, tu commences à nous fatiguer avec tes commentaires dignes du café du commerce : ce n'est pas parce que tu n'as rien à dire que tu es obligé de parler.
Répondre à ce commentaire

  Mirobir
17-09-06
à 23:13

Re: Re: Re: A Monsieur Carel

Bah ;-)
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
18-09-06
à 09:30

Re: Re: Re: Re: A Monsieur Anonyme

Et l'article "un père désespéré appelle à sauver la vie de sa jeune fille" ne corrobore pas mes commentaires , sans doute?? ROGER
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