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La presse militante et la nouvelle intifada
Lu sur lagryffe : VOILA TROIS MOIS que la nouvelle Intifada a repris dans les territoires occupés palestiniens. Depuis le mois d’octobre, un certain nombre d’articles ont paru dans la presse militante et libertaire. Ces parutions témoignent de la diversité des points de vue sur la question palestinienne, mais aussi d’une certaine limite d’analyses sur cette question.

Si globalement le soutien à la lutte des Palestiniens est prononcé dans la plupart des articles, le soutien à leur revendication principale (un État) est moins unanime. Il manque une analyse plus poussée sur la valeur du sionisme et une réponse politique et libertaire à cette idéologie.
Les articles parus dans No Pasaran (n° 81, novembre 2000, et n°82, décembre 2000) sont nombreux. Une présentation historique intitulée Israël/Palestine, un peu d’histoire, permet de resituer les grands événements qui ont secoué la région depuis la création de l’État d’Israël et qui ont conduit à la nouvelle Intifada actuelle.
C’est dans ce même n° 81 qu’a été publié un article de René Berthier, Sans justice, pas de paix. Berthier resitue là le contexte plus récent et la causalité des derniers affrontements (négociations sans contre partie, poursuite de la colonisation...) et offre une analyse, qui lui est particulière, quant aux perspectives (de paix) en Israël/Palestine. René Berthier juge caduque la constitution d’un État palestinien dans la mesure où les autorités israéliennes, au travers des négociations, ont tout fait pour conserver coûte que coûte un certains nombre d’enclos de colonies en Cisjordanie et à Gaza. « La coexistence sur le même territoire, de deux populations, dont l’une a un statut inférieur, se posera un jour inévitablement en termes de revendications à l’égalité des droits, c’est à dire à la citoyenneté (israélienne). Ce jour là il ne restera plus grand chose du projet original d’État juif  » [1].
Il faut bien comprendre que si l’État d’Israël n’a jamais annexé les Territoires Occupés, c’est bien pour éviter aux Palestiniens occupés d’accéder à la citoyenneté israélienne, ce qui aurait mis en péril le projet sioniste, qui vise à la constitution d’un État juif « ethniquement pur ». Berthier montre à quel point il est contradictoire pour les sionistes de pérenniser et accroître la politique de colonisation dans les Territoires Occupés car , « en refusant un espace cohérent et délimité aux Palestiniens, ils se condamnent à vivre avec eux  ».
Un troisième article, publié sous forme d’interview dans le n° 82 de No Pasaran, permet de resituer, d’une part, les divergences existantes entre les différentes personnalités politiques israéliennes (et leur point de vue sur les perspectives d’une paix attribuable aux Palestiniens) et, d’autre part, la situation qui est faite aux Palestiniens citoyens d’Israël, partagés entre un sentiment de solidarité avec les autres palestiniens (occupés et réfugiés) et un sentiment de défense de leur citoyenneté au sein d’Israël.
Enfin, No Pasaran a publié deux courts articles de Maurice Rajsfus, dont le premier fait le lien entre la situation là-bas et le débat qui est animé ici, notamment autour des actes antisémites perpétrés contre des lieux de cultes ou des personnes. Rajsfus rappelle que « se sont surtout les arabes et les noirs qui font l’objet du rejet et même de haine d’une partie notable de la population française  » et qu’il n’est pas étonnant que ce type d’incidents se produise alors même que les représentants des associations juives pro-israéliennes appellent à « l’identification des juifs avec Israël  », propos qui ont suscité du remous au sein de la communauté juive de France, où de nombreuses personnes refusent d’être apparentés au sionisme. Dans le second article, Maurice Rajsfus, en se défendant de faire l’amalgame entre nazisme, stalinisme et sionisme (« Trois idéologies, trois désastres »), constate que si le bilan et le renoncement des populations au nazisme et au stalinisme ont été établis (et bien qu’il reste nombre de néonazis et néostaliniens potentiels), le bilan du sionisme reste à faire...
Les deux articles publiés dans Courant Alternatif, n°103 (de novembre 2000) et n°104 (de décembre 2000), la revue de l’Organisation Communiste Libertaire, intitulés Israël, une société en mutation et Israël, un État théocratique, raciste et colonialiste, reprennent largement tout les arguments valables pour délégitimer la politique insupportable de colonisation et d’exploitation de L’État Israélien.
Denis, dans le second article, propose de « dénoncer sous toutes les coutures cette colonisation guerrière de peuplement (...) de refuser les amalgames qui permettent de justifier l’injustifiable  » (ailleurs : les israéliens « ont constamment recours à leur mémoire, (notre mémoire), comme si l’holocauste pouvait couvrir leurs faits coloniaux, les massacres qu’ils perpétuent depuis 50 ans contre les palestiniens  »). Denis rappelle tout de même que bien que colonisé, le peuple palestinien est « traversé par des rapports de classe où une bourgeoisie résistante à l’occupant (résistante ... mouais) est toujours prête à prendre le relais de l’oppression et de l’exploitation coloniale  »
Un encart très intéressant relate la difficile ascension d’un groupe libertaire israélo-palestinien, qui se situe à la fois sur le plan de l’antisionisme et de l’antinationalisme des Palestiniens, tout en affirmant que « la seule solution à court terme qui serait capable de stabiliser la région est la fin de l’occupation de 1967  », autrement dit le démantèlement des colonies civiles et militaires et à fortiori l’acheminement vers une indépendance palestinienne.

Dans ces derniers numéros l’Alternative Libertaire belge ignore la question de la reprise de l’Intifada. Par contre, l’Alternative Libertaire de France a publié deux articles sur la question dans les n°91 (novembre 2000) et n°92 (décembre 2000).
L’article de J. Dubart et J.M. Izrine, paru dans le n°91 et intitulé Le sionisme n’a pas d’avenir, est le seul qui prenne délibérément position pour la création d’un État palestinien : « nous soutenons la revendication du peuple palestinien à un État indépendant sur l’ensemble des Territoires Occupés  ». Sans se faire d’illusions, ils notent néanmoins qu’« un tel État ne sera sans doute pas synonyme de justice sociale et qu’il sera difficilement autre chose qu’un satellite économique des puissances occidentales et des intérêts capitalistes d’Israël  ». Ils ajoutent plus loin qu’« il n’y a pas d’autre avenir en Palestine, comme dans la diaspora (les diasporas) que la réconciliation entre les deux populations  ». Malgré un titre alléchant, on ne saura pas pourquoi le sionisme n’a pas d’avenir, certes « la paix en Palestine sera une défaite autant pour les sionistes que pour les islamistes  ». Mais c’est toujours facile de renvoyer dos-à-dos sionistes et islamistes dans le sens ou il peut très bien exister des formes de sionisme pacifiques ou modérés, comme le sont de nombreux partisans de La paix maintenant, qui tendent avant tout dans leur souci de paix, à protéger leurs intérêts de classe, et qui se soucient peu des revendications des palestiniens et des concessions. Le sionisme sera mis en échec dès lors que l’on aura constaté, d’une part, que le projet initial de rassembler l’ensemble des sujets Juifs du monde (dans l’attente ou non du messie) n’aboutira pas, du fait même que nombre d’entre eux ne souhaitent pas s’y installer et préfèrent vivre leur « citoyenneté » dans les pays où ils résident, travaillent et y vivent en sécurité, et d’autre part, que le projet fallacieux de les rassembler afin de se protéger de l’antisémitisme des non-Juifs est lui-même en échec puisque cela fait 50 ans que les populations d’Israël participent au maintien de la guerre. Il serait bien plus utile de combattre l’antisémitisme partout où il se trouve plutôt que de tenter de s’en protéger par la violence et l’exploitation.

L’unique article paru à ce jour dans le Monde libertaire, n’apporte rien de bien intéressant au débat. On y apprend que la nouvelle Intifada « profite finalement largement à des politiciens (des deux bords) à bout de souffle qui utilisent morts et blessés pour se refaire une santé ».

Le plus hallucinant des articles que j’ai trouvé sur la question est celui publié dans Libertad [2], organe de la Fédération Anarchiste Monégasque en exil, (qui n’a à priori rien à voir avec la F.A.), et qui a été distribué à la manif de Nice. Je cite : « Dans le conflit israélo-palestinien, l’opposition cailloux/fusils ne doit pas nous choquer car, à y regarder de plus près les valeurs que nous défendons sont plutôt du côté des fusils (...) Israël, en dépit d’un comportement souvent dicté par des notions religieuses, partage avec nous nombres de valeurs essentielles comme l’égalité entre homme et femme (...) nous ressentons certes cette injustice vis-à-vis d’un peuple privé de son territoire (...) toutefois, il ne faut pas qu’elle nous masque cette indubitable réalité qui est qu’Israël se rapproche plus de notre conception de ce que doit être une société civilisée que l’ensemble des nations du Moyen Orient »
Je laisse à votre appréciation ces quelques immondices, mais j’espère que si un jours les fusils devaient nous resservir, ce serait contre les patrons, chefs d’État et religieux plutôt que contre des gamins et des grands pères qui lancent de pierres. Pour ma part, je me situe plutôt du côté des cocktails molotov.

Pour finir, voici une présentation du hors-série n°29 de Pour la Palestine, revue éditée par les associations militantes et sé-rieuses que sont France-Palestine et Association Médicale Franco-Palestinienne (AMFP). Ces associations se chargent de développer une information plus honnête sur ce qui se passe là bas et participent à des projets concrets en relation avec des partenaires palestiniens (ONG, associations de femmes, de médecins, d’infirmiers, de vétérinaires, d’enseignants, d’agriculteurs, de jeunes...). Ils militent pour le retrait israélien de Territoires Occupés depuis 1967, pour l’établissement d’une souveraineté palestinienne sur ces territoires, pour une paix véritable et une coopération entre les deux communautés.
Au delà des considérations humanistes et « droit de l’hommistes » (du type sauver les enfants de la paix) les articles de ce hors série rendent compte de façon intéressante de la situation concrète sur le terrain des récents affrontements. Est publiée ensuite une série d’analyses sur le lynchage à Ramallah (condamné) de deux soldats israéliens, sur la participation des Palestiniens citoyens d’Israël à l’Intifada, sur le pacifisme frileux des Israéliens. Il y’a aussi un article très intéressant de Claire Moucharafieh, Funeste dialectique, qui établit un lien entre le conflit là bas et les différentes prises de positions de personnes et des communautés en France. Un autre article fait le bilan de propos publics et racistes prononcés contre des résidents arabes aux Etats-Unis par Rick Keller, candidat républicain à la chambre des députés de Floride : « Je pense que les Palestiniens sont moins que de la boue  ».
Une troisième partie intitulé Libre parole laisse s’exprimer un certain nombre de personnes. Enfin divers communiqués d’ONG et d’associations sont publiés dont notamment celui des Citoyens Juifs de France qui condamnent l’amalgame entre Juifs et Israéliens et appellent à la coexistence pacifique des différentes communautés.
Ces deux associations appellent par ailleurs à la générosité pour soutenir et venir en aide aux nombreux blessés, parfois très graves, de la nouvelle Intifada. Vous pouvez écrire au siège de l’AMFP ou de France Palestine pour participer à cette souscription ou commander le hors série à l’adresse suivante : 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.
B.C.

    [1] Nombres de paragraphes de l’article sont repris du bouquin de René Berthier, Israël/Palestine, mondialisation et micro nationalismes, éditions Acratie, 110 fr. Dans les mêmes perspectives, on peut lire le dernier bouquin d’Edward Said, Israël, Palestine, l’égalité ou rien, la Fabrique éditions, 125 fr.

    [2] Contrairement à ce qu’affirme le site Internet de Libertad (www.anarchie.net/libertad), cette publication n’est pas en vente à la librairie La Gryffe.

Ecrit par rokakpuos, à 06:11 dans la rubrique "Pour comprendre".



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